Crocodile Orange

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le crocodile orange est une variante de crocodile nain découverte au Gabon.

Caractéristiques[modifier | modifier le code]

Cette population de crocodiles nains possède la même morphologie que le reste de son espèce. Cependant, les juvéniles de cette population sont en meilleure santé que ceux des crocodiles vivant en surface, car leur nourriture est plus abondante[1].

Plusieurs hypothèses existent pour expliquer leur couleur de peau orange ; l'hypothèse privilégiée est qu'il s'agit d'une dépigmentation de leur peau causée par le manque de lumière, mais cela pourrait être du à la forte concentration de guano dans l'eau qui colorerait leurs pigments ou à leur régime alimentaire particulier[2],[3].

Alimentation[modifier | modifier le code]

Contrairement aux autres crocodiles nains, qui se nourissent de proies terrestres et aquatiques variées, les crocodiles oranges se nourissent exclusivement de chauve-souris et de grillons de caverne[1],[4].

Habitat et répartition[modifier | modifier le code]

L'espèce Osteolaemus tetraspis est présente dans toute l'Afrique de l'ouest. La population orange est endémique du complexe de grottes de l'Abanda (en), au sein de la lagune Fernan Vaz, dans la province de l'Ogooué-Maritime, au Gabon[5],[2].

Il s'agit des seuls crocodiles nains connus vivant dans des grottes[5].

Le seul accès connu à ces grottes est un aven de 7 mètres de profondeur[6].

Classification[modifier | modifier le code]

La population de crocodiles orange présente une signature génétique différente des autres populations de crocodiles nains, mais pas suffisamment pour être considérée comme une espèce distincte. Toutefois, selon le chercheur Shirley, cette signature indique que cette population est en train de devenir une nouvelle espèce[3],[4].

Selon le chercheur, cette population est sans doute constituée des descendants d'une dizaine d'invidus qui seraient entrés dans ces grottes il y a environ 3 000 ans, alors que le niveau de l'eau était plus bas qu'aujourd'hui[2],[7].

Découverte[modifier | modifier le code]

Dans les années 2000, Claude Werotte et Marco Marti, médecin de brousse, découvrent les grottes de l'Abanda[8],[9]. En 2008, une équipe incluant le géoarchéologue Richard Oslisly explore ces grottes à la recherche de traces d'être humain ; elle y trouve un crocodile vivant ainsi qu'une machoire de crocodile[8],[10],[4]. En 2010 et 2011, Marti et Oslisly retournent dans ces grottes avec une équipe constituée d'Olivier Testa (spéléologue), Matthew Shirley (chercheur à l'Université de Floride spécialisé dans la protection des crocodiles), David Sebag (géologue) et Thibaud Decaëns (entomologiste) dans des expéditions fondées par l'IRD, l'université de Rouen et la fondation Liambissi[11],[9]. Des mesures et des prélèvements sanguins sont effectués au cours de ces expéditions[8].

Une nouvelle expédition est organisée en 2015, une cartographie de la grotte est réalisée à cette occasion ; des poils et des excréments sont prélevés[12].

Menaces et protection[modifier | modifier le code]

Les crocodiles sont des animaux protégés au Gabon[10]. Suite à la découverte de cette population, le site des grottes de l'Abanda est un site classé[13],[14].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

En 2018, CNN publie un article en 2018 à propos de ces crocodiles[15], qui est repris dans les médias internationaux[16]. La chaine de télévision française TF1 consacre un reportage à ce crocodile en 2021[14],[17].

Notes & références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Shirley et al. 2016, p. 417-418.
  2. a b et c @NatGeoFrance, « Gabon : découverte de crocodiles oranges uniques au monde », sur National Geographic, (consulté le )
  3. a et b « Une nouvelle espèce de crocodile orange est en train d'apparaître ! », sur Maxisciences, (consulté le )
  4. a b et c (en-GB) Jeremy Hance, « Orange cave crocodiles may be 'mutating' into new species », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consulté le )
  5. a et b Shirley et al. 2016, p. 412.
  6. « Les Crocodiles cavernicoles oranges », sur Abanda expeditions (consulté le )
  7. La rédaction, « Au Gabon, des crocodiles orange uniques au monde », sur Geo.fr, (consulté le )
  8. a b et c Olivier Testa, Richard Oslisly, David Sebag, Matthew Shirley et Thibaud Decaëns, « Crocodiles des cavernes ! », Spelunca, no 124,‎ , p. 41-43 (lire en ligne Accès libre [PDF])
  9. a et b Richard Oslisly et Olivier Testa, « Des scientifiques surprennent des crocodiles au fond d’une grotte », sur Futura (consulté le )
  10. a et b « Au Gabon, des crocodiles orange vivent dans des grottes depuis trois mille ans », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Le crocodile des cavernes gabonaises a une robe orange », sur RFI, (consulté le )
  12. « Fin de mission pour l’expédition Abanda 2015 | Blog de la CREI – commission relations et expéditions internationales – Fédération Française de Spéléo », (consulté le )
  13. Le Nouveau Gabon, « Vers la création d’un sanctuaire autour des grottes d’Abanda pour la protection des crocodiles de couleur orange » (consulté le )
  14. a et b « Sur les traces du crocodile orange au Gabon » Accès libre [vidéo], sur TF1 INFO, (consulté le )
  15. (en) Chris Giles, « Freakish orange crocodiles could be evolving into a new species », (consulté le )
  16. « Une espèce de crocodile en mutation découverte au Gabon », sur InfoCongo, (consulté le )
  17. « Sur les traces du crocodile orange au Gabon », sur Patrimoines locaux, Environnement et Globalisation (PALOC), (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) Matthew H. Shirley, Brittany Burtner, Richard Oslisly et David Sebag, « Diet and body condition of cave‐dwelling dwarf crocodiles ( Osteolaemus tetraspis , Cope 1861) in Gabon », African Journal of Ecology, vol. 55, no 4,‎ , p. 411–422 (ISSN 0141-6707 et 1365-2028, DOI 10.1111/aje.12365, lire en ligne, consulté le )