Camps d'internement au Congo belge

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Vestiges du camp d'internement de civils allemands et italiens de Ngulé WWII
Vue générale du camp de Ngulé en 1944.

De à des civils allemands et italiens furent internés[1] au Congo belge et au Ruanda-Urundi[2].

Introduction[modifier | modifier le code]

Emplacement de Ngulé (Gulé) au Katanga

Lors de la Première Guerre mondiale, le nombre de civils allemands dans la colonie était faible et ne justifiait pas l'ouverture d'un centre de détention. C'est pourquoi, en réponse à la demande du 2 septembre 1914 du Vice-gouverneur général du Katanga à l'Union Sud-africaine, 53 civils allemands d'Elisabethville (dont 5 femmes et 4 enfants) furent envoyés à Fort Napier près de Pietermaritzburg pour y être internés pendant le durée de la guerre aux frais de la colonie[3].

À la suite de l’invasion de la Belgique le par les troupes allemandes, de l’entrée en guerre du Congo belge le et de l’abandon du statut de non-belligérance par l’Italie le , le Gouverneur général Pierre Ryckmans prit une ordonnance pour l’internement[4],[5] des ressortissants masculins allemands, autrichiens et italiens, de 17 à 60 ans[6], et la mise sous séquestre de leurs biens[7].

Lettre envoyée le 30/3/1942 du camp d'internement d'Elisabethville

Localisation des camps[8][modifier | modifier le code]

Lettre envoyée le 28/10/1947 du camp d'internement de Ngulé.

Usumbura : à l’extérieur de la ville dans un ancien site minier ; une vingtaine d’internés, la plupart italiens traités avec beaucoup de tolérances ().

Stanleyville : à l'extérieur de la ville dans de petites maisonnettes ().

Coquilhatville : 5 internés dont 2 à l’hôpital ().

Léopoldville : 2 camps différents (mai 1941).

Luebo : pour civils allemand et italiens[9].

Luluabourg : 12 internés dans une grande maison (mai 1941).

Elisabethville : 197 internés italiens sur une population totale de 1 015 Italiens présents alors au Katanga ([10]).

Ngulé : seul camp situé loin de toute agglomération[11]. Le il fut inspecté par Monsieur Hirt, délégué du CICR, qui y dénombra une centaine d'internés civils allemands et italiens. Leur état de santé était satisfaisant et surveillé par un médecin italien et un médecin du Gouvernement. Ce camp était alimenté en eau par une source, et elle était filtrée avant d'être envoyée au réservoir principal. D'un barrage de la rivière Ngulé à 1 km en amont du camp, un canal amenait l'eau faisant tourner une centrale électrique pour l'éclairage du camp. Les hommes de confiance et d'autres internés ont spontanément reconnu que, par rapport au camp d'Elisabethville, les conditions de vie à Ngulé étaient beaucoup plus supportables qu'au camp d'Elisabethville[12].

Ces camps étaient gardés par des unités territoriales de la Force publique.

Durée de l’internement.[modifier | modifier le code]

Début [13], tous les ressortissants ennemis hommes encore présents dans la colonie furent arrêtés[14].

Si les allemands ne furent pas libérés avant la fin de la guerre (et certain pas avant ), il en fut autrement pour les italiens. Au vu de leur nombre et pour des raisons économiques, la majorité d’entre eux furent relâchés sous le régime de la libération conditionnelle après quelques semaines. Seuls les partisans connus du régime fasciste de Mussolini restèrent internés jusqu’à la fin du conflit.

Restriction des libertés.[modifier | modifier le code]

Tous les ressortissants ennemis non internés, y compris femmes et enfants, furent soumis à un couvre-feu de 20 h à 6 h du matin tous les jours de la semaine[15]. De plus il leur était interdit de quitter leur endroit de résidence sans autorisation préalable[16].

La mise sous séquestre de leurs biens impliqua que les italiens vécurent plus difficilement. Beaucoup de ceux-ci étaient des indépendants et certains ne récupérèrent leur fonds de commerce ou leur entreprise qu’à la fin de la guerre. Entre-temps ils durent trouver du travail pour nourrir leur famille[17].

Rôle du CICR[modifier | modifier le code]

En le CICR avait sollicité l’ingénieur suisse Robert Maurice, travaillant à Kolwezi, pour devenir son délégué sur place[18]. En ce dernier fit une tournée d’inspection des camps situés hors du Katanga. A partir de , c’est l’ingénieur suisse Jean Hirt qui prit la relève pour la visite des camps de Ngulé et d’Elisabethville[19]. A cette époque la majorité des internés le sont au Katanga. Il intervenait aussi auprès des autorités belges pour l’amélioration des conditions d’internement, et pour les rapatriements pour raisons médicales.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références et notes[modifier | modifier le code]

  1. Tous les belligérants de la 2e guerre mondiale ont interné tout ou partie des ressortissants des puissances ennemies.
  2. Dépendant administrativement du Congo belge.
  3. (en) Stefan Manz, « "Enemy Aliens" in Wartime : Civilian Internment in South Africa during World War I. » Accès libre [PDF], (consulté le )
  4. Jusqu'en août 1949, aucune convention internationale n'existait concernant l'internement de civils de nationalité ennemie. Cet internement dépendait de réglementations propres à chaque belligérant.
  5. 60 états, « Convention (IV) de Genève relative à la protection des personnes civiles en temps de guerre » Accès libre [PDF], sur WIPO Lex, (consulté le )
  6. Pamphile Mabiala Mantuba-Ngoma, Les soldats de Bula Matari (1885-1960), Kinshasa, Editions culturelles africaines, , 408 p. (ISBN 978-99951-781-7-4[à vérifier : ISBN invalide], lire en ligne), p. 197
  7. Maurice Willaerts, Servir au Congo, Bruxelles, Didier Hatier, , 302 p. (ISBN 2-87088-676-4), p. 36
  8. Robert Maurice, « Mission au Congo belge » Accès libre [PDF], sur CICR (consulté le )
  9. Jean Hirt, « Missions du Comité international de la Croix-Rouge » Accès libre [PDF], (consulté le )
  10. Ministère des affaires étrangères, « Congo belge, Camp d’internement d’Élisabethville : Liste des internés italiens se trouvant au camp le 28 février 1941 », Archives africaines, vol. Congo, n° 13525,‎ ?
  11. Au Katanga, entre Tshilongo et Kansenia près de la ligne de chemin de fer Tenke-Lubudi.
  12. Jean Hirt, « Missions du Comité international de la Croix-Rouge » Accès libre [PDF] (consulté le )
  13. Jean Omasombo Tshonda, « Haut-Katanga Tome 1 : Cadre naturel, peuplement et politique » Accès libre [PDF], sur africamuseum, (consulté le ), p. 177
  14. A l'exception de quelques rares missionnaires.
  15. Témoignage de Mme L. R. adolescente italienne à Jadotville.
  16. Ordonnance n°68/APAJ du .
  17. Rosario Giordano, Belges et Italiens du Congo-Kinshasa, Paris, L'Harmattan, , 236 p. (ISBN 978-2-296-05314-4), p. 95 et 119
  18. CICR, « La Gazette de l'Agence » Accès libre [PDF], (consulté le )
  19. Georges Antippas, Kolwezi Les années 50-70, Neufchâteau, Weyrich, , 179 p. (ISBN 978-2-87489-407-7), p. 82