Émile Zimmer

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Émile Zimmer
Émile Zimmer

Naissance
Strasbourg, France
Décès (à 74 ans)
Nantes, France
Origine Français
Allégeance Armée française
Arme Infanterie
Grade Général de division commandant de corps d'armée
Années de service 18681914
Commandement 1910 à 1912 : Commandant du 11e Corps d'armée (Nantes)
Conflits Guerre franco-prussienne
Faits d'armes Loigny
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur
Hommages rue portant son nom à Strasbourg et à Saint Herblain.

Émile Pierre Zimmer, né le à Strasbourg et mort le à Nantes, était un général français.

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Émile Zimmer est né à Strasbourg dans le Bas-Rhin, le . Son père était ouvrier d'état à l'arsenal de Strasbourg et ses frères étaient officier et sous-officier d'artillerie. Enfant de troupe à l'âge de 5 ans, il parvient à se faire admettre au Lycée impérial où il fait de brillantes études. Il est admis à l'École impériale spéciale militaire de Saint-Cyr en (promotion de Suez).

Guerre de 1870-1871[modifier | modifier le code]

Major de passage et sergent porte-drapeau, il est nommé sous-lieutenant à la déclaration de guerre contre l'Allemagne en juillet 1870. Il rejoint le 16e bataillon de chasseurs à pied en Alsace (armée du Rhin) puis le 3e bataillon de marche des chasseurs (armée de la Loire) où il est nommé lieutenant puis capitaine à titre provisoire. Blessé à Loigny, il est soigné dans une grange et s'y lie d'amitié avec Ferdinand de Charette, officier des volontaires de l'ouest, également blessé. Le capitaine Zimmer sera invité à passer une partie de sa convalescence à La Contrie, propriété de la famille de Charette près de Nantes.

École militaire supérieure[modifier | modifier le code]

Ayant opté pour la nationalité française à Caen en 1872, il fait carrière dans l'armée et intègre l'École militaire supérieure en 1879. Il y est reçu 14e avec la mention Bien. Le capitaine Zimmer se marie à Nantes en 1881 à Charlotte Gérauld de la Faucherie. Breveté d'état-major et stagiaire au ministère de la guerre en 1882, il est Secrétaire adjoint de la « commission de révision du règlement sur les manœuvres ».

Renseignements militaires[modifier | modifier le code]

Après un bref commandement d'une compagnie au 129e régiment d'infanterie, il est mis hors cadre et rappelé à Paris en pour servir dans l'état-major général du ministre de la guerre. Parlant et écrivant parfaitement allemand, le capitaine Zimmer est affecté au service des renseignements militaires de l'armée française (Deuxième Bureau de l'État-major général de l'armée « Section de statistique ») dirigé par le colonel Vincent à qui succède finalement le commandant Sandherr, alsacien, dont Émile Zimmer est l'adjoint.

Le capitaine Zimmer rédige un rapport remarqué sur le fonctionnement du service de renseignement militaire peu après sa nomination dans la section.

Promu chef de bataillon en 1887, le commandant Zimmer est particulièrement chargé du renseignement relatif à l'armée allemande sous le ministère Boulanger et l'affaire Schnæbelé. Le lieutenant-colonel Sandherr semble apprécier ses services et regrette son départ en 1889 pour servir au 65e régiment d'infanterie puis à l'état-major du 11e corps d'armée (Nantes).

Général[modifier | modifier le code]

Promu lieutenant-colonel au 93e RI (la Roche-sur-Yon) en 1894, il échappe de peu à une tentative d'assassinat juste avant de prendre son poste.

Nommé colonel au 139e RI à Aurillac en 1899, il est promu en 1902, à l'âge de 51 ans, général de brigade sous-chef de l'état-major général de l'armée par décision du ministre, le général André, qui mène à cette époque une politique de républicanisation de l'armée. Le général André cherche à « rapprocher le corps des officiers de la nation républicaine » et le colonel Zimmer, Alsacien protestant, enfant de troupe qui a fait carrière grâce à son seul mérite, correspond aux critères du ministre. Émile Zimmer dirige les 1er et 2e Bureaux de l'état-major général sous les ordres du général Pendezec puis du général Brun.

En , le général Zimmer qui chapeaute le service de renseignements de par sa fonction à l'état-major général accompagne le capitaine Targe, officier d'ordonnance du ministre qui mène une enquête sur l'affaire Dreyfus sur ordre du général André. Tous deux découvrent dans un coffre de la section de statistiques des documents prouvant qu'une des pièces du dossier secret accusant Dreyfus est un faux. Le procès-verbal du qu'ils cosignent et la déposition du général le [1] sont utilisés par la Cour de cassation qui en fait mention dans son second arrêt réhabilitant Dreyfus en 1906.

