Minorité anglophone au Cameroun

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Minorité anglophone du Cameroun

Populations importantes par région
Drapeau du Cameroun Cameroun 3 521 900 (2015)[1]
Autres
Régions d’origine Région du Nord-Ouest, Région du Sud-Ouest
Langues Anglais, pidgin et langues indigènes
Religions Christianisme (protestantisme, catholicisme, évangélisme) islam et religions traditionnelles africaines

La minorité anglophone du Cameroun, également connue sous le nom de Camerounais anglophones[2] ou anglophones camerounais[3] (en anglais : Cameroon's Anglophone minority et Anglophone Cameroonians), est une minorité linguistique anglophone des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, un pays majoritairement francophone. Elle représente 20 % de la population[4].

Histoire[modifier | modifier le code]

Période coloniale[modifier | modifier le code]

Au XIXe siècle, le Cameroun devient une colonie allemande sous le nom de « Kamerun ». En 1916, pendant la Première Guerre mondiale, alors que l'Allemagne est sur le point d'être vaincue, sa colonie est divisée entre l'Angleterre, qui reçoit 85 000 km2 sur la frontière nigériane, et la France, qui reçoit les 425 000 km2 restants. Le traité de Versailles, signé le , retire à l'Allemagne ses colonies. La déclaration de Londres du entérine le partage franco-britannique de l'ancienne colonie allemande[5].

Sous mandat de la Société des Nations, les Cameroun français et britannique deviennent des territoires sous tutelle des Nations Unies en 1946[5].

Histoire récente[modifier | modifier le code]

Le , le Cameroun français devient indépendant. En 1961, les populations des deux Cameroun britanniques, le Nord et le Sud, sont appelées aux urnes pour choisir entre l'union avec le Nigeria ou avec le Cameroun. Le nord choisit le Nigeria, tandis que le sud choisit le Cameroun, pour former une république fédérale[6],[7].

En 1972, un référendum met fin au fédéralisme[8]. Dans les années 1990, les revendications anglophones se multiplient en faveur d'un référendum d'indépendance. En 2001, des manifestations interdites lors du 40e anniversaire de l'unification dégénèrent, avec plusieurs morts et des leaders séparatistes arrêtés[8].

En novembre 2016, après qu'une loi n'a pas été traduite en anglais, des avocats anglophones manifestent à Bamenda[9] ; ils sont rejoints par des enseignants, qui protestent contre la nomination par le gouvernement de personnes maîtrisant mal l'anglais, et des citoyens ordinaires[9] ; en décembre, les forces de sécurité dispersent les manifestations et au moins deux manifestants sont tués et d'autres blessés[9]. Les manifestants sont également accusés de violence, mais la répression violente du gouvernement ravive les revendications indépendantistes[9]. Plusieurs manifestants sont arrêtés, dont les avocats Felix Agbor Balla et Fontem Neba[9]. Des mouvements sont interdits par le gouvernement[9].

Le gouvernement central coupe l'accès à Internet dans les régions anglophones à la mi-janvier, puis l'a rétabli en avril 2017[10]. L'ONG Internet sans frontières estime que la panne avait coûté à l'économie camerounaise près de 3 millions d'euros (3,2 millions de dollars américains[10]. Fin 2017, la situation se transforme en conflit armé.

Représentation politique[modifier | modifier le code]

Le Front social démocrate (FSD), le plus grand parti politique d'opposition du pays, est dirigé par l'anglophone John Fru Ndi. Des mouvements tels que le Conseil national du Cameroun méridional (CNCM) ou l'Organisation des peuples du Cameroun méridional (OPCM), appellent à la sécession des deux régions anglophones vis-à-vis du Cameroun. En mars 2017, un seul des 36 ministres du gouvernement qui contrôlent les budgets ministériels est anglophone[11].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Cameroon: Regions, Major Cities & Towns – Population Statistics, Maps, Charts, Weather and Web Information », sur Citypopulation.de
  2. « Focus - Au Cameroun, certains anglophones s'estiment marginalisés par les francophones », sur France 24, (consulté le )
  3. « Conflit. D’où vient la colère des anglophones camerounais ? », sur Courrier international, (consulté le )
  4. « Cameroun : une crise majeure ignorée », sur Amnesty France (consulté le )
  5. a et b Robert Cornevin, « Du régime colonial à l'indépendance nationale », sur Le Monde diplomatique, (consulté le )
  6. Mélanie Torrent, « Le Cameroun britannique dans les indépendances », Afrique contemporaine, vol. n°235, no 3,‎ , p. 66–67 (ISSN 0002-0478, DOI 10.3917/afco.235.0066, lire en ligne, consulté le )
  7. « Pourquoi le Cameroun se déchire-t-il ? », sur Le Point, (consulté le )
  8. a et b « Cinq choses à savoir sur la crise anglophone au Cameroun », sur Voice of America, (consulté le )
  9. a b c d e et f (en-US) Francois Essomba et Dionne Searcey, « A Bilingual Cameroon Teeters After English Speakers Protest Treatment », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  10. a et b (en) « Cameroon restores internet to English-speaking regions – DW – 04/21/2017 », sur dw.com (consulté le )
  11. (en-US) « Opinion | Cameroon continues its oppression of English speakers », Washington Post,‎ (ISSN 0190-8286, lire en ligne, consulté le )