Discussion:Judaïsme reconstructionniste

Il existe aussi un judaïsme reconstructionniste de type scientifique appelé judaisme scientiste qui insiste sur la séparation entre divin et nature, alors que la pensée initiale de Kaplan semble se rapprocher du panthéïsme. Cependant ce judaisme veut s'inscrire dans la pensée de Kaplan, et se revendique de lui. Issu lui aussi de l'après-shoah, ce judaïsme cherche à se rapprocher de toutes les formes du judaïsme, y compris des orthodoxes, et à trouver des principes communs acceptés par tous. Il se base sur un fondement athé et scientifique, et juge primordial que les athés réfléchissent à la religion et au divin pour ne pas les laisser à une analyse strictement religieuse. La focalisation de la religion sur une pratique plutôt que sur une réflexion, a provoqué, pour ce judaïsme, une débilitation de la religion contre laquelle il souhaite lutter. Enfin, il réfléchit d'abord à des problèmes concrets du quotidien pour remonter aux sources du divin, il suit donc une démarche inductive et non pas déductive.

Concrètement:

-il met en place des principes de comportement professionnel, notamment pour les medecins, les dentistes, les enseignants, créateurs de solidarité, avec l idée que le fonctionnement individuel nécessite des repères collectifs qui ne servent pas de règles strictes mais de guide adaptable. Il met en place des exemples de comportements familiaux blamables et propose des solutions pour des exemples de problemes familiaux modernes. Il porte une réflexion sur l éducation sexuelle au même titre que l'éducation physique et sanitaire; il réfléchit à la violence et à la self défense; Il s'interroge aussi sur le rôle des élites juives d'un point de vue local, c'est à dire dans le quotidien, qu'il juge insuffisant; avec par exemple la mise en place de foyers pour juifs sdf ouverts aux non juifs, leur permettant de se relancer dans la vie professionnelle. Il considère que beaucoup de juifs à la rue cessent d'être considérés comme juifs et se convertissent à d'autres religion.

L'idée sous-jacente est qu'il faudrait refaire une référence talmudique pour la vie quotidienne moderne. Pour ce judaisme, tous les mille ans ont été marqués par un grand livre judaïque et ce grand livre a manqué pour le vingtième siècle et la shoah. Il cherche donc à orienter la réflexion religieuse sur la vie dans la société civile laïque.

-il s'interroge aussi sur la vie de Jesus et cherche à trouver un terrain d'entente scientifique avec les chrétiens.

L'idée est qu'on ne peux pas se protéger d'un positionnement en se contentant de ne pas s'y intéresser, il faut y réfléchir à sa manière et proposer un meilleur modèle. Cette conception rejoint la dynamique de refus de passivité au monde qui suit la shoah, en ce sens ce courant critique la posture orthodoxe.

Ainsi, ce judaïsme pense que la principale cause d antisémitisme est la croyance chrétienne en ce qui concerne les circonstances de la mort de Jésus, considérant qu'il y a un milliard de chrétiens qui pensent que les juifs en sont responsables. Il pense que Jesus n'est pas mort à Jerusalem, et que les juifs n'ont rien à voir dans sa mort, que ce sont des païens qui l'ont conspués; il pense que Jesus n'est pas un juif qui se serait distancié du judaïsme, mais un judéopaïen qui se serait rapproché du judaïsme; il pense que Juda n'a pas vendu Jesus mais a appliqué sa volonté; le judaïsme scientiste s'appui pour cela sur les évangiles apocryphes.Il pense que cette volonté chrétienne de culpabiliser les juifs relève d'un besoin de distanciation qu'a éprouvé le christiannisme vis à vis du judaïsme pour faire valoir le nouveau testament sur la torah.

Il cherche donc à débarrasser le christiannisme du paganisme qu il contient. Il cherche également à circonscrire la croyance chrétienne des nazis, car Hitler et les nazis sont chrétiens et il y a eu une complaisance des chrétiens face à l'attitude nazi durant la seconde guerre mondiale. Ce judaïsme établit que pour dépaganiser le christiannisme, il faut d'abord dépaganiser le judaïsme.

En cela, il pose des axes shoahniens pour la compréhension du divin: pour ce judaïsme il faut réinterroger la croyance en Dieu en prenant en compte la Shoah.

-Dieu n'est pas intervenu lors de la shoah; il y a donc une séparation irréductible entre la sphère divine et le monde terrestre qu'il faut interroger, l'omnipotence et l'omniprésence de Dieu sont remises en cause. Il établit que le christiannisme avait déjà établi cette séparation irréductible comme l'a démontré Marcel Gauchet dans son livre "le Désenchantement du Monde", alors que le judaïsme en était encore à croire que Dieu contrôle tout, ce qui amenait une passivité au monde et une faible résistance.

-il est impossibe de faire justice après la mort pour Claus Barbie car aucune souffrance ne serait justice vu les souffrances infligées comme par exemple le viol d une femme par relation sexuelle avec un chien. Il faut donc faire une justice terrestre et cesser de s'en remettre à Dieu.

Pour expliquer comment un dieu peut exister en même temps que la Shoah, ce judaïsme engage une réflexion athée sur le divin organisée à partir du cadre du judaisme orthodoxe. Il développe le concept talmudique de "neshama" (âme ou souffle de Dieu), et de "construction" divine (Dieu serait en partie à aboutir), ainsi il met en place l idée de "réfraction divine": Dieu se révèlerait au monde par explosion qui permettrait la création de son oeuvre puis il y aurait une réfraction du divin,cette explication se calque sur le modèle du Big Bang; dans une période de réfraction l'oeuvre de Dieu fonctionnerait en autonomie relative, Dieu est ainsi perçu comme un principe faisant sens plus que comme un être paternel, tout-puissant.

