Axel Bogousslavsky

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Axel Bogousslavsky
Axel Bogousslavsky et Marguerite Duras en 1984.
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Axel Philippe BogousslavskyVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité

Axel Bogousslavsky est un acteur français de théâtre et de cinéma né le [1] à Paris et mort le 26 août 2023 à Cannes[2].

Il a également pratiqué toute sa vie la musique, l’écriture, le dessin et les Arts Martiaux.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il arrive comme ça, sans prévenir ni être attendu. Ses jeunes parents amoureux sont très occupés à faire face à leurs difficultés personnelles et aux menaces de la guerre. Sa mère Denise Nusillard (1916-1996) caresse le rêve d’embrasser une carrière de comédienne, ce qui n’arrivera jamais. Son père Serge Bogousslavsky (1915-2010) est sculpteur, graveur et faux monnayeur, homme talentueux et habile, emprisonné pour le vol de l' Indifférent de Watteau alors qu’ Axel est bébé. Le lien avec son fils va être presque définitivement rompu.

Axel est rapidement mis en nourrice près d'Amiens dans la famille d’un cheminot à laquelle il s’attache beaucoup mais dont il est brutalement arraché à la suite d'un bombardement.

Avec sa mère et son compagnon s'ensuivent quelques années de ballottements de maisons glacées en petits meublés. Accusé de collaboration à la fin de la guerre il part se cacher dans la communauté pacifiste de Lanza del Vasto à la Génétouze (Charente Maritime) où il emmène Axel avec lui. Un mois plus tard il se volatilise avec une nouvelle amante, sans prévenir l’enfant qui dort, pour ne jamais réapparaitre.

Axel séjourne à la communauté de l’Arche jusqu’à ses 16 ans. Il est profondément marqué par la ferveur religieuse hors du commun de Lanza. Mais aussi par son extrême solitude, c’est l’unique enfant de la communauté, il dort seul la nuit dans une grange à foin, passe des journées entières dans la foret. Pourtant Lanza et son épouse Chanterelle développent de l’affection pour l’enfant et souhaitent l’adopter. La mère d’Axel s’y refuse.  

Trois ans plus tard il est décidé par la communauté de l'Arche que le grand garçon doit intégrer l’école. Axel ne veut pas y aller et crève intentionnellement son nouveau vélo. Cela déclenche à son égard une réaction extrêmement violente d’un adulte de la communauté et créé un scandale en son sein. Axel doit la quitter.

Paris, nouvelle chambre meublée avec sa mère, il intègre le lycée Jules Ferry le temps de refaire son baluchon et de partir à pied pour la Grèce. Il a 17 ans. C'est un voyage initiatique, notamment au Mont Athos, qui le marque profondément .

Il y aura encore des voyages formateurs, particulièrement une longue tournée en Crête avec un couple de marionnettistes qu’il assiste lors des spectacles dans les villages.

La musique, l’écriture et le dessin sont déjà très présents. Ils le seront comme un fil conducteur tout au long de son existence. Dès son adolescence il apprend la musique seul ou au hasard des rencontres amicales. Il observe et imite les musiciens de la rue, surtout les tziganes, ou ceux qui sont dans le poste de télévision. Il joue à l’oreille, improvise sur beaucoup d’instruments différents, à cordes et à vents. Surtout à la guitare, le violon et la flûte. Il écrit également toutes sortes de textes dans des styles très variés, toujours avec son écriture lente et enfantine. Par période, il dessine aussi énormément , d’un trait sans hésitation ni retour en arrière. Il remplit des carnets de comptabilité et des centaines de feuilles blanches A4 volantes.

La vie de jeune homme adulte commence à Paris à son retour de Crête. Les années d’errance et de vagabondage ne sont pas terminées pour autant. Elles prennent une autre forme. D’ailleurs, le seront-elles jamais? Il joue de la guitare dans un café du marché aux puces de Clignancourt. Il doit aussi subvenir aux besoins d’une mère fragile. Il travaille à la chaine quelques années à l’usine Renault de Boulogne-Billancourt puis suit le mouvement de grève. Les soirs Il participe régulièrement aux réunions de Raoul Vaneigem, situationniste et ami de Guy Debord. Une rencontre déterminante dans sa construction d’adulte: « Nous sommes les enfants d’un monde dévasté qui s’essaient à renaître dans un monde à créer. Apprendre à devenir humain est la seule radicalité. » écrit Raoul Vaneigem  dans son livre Nous qui désirons sans fin.

Toute sa vie Axel s’est employé avec la radicalité qui était sienne à devenir cet humain libre et créateur qu’il idéalisait.

Il est licencié de l’usine Renault pour rébellion à la suite du décès du militant maoïste Pierre Overney. Sans ressources et inquiet, son ami Jean-François Labouverie, comédien dans la compagnie du Théatre du Soleil d’Ariane Mnouchkine lui vient en aide et réussit à l’intégrer  dans la troupe. Axel sera d’abord régisseur puis jouera son premier rôle dans une pièce mise en scène par Sophie et Roberto Moscovo, membres permanents du théâtre. Axel part en tournée avec la troupe en Martinique comme régisseur. Il quitte la troupe et décide de rester sur place quelques mois supplémentaires.

