Chrémonidès

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Chrémonidès
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Chrémonidès (en grec ancien Χρεμωνίδης / Chrémonidès), est un stratège athénien du milieu du IIIe siècle av. J.-C. Membre du parti anti-macédonien, il donne son nom à la guerre chrémonidéenne livrée contre le royaume de Macédoine d'Antigone II Gonatas. Il termine sa carrière en tant qu'officier au service de Ptolémée II.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et début de sa carrière[modifier | modifier le code]

Chrémonidès est le fils cadet d'Etéoklès qui appartient à l'aristocratie des grands propriétaires fonciers de l'Attique dont le dème est situé en Mésogée. Il partage donc la classe sociale et l'esprit patriotique d'Eurycleides et de Micion, dirigeants de la politique athénienne de la fin du siècle. Cela expliquerait sans doute sa motivation d'indépendance et de liberté pour sa cité[1]. Il aurait, à l'instar de son frère aîné Glaucon et d'Antigone II Gonatas, été un disciple et un ami de Zénon de Cition, le fondateur du stoïcisme[2]. C'est à son contact que leur amour de la liberté et leur haine de la tyrannie pourraient avoir été décuplés. Même si Chrémonidès est un fervent admirateur de Zénon, il n'en demeure pas moins un homme politique, rang qui atténue son idéal jusqu'à « une doctrine qui ne conditionne pas l'action »[3]. Avec son frère Glaucon, il est considéré comme l'un des principaux acteurs du côté d'Athènes de la guerre chrémonidéenne, laquelle est d'ailleurs nommée d'après lui. Il est précisé que le comportement politique adopté par les deux frères, leur aveuglement et leur précipitation sur lesquels se base cette guerre s'éloignent fortement de la façon dont le fondateur du stoïcisme l'a abordée[4].

Guerre chrémonidéenne[modifier | modifier le code]

Vers 268 av. J.-C., année de l'archonte Peithidèmos[5], Chrémonidès émet un décret pour officialiser une alliance avec Sparte et Ptolémée II. Ce décret est vue comme une déclaration de guerre par du roi de Macédoine, Antigone II Gonatas. Cette alliance est en tout cas une alliance offensive face à la Macédoine. Pour justifier son décret, Chrémonidès rappelle qu'Athènes et Sparte ont été alliées auparavant contre la tyrannie, comparant notamment Antigone Gonatas à Xerxès des Guerres Médiques. Il propose dès lors[6] :

« (…) Étant donné que les Athéniens et Lacédémone et leurs alliés respectifs, ayant créé des alliances et des amitiés entre eux, ont souvent et efficacement lutté contre ceux qui tentaient d’assujettir les cités grecques ; et qu’elles ont toutes deux acquis une renommée à leur nom et à celui de tous les autres Grecs pour lesquelles elles ont gardé la paix ; et qu’à nouveau des crises d’un genre similaire refont surface sur toute la Grèce à cause de ceux qui tentent de renverser les lois et les constitutions ancestrales de chacune des cités et que le Roi Ptolémée, en accord avec la politique de sa sœur la reine, est ouvertement concerné pour la liberté de tous les Grecs ; et qu’Athènes, s’étant alliée à lui et aux autres Grecs, a issu un décret pour les inviter tous dans la même politique ; (…) [qu’il soit clair que cette alliance entre amis athéniens, spartiates, égyptiens et grecs, soit valide indéfiniment.] »

— (Syll³, 434/435[7])

Ce serment d'alliance aurait été rédigé sur une stèle de pierre, pour être ensuite posé sur l'acropole d'Athènes à côté du temple de Pallas Athéna[8]. Seulement une partie de la stèle de pierre a survécu au passage du temps et est toujours partiellement visible aujourd'hui[9]. Brisée en quatre fragments dont la reconstitution reste partielle, cette stèle comprend deux documents différents. Le premier mentionne le décret, c'est-à-dire l'acte d'alliance entre Sparte, Athènes et le royaume lagide ; le second reprend le texte du décret[10]. Le conflit ne débute vraiment qu'en 267. Vers 265, le roi de Sparte Areus Ier trouve la mort en tentant de forcer le passage de Corinthe, place forte aux mains des Macédoniens, afin de créer une liaison directe entre le Péloponnèse et l'Attique. Athènes est ensuite longuement assiégée par Antigone Gonatas[11]. La cité capitule en 263/262, mais la fin de la guerre n'arrive probablement qu'en 262, année durant laquelle la bataille navale de Cos pourrait avoir eu lieu[12]. Antigone Gonatas changea le cours de la vie politique d'Athènes : les dirigeants démocratiques ont été exécutés (comme Philochore) ou sont partis en exil au service de Ptolémée II.

