Charles Fabry

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Charles Fabry
Marie Paul Auguste Charles Fabry
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Naissance
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Maurice Paul Auguste Charles FabryVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
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Fratrie
Parentèle
Henri Cabannes (petit-neveu)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Directeur de thèse
Distinction

Médaille Rumford (1918)

Médaille Franklin (1921)

Marie Paul Auguste Charles Fabry est un physicien français né à Marseille le et mort à Paris le . Son œuvre est presque exclusivement consacrée à l'optique, en particulier à l'interférométrie, la spectroscopie et la photométrie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Contexte familial[modifier | modifier le code]

La famille Fabry est originaire de Bourg-Saint-Andéol dans l'Ardèche. C'est dans cette ville que François-Antoine Fabry (1749-1823), filateur au Bourg Saint-Andéol, arrière-grand-père de Charles, prépare à la fin du XVIIIe siècle le concours d'entrée à l'École polytechnique. Il est reçu et devient le premier d'une longue lignée de polytechniciens. Son fils Auguste (1796-1877) est également reçu et se voit dispenser des cours de la part du célèbre physicien André-Marie Ampère.

Le fils d'Auguste, dont le prénom est également Charles, est marié à Marie Estrangin, issue d'une éminente famille marseillaise proche du dramaturge Edmond Rostand. Ensemble, ils ont cinq enfants, Auguste, Eugène, Louis, Charles et Pierre, dont plusieurs eurent de remarquables carrières. Eugène, né en 1856, polytechnicien et docteur ès sciences mathématiques, fut ingénieur des tabacs, professeur agrégé aux lycée de Tarbes, Carcassonne et Tours, maître de conférences aux facultés des sciences de Rennes et Nancy, professeur aux facultés des sciences de Montpellier et Marseille, examinateur à l'École polytechnique. Louis, né en 1862, polytechnicien, licencié ès sciences mathématiques et physiques et docteur ès sciences mathématiques, fut astronome à l'Observatoire de Paris entre 1884 et 1887, à Nice entre 1887 et 1890 puis à Marseille jusqu'à sa retraite en 1924. Auguste, né en 1855, docteur en droit, fut avocat à Marseille puis entra dans la magistrature. Il fut ensuite substitut puis juge d'instruction à Tunis, vice-président, procureur, président, procureur général à Caen, premier président et enfin conseiller à la Cour de cassation.

Jeunes années et premières études[modifier | modifier le code]

Marie Paul Auguste Charles Fabry naît à Marseille le 11 juin 1867. Très jeune, il se passionne pour les sciences. Il suit une brillante scolarité au lycée de Marseille, actuel lycée Thiers. À 18 ans, il entre classé 17e à l'École polytechnique à Paris (1885) et en sort 23e et démissionnaire en 1887. Il retourne ensuite à Marseille où il étudie à la Faculté des sciences de Marseille, pour préparer le concours d'agrégation de physique où il est reçu en 1889[1].

Enseignement et travaux de recherche dans le sud de la France[modifier | modifier le code]

Il se consacre tout d'abord à l'enseignement de la physique au lycée. Il est nommé successivement professeur à Pau en 1889, à Nevers en 1890, à Bordeaux en 1892, au lycée Thiers de Marseille en janvier 1893, puis à Paris en octobre de la même année[1]. Il prépare simultanément le doctorat ès sciences sous la direction de Jules Macé de Lepinay, professeur de physique à la faculté des sciences de l'Université d'Aix-Marseille. En 1892, il soutient à la faculté des sciences de Paris sa thèse sur la Théorie de la visibilité et de l'orientation des franges d'interférences.

En 1894, il obtient à la faculté des sciences de l'université de Marseille un poste de maître de conférences pour le certificat P.C.N.. Il rejoint le laboratoire de Jules Macé de Lepinay. Il succède à Alfred Perot, en 1904, en tant que professeur à la chaire de physique industrielle. Pierre Sève le remplacera à son départ pour Paris.

Collaborant avec Henri Buisson, lui ayant succédé comme maître de conférences, et Alfred Perot, il participe à la mise au point de l'interféromètre de Fabry-Perot, qui lui sert notamment à démontrer, en 1913, la réalité de l'existence de la couche d'ozone, jusque-là seulement soupçonnée, et en détermine la proportion en fonction des couches atmosphériques. Jean Cabannes travaille dans son laboratoire pour préparer sa thèse de doctorat. Il démontre également, par l'expérience, l'effet Doppler-Fizeau, appliqué au domaine de l'optique.

La Grande Guerre et la création de l'Institut d'Optique[modifier | modifier le code]

Encore à Marseille alors que la guerre éclate à l'été 1914, Charles Fabry est approché pour participer aux travaux de la Direction des Inventions intéressant la Défense Nationale créée à l'initiative de Paul Painlevé[2].

