Discussion:Ludlul bel nemeqi

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Erreur d'interprétation[modifier le code]

Cet article m'a beaucoup intéressé puisqu'il présente le Monologue du juste souffrant comme très proche, dans sa diégèse et donc dans sa théologie, du livre de Job, proximité qu'il souligne d'ailleurs.

Après quelques recherches, il m'est apparu que cette interprétation est manifestement erronée. Je renvoie à ce texte, pp. 128-129 :

http://books.google.fr/books?id=wAb4LVTTcngC&pg=PA128&lpg=PA128&dq=revue+biblique+1952+nougayrol&source=bl&ots=1bj8cdxIdb&sig=tKXRxSb-F05ur1Hb-_HgkdtGZ1s&hl=fr&sa=X&ei=D7eRT7qOO4ek0QXUxukI&ved=0CDYQ6AEwAg#v=onepage&q=revue%20biblique%201952%20nougayrol&f=false

"Contrairement à ce qu'avait avancé son premier éditeur, on ne peut pas dire que dans ce poème est véritablement posé le problème du "Juste souffrant". Qu'il y soit question d'un personnage prospère, puis plongé dans le malheur, c'est indubitable : mais quand il se plaint de ce malheur, nulle part, à notre connaissance, il n'invoque sa vertu qui eût dû l'en préserver. " (p. 159)

La traduction de la fin du texte reproduite un peu plus haut, qui présente un Dieu courroucé ("Que ton coeur ne soit plus mauvais !"), corrobore l'idée que le pauvre homme n'était pas sans péché, qu'il méritait son malheur. Pas grand-chose à voir avec Job, donc. Les juifs et les chrétiens peuvent souffler ! Job ne semble donc pas être une basse réécriture - hypothèse fort subversive et qui m'avait, je dois dire, fortement interpellé...

L'article mérite donc une belle refonte, sinon une modification de son titre lui-même. --ShadowAsh (d) 20 avril 2012 à 21:40 (CEST)[répondre]

En fait on peut renommer l'article d'après son nom antique Ludlul bel nemeqi, ce que font d'ailleurs des WP des autres langues. Pour le reste il y a bien une proximité entre Job et ce texte, mais comme toujours quand on évoque la proximité entre les textes mésopotamiens et les textes bibliques il ne faut pas tomber dans la surinterprétation et faire des seconds une copie des premiers comme on a trop souvent tendance à le faire sous le prétexte qu'une partie du texte biblique est effectivement rédigée à partir de textes mésopotamiens (le Déluge). Cet article dit que le Ludlul... "peut être comparé" à Job, pas que les auteur bibliques l'ont copié. Il n'est pas question de supprimer cette mention puisqu'elle est régulièrement faite quand on parle de ce texte, et d'autres textes mésopotamiens du même type, et encore dans les publications récentes. Là où l'utilisation de l'expression "juste souffrant" est contestable, c'est que le narrateur du texte babylonien est avant tout caractérisé par sa piété (ce que dit le résumé du texte), pas par son intégrité ou sa vertu (le fait qu'il soit "juste") comme le dit Bottéro (c'est une différence fondamentale en ce qui concerne les rapports hommes/divinité entre Mésopotamie et Israël antique). Pour éviter des mauvaises interprétations je vais rajouter des précisions. Zunkir (d) 22 avril 2012 à 13:32 (CEST)[répondre]
Entendu. Réflexion faite, je me demande s'il n'eût pas été préférable malgré tout de conserver le titre tel quel, puisqu'il fait hélas autorité, tout en précisant dans l'article combien il est fallacieux. Mais si le titre en akkadien n'est pas trop ésotérique, je souscris tout à fait à cette modification, d'autant qu'il permet comme vous l'avez dit l'harmonisation avec les autres WP. Je me permettrai de rajouter qu'on l'appelle couramment "Monologue du juste souffrant" aussi. Un détail. Sur la comparaison avec Job : je ne crois pas que ce soit la nature de la faute qui soit étudiée dans l'un et l'autre texte. C'est bien plutôt de toute évidence l'attitude de l'homme face à un Dieu dont il ne parvient pas à pénétrer les voies (comme on dit). C'est en cela qu'il y a analogie de situation, j'en conviens. Et dans les deux textes, on nous dit qu'il faut faire confiance à Dieu, aveuglément, et ne pas tenter de le comprendre. Mais tandis que d'une part, l'homme est coupable, d'autre part Job ne l'est pas (ou plus précisément, coupable de péchés véniels qui ne sauraient expliquer l'étendue de son malheur), et c'est ce qui fait toute la différence. Dans le Ludlul l'homme manque de lucidité et ne voit pas sa faute. Job, lui, n'est pas coupable et en a bien conscience : et c'est là où il achoppe sur un contradiction évidente entre la righteousness intrinsèque de Dieu et l'injustice patente dont Job est victime