Au service de Ptolémée II[modifier | modifier le code]

Une fois les cités grecques vaincues, Chrémonidès et son frère se réfugient — ou sont exilés par Antigone II Gonatas — en Égypte, où tous deux servent en tant que conseillers et coadjuteurs (paredroi) pour Ptolémée II à Alexandrie. Ils continuent néanmoins à soutenir les intérêts de leur cité[13]. Dans les années 250, Chrémonidès œuvre en tant qu'amiral de la flotte lagide. Il est battu lors d'une bataille navale à Éphèse par l'amiral rhodien Agathostratos, probablement durant la deuxième Guerre de Syrie[14].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean Pouilloux, « Glaucon, fils d'Etéoclès d'Athènes. Hommages à Claire Préaux », Collection de la maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique, vol. 16,‎ , p. 380 - 381 (lire en ligne).
  2. (en) William Tarn, Antigonos Gonatas, Chicago, Argonaut, , 516 p., p. 295-296.
  3. (it) Augusto Rostagni, Miscellanea di studi Allessandrini, Turin, Bottega d'Erasmo, , 715 p., p. 150.
  4. Edouard Will, Histoire politique du monde hellénistique (323 - 30 av. J.-C.). Tome 1, De la mort d'Alexandre aux avènements d'Antiochos III et de Philippe V., Nancy, Faculté des lettres et des sciences humaines de l'université de Nancy, , 369 p., p. 200.
  5. (en) Christian Habicht (trad. de l'allemand), Athens from Alexander to Antony, Cambridge / Londres, Harvard University Press, , 406 p. (ISBN 0-674-05111-4), p. 140, 142, 144.
  6. (en) Graham Shipley, The Greek World after Alexander. 323 - 30 BC, Londres / New-York, Routlede, , 568 p. (ISBN 0-415-04617-3), p. 126.
  7. Sylloge inscriptionium graecorum, 3e édition, de Wilhelm Dittenberger.
  8. (en) Stanley M. Burstein, The Hellenistic Age from the Battle of Ipsos to the Death of Kleopatra VII, Cambridge University Press, , 173 p. (ISBN 978-0-521-28158-4, lire en ligne).
  9. (en) Henry Immerwahr, « Five dedicatory inscriptions from the North wall of the Acropolis », The Journal of The American School of Classical Studies at Athens,‎ , p. 343 -345 (lire en ligne).
  10. Jean Delorme, Le monde hellénistique (323 - 133 avant J.-C. Evènements et institutions., Paris, Sedes, , 455 p., p. 113.
  11. (en) Peter Green, Alexander to Actium : The historical evolution of the Hellenistic age, Berkeley / Los Angeles, University of California Press, , 970 p. (ISBN 0-520-05611-6), p. 147.
  12. Ellie Bikerman, « Sur les batailles navales de Cair et d'Andros », Revues des Etudes Anciennes,‎ , p. 369-374 (lire en ligne).
  13. (en) Christian Habicht (trad. de l'allemand), Athens from Alexander to Antony, Cambridge / Londres, Harvard University Press, , 406 p. (ISBN 0-674-05111-4), p. 156.
  14. Elie Bikerman, « Sur les batailles navales de Cos et d'Andros », Revue des Etudes Anciennes,‎ , p. 381 (lire en ligne).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bikerman, Elie, "Sur les batailles navales de Cos et d'Andros", dans Revues des Études Anciennes, vol. 40, No 4, 1938.
  • Habicht Christian, Athens from Alexander to Antony, Cambridge / Londres, Harvard University Press, 1997.
  • Hornblower Simon, Sparworth Antony et Eindinow Esther (éd.), The Oxford Classical Dictionary, 4e éd., Oxford / New York, Oxford University Press, 2012. 
  • Green Peter, Alexander to Actium. The historical evolution of the Hellenistic age, University of California Press, Berkeley / Los Angeles, 1990 (Hellenistic Culture and Society).
  • Tharn William, Antigonos Gonatas, Chicago, Argonaut, 1969.
  • Shipley Graham, The Greek world after Alexander. 323 – 30 BC, Londres / New York, Routledge, 2000 (Routledge history of the ancient world).
  • Burstein Stanly, The Hellenistic Age, T. 3, from the battle of Ipsos to the death of Kleopatra VII, London e.a, Cambridge University Press, 1985.
  • Immerwahr Henry, "Five dedicatory inscriptions from the North wall of the Acropolis", dans The Journal of the American School of Classical Studies at Athens, vol. 11, N° 4, 1942.
  • « Glaucon, fils d'Etéoclès d'Athènes. Hommages à Claire Préaux », dans Pouilloux Jean, « D'Archiloque à Plutarque. Littérature et réalité. Choix d'articles de Jean Pouilloux », numéro thématique, Collection de la maison de l'Orient méditerranéen. Série épigraphique, vol. 16, 1986, p. 392 – 398.
  • Rostagni, Augusto, Miscellanea di studi Allessandrini, Turin, Bottega d'Erasmo, 1963.
  • Delorme Jean, Le monde hellénistique (323 - 133 avant J.-C. Evènements et institutions. Paris, Sedes, 1975 (Regards sur l'histoire).
  • Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », (ISBN 2-02-060387-X)