Charles Grall

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Charles Grall
portrait du médecin inspecteur général Charles Grall
Charles Grall
Biographie
Naissance

Saint-Thégonnec, Finistère
Décès
(à 72 ans)
NiceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Française
Activité
Médecin, tropicaliste, militaire
Période d'activité
1871-1918
Autres informations
A travaillé pour
Ministère de la guerre, ministère des colonies
Arme
Marine puis Troupes coloniales
Grade militaire
Médecin inspecteur général
Conflit
Première guerre mondiale
Distinction

Charles Grall, né le à Saint-Thégonnec (Finistère) et mort le à Nice (Alpes-Maritimes) est un médecin tropicaliste, militaire, français qui a marqué l'histoire du Service de santé des troupes coloniales par ses travaux scientifiques, son rôle de premier directeur du service de santé de l'Indochine et son traité de pathologie exotique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Charles, Théodore, François, Marie Grall né le à Saint-Thégonnec, Finistère, fils de François-Marie Grall, clerc de notaire, et de Élisa Caroline Turnier. Il s'engage comme étudiant en médecine dans la marine le . Aide-médecin à compter du , il est reçu docteur en médecine en 1874 [1],[ED 1].

Carrière[modifier | modifier le code]

fragment d'une lettre manuscrite de 1916 portant la signature Dr Grall
Signature du Docteur Charles Grall

Il sert de 1878 à 1881 en Guyane comme médecin de marine, où il lutte contre l'épidémie de fièvre jaune et reçoit un témoignage de satisfaction du ministre de la Marine et des Colonies[2]. À bord du Bayard, navire amiral d'Amédée Courbet, il participe au blocus de Formose et occupe Keelung, gagnant là sa croix de chevalier de la Légion d'honneur.

Mais c'est surtout en Indochine qu'il fait l'essentiel de sa carrière. Il séjourne longuement au Tonkin de 1885 à 1890. En 1890 il quitte la marine en optant pour le nouveau corps de santé des colonies. Il sert ensuite en Nouvelle-Calédonie de 1891 à 1893 avant de retrouver le Tonkin en 1894 comme directeur du service de santé de celui-ci. Au Tonkin il est chargé d'organiser le Service de santé de la colonie et son adaptation aux conditions locales. Lors de la crise des effectifs du corps de santé des colonies (1896-1898), et plus encore de la crise créée par l'avis du Conseil d'État du - ôtant toute autorité des médecins du corps de santé des colonies sur les troupes coloniales dès lors qu'ils sont mis pour emploi auprès du ministère des colonies et déniant le statut d'officier aux médecins de la marine marchande ayant rejoint le corps de santé des colonies - Charles Grall se fait remarquer en prenant la tête des opposants aux mesures proposées[AF 1],[3].

Il est au Sénégal en 1901. De retour en Indochine en 1903, cette fois comme directeur du Service de santé de toute la colonie, Charles Grall, élabore un projet d’assistance médicale indochinoise assurée par des médecins du Corps de santé colonial en position hors-cadres en attendant que les effectifs nécessaires de médecins civils français aient été recrutés. Grall prend ici modèle sur l'Assistance médicale indigène créée quelques années plus tôt à Madagascar et l'adapte aux contexte asiatique[4],[5].

En 1904 une direction générale de la santé est instituée auprès du gouvernement général de l'Indochine, basée à Hanoï. Charles Grall, qui est alors Médecin inspecteur des Colonies[Note 1], en est le premier directeur dont dépendent d'une part cinq directions régionales chargées de la santé publique et d'autre part une direction du Service de santé des troupes coloniales[AF 2]. Grall, innove aussi dans le domaine hospitalier en faisant bâtir une maternité à l'Hôpital principal d'Hanoï, initiative innovante dans un établissement militaire[AF 2].

En 1908, il est promu Médecin inspecteur général[Note 2], et prend la présidence du Conseil supérieur de santé des colonies au ministère des Colonies, il est alors le chef de tout le Service de santé colonial[2].

Dès le déclenchement de la Première Guerre mondiale il prend l'inspection médicale de la 15e région militaire. Lorsque le front d'Orient s'ouvre, il assure l'inspection d'hygiène et d'épidémiologie des troupes engagées sur ce front, et on le voit à Gallipoli, en Macédoine ou encore à Corfou auprès des restes de l'armée serbe[2]. De cette expérience il ramène des travaux scientifiques qui seront communiqués à la Société de pathologie exotique avant d'être publiés dont une longue monographie sur le paludisme dans les armées[6].

Il quitte le service actif en 1918 et se retire à Nice d'où il continue à participer aux travaux de la Société de pathologie exotique dont il est un des fondateurs, et vice-président en 1912-1913[ED 1].

