Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre

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Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre
Photographie couleur de murs ruinés dépassant à peine du sol
Les murs ruinés de l'abbaye
Diocèse Arles
Patronage Notre-Dame
Fondation 1220[1]
Début construction Xe siècle
1220
Fin construction XIVe siècle
Abbaye-mère Gémenos
Lignée de Cîteaux
Abbayes-filles Aucune
Congrégation Ordre cistercien
Période ou style Art roman provençal
Protection Logo monument historique Inscrit MH (1926)
Logo monument historique Classé MH (1947)
Logo monument historique Classé MH (1951)
Coordonnées 43° 04′ 52″ N, 6° 07′ 22″ E
Pays Drapeau de la France France
Province Provence
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Var
Commune Hyères
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Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre
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Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre

L'Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre, dite aussi Abbaye Saint-Pierre de Lalmanarre, est une abbaye de moniales cisterciennes, fondée le , en remplacement d'une abbaye de moines bénédictins qui fondèrent leur monastère en 989, sur la commune d'Hyères dans le département du Var dans le secteur nord-est du site de l'antique Olbia et fut abandonnée à la fin du XIVe siècle pour se réfugier à l'intérieur de l'enceinte de la ville d'Hyères.

Historique[modifier | modifier le code]

Le site d'Olbia[modifier | modifier le code]

L'Abbatia Sancti Pietri de Almanarra ou Almanaria fut fondée par des moines bénédictins en ce lieu de Lalmanarre ou Almanarre en 989, à trois lieues de la mer. Cette abbaye fut pendant un temps possession de l'Abbaye de Saint-Gervais de Fos au diocèse d'Arles[2] Dom Claude Estiennot dit que l'abbaye doit son origine à Alphonse d'Aragon, qui donna aux moines de l'Abbaye Notre-Dame du Thoronet tous ses biens près d'Hières pour y bâtir un monastère.

En 1220, le cardinal Conrad, évêque de Porto, légat en Provence du pape Honorius III, fit venir pour remplacer les moines, des moniales de l'Abbaye de Saint-Pons de Gémenos. Le pape Innocent IV fait en 1250 dans une Bulle, la description de cette abbaye : « Maisons, jardins, terres, vignes, salines… ». Elles sont alors trente-deux religieuses dans la monastère.

Détruite pendant les guerres beaussenques, elle fut reconstruite. Le pape Benoît XIII, par une bulle, y unit l'église paroissiale de Saint-Étienne de Pont. C'est peu après, en 1407, que les deux abbayes fusionnent. Désigné par le Saint-Siège Thomas de Pupio, archevêque d'Aix, légat du pape en Provence et autres provinces voisines, fut chargé de cette union[3] et en présence de Gautier Beraud, prévôt de Pignan ou Pignau[4], en vertu d'une bulle ou rescrit et commission apostolique que lui adressa le Pape Benoît XIII depuis le château de Saou et datée du 11 des kalendes de mars de l'an 12 de son pontificat (1406)[5]-[6].

Le site d'Hyères[modifier | modifier le code]

En 1409, les religieuses furent la proie des pirates et coururent se réfugier dans le monastère situé près du château d'Hyères sous la conduite de l'abbesse Saure de Glandevès. Ce nouveau monastère placé sous le vocable de Saint-Bernard fut dévasté en 1793 pendant La Révolution. Elle accueillit des moniales des plus grandes familles nobles de la Provence. l'Abbaye royale Saint-Bernard d'Hyères jouissait d'un revenu de 15,000 francs or de revenus. La supérieure était crossée. Les restes de cette abbaye attestent de son rang nobiliaire et sacerdotal. Elle fut visitée en 1780 par l'abbé Papon qui chercha dans les archives de ce couvent, quelques documents pour son histoire de Provence[7].

Le roi Henri III écrit de Paris, le , au sieur de d'Albain pour qu'il obtienne du Pape son accord sur la résignation que sœur Louise de Pontavès entend faire de son abbaye de Saint-Pierre de l'Almanarre et de l'Abbaye Notre-Dame de Fenouillet et de l'Abbaye de Saint-Pons de Gémenos en dépendant, en faveur de sœur Claude de Glandevès, religieuse de la dite abbaye[8].

Architecture[modifier | modifier le code]

Église[modifier | modifier le code]

A fait l'objet de fouilles (1958-1963). De style roman provençal, était à l'origine composée d'une seule nef, terminée par une abside semi-circulaire et un chevet à fond plat. La voûte en berceau aujourd'hui effondrée dans la nef reposait sur des arcs en plein-cintre. L'abbaye prenant de l'importance et le nombre des religieuses croissant, elles firent agrandir l'église en créant une nouvelle nef au nord. L'église possède cinq seuils de portes encore visibles qui se répartissent de la façon suivante : deux à l'ouest, deux au sud donnant vraisemblablement accès au cloître et un au nord.