Pour ce judaïsme, la volonté a été léguée par Dieu aux humains de façon desincarnée, c'est-à-dire que seule l'action humaine peut répondre aux utilisations malveillante de la volonté, Dieu n'intervient pas dans la volonté humaine. Cependant il y a pour ce judaïsme des logiques naturelles de fonctionnement qu'il faut prendre en compte pour ne pas péricliter. En outre, il y a pour ce judaïsme un équilibre instable nécessaire dans l oeuvre de Dieu, voulu par Dieu, ce qui se distingue de l'idée jusque là répandue que l'oeuvre de dieu est parfaite; en effet, la réfraction divine permettrait à l univers de suivre un cycle de développement; ce qui fait que l' action humaine doit s'adapter, avec l'idée que tout ce qui stagne périclite.

Ainsi la volonté est libre tout en étant contrainte par l oeuvre divine, toute la difficulté est d éviter les écueils que sont le refus d action sur le monde et de l autre coté l action inconsidérée.

Pour régler la question du salut, les juifs scientistes établissent que toute justice est d abord terrestre, ainsi ils refusent la passivité au monde. Les oeuvres terrestres permettent le salut, mais il ne s agit pas d une comptabilité, c'est une inclinaison des actions vers le bien, ainsi ils evitent deux écueils que sont d une part l acceptation de mauvaises actions du moment qu il y a plus de bonnes actions, d autre part la mitzvatisation de la vie qui empeche de vivre et de s'adapter à des situations complexes qui nécessitent souvent de sortir des cadres traditionnels de la morale. Le judaisme scientiste refuse le manicheisme et réfléchit à une morale du concret.

Les juifs scientistes pense en une unité intelligente de l univers, l'être humain n'est pas livré à un vide mais il fait sens. Cette unité intelligente qu'incarne le divin se distingue de la nature qui n'en est que l oeuvre. Dieu serait réfracté hors la nature, à la fois totalement dissocié et non être de controle puisque réfracté, et à la fois un dieu créateur et architecte du monde car le cycle de vie réfléchit l impulse divin originel qui permet d envisager malgré cela un dieu de puissance.

L idée est que Dieu est l architecte de l univers mais n'en est pas l ingénieur. L'environnement humain laisse la possiblité d'une infinité de possibles; le libre arbitre ne serait pas seulement une volonté mais aussi un guide légué par Dieu, la conscience humaine permettrait d'entrevoir des trames logiques dans les combinatoires. Les scientistes défendent un Dieu créateur car personne ne peut prier un dieu totalement desincarné, et un dieu et ses principes moraux ne peuvent être respectés s'ils ne consistent qu'en un phénomène naturel.

(étude de l'axe Nietsche Stoïciens, volonté sans limite et mort de dieu)

En conclusion, le judaisme scientiste s attache à deux axes d'études:

-d'une part construire une éthique quotidienne dans l athéisme, ce qui dépasse la moralité humaniste qui ne traite que des principes moraux généraux. Faire en sorte de donner à la morale humaniste une garance autre que le bon sens individuel trop sujet à caution, et le droit des tribunaux trop difficile à mettre en oeuvre pour tous les actes du quotidien.

-d'autre part à moderniser l orthodoxisme, car garant le plus efficace d une rigueur éthique et de ce fait système de pensée le mieux transmis aux êtres humains, en lui permettant d être adapté à la société rationnelle d'aujourd hui et en le débarassant du paganisme.

En clair, ce judaisme répond à l'une des causes supposée de la passivité lors de la shoah, l'attente de l'action divine ou la mort totale de dieu. Ni l'un ni l'autre répond ce judaisme. Il évite le pantheisme qui empeche l action sur le monde et qui revient selon lui à une forme de paganisme, car si le monde est composé de forces mystiques, l être humain n'oserait pas agir sur lui et on en reviendrait à un polytheisme tribal qui rendrait prisonniers les humains de leur environnement; il évite aussi le dieu omnipotent qui laisse entendre un controle du monde, donc une volonté divine de la shoah; ainsi pour ce judaisme, ceux des juifs qui disent "si Dieu le veut" ne meritent pas d'etre juif et sont une honte aux morts.

Cependant, pour ce judaïsme, athéïsme et religion doivent coexister. Ce judaïsme essaie de prendre en compte la vision orthodoxe de Dieu, son idée c'est que dans le débat orthodoxes-athés vient l'évolution des deux systèmes de pensée. Notamment ce judaisme s'intéresse au besoin humain de croire en un dieu universel de puissance garant du bien, permettant aux êtres humains de ne pas se sentir abandonnés et à la morale d'être appliquée; en même temps de la non intervention divine et du désincarnement de la volonté humaine. Ce judaisme recherche une réponse acceptable pour tous, et à rapprocher les extrèmes pour que chacun puisse trouver sa voie dans une humanité qui conserve des principes moraux et ne rejette pas le monde comme le nihilisme nietscheen.

Proxim

judaisme travailliste

A noter qu'il existe aussi un judaïsme reconstructioniste travailliste très inspiré du scientisme auquel il a participé, mais avec certaines particularités propres au monde ouvrier dont il est issu. Ces judaïsmes se définissent comme des courants du reconstructionisme et cherchent à apporter une réflexion nouvelle au sein du reconstructionisme et non pas à s'autonomiser. Par exemple, le judaïsme travailliste insiste sur le point que les orthodoxes n'ayant que peu d'experience professionnel, et de vie sociale, ils ne peuvent pas servir de modèle religieux dominant; les travaillistes pensent qu'il faut un judaïsme classique comme il existe un christianisme non orthodoxe majoritaire. Proxim

Liens externes modifiés

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