Discussion:Les Fantômes du roi Léopold

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Commentaire[modifier le code]

Récrire cet article, s'il vous plaît! C'était moi qui a fait le travail le plus difficile -- la traduction de l'anglais. Pourtant, mon français n'est pas du tout parfait et aussi, bien que je puisse écrire mieux le français, je suis un étudiant et j'ai un essai que je dois écrire maintenant.

Merci beaucoup; c'est un subjet très important.. cet article devrait être traduit en espagnol, en allemand et en d'autres langues pour que tout le monde puisse le lire. Surtout, de l'anglais original, car les rétraductions ne sont pas bonnes.

--David Yarbrough

Commentaire n°2[modifier le code]

10 déclarations détonantes destinées à justifier la destruction de l’Afrique ! LA DESTRUCTION DE L’AFRIQUE S’APPUIE SUR UNE IDÉOLOGIE : CELLE DU RACISME ET DU COLONIALISME !

1-Coloniser pour doper l’économie : "J’étais hier dans l’East-End (quartier ouvrier de Londres), et j’ai assisté à une réunion de sans-travail. J’y ai entendu des discours forcenés. Ce n’était qu’un cri. Du pain ! Du pain ! Revivant toute la scène en rentrant chez moi, je me sentis encore plus convaincu qu’avant de l’importance de l’impérialisme... L’idée qui me tient le plus à coeur, c’est la solution au problème social : pour sauver les quarante millions d’habitants du Royaume-Uni d’une guerre civile meurtrière, nous les colonisateurs, devons conquérir des terres nouvelles afin d’y installer l’excédent de notre population, d’y trouver de nouveaux débouchés pour les produits de nos fabriques et de nos mines. L’Empire, ai-je toujours dit, est une question de ventre. Si vous voulez éviter la guerre civile, il faut devenir impérialiste." Extrait du journal Neue Zeit de Cécil Rhodes, Premier ministre du Cap, 1898.

2-Coloniser pour voler les richesses de l’autre : "La nature a distribué inégalement, à travers la planète, l’abondance et les dépôts de ces matières premières ; et tandis qu’elle a localisé dans cette extrémité continentale qui est l’Europe le génie inventif des races blanches, la science d’utilisation des richesses naturelles, elles a concentré les plus vastes réservoirs de ces matières dans les Afriques, les Asies tropicales, les Océanies équatoriales, vers lesquelles le besoin de vivre et de créer jettera l’élan des pays civilisés. L’humanité totale doit pouvoir jouir de la richesse totale répandue sur la planète. Cette richesse est le trésor commun de l’humanité." A. Sarraut, Grandeur et servitudes coloniales, 1931.

3-Coloniser au nom de Dieu "Nous avions jadis, par de précédentes lettres, concédé au Roi Alphone, entre autres choses, la faculté pleine et entière d’attaquer, de conquérir, de vaincre, de réduire et de soumettre tous les sarrasins (nègres), païens et autres ennemis du Christ où qu’ils soient, avec leurs royaumes, duchés, principautés, domaines, propriétés, meubles et immeubles, tous les biens par eux détenus et possédés, de réduire leurs personnes en servitude perpétuelle (...) de s’attribuer et faire servir à usage et utilité ces dits royaumes, duchés, contrés, principautés, propriétés, possessions et biens de ces infidèles sarrasins (nègres) et païens (...) Beaucoup de Guinéens et d’autres Noirs qui avaient été capturés, certains aussi échangés contre des marchandises non prohibées ou achetés sous quelque autre contrat de vente régulier, furent envoyé dans les dits Royaumes (Amérique, Antilles...)". Extrait de la Bulle papale du Pape Nicolas V, 8 janvier 1454

4-Coloniser au nom de la providence :

"Messieurs, La providence nous a dicté l’obligation de connaître la terre et d’en faire la conquête. Ce suprême commandement est l’un des devoirs impérieux inscrits dans notre intelligence et dans notre activité. La géographie, cette science qui inspire un si beau dévouement et au nom de laquelle tant de victimes ont été sacrifiées, est devenue la philosophie de la terre." Déclaration de l’Amiral La Roncière le Noury, au Congrès international de Géographie de Paris, 1875.