La nef sud est fouillée en 1960 et comporte un sol dallé, d'époque médiévale. On accède à la nef sud par deux portes à double battant, percées dans le mur ouest de l'église abbatiale. La porte de la nef nord est à un seul battant. Les archéologues se penchent toujours sur les restes architecturaux pour essayer de déterminer l'aménagement de l'édifice à l'époque paléochrétienne. La nef sud est considérée comme étant la plus ancienne. Les fouilles descendirent jusqu'au niveau grec et on distingue que sous la troisième travée de l'église passait une rue de 2,20 mètres de large, avec un trottoir sur le côté est.

Cloître[modifier | modifier le code]

A fait l'objet de fouilles.

Bâtiments conventuels[modifier | modifier le code]

Cimetière[modifier | modifier le code]

A fait l'objet de fouilles (1958-1963).

Situé au chevet de l'église. On y a découvert près de 500 tombes, moniales et personnes laïques travaillant à l'abbaye. Les squelettes firent l'objet d'études. Une partie des sépultures et inhumations en pleine terre, à coffrages ou bâties et datant des XIIIe et XIVe siècles. Au cours des fouilles fut découvert un enclos paléochrétien qui se trouve être amputé par l'abside nord de l'église. Dans cet ensemble un ossuaire : caisson de plaques d'ardoise; un sarcophage, orienté est-ouest, coupé également par les fondations, ainsi qu'un second sarcophage à acrotères, orienté nord-sud. Une nouvelle campagne de fouilles en 1988 fut réalisée par Muriel Vecchione, ingénieur de recherche à l'AFAN et qui travailla sur la période médiévale, puis de 1989 à 1992 ce sont Michel Pasqualini, ingénieur au SRA-PACA et Bertrand Mafart, médecin anthropologue qui dirigèrent les fouilles du cimetière.

L'ensemble des sépultures s'étend sur deux siècles (XIIIe et XIVe). C'est le plus important jamais fouillé en Provence. Son étude a fait l'objet de publications.

Propriétés, titres, fondations[modifier | modifier le code]

  • Église Saint-Gervais de Fos et tous ses biens revinrent à l'abbaye après avoir appartenu à Hugues Béroard, archevêque d'Arles[9]
Prieurés
  • Prieuré Saint-Étienne-du-Mont, (au bourg castral d'Aurier à Hyères), payait des décimes en 1363 et la taxe des procurations en 1376 il fut rattaché à l'abbaye en 1406
Abbaye
Propriétés
  • terres et droits aux castra d'Hyères : Fennulum, (Fenouillet) - Roketta, (La Roquette) - Brunetta (Bormette)
  • terres et droits à Toulon: Ayronis ou Auroier ou Dal Aurier au diocèse de Toulon (1232-1244)

Trésor[modifier | modifier le code]

Liste des Abbesses[modifier | modifier le code]

(liste non exhaustive)