Général de division en octobre 1906, il est maintenu dans ses fonctions jusqu'à ce que le ministre Picquart le remplace par le général Laffon de Ladebat et lui confie le commandement de la 20e division d'infanterie à Saint Servan en . En , Émile Zimmer atteint le sommet de sa carrière en étant nommé général commandant de corps d'armée, à la tête du 11e corps d'armée de Nantes qu'il commande lors des grandes manœuvres de 1912 dans le groupe d'armées aux ordres du général Gallieni, son camarade de promotion à Saint-Cyr.

Joffre, généralissime, et de Castelnau son adjoint royaliste et catholique militant n'apprécient guère le général Zimmer promu à ce grade par leur ennemi politique le général André. Peu après les manœuvres, ils parviennent à faire nommer le général Lanrezac à la tête du 11e corps. Le général Zimmer, républicain protestant, tombe durablement en disgrâce. Le général Percin, ancien chef de cabinet du général André, dénonce un coup monté qui visera également les généraux républicains Crémer et Faurie[2].

Refusant un commandement de moindre importance en temps de paix, le général Zimmer demande à être placé dans le cadre de réserve de manière anticipée. Le ministre de la guerre y consent enfin le . Malgré une santé altérée, n'étant pas atteint par la limite d'âge, Émile Zimmer espère se voir confier un commandement au début de la guerre mais sa santé se dégradant, il ne peut reprendre le service actif, ce qui lui pèse. Les remaniements de 1915 et le limogeage d'un grand nombre de généraux lui enlèvent tout espoir.[2] Il se consacre à la vie associative et patriotique dans la région nantaise où il réside jusqu'à sa mort en 1925.

Vie associative[modifier | modifier le code]

  • Président d'honneur de l’Association amicale des anciens enfants de troupe (A.E.T.) de Nantes. Membre de l'association depuis 1912.
  • Président de l'Association des anciens officiers de terre et de mer de la réserve et de l'armée territoriale renommée Association Amicale des Anciens Officiers et Officiers de Complément (Nantes) de 1921 à 1925.
  • membre de la Société amicale de secours des anciens élèves de l’École Spéciale Militaire de Saint-Cyr (la Saint-Cyrienne), représente la promotion de Suez.
  • Président de la 2e section de la Société d’entraide de la Légion d'honneur.
  • correspondant pour la Bretagne de la Fondation Carnegie.
  • Président du Comité du Foyer du Soldat (Nantes).
  • membre de l'Association générale d'Alsace Lorraine.
  • Président de la Société des Alsaciens-Lorrains (Nantes).
  • Président de la Cible de Saint-Herblain.

Décorations[modifier | modifier le code]

Ordre de l'Aigle Blanc Ordre de Saint-Anne Ordre de Saint-Stanislas

Décorations françaises[modifier | modifier le code]

Décorations étrangères[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Plaque de rue à Strasbourg.
  • Rue du Général-Zimmer à Strasbourg, ex rue des Maisons Rouges (Rothisergass), rue où Émile Zimmer demeurait pendant son enfance.
  • Plaque commémorative apposée lors du Congrès de l'UNOR le sur la maison où Émile Zimmer a passé son enfance à Strasbourg. À l'initiative de l'Association des anciens officiers et officiers de réserve de Nantes et du Souvenir français de Strasbourg.
  • Plaques en hommage aux généraux strasbourgeois, bicentenaire de Kellermann, Strasbourg 1935.
  • Quartier Zimmer à Tübingen. Nom donné à la Caserne Loretto (de) pendant son occupation par les Forces françaises d'Allemagne (FFA) de 1945 à 1991.
  • Rue Général-Zimmer à Saint-Herblain dans la banlieue ouest de Nantes où la famille Zimmer résidait parfois et où il est inhumé.
  • Le numéro 77 du Magazine de Saint-Herblain (juillet-) lui consacre un article rédigé par Xavier Trochu.

Sources[modifier | modifier le code]

  • Service historique des armées - Armée de Terre - dossier individuel N° 9Yd438
  • Base Léonore - Dossier individuel [3]
  • Serge Doessant, Le général André, de l'affaire Dreyfus à l'affaire des fiches, Paris : Éditions Glyphe, 2009, 416 p. Lire en particulier le chapitre sur « La rancune de Joffre : Le général Faurie », p. 337.
  • courrier du général Zimmer, 1914-1915 [4]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Affaire Dreyfus : la révision du procès de Rennes : Enquête de la chambre criminelle de la Cour de cassation (5 mars 1904 - 10 novembre 1904), Ligue française pour la défense des droits de l'homme et du citoyen, Paris 1905, p. 437
  2. « Le général Faurie », article du général Percin, L'Aurore du 17 octobre 1913. [1]

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Discours prononcé au Temple de Nantes par le Pasteur Th. Cremer - Mercredi - Nantes 1925. 8p.
  • L'Officier de Réserve (bulletin officiel de l'UNOR)- numéro d'août-, Paris, p. 219 à 221.
  • Alphonse Halter, « Émile Zimmer », in Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 41, p. 379