Charles Grall décède à son domicile à Nice le [7],[8].

Vie de famille[modifier | modifier le code]

Charles Grall épouse le Victorine Traonouez, fille d'un notaire de Pont-l'Abbé (Finistère)[2], qui sera sa veuve.

Œuvre scientifique[modifier | modifier le code]

Couverture du troisième volume du Traité de pathologie exotique, co-dirigé par Charles Grall.

Il publie tout au long de sa carrière une importante production médicale sur les maladies exotiques qui trouve son apogée dans le Traité de pathologie exotique, clinique et thérapeutique qu'il édite en 7 volumes entre 1909 et 1919 en collaboration avec Albert Clarac et dans lequel il fait intervenir de nombreux médecins du Corps de santé des troupes coloniales[9].

  • Charles Grall, Pathologie exotique Indo-Chine, Saigon, Imprimerie coloniale, , 408 p. (BNF 30531872, lire en ligne)
  • Charles Grall, Hygiène coloniale appliquée. Hygiène de l'Indo-Chine., Paris, J.-B. Baillière et fils, , 483 p. (BNF 30531870)
  • Charles Grall, La Malaria des armées en campagne, Paris, J.-B. Baillère et Fils, (BNF 32187906, lire en ligne)

Hommages[modifier | modifier le code]

L'hôpital militaire de Saïgon, porte son nom de 1925 à 1978 - Hôpital Grall. Il est depuis devenu Hôpital des enfants no 2 - Grall (Bênh Viên Nhi Dông 2 - Grall).

Un amphithéâtre de l'École du Pharo, à Marseille, portait son nom.

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Médecin inspecteur des colonies, correspond à général de brigade dans la hiérarchie générale des grades des armées françaises au XXIe siècle.
  2. Médecin inspecteur général des colonies, correspond à Général de division dans la hiérarchie générale des grades des armées françaises au XXIe siècle. C'est le grade ultime des médecins militaires jusqu'à la fin du XXe siècle

Références[modifier | modifier le code]

L'École du Pharo : Cent ans de Médecine Outre-Mer 1905-2005[modifier | modifier le code]

  • Ouvrage d'Éric Deroo (cf. Bibliographie)
  1. a et b Deroo 2005, p. 82.

Histoire de la Médecine aux Armées, tome 2[modifier | modifier le code]

  • Ouvrage d'Albert Fabre (cf. Bibliographie)
  1. Fabre 1984, p. 361.
  2. a et b Fabre 1984, p. 372.

Autres sources[modifier | modifier le code]

  1. « Grall, Charles Théodore François Marie, cote LH/1185/2 », sur Léonore (consulté le ).
  2. a b c et d Louis Reymondon, « Charles Grall, un médecin colonial oublié (1851-1924) », Bulletin de l'AAAP, no 45,‎ , p. 7-9 (lire en ligne).
  3. Marc Michel, Le Corps de Santé des Troupes Coloniales, Toulouse, Privat, coll. « Bibliothèque historique Privat », , 430 p. (ISBN 2-7089-5322-2), p. 186-189
    dans Histoire des Médecins et Pharmaciens de Marine et des Colonies, Pierre Pluchon (dir.).
  4. Jérôme Merlin, « L'assistance médicale indigène à Madagascar (1898-1950) », Médecine tropicale, vol. 63, no 1,‎ , p. 17-21 (ISSN 0025-682X).
  5. Anonyme, « L'œuvre humanitaire des Corps de santé français (1890-1968) : L'Assistance médicale indigène », sur Site de l'ASNOM (consulté le ).
  6. Charles Grall, La Malaria des armées en campagne, Librairie J.-B. Baillière et fils, , 117 p..
  7. « Acte de décès no 1852 de 1924 », sur Les archives départementales des Alpes-Maritimes (consulté le ).
  8. Dr S. Abbatucci, « Nécrologie - Le médecin inspecteur général Grall », Paris médical : la semaine du clinicien, no 54,‎ (lire en ligne)
  9. Charles Grall, Albert Clarac, Traité de pathologie exotique, clinique et thérapeutique, Paris, J.B. Baillière et fils, 1911-1922, 7 vol. 

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eric Deroo, Antoine Champeaux, Jean-Marie Milleliri, Patrick Queguiner, L'Ecole du Pharo : Cent ans de Médecine Outre-Mer 1905-2005, Panazol, Lavauzelle, , 220 p. (ISBN 2-7025-1286-0)Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Albert Fabre, Histoire de la Médecine aux Armées, t. 2, Paris-Limoges, Charles-Lavauzelle, , 491 p. (ISBN 2-7025-0053-6)Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]