Peu après l'entrée en guerre des États-Unis, Fabry est choisi pour commander la Mission Scientifique Française aux États-Unis, chargée de se rendre outre-Atlantique pour échanger informations, renseignements, et avancées techniques et scientifiques utiles à l'effort de guerre. Un premier groupe de membres de cette mission quitte Bordeaux le 19 mai 1917, et est constituée de Charles Fabry, Armand de Gramont, Henri Abraham accompgné d'un jeune télégraphiste, Paternot, du secrétaire de l'expédition Dupouey, ainsi que de Sir Ernest Rutherford et du Commander Cyprian Bridge, dépêchés par l'armée britannique pour se joindre aux français. Les membres de la mission sont notamment accueillis sur place par des membres du National Research Council, dont George Ellery Hale et Robert Millikan. Rejoints quelques semaines plus tard par Victor Grignard ainsi que par Giorgio Abbetti, les membres de la mission étudient de nombreuses questions avec leurs homologues américains, notamment concernant la défense contre les sous-marins. Le 13 juillet 1917, certains d'entre eux visitent le laboratoire de Thomas Edison à West Orange, dans le New Jersey.

Le 12 août, Fabry rentre en France et prépare son rapport. Il retrouve son laboratoire de la Faculté des Sciences de Marseille.

Dans les premiers mois de 1919, Charles Fabry accepte de devenir le premier directeur général de l'Institut d'Optique Théorique et Appliquée, établissement dont le projet a été initié par Armand de Gramont en 1916 et soutenu par Paul Painlevé.

Il prendra effectivement son poste en 1921, lorsqu'il quitte Marseille et revient à Paris comme titulaire de la chaire de physique de la faculté des sciences de Paris précédemment occupée par Edmond Bouty. Il devient également directeur du laboratoire d'enseignement de physique, avec pour collaborateurs Eugène Darmois et Louis Décombe, puis François Bedeau.

Autres affectations[modifier | modifier le code]

En 1927 il est nommé professeur à l'École polytechnique, à la suite de la mort d'Alfred Perot et élu à l'Académie des sciences, succédant à Daniel Berthelot (Charles Fabry 51 voix, Paul Langevin 1 voix, Henri Abraham 1 voix, Georges Sagnac 1 voix).

En 1937, il fonde avec Henri Chrétien, Georges Guadet et André Bayle la Société de recherches et études en optique et sciences connexes (REOSC, aujourd'hui intégrée au groupe Safran) et doit quitter sa chaire de la Faculté des sciences de Paris et de l'École polytechnique, où il est remplacé par Louis Leprince-Ringuet.

Il est président d'honneur de la Société française de photographie de 1935 à 1937, succédant à Georges Perrier, et président de la Société française de physique en 1924. Il est également président de la Société astronomique de France de 1931 à 1933[3]. Il est fait membre étranger de la Royal Society en 1931.

Distinctions[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

Cours de physique
  • Éléments de thermodynamique, A. Colin, 8e édition, 1952
  • Les Radiations, A. Colin, 1945
  • Propagation de la chaleur, A. Colin, 1942
  • Éléments d'électricité, A. Colin, 1941
  • Physique et astrophysique, Flammarion, Bibliothèque de philosophie scientifique, 1935
  • Cours de physique de l'École polytechnique, Gauthier-Villars, 1933
  • Optique, Presses universitaires de France, 3e édition, 1929
  • Introduction à l'étude de l'optique appliquée, éd. de la Revue d'optique théorique et instrumentale, 1928
  • Leçons de photométrie professées à l'Institut d'optique théorique et appliquée, éd. de la Revue d'optique théorique et instrumentale, 1924
  • Leçons élémentaires d'acoustique et d'optique à l'usage des candidats au certificat d'études physiques, chimiques et naturelles, Gauthier-Villars, 1898

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Eva Telkes et Christophe Charle, « 44. Fabry (Charles) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 25, no 1,‎ , p. 123–125 (lire en ligne, consulté le )
  2. (en) « Charles Fabry, 1867-1945 », Obituary Notices of Fellows of the Royal Society, vol. 5, no 15,‎ , p. 445–450 (ISSN 1479-571X et 2053-9118, DOI 10.1098/rsbm.1947.0010, lire en ligne, consulté le )
  3. « L'Astronomie : revue mensuelle d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et bulletin de la Société astronomique de France », sur Gallica, (consulté le )
  4. (en) « Scientific notes and reviews volume XLIX, numéro 1271 », sur Archive.org,
  5. « L'Astronomie : revue mensuelle d'astronomie, de météorologie et de physique du globe et bulletin de la Société astronomique de France », sur Gallica, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Georges Aillaud (dir.), Yvon Georgelin (dir.), Henri Tachoire (dir.), Simone Arzano, Jean Beurois, Paul Bousquet, Georges Courtès et Charles Fehrenbach, Marseille, 2 600 ans de découvertes scientifiques : Des origines au milieu du XXe siècle, vol. III : Découvreurs et découvertes, Aix-en-Provence, Publications de l'Université de Provence, , 431 p., 24 × 16 cm (ISBN 2-85399-504-6), chap. VI (« Marseille et la naissance de la spectroscopie interférentielle »), p. 124-137.
  • Louis de Broglie, Notice sur la vie et l'œuvre de Charles Fabry, Séance publique annuelle de l'Académie des sciences, 16 décembre 1946, Institut de France, 1946-36.
  • « Fabry (Charles) », dans Dictionnaire biographique du Gard, Paris, Flammarion, coll. « Dictionnaires biographiques départementaux » (no 45), (BNF 35031733), p. 255.

Liens externes[modifier | modifier le code]