Discussion:Edmond Bloud

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Références familiales sur Edmond Bloud et sa maison d'édition[modifier le code]

L'affaire de la révocation révocationd'Edmond Bloud par le régime de Vichy le 28 janvier 1942

La descente de la Gestapo chez Edmond Bloud le 23 mars 1944 sur dénonciation de Maurras

Les explications de Francisque Gay données à son directeur Edmond Bloud à propos de la descente de la Gestapo du 23 mars 1944

Repères historiques sur les éditions Bloud & Gay depuis 1843

Edmond Bloud, maire de Neuilly-sur-Seine de 1927 à 1947, résistant révoqué par Vichy[modifier le code]

Le texte de l'arrêté de révocation d'Edmond Bloud par le régime de Vichy a paru dans le Journal Officiel du 28 janvier 1942 dans les termes suivants:

"''Le ministre Secrétaire d'Etat à l'Intérieur,

Vu l'article 4 de la loi du 16 novembre 1940 relative au pouvoir de substitution de l'autorité supérieure, aux délégations spéciales, à l'administration cantonale et aux secrétaires de mairie, modifiée par la loi du 28 juin 1941;

Considérant que M. Bloud (Edmond), maire de la ville de Neuilly-sur-Seine (Seine), n'apporte pas une aide efficace à l'œuvre de rénovation nationale,

Arrête:

Art. 1er. - M. Bloud (Edmond), maire de la ville de Neuilly-sur-Seine (Seine), est révoqué de ses fonctions.

Art. 2.- Le préfet de la Seine est chargé de l'exécution du présent arrêté.

Fait à Vichy, le 23 janvier 1942.

Pierre Pucheu.

Art. Ier.- M. Roger (Max), docteur ès sciences, est nommé maire de la ville de Neuilly-sur-Seine, en remplacement de M. Bloud, révoqué de ses fonctions.

Art. 2.- Le préfet de la Seine est chargé de l'exécution du présent arrêté. Fait à Vichy, le 23 janvier 1942.

Pierre Pucheu."

Cette révocation a toutefois été annulée par l'ordonnance du 21 avril 1944 "portant organisation des pouvoirs publics en France après la libération", dont l'article 3, au Titre Ier, Conseils municipaux, énonce ce qui suit:

''"Art. 3.- Jusqu'au jour où il sera possible de procéder dans chaque commune à des élections régulières, les conseils municipaux élus avant le 1er septembre 1939 sont maintenus ou remis en fonction.

En conséquence, les conseils municipaux dissous, les maires, adjoints et conseillers révoqués ou suspendus après cette date, sont immédiatement rétablis dans leurs droits, sauf le cas d'indignité pour délit de droit commun et sous réserve des dispositions qui suivent.

Art. 4.- Corrélativement, sont dissoutes, en vertu de la loi du 5 avril 1884 et du décret du 26 septembre 1939, les assemblées communales nommées par l'usurpateur, ainsi que les délégations municipales créées depuis le 1er septembre 1939. Sont révoqués de leurs fonctions, les maires, adjoints et conseillers municipaux qui ont directement favorisé l'ennemi ou l'usurpateur.

Art. 5.- ...."''

La révocation d'Edmond Bloud en tant que maire de Neuilly ayant été annulée par l'Ordonnance de 1945 et le maire suivant (Achille Peretti) n'ayant été élu qu'en 1947, l'on peut considérer que la mandature municipale d'Edmond Bloud s'est prolongée jusqu'à son remplacement.

Pour mémoire, voici un rapide rappel des faits qui ont conduit à cette révocation. Le 12 juin 1940, Edmond Bloud, éditeur catholique, conseiller général de la Seine depuis 1920, député de la Seine depuis 1928 (réélu en 1932) et maire de Neuilly-sur-Seine depuis 1927, âgé de 64 ans, a fait afficher le texte suivant: "Ville de Neuilly-sur-Seine - Quoi qu'il arrive, je reste au poste d'honneur que vous m'avez confié. Mes fils se battent à côté des vôtres. ON LES AURA! Dieu protège la France. Edmond Bloud, Maire, ancien député." Cette affiche a été reproduite dans l'édition de "Neuilly Journal Indépendant" du 22 mai 1948 après son décès.

Bien que les Allemands aient installé 550 centres d'occupation à Neuilly et aient tenté de faire partir les édiles, Edmond Bloud, ceint de son écharpe tricolore, les en a dissuadés dans leur langue (il avait une licence d'allemand et une autre de droit) sur le seuil de l'hôtel-de-ville (comme mon père Louis Bloud me l'a raconté autrefois). Les autorités allemandes ont ainsi renoncé -exceptionnellement- à réquisitionner la mairie et l'Hôpital de Neuilly, qu'il avait fait construire en 1935 et dans lequel je suis né à 9h (heure allemande) le 6 août 1941, en sa présence. Il est mort d'un cancer des poumons (car il fumait beaucoup) 6 ans plus tard, le 16 mai 1948, à son domicile du 4, passage Saint-Ferdinand, Neuilly-sur-Seine.

En 1949, une rue "Edmond Bloud" a été ouverte, longeant l'hôtel de ville de Neuilly, dont j'ai eu l'honneur de couper le ruban tricolore à l'âge de 8 ans mais dont les plaques -détaillées à l'origine- ont été remplacées ultérieurement par des plaques non explicatives, au regret de ma famille.

Quelques extraits des discours prononcés lors des obsèques d'Edmond Bloud suffiront à démontrer son courage.