  • 1224 - Béatrix, (I)
  • 1228 - Charlotte, (II)
  • 1245 - Nicole, (III). (Le monastère abrite en 1250, trente deux religieuses)
  • 1254 - Marie-Françoise, (IV)
  • 1259 - Sibille I de Carbonnelle, (V)
  • 1297 - Raimbaude de Puyricard, (VI)
  • 1304 - Garlande de Rostagne, (VII)
  • 1307 - Doucette de Pierrefeu, (VIII), décéda le
  • 1308 - Islarde de Lambesc, (IX), décéda un
  • s. d. - Ribaude des Arcs, (X)
  • s. d. - Roseline de Fos (?)
  • 1321 - Guillemette Rauline, (XI)
  • 1334 - Sibille II de Fos ou des Fossés, (XII)
  • 1335 - Gaufride I de Malemort, (XIII), décédée le
  • 1335 - Gaufride II Isnarde, (XIV)
  • 1339 - Giraude Antelme, (XV), décédée le
  • 1389 - Bertrande I de Dragon, (XVI), c'est vraisemblablement après elle qu'il faut placer Saure de Glandevès sous qui l'abbaye fut unie à l'abbaye de Saint-Pons.
  • 1400 ca - Saure de Glandevès, (XVII), le monastère est transféré par l'Abbesse à l'intérieur des murs de la cité et passe sous le vocable de Saint-Bernard. Catherine de Glandevès, sa sœur puînée était également religieuse à l'abbaye. Elles étaient les nièces de l'Évêque de Toulon: Elzéar de Glandevès. Un cousine: Décane de Glandevès semble avoir été religieuse au même lieu.
  • 1448 - Bertrande II Brussende, (XVIII)
  • 1454 - Louise des Baux, fille de Guillaume des Baux et Hélène de Sade[12]
  • s. d. - Cécile Gumberte, (XIX)
  • 1501 - Bellette de Glandevès, (XX)
  • 1520 - Margueritte I de Valbelle, (XXI)
  • 1548 - Louise de Pontevès, (XXII)
  • s. d. - N. de Carces, (XXIII)
  • 1580 - Claudine de Glandevès, (XXIV)
  • 1619 - Margueritte II de Forbin de Soliers, (XXV), elle gouverna pendant cinquante ans, jusqu'en 1669.
  • 1669 -
  • 1680 -
  • 1694 - Blanche de Forbin de Soliers, (XXVI), elle fut la première abbesse désignée par le Roi. Jusqu'à elle les abbés de Cîteaux avaient été en possession de donner des provisions. Blanche obtint le brevet de Sa Majesté le - Bulle d'Innocent X de 1652 contenant la provision de Blanche de Forbin de Saint-Cannat pour l'abbaye de Lamanarre (1652)[13]
  • s. d. - Charlotte de Vintimille du Luc, (XXVII)
  • s. d. - Margueritte Louise de Banne d'Ajevan, (XXVIII)
  • s. d. - N. de L'Espine, (XXVIX)[14]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (it) Luigi Zanoni, « Lamanarre », sur cistercensi.info, Certosa di Firenze (consulté le ).
  2. Hugues du Tems, Le Clergé de France ou tableau historique et chronologique…, Paris, 1774, t.I, p.375.
  3. par une Société de gens de lettres, Dictionnaire de la Provence et du comté-venaissin Marseille, 1737, t.IV, p.131.
  4. Antoine Augustin Bruzen de La Martinière, Le Grand Dictionnaire géographique et critique…, en 10 vol., 1741, vol.4. p.146.
  5. Il était encore reconnu comme pape légitime, dans Dom Beaunier, Recueil Historique et chronologique des archevêchés, abbayes…,t.I, p.74, Paris, 1726.
  6. Huguette Vidalou Latreille, Les Cisterciens en Provence, texte en ligne (http://shpmm.free.fr/Huguette.htm) sur le site de la Société d'Histoire du Protestantisme du Midi Méditerranéen (SHPMM)
  7. P.N. Fellon, Guide des voyageurs, Hyères, 1834.
  8. 3202,BnF, fol.223 orig, extraits lettres (mai.1578 - avril.1580), Brulart cité par Pierre Champion, Droz, lib, 1959, 384.p.
  9. Note 42, page 72 de Maisons de Dieu et hommes d'église, florilège en l'honneur de Pierre Roger Gaussin, Université Saint-Étienne, 1992, 428.p. citation de la notice consacrée au village de Fos dans Les Bouches-du-Rhône, encyclopédie départementale t.XV.
  10. Statistiques des Bouches-du-Rhône, p.927.
  11. D. Ollivier, Pasqualini, op.cit.
  12. p. 387 in Maurice Pezet, Les belles heures du Pays d'Arles, Ed. Jeanne Laffitte, 1982, (ISBN 2-86276-055-2).
  13. Chanoine Albanès, Inventaire analytique des titres de la maison de Forbin recueillis au Château de Saint-Marcel par le Mis de Forbin d'Oppède et autres titres provenant de diverses archives. Marseille.
  14. Liste donnée par l'Abbé Hugues du Tems dans: Le Clergé de France ou Tableau Historique et Chronologique des…, Paris, 1774, p.375-374 du t.I. d'après la liste dressée par Dom Claude Estiennot de la Serrée

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dom Beaunier, Recueil historique chronologique et topographique des Archevez et evêchez, abbayes et prieurez de France…, t.I, Paris, 1726, p. 74. vol.II, p. 125.
  • Abbé Hugues du Tems, Le Clergé de France ou tableau historique et chronologique des Archevêques, Evêques..., Paris, chez Delalain, 1774, t.I, p. 375-376.
  • D. Ollivier, M. Pasqualini, P. Turc, B. Mafart, M. Aubry, Abbatia Sancti Petride Almanarra - Saint-Pierre de l'Almanarre à Hyères (Var) dans Archéologie du midi médiéval, T.XXII, 2004, 3-26.
  • Gallia Christiana, vol.1,p. 761 & suiv.
  • B. Mafart, Particularités anthropologiques et paléopathologiques d'une population de moniales médiévales, l'Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre à Hyères (13°-14°s.). Actes de la XIVe réunion d'Histoire et Archéologie d'Antibes, 1996, APDCA édit, Antibes, 271-286.
  • B. Mafart, P.Y. Chouc, Y. Fulpin, JP. Boutin, (2002), Étude par absorptiométrie du contenu minéral osseux dans une population de moniales médiévales cisterciennes (Abbaye Saint-Pierre de l'Almanarre, Hyères, Var, XIIe – XIVe siècle), Bulletin de la Société de Biométrie humaine, 2002, 20, 3-4, 181-185.
  • M. Aubry, B. Mafart, A. Cherid, M. Pasqualini, Pathologie dentaire d'une population de moniales médiévales cisterciennes de l'Abbaye Saint-Pierre de l'Amanarre (XIIIe – XIVe siècle). Paléoanthropologie et Paléopathologie osseuse, 2001, 4, 138-151.
  • Abbayes et prieurés de l'ancienne France: recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes et prieurés de France, vol.2, p. 125.
  • Ressources de la BnF:
    • Coreli, CNPL
    • Cottineau, t.I, col.1541-1542
    • DHGE, t.25, col 525

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]