Colored Orphan Asylum

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Le Colored Orphan Asylum est un orphelinat de la ville de New York, ouvert de 1836 à 1946. Principalement dirigé par des femmes, il s'agit du premier établissement du pays à accueillir des enfants noirs, soit en moyenne 400 pensionnaires par an[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le Colored Orphan Asylum dans les années 1850, New York, Emmet Collection of Manuscripts.

Le Colored Orphan Asylum est fondé en 1836 par les quakers ou membres de la société religieuse des Amis, Anna Shotwell et Mary Lindley Murray[2]. L'orphelinat est le premier du genre aux États-Unis à accueillir des enfants noirs dont les parents sont morts ou ne peuvent plus prendre soin d'eux[3]. En 1846, le Dr James McCune Smith, premier médecin afro-américain sous licence du pays, devient le directeur médical de l'établissement[4].

L'orphelinat est uniquement géré par des femmes pendant plus d'un siècle et atteint la reconnaissance avant la guerre civile en tant qu'institution modèle. Moins d'un tiers des pensionnaires sont orphelins et, vers l'âge de douze ans, la plupart d'entre eux sont renvoyés à leurs parents ou placés dans des postes de travailleurs agricoles ou de domestiques[5].

Dès 1836, l'institution s'installe sur la cinquième avenue entre la 42e et 43e rue. Le bâtiment de quatre étages comprend deux ailes. L'institution déménage ensuite plusieurs fois à Manhattan[3].

Les émeutes de 1863 ou Draft Riots[modifier | modifier le code]

Illustration de l'incendie du Colored Orphan Asylum, lors des émeutes de juillet 1863, New York, Harper's Weekly, 1863.

Forme de guerre civile en pleine guerre de Sécession, les Draft Riots sont qualifiées comme l'une des plus meurtrières insurrection de l’histoire de New York. Du 13 au 16 juillet 1863, 120 personnes sont tuées[6].

En mars 1863, tous les hommes âgés de vingt à trente-cinq ans sont soumis à un nouveau programme militaire. Le gouvernement fédéral utilise un système de loterie pour choisir les hommes admissibles dans l'armée. Les hommes sélectionnés ont cependant l'occasion d'embaucher un remplaçant ou de payer au gouvernement trois cents dollars pour éviter l'enrôlement, mais la plupart des hommes qui travaillent n'ont pas les moyens de se substituer[7].

La colère des classes ouvrières s'étend mais ce ne sont cependant pas les personnes les plus aisées qui sont prises pour cibles. La nouvelle possibilité d’embauche de travailleurs afro-americains sur les docks déclenche les hostilités et la population afro-américaine est victime de nombreux lynchages, d'incendies ou de destructions de bâtiments. Au bout du troisième jour, l’armée rétablit l’ordre. Les émeutes ont notamment pour conséquence un exode de la population noire vers le quartier de Brooklyn[6].

Le Colored Orphan Asylum est incendié par des ouvriers irlandais, le 13 juillet 1863[8]. Les enfants sont conduits par la porte arrière pour être évacués[9],[10]. Le personnel obtient notamment le soutien de l'activiste et femme médecin Clemence Sophia Harned Lozier qui lance une collecte de nourriture et de médicaments pour les enfants du Colored Orphan Asylum[11].

Nouveau bâtiment du Colored Orphan Asylum, 1893, King’s Handbook of New York City.

Reconstruction[modifier | modifier le code]

En 1867, l'orphelinat est reconstruit par les Quakers sur la Amsterdam Avenue. En 1907, de nouvelles installations voient le jour à Riverdale selon le «plan de cottage», une réforme de l'ère progressiste visant à réorganiser de grandes institutions dites philanthropiques ou déshumanisantes en campus de petites maisons semblables à des maisons traditionnelles. La première membre afro-américaine du conseil d'administration est nommée en 1939 et le premier homme en 1940[5].

Le Colored Orphan Asylum est rebaptisé la Riverdale Children's Association en 1944. En 1946, à la suite d'une controverse sur les conditions d'accueil dans l'orphelinat, l'institution se concentre sur des soins en famille d'accueil ou dispersés en petits groupes[12].

Héritage[modifier | modifier le code]

Le campus de Riverdale a été vendu à la maison hébraïque pour les personnes âgées de Riverdale et les bureaux de l'association se sont installés à proximité des cliniques médicales et dentaires de la East 79th Street. En 1968, l'association lance un programme visant à préserver les familles en leur fournissant des références et des conseils, avec pour objectif d'éviter un placement des enfants en famille d'accueil. La Riverdale Children's Association deménage sur la 168th Street et devient le Westside Center for Family Services[1].

En mars 1988, le Westside Center for Family Services fusionne avec les Harlem-Dowling Children's Services[1].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c « Colored Orphan Asylum - Encyclopedia of New York City », sur virtualny.ashp.cuny.edu (consulté le ).
  2. (en) Catherine Reef, Alone in the World : Orphans and Orphanages in America, Houghton Mifflin Harcourt, , 144 p. (ISBN 0-618-35670-3, lire en ligne), p. 13
  3. a et b (en) « Colored Orphan Asylum », sur maap.columbia.edu.
  4. (en-US) « Colored Orphan Asylum : Founded Out of Compassion, Destroyed by Hatred », sur blackthen.com (consulté le ).
  5. a et b (en) William Seraile, Angels of Mercy : White Women and the History of New York's Colored Orphan Asylum, Empire State Editions, , 220 p. (ISBN 978-0-8232-5195-7 et 0-8232-5195-0, lire en ligne)
  6. a et b « "Riot !" New York racontée par ses différentes émeutes historiques - Les Frères James », Les Frères James,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. « The New York City Draft Riots of 1863 », sur press.uchicago.edu (consulté le ).
  8. (en) « The Rioters Burning and Sacking the Colored Orphan Asylum », sur blackhistory.harpweek.com, .
  9. (en) Eliss Gootman, « Recalling a Place of Sanctuary for Black Orphans », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  10. (en) « The Colored Orphan Asylum », The New-York Times,‎ (lire en ligne)
  11. In memoriam; Clemence Sophia Lozier, M.D., (lire en ligne)
  12. (en) Mike Sappol, The Uses of Philanthropy : The Colored Orphan Asylum and Its Clients, Columbia University,