Claude Sigaud

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Claude Sigaud
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Claude Sigaud, né à Charentay (Rhône) le et mort le à Saint-Genis-Laval (Rhône), est un médecin clinicien français considéré comme précurseur de la morphopsychologie.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Claude Sigaud est né à Bonège, lieu-dit dans la commune de Charentay en 1862[1], au cœur du Beaujolais. Son père est vigneron. Sur l'insistance de l'abbé Fetel, qui voulait en faire un prêtre, Sigaud entre au collège de Thoissey en 1874[1]. Le il est reçu bachelier ès-lettres et trois mois plus tard décroche aussi la spécialité ès-sciences.

Études et début de carrière[modifier | modifier le code]

Il intègre ainsi la faculté de Médecine de Lyon, passe l'externat en 1884 et un an plus tard finit 3e du concours de l'internat[1].

Le , il soutient sa thèse intitulée "De l'échomatisme. Essai de pathogénie psycho-physiologique. Zoandrie, Échokinésie, Écholalie." [1],[2] dans laquelle à partir d'une observation personnelle longuement décrite d'une malade, il s'interroge sur l'origine des troubles présentés par des patients qui, à la suite d'un traumatisme psychique, répètent inlassablement des comportements, des expressions, des attitudes et qu'il désigne après Pierre Marie par "échomatisme" qu'il faut rapprocher de l'échokinésie de Charcot. Dans sa thèse, Sigaud, s'appuyant sur les travaux d'Ivan Mikhaïlovitch Setchenoff (1829-1905) sur les actions réflexes du cerveau, s'attache à montrer que l'échomatisme est une fonction cérébrale automatique qu'il compare à un réflexe moteur, préfigurant ainsi la découverte des motoneurones et de la fonction de décodage de l'intentionnalité qu'ils permettent[3]. Il donne une explication psychophysiologique à ces phénomènes d'imitation automatique alors qu'il semble ne pas avoir eu connaissance des articles fondateurs de Gilles de la Tourette parus en 1884 et 1885 relatifs à une "affection nerveuse caractérisée par l’incoordination motrice, accompagnée d’écholalie et de coprolalie", qui allaient donner corps au syndrome de Gilles de la Tourette[3].

Il devient ensuite chef de clinique du professeur Lépine[1]. Il tente quelques concours hospitaliers et décide de se consacrer à la pratique de « médecine de clientèle »[1].

Travaux personnels et morphopsychologie[modifier | modifier le code]

En 1900, il décrit dans un traité clinique de la Digestion un procédé d'«Exploration externe du tube digestif», « par l'inspection, la palpation et la percussion de l'abdomen »[1].Il fait partie de l'école de Biotypologie française, de morphopsychologie[4] ou «morphologie humaine» comme l'a dénommé Claude Sigaud[5]. Selon sa doctrine, chaque "appareil humain" est relié à son milieu ambiant externe : l'appareil respiratoire à l'air ambiant, l'appareil digestif à l'environnement alimentaire, l'appareil musculaire à l'environnement physique et l'appareil cérébral à l'environnement social[6],[4],[7]. Par la suite, il en détermine quatre types morphopsychologiques : musculaire, respiratoire, digestif et cérébral[1],[6]. Chacun de ces types correspond à donc selon sa doctrine à un appareil humain en contact avec son milieu extérieur[1]. Pour lui, l'être humain revêt « une forme extérieure qui correspond » à l'un de ces types[1],[7]. Claude Sigaud en détermine aussi quatre types humains appelés types francs : normal, sain, esthétiquement beau et le caractère prédominant d'un appareil déterminant[4]. Il ne tient pas compte de l’anthropométrie ou de la physiologie pour faire la différence entre les types francs harmonieux et leurs opposés[4].

Considéré comme un des acteurs important du courant de la morphopsychologie[7], il a édicté des «lois de dilatation/rétractation»[8] selon lesquelles un organisme vivant en dilatation aurait tendance à prendre l'espace disponible dans un environnement sécurisant et en rétraction aurait tendance à se rétracter lorsque les conditions sont moins favorables[9].

Famille[modifier | modifier le code]

Claude Sigaud a épousé Marie Rose Thérèse Auguste Caire (1864-1958) le . Elle était la sœur de César Caire, et ils ont eu quatre filles[1]. La seconde fille, Yvonne Sigaud (1897-1979) a épousé Léon Bertholon et leur second enfant Jacques Bertholon (1925-2014) a soutenu en 1956 sa thèse de doctorat de médecine consacrée à une relecture distanciée de l'œuvre de son grand-père, 35 ans après sa mort[2].

Publications[modifier | modifier le code]

  • Claude Sigaud - Traité clinique de la Digestion (Tome I en 1900, Tome II en 1908)[5].
  • Claude Sigaud, Léon Vincent - Les origines de la maladie. méthode d'observation clinique 1906 (Ed. A. Maloine)
  • Claude Sigaud - La forme humaine 1914[8]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Dutraive 1978, p. 140.
  2. a et b Jacques Bertholon, L'œuvre de Claude Sigaud, clinicien lyonnais. Introduction à la morphologie humaine (thèse de médecine), Lyon, Bosc Fr. (no 170), , 176 p.
  3. a et b (en) Olivier Walusinski, « Chapter One - Historical background of the Gilles de la Tourette syndrome », International Review of Movement Disorders, Academic Press, vol. 3,‎ , p. 3-67 (ISSN 2666-7878, lire en ligne).
  4. a b c et d (es) María Villanueva Sagrado, Manual de técnicas somatotipológicas, Universidad Nacional Autónoma de México, , 93 p. (ISBN 9789683617965)
  5. a et b Dutraive 1978, p. 141.
  6. a et b Spencer 1986, p. 187.
  7. a b et c (en) Jan Strelau, Temperament : A psychological perspective, Kluwer Academic Pub., , 468 p. (ISBN 9780306471544), « The constitutional typologies of temperament »
  8. a et b (es) Moisés Acedo Codina, Manual completo de morfopsicologia y la interpretacion del rostro, Bubok Publishing, , 348 p. (ISBN 9788468632865)
  9. Léopold Scaillet, L'art de dévoiler les secrets du visage : Morphopsychologie, BoD – Books on Demand – Frankreich, , 350 p. (ISBN 9782322391400)


Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bertholon, Jacques. L'œuvre de Claude Sigaud, clinicien lyonnais. Introduction à la morphologie humaine. - Lyon, Bosc Fr., 176 p. (Thèse. Méd. 1956 N° 170)
  • J. Jacquin, L. Chatellier. Un Novateur, Claude Sigaud et la Morphologie humaine. Sa vie, son œuvre scientifique, l'avenir de ses conceptions. Gojard, 1923.
  • Justin Dutraive, « Le docteur Claude Sigaud (1862-1921) », dans Charentay, mon village, Dutraive, , 151 p. (présentation en ligne), p. 140-141
  • (en) Franck Spencer, Ecce Homo : An Annotated Bibliographic History of Physical Anthropology, Bloomsbury Academic, , 495 p. (ISBN 9780313240560), « Claude Sigaud (1862-1921) », p. 187

Liens externes[modifier | modifier le code]