Extrait du discours prononcé par M. Peretti, maire de Neuilly-sur-Seine, aux obsèques d'Edmond Bloud, publié par le journal Neuilly Journal Indépendant du samedi 22 mai 1948:

"Son attitude ferme devant les autorités d'occupation et de l'Etat dit "de Vichy" lui attira les représailles du ministre de l'Intérieur de l'époque. Et lui, l'élu du peuple de Neuilly, fut destitué brutalement avec des attendus qui constituaient en fait une véritable citation à l'ordre de la Nation et de la République. Je salue en lui un grand citoyen de Neuilly et un résistant authentique."

Extrait du discours prononcé par M. Massiani, Conseiller général de la Seine, publié par le journal Neuilly Journal Indépendant du samedi 22 mai 1948:

"Il tint tête. Il garda la maison commune au service des Français. Un jour où les occupants voulurent écarter les édiles, il vint avec son écharpe et il eut le dernier mot. Toute sa vie avait été action et lutte."

Témoignage de Monseigneur E. Beaupin, Directeur du Comité catholique des Amitiés françaises à l'étranger (qui avait été fondé par Edmond Bloud):

"Il fut de ceux qui n'attendirent pas l'occupation pour résister à la nocivité de doctrines antihumaines et antichrétiennes, mais luttèrent contre elles dès qu'elles se manifestèrent."

Discours de M. Cabon, Secrétaire général de la Mairie de Neuilly-sur-Seine, publié par l'hebdomadaire "Neuilly Journal Indépendant", le samedi 29 mai 1948:

"La population de Neuilly lui doit énormément car c'est, je l'atteste, grâce à son action personnelle si, bien que comptant près de 550 centres allemands, les habitants de notre commune ont été ménagés et respectés. Les Chefs de la Kommandantur étaient impressionnés par cet homme cultivé, lettré, qui parlait correctement leur langue et connaissait à fond leur littérature. Ils appréciaient le cran remarquable dont il faisait preuve dans les circonstances les plus graves. Edmond Bloud aidait tous ceux qui étaient traqués par l'Allemand, sans aucune considération d'ordre politique et confessionnel. J'ai eu le privilège de vivre à ses côtés et d'apprécier ses qualités de cœur et d'esprit. Patriote ardent, militant anonyme de la résistance, depuis le début, il souffrait chaque fois que ses fonctions l'obligeaient à effectuer une démarche auprès des autorités allemandes. Mais seul l'intérêt de la population le soutenait. Puis arrive janvier 1942: Edmond Bloud est révoqué par Vichy. Il part simplement, ramassant tranquillement et les mettant dans sa serviette, les nombreux tracts épars sur son bureau. Cependant je vois passer dans ses yeux une tristesse infinie. Il sait, et tous ceux qui vivent à ses côtés savent que, s'il n'a pas suivi Vichy, il n'a cependant jamais failli à son devoir de premier magistrat de la commune. Les années passent, longues, pénibles, et enfin c'est la Libération et ses durs combats. Nous pouvons enfin respirer librement; l'ennemi est parti définitivement. Edmond Bloud, confiant, attend la juste et légitime réparation à laquelle il a un droit absolu et qu'aucune personne de bonne foi ne peut lui contester: il va reprendre avec certitude ses fonctions de Maire élu de Neuilly-sur-Seine. Il n'en est malheureusement pas ainsi car il ne peut se résoudre à engager une lutte contre ceux qui se dressent devant lui et lui font obstacle. Il préfère s'incliner et ses amis nombreux regrettent sa décision. Vous n'avez pas connu, Edmond Bloud, la joie immense que vous aurait procurée l'expression de la reconnaissance de tous ceux pour lesquels vous avez si vaillamment lutté. Vous en avez éprouvé, je le sais, un grand chagrin. Dormez en paix de votre éternel sommeil. Vous laissez le souvenir d'un honnête homme, petit par la taille mais infiniment grand par l'intelligence, la droiture et le cran."

Témoignage de Pierre Coulomb, paru dans "Neuilly Journal Indépendant", samedi 22 mai 1948:

"Lorsqu'il eut l'audace d'écrire, en pleine occupation allemande, un article intitulé "Collaboration manquée..." où il rappelait les efforts infructueux de l'abbesse de Brinon pour établir avec Leibniz un texte de "Pater" rapprochant la conception catholique française du luthérianisme germain, n'était-ce pas marquer de l'humour et du meilleur? … Souvent, le soir, après le dîner, trois hommes se promenaient en devisant sur la lisière du Bois: Maurice Barrès, l'abbé Brémond et Edmond Bloud. Entre eux, le pas était égal, égale l'élévation de leurs propos. C'est peut-être pourquoi Edmond Bloud eut toujours tant de peine à concevoir les luttes de la politique; c'est aussi ce qui fait qu'en ce jour de tristesse, je conserve avant tout de lui l'image d'un lettré et d'un humaniste. Comme il me le disait: "J'aurais dû vivre en Chine. Là, au moins, les fonctions publiques vont de pair avec les lettres…".

Denis Bloud, jeudi 18 décembre 2008

Références: Journal Officiel Dictionnaire de Biographie française, sous la direction de J. Balteau, M. Barroux et M. Prévost, "BLOUD Edmond", Tome 6, colonne 721. Dictionnaire des Parlementaires français, 1889-1940, Volume 4, PUF, 1962, p. 634 - Edmond Bloud. Who's Who in France, 2e édition, p. 238 - Article "Bloud Edmond" PEREON (-Cathala) Anne-Lise, La librairie Bloud & Gay entre 1911 et 1939, mémoire de DEA d'Histoire contemporaine, université Paris IV-Sorbonne, dir. Jean-Marie Mayeur, juillet 1992, 61 p., cité par le Fonds d'archives Marc Sangnier, p. 35. Arbre généalogique Bloud, article Edmond Bloud (1876-1948)