Il travaille dorénavant sur des chantiers dans le bâtiment. Son amie Jeanne Mascolo va créer  une rencontre décisive avec sa tante Marguerite Duras en l’invitant dans sa maison à Neauphle le chateau. Marguerite Duras est séduite par l’enfance intarissable qu’elle décèle en lui et le veux dans le rôle du Caporal pour son Eden cinéma qui sera mis en scène en 1977 par Claude Regy. Une autre rencontre déterminante pour Axel. Claude Regy deviendra un ami proche et lui proposera de nombreux rôles. Dorénavant le théâtre prend une place déterminante dans sa vie.

Axel Bogousslavsky n’a pas plus appris le théâtre, du moins officiellement, que la musique, l’écriture, le dessin ou la peinture. Il saura. A sa façon. Il sait déjà.

Marguerite Duras crée également pour lui le personnage sur mesure d’Ernesto dans son film Les enfants tourné en 1985. Il a 7 ans et ne veut pas aller à l’école car il y apprend des choses qu’il ne sait pas.

Sa présence sur scène est intense, forte, lumineuse, parfois presque numineuse. Unique.  Dans ses plus grandes réussites elle apporte une dimension nouvelle à l’espace scénique, le transforme littéralement. Elle est décrite par Daniel Janneteau, son dernier metteur en scène avec qui il interpréte Firs dans le Cerisaie de Tchekov au Japon quelques mois avant son décès, comme « marquée par une perpétuelle enfance, un sens exceptionnel de la présence, du mouvement et des mots ».

Jusqu’à l’âge vénérable de 75 ans, hormis son certificat de naissance, il n’ existait pas dans les fichiers de l’administration gouvernementale. Payer ses impôts, toucher ses droits d’intermittent du spectacle, faire appel à la sécurité sociale lui étaient complètement étranger. C’est par contrainte financière aiguë et avec l’aide de son ami Jean-François Labouverie qui entreprend les démarches nécessaires, qu’il a finalement cédé à « la tyrannie du monde totalitaire ».

Il se voyait et se vivait tel un guerrier solitaire dans un monde dont, au fil du temps, il se sentait de plus en plus étranger.

Un autre fil conducteur majeur dans la vie d’Axel est la pratique quasi quotidienne, jusqu’à la fin de sa vie, du Mouvement Régénérateur , Katsugen Undo, technique de Maître Nogushi transmise par Maître Tsuda dont il fait la connaissance à Paris en 1979.

Alexandre Barry, cinéaste et assistant metteur en scène de Claude Régy réalise en 2013 un portrait mi-documentaire mi-fiction, avec et sur l’univers poétique d’Axel, Tout seul sur mon cheval dans la neige.

Vie privée[modifier | modifier le code]

Le 26 décembre 1999 à Paris IX, dans la chambre à coucher de sa compagne Agnès, nait en pleine tempête son fils Balthazar.

Axel est mort le 26 août 2023 à Cannes, dans l’appartement qu’avait longtemps occupé sa mère, et d’où il voyait la mer et de splendides pins parasols. Il est décédé des suites d'une artérite mal soignée, très entouré par sa famille et ses amis.

Il a laissé derrière lui des milliers de pages d’écritures et de dessins.

Théâtre[modifier | modifier le code]

De 1977 à 1999[modifier | modifier le code]

De 2000 à 2016[modifier | modifier le code]


Filmographie[modifier | modifier le code]

Cinéma[modifier | modifier le code]

Longs métrages[modifier | modifier le code]

Courts métrages[modifier | modifier le code]

  • 1979 : Revenir en décembre de Véronique Caillot
  • 1987 : L'Ère du verseau de Luc Bongrand
  • 1990 : Le Coupeur d'eau de Philippe Tabarly
  • 2016 : La mélodie des choses de Maité Maillé

Radio[modifier | modifier le code]

  • 2001 : Marguerite Duras - La Voix des mots, réalisation Jean-Marc Turine, Nuit spéciale Marguerite Duras, France Culture
  • 2011 : Kafka sur le rivage, réalisation Marguerite Gateau, France Culture
  • 2012 : Axel Bogousslavsky, réalisation Laure Adler, Hors-champs, France Culture
  • 2012 : Claude Régy : Portrait d'un maître qui ne veut pas l'être, réalisation Laure Adler, Hors-champs, France Culture
  • 2013 : Marguerite Duras passionnément, réalisation Laure Adler, Hors-champs, France Culture
  • 2014 : Le Kojiki - Demande à ceux qui dorment de Yann Allégret, réalisation Marguerite Gateau, France Culture

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. « Le comédien Axel Bogousslavsky est mort », sur lemonde.fr, 28 août 2023
  3. « Variations sur la mort | La Colline théâtre national », sur www.colline.fr (consulté le )
  4. « Programmation TNP | L'homme sans but », sur Théâtre National Populaire (consulté le )
  5. « studiotheatre.fr/kaspar/ »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  6. « Alexandre Barry - Tout seul avec mon cheval dans la neige, Axel Bogousslavsky », sur www.alexandrebarryfilms.com (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]