5-Coloniser au nom de la paix :

"Une nation est comme un individu : elle a ses devoirs à remplir et nous ne pouvons plus déserter nos devoirs envers tant de peuples remis à notre tutelle. C’est notre domination qui, seule, peut assurer la paix. la sécurité et la richesse à tant de malheureux qui jamais auparavant ne connurent ces bienfaits. C’est en achevant cette oeuvre civilisatrice que nous remplirons notre mission nationale, pour l’éternel profit des peuples à l’ombre de notre sceptre impérial (...) Cette unité (de l’Empire) nous est commandée par l’intérêt : le premier devoir de nos hommes d’Etat est d’établir à jamais cette union sur la base des intérêts matériels (...) Oui, je crois en cette race, la plus grande des races gouvernantes que le monde ait jamais connues, en cette race anglo-saxonne, fière, tenace, confiante en soi, résolue que nul climat, nul changement ne peuvent abâtardir et qui infailliblement sera la force prédominante de la future histoire et de la civilisation universelle (...) et je crois en l’avenir de cet Empire, large comme le monde, dont un Anglais ne peut parler sans un frisson d’enthousiasme (...) ". Discours de Joseph CHAMBERLAIN, ministre des colonies en 1895.

6-Coloniser au nom de la nature humaine :

"La nature a fait une race d’ouvriers. C’est la race chinoise d’une dextérité de main merveilleuse, sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice en prélevant d’elle pour le bienfait d’un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre : soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l’ordre ; une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne. Que chacun fasse ce pour quoi il est fait et tout ira bien." Ernest Renan, La Réforme intellectuelle et morale, 1871.

7-Coloniser au nom de la race blanche :

"En premier lieu je crois en l’Empire britannique, et en second lieu je crois en la race britannique. Je crois que la race britannique est la plus grande des races impériales que le monde ait connues. Je dis cela non comme une vaine vantardise, mais comme une chose prouvée à l’évidence par les succès que nous avons remporté en administrant les vastes possessions reliées à ces petites îles, et je crois donc qu’il n’existe pas de limite à son avenir." Discours de Joseph Chamberlain (1895), ministre des Colonies de Grande-Bretagne.

7-Coloniser au nom de la soumission à l’univers :

"La colonisation est la force expansive d’un peuple, c’est sa puissance de reproduction, c’est sa dilatation et sa multiplication à travers les espaces ; c’est la soumission de l’univers ou d’une vaste partie à sa langue, à ses moeurs, à ses idées et à ses lois. Un peuple qui colonise, c’est un peuple qui jette les assises de sa grandeur dans l’avenir et de sa suprématie future... A quelque point de vue que l’on se place, que l’on se renferme dans la considération de la prospérité et de la puissance matérielle, de l’autorité et de l’influence politique, ou que l’on s’élève à la contemplation de la grandeur intellectuelle, voici un mot d’une incontestable vérité : le peuple qui colonise est le premier peuple ; s’il ne l’est pas aujourd’hui, il le sera demain." P. Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes, Guillaumin éd., 1870,

8-Coloniser pour asseoir sa prédominance politique :

"Messieurs, au temps où nous sommes et dans la crise que traversent toutes les industries européennes, la fondation d’une colonie, c’est la création d’un débouché. On a remarqué, en effet, et les exemples abondent dans l’histoire économique des peuples modernes, qu’il suffit que le lien colonial subsiste entre la mère-patrie qui produit et les colonies qu’elle a fondées, pour que la prédominance économique accompagne et subisse, en quelque sorte, la prédominance politique." Jules Ferry, Discours, 1885.

9-Coloniser pour se mettre en rapport avec l’autre :

"Coloniser, c’est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l’intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privés les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures. La colonisation est dont un établissement fondé en pays neuf par une race avancée, pour réaliser le double but que nous venons d’indiquer." Merignhac, précis de législation et d’économie coloniales.

10- Coloniser : une affaire d’argent :

"Il ne faut pas se lasser de le répéter : la colonisation n’est ni une intervention philosophique, ni un geste sentimental. Que se soit pour nous ou pour n’importe quel pays, elle est une affaire. Qui plus est, une affaire comportant invariablement à sa base des sacrifices de temps, d’argent, d’existence, lesquels trouvent leur justification dans la rémunération." Rondet-Saint, La Dépêche coloniale, 1929

Parlons peu, parlons bien[modifier le code]

L’espace virtuel qu’offre Wikipédia est un couteau à double tranchant, c’est bien connu : chacun a le droit d’y aller de sa petite science, peut modifier n’importe quel document y versé antérieurement et ce, à sa convenance. Pour ne rien dire de ce qu’un lecteur non averti ne manquera pas de s’y fourvoyer, tant nombre d’informations y circulant sont approximatives, voire erronées. Quant au régime léopoldien au Congo, il importe de garder la tête froide, de nous poser des questions demeurées sans suite et d’apporter ainsi quelque éclaircissement nouveau au bavardage des uns et des autres. Je retiendrai ici les critiques, certaines du moins, adressées à l’ouvrage d’Adam Hochschild : Les fantômes de Léopold II (Paris, Belfond, 1998).

Des critiques

Les critiques à Hochschild s’appuient généralement sur Jean Stengers dans Congo, mythes et réalités. On note, entre autres :

1. L’information recueillie dans Au cœur des ténèbres de Conrad (dont texte intégral en français sur [1]) ne serait pas pertinente, puisque ce dernier auteur s’est rendu au Congo en 1890, donc juste avant la période considérée par Hochschild. Et on ajoute qu’il n’y a par conséquent pas lieu de parler d’holocauste, puisque les exactions sur les populations locales ne couvrent pas tout le Congo.

2. Le nombre de morts congolais serait contestable pour cause de la difficulté à estimer la population congolaise de l’époque. Ne va-t-on pas jusqu’à tirer argument de ce que l’administration belge ait dit n’avoir aucune idée de la population congolaise en 1948, soit après quarante ans de colonisation ?

3. Les mains coupées des Congolais qui ne s’acquittaient pas des quantités de caoutchouc exigées le seraient sur des cadavres. Mieux, la chose aurait eu lieu, de la part des soldats, pour prouver qu’ils n’ont pas revendu les balles ou ne les ont pas utilisées pour chasser...

Quelques réfutations

1. L’information fournie par Conrad remonte à 1890 soit ; mais à cette date, le système léopoldien est déjà à pied d’œuvre au Congo depuis des décennies. En effet, de l’expédition Tuckey en 1816 à la Conférence internationale de géographie de Bruxelles en 1876, en passant par l’arrivée des premiers pères du Saint-Esprit en 1841, ce qui va devenir le régime léopoldien se met tranquillement en place, bien avant la fameuse Conférence de Berlin. Le point d’orgue de cette manœuvre consistant à faire main basse sur la région du bassin du Congo avant la lettre du traité de la Conférence de Berlin sera atteint avec l’expédition Stanley (voir Cornevin, Histoire du Congo des origines préhistoriques à la République Démocratique du Congo). C’est Stanley qui, agissant au nom de Léopold II, s’emploie à la « construction effective des stations et postes, la signature par la force ou par la ruse des traités avec des chefs indigènes, un relevé géographique et ethnographique aussi précis que possible pour la connaissance du pays et des hommes tout au long du fleuve Congo, etc » (voir L. Emongo, Aux sources de la colonisation belge du Congo. Rôle et place des explorateurs, dans [2]). Lorsque, donc, Conrad arrive au Congo, en 1890, Léopold II y sévit indubitablement et nombre d’écrits des pères spiritains de l’époque attestent des brutalités hors mesure de ses agents auprès de la population indigène. Au demeurant, ce que rapporte Conrad ne date pas de 1890 mais lui a été conté en partie, donc remonte à des années avant son arrivée.

2. L’holocauste : que les exactions léopoldiennes sur les populations indigènes aient été inégalement réparties sur le territoire congolais, est une chose ; qu’elles se soient traduites par un véritable holocauste le long des voies navigables des fleuve et rivières et, singulièrement, dans la région forestière riche en hévéas est indiscutable. Il n’est que de consulter les témoignages des victimes congolaises, recueillis lors de l’enquête ordonnée par le roi en personne en 1904, et d’autres, recueillis lors d’une enquête réalisée par le Centre Aequatoria en 1953 (dont transcription intégrale dans [3]). On y apprend que des villages entiers étaient vidés de leurs adultes mâles en peu de temps et que ceux qui fuyaient ce régime meurtrier mouraient presque à coup sûr en forêt. Tout comme on apprend, par le documentaire « Le roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire », que certains villages pouvaient compter jusqu’à 100 hommes adultes mâles tués ou mutilés par les serviteurs de l’État Indépendant du Congo…

3. Le nombre de morts congolais : il est pour le moins frappant que, selon nombre d’auteurs, la population congolaise a diminué de moitié là où sévissait le régime léopoldien. Que l’on parle, à partir de là, de 10 millions de morts ou de mutilés ou davantage, est en soi secondaire. Le fait est que nous sommes en face d’un holocauste ! Témoin : la hargne des Anglais contre le roi des Belges. Certes, les Anglais en voulaient à Léopold II pour des raisons économiques et commerciales ; mais de réclamer, ni plus ni moins, sa pendaison en dit long sur l’énormité du crime ! Par ailleurs, on doit se demander pourquoi Léopold II a fait détruire les archives de son régime au Congo, au moment de la passation du flambeau à la Belgique ? D’autre part, Stengers qui semble faire autorité sur la question des morts congolais souffle le chaud et le froid : s’il reconnaît les atrocités, voire certains chiffres, il récuse néanmoins les causes des décès. Et d’avancer que l’hécatombe serait essentiellement le fait des nouvelles maladies introduites par les Blancs. Demandons-nous : par quel miracle ces maladies nouvelles et si ravageuses ont-elles pu épargner les soldats du régime léopoldien qui, pourtant, vivaient au contact direct avec les Blancs vecteurs ? Comment se fait-il que les différentes expéditions d’exploration n’aient pas décimé les populations rencontrées, du fait des fameuses maladies ? Stengers n’essaye-t-il pas d’appliquer à l’État Indépendant du Congo la « médicine » des colons français sur les indigènes d’Amérique du nord ? Tant d’interrogations jettent, à tout le moins, un doute légitime sur la science de Jean Stengers, du moins sur la question des morts congolais. Le soupçon, dès lors, se fait insistant d’avoir voulu dédouaner le roi des Belges à trop bon compte. Certes, on pourrait lui accorder que le mouvement des travailleurs indigènes et des soldats de la Force publique a contribué à la propagation de la maladie du sommeil par exemple ; toutefois, celle-ci n’est qu’une cause indirecte de la décimation des régions entières du Congo, la cause directe étant le travail forcé, cette autre dimension de l’holocauste congolais sous Léopold II (voir les travaux de Jules Marchal, dont des extraits de littérature secondaire sur [4]).

4. Les mains coupées : si les images d’archives ne suffisent pas à attester que l’on coupait la main des vivants et non pas seulement des morts, qu’on se réfère aux témoignages des victimes congolaises que j’ai signalés plus haut. Par ailleurs, à qui donc les soldats auraient-ils pu vendre les balles au Congo de Léopold II ? Mais de quelle chasse au fusil parle-ton, puisque la soldatesque léopoldienne vivait aux crochets de la population ?

En conclusion

En conclusion, les insuffisances et approximations provoquées par « l’encyclopédie libre » que se veut Wikipédia exigent plus que de la prudence. Aller aux documents d’histoire qui existent dont, parmi les rares, les témoignages des Congolais sur les atrocités commises par le régime léopoldien, est un impératif scientifique et historique dans cette conjoncture. D’autant plus que nombre de ces témoignages inestimables sur le plan heuristique sont disponibles sur Internet (voir notamment le précieux site plus d’une fois cité : [5]). La rectitude historique le commande ; la conscience nationale congolaise le réclame et, sans doute, la conscience nationale belge aussi. Sans doute aussi avons-nous le droit d’espérer, d’ores et déjà, la reconnaissance prochaine par la Belgique des crimes contre l’humanité qu’a perpétrés au Congo son roi Léopold II, à l’instar de la reconnaissance par la France du crime contre l’humanité qu’a été la traite négrière.

S/Elo