Catastrophe de la fosse Notre-Dame de 1869

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Catastrophe de la Fosse Notre-Dame en 1869
Catastrophe de waziers remontée des corps
Catastrophe de waziers remontée des corps

Type catastrophe minière
Pays France
Localisation Waziers
Coordonnées 50° 22′ 22″ nord, 3° 06′ 39″ est
Date 14hr30
Participant(s) 11

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Catastrophe de la Fosse Notre-Dame en 1869
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Catastrophe de la Fosse Notre-Dame en 1869

La catastrophe de la fosse Notre-Dame de 1869 est une catastrophe minière causée par la chute de la cage de transport des mineurs le 27 juillet 1869 la Fosse Notre Dame à Waziers de la Compagnie des mines d'Aniche.

La catastrophe est déclenchée par la chute de 150 mètres d'un bloc de maçonnerie dans le puits de fosse percutant une cage en remontée où se trouvaient douze mineurs. La cage se décroche pour s'enfoncer au fond du puits dans 5 mètres d'eau. Elle entraine 11 tués dont 2 galibots de douze ans et l'un de seize ans. Seul Jean Baptiste Blanquet âgé de quinze ans a échappé à la mort[1],[2],[3].

Contexte[modifier | modifier le code]

Fosse Notre dame à Waziers
Fosse Notre dame à Waziers

Circonstances[modifier | modifier le code]

Le journal L'indépendant de Douai relate précieusement les circonstances: « Vers deux heures et demie de l'après-midi on remontait du fond douze ouvriers mineurs dans une cage pesant vide environ 4,000 kilogrammes

A peine cette cage était-elle hissée à hauteur de soixante pieds qu'un éboulement se déclenche quelques mètres plus haut. Un bloc d'un mètre cube de maçonnerie vint frapper brusquement l'un des angles supérieurs de la cage, la fit basculer en brisant l'un des guides destinés à la maintenir pendant l'ascension. Les ouvriers qui s'y trouvaient furent précipités dans le vide et tombèrent dans un bassin qui reçoit les eaux provenant des infiltrations continuelles du puits.

Ce bassin contenait alors environ 40 hectolitres d'eau soit une couche de près de cinq mètres. D'un autre côté les anneaux des câbles qui hissaient la cage sortirent de leurs crochets et cette espèce de wagon vint se briser à son tour dans le fond du puits sur les malheureux qu'une terrible chute avait déjà tués peut-être. Un seul des ouvriers sur douze a échappé comme par miracle à cette catastrophe. Les mineurs occupés dans les diverses galeries sont accourus au bruit épouvantable causé par la chute de la cage.

Ils virent alors surnager un de leurs camarades qui fou de terreur poussait des cris déchirants Ils s'empressèrent de lui tendre une perche. Immédiatement remonté couvert de meurtrissures il n'avait pu encore recouvrer la parole à dix heures du soir. À l'heure qu'il est il se porte aussi bien que possible. Il doit la vie à un miracle. Des douze ouvriers que renfermait la cage un seul le sieur Jean Baptiste Blanquet âgé de quinze ans a donc échappé à la mort.

Malgré les plus énergiques efforts on ne pourra retirer qu'aujourd'hui mercredi les onze autres victimes dont six laissent des veuves et des orphelins. Détail douloureux à écrire on a déjà extrait du puits au milieu des décombres des bras et des jambes entièrement mutilés. La cage employée à la remonte des ouvriers à la fosse Notre Dame est un appareil tout spécial pour cet usage muni d'un parachute du système le plus perfectionné.

Mais sous le choc du fragment de maçonnerie d'ailleurs peu considérable tombant d'une hauteur de cent cinquante mètres la cage a éprouvé une secousse tellement violente que non seulement la barre d'attelage au câble s'est brisée mais encore la cage elle-même s'est déformée est sortie de ses guides et le jeu du parachute s'est trouvé annulé.

Dans ce puits qui date à peine de dix ans on ne peut guère s'expliquer la chute du fragment de maçonnerie que par une désagrégation résultant d'une infiltration d eau. »[1]

Les victimes[modifier | modifier le code]

Par ordre des actes de décès du no 73 au no 83 de 1869 aux archives départementales du Nord: Delewarde Augustin; 33 ans de Waziers, Lancelin Nicolas; 20 ans de Sin-le Noble, François Firmin; 35 ans de Waziers, Delcourt Edouard; 12 ans de Sin-le-Noble, Dulieux Émile; 16 ans de Sin-le Noble, Poulain Arnauld; 12 ans de Sin-le Noble, Poulain Charles-Joseph; 24 ans de Sin-le Noble, Agez Alexandre; 21 ans de Dorignies, Bouchy Cyprien; 32 ans de Sin-le Noble, Lévêque Oscar-Joseph; 25 ans de Sin-le Noble, et Quiquempois Oscar; 28 ans de Waziers

Les onze victimes sont domiciliées 8 à Sin-le-Noble, 3 à Waziers et une à Dorignies.

Funérailles[modifier | modifier le code]

remontée des corps
Funérailles à Sin-le-Noble

La presse de l'époque relate les funérailles citant les personnalités présentent, déplorant les courageux et modestes coopérateurs moissonnés prématurément sur le champ de bataille de l'industries selon M. Émile Vuillemin. Aucun nom de victimes. L'indépendant relate l'événement de la façon suivante :

« Les funérailles des victimes ont eu lieu jeudi 29 juillet 1869 à onze heures du matin en l'église paroissiale de Sin-le-Noble au milieu d'un concours considérable de population accourue de la ville et des villages limitrophes. Le deuil était conduit par M. le conseiller d'État administrateur du département du Nord, M. le premier président, M. le sous-préfet de l'arrondissement, le maire de Douai, le colonel commandant la place, M. le député Choque, l’ingénieur en chef du département, une députation de la presse et un nombre considérable d'administrateurs et de notables qui avaient tenu à affirmer par leur présence la part que prend le département a la douleur de familles si cruellement éprouvées. Quant au cortège funèbre il faut renoncer à décrire le spectacle navrant de cette série de cercueils suivis de familles éplorées faisant éclater leur douleur par des sanglots et des cris. Après l'inhumation dont les détails matériels ont duré plus d'une demi-heure, véritable siècle au milieu de ces scènes de deuil, M. Émile Vuillemin directeur de la compagnie d'Aniches a pris la parole et dans une allocution sortie du cœur a rendu hommage à la mémoire de ces victimes du travail et a donné à leurs familles l'assurance que si la société ne pouvait rendre la vie à ceux qui ne sont plus elle comprenait ses devoirs et qu'elle adoptait les familles de ses courageux et modestes coopérateurs moissonnés prématurément sur le champ de bataille de l'industrie »[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Th Bibault, « La catastrophe des mines d'Aniche », Le monde illustré,‎ (lire en ligne)
  2. « On lit dans l'Indépendant de Douai », Le Temps,‎ (lire en ligne) :

    « On lit dans l'Indépendant, de Douai. ̃ Des incidents douloureux et déchirants ont suivi la terrible catastrophe qui s'est produite à la fosse Notre-Dame.Les cadavres des onze malheureux ouvriers mineurs ont été successivement retirés de la fosse, après de grandes recherches. Les corps étaient affreusement; mutilés, presque-, méconnaissables. M. Anache, médecin de la Compagnie des mines d'Aniche, a éprouvé de grandes difficultés pour constater l'identité des malheureuses victimes. Afin d'épargner à tous la vue de ces tristes dépouilles, de ces corps informes, on avait eu la pensée de les enfermer, dans la bière, à la sortie même du puits et avant de les remettre aux familles ; mais, les femmes et les enfants des infortunés mineurs ont voulu, malgré le douloureux spectacle qui leur était réservé, revoir une dernière fois, dans leurs demeures, ces chères dépouilles ; et ce n'est que plus tard que les corps ont pu être déposés dans les cercueils. L'enquête relative à ce triste accident est terminée. M. Broyer, commissaire cantonal, en a réuni les premiers éléments.Les funérailles des victimes ont eu lieu jeudi. M. Émile Vuillemin, ingénieur directeur des mines d'Aniche, a prononcé une allocution émue et touchante sur ces tombes avant qu'elles fussent refermées »

  3. (fr + fr) « Faits Divers : On écrit de Douai dans la Gazette du Palais », Journal officiel de l'empire Français,‎ (lire en ligne) :

    « On écrit de Douai à la Gazelle des tribunaux : Les funérailles des onze victimes de la catastrophe de la fosse Notre-Dame ont eu lieu hier.Une foule immense, composée de toutes les classes de la société, était, accourue de Douai et des communes voisines, particulièrement de celles habitées par les mineurs attachés aux exploitations d'Aniche et de l'Escarpelle. Chacun se faisait un devoir d'apporter sa part de sympathie aux veuves et aux orphelins que la mort impitoyable vient de faire dans la population ouvrière de Sin.Les autorités se sont associées à cette touchante manifestation. Nous y avons particulièrement remarqué M. de Saint-Paul, conseiller d'Etat, administrateur du département; le premier président de la cour impériale, le sous-préfet, M. Choque, député; le président du tribunal civil, M. le colonel dé place, le maire de Douai, M. Bertin, ingénieur en chef des ponts et chaussées. Le Mémorial de Lille de ce jour contient les li- gnes suivantes : A peine la première nouvelle de l'accident fut elle arrivée à Lille, que M. de Saint-Paul la lit connaître par un télégramme à l'Empereur. On sait que la sollicitude du chef de l'Etat pour la classe ouvrière n'est jamais invoquée en vain. Sa Majesté a fait immédiatement adresser au préfet du Nord, une somme de 2,000 francs.M. de Saint-Paul, profondément ému de tant de malheurs, n'a pas voulu que le secours matériel, si utile à ces pauvres veuves et à ces enfants, fût le seul qui leur parvint. Il a voulu distribuer lui-même à chacun la somme qui leur revenait, et, entrant dans toutes les demeures, il adressa à ces malheureuses femmes des paroles de consolation et leur témoigna un intérêt et une sympathie qui sont de touchants adoucissements à de semblables malheurs. 1 Dans ces visites si pénibles, M. de Saint-Paul a été accompagné du sous-préfet de Douai, des maires de Douai et Sin, et du directeur des mines d'Aniche. Tous ces messieurs ont joint leurs consolations à celles qu'a données le préfet aux pauvres veuves, dont la situation leur inspire la plus vive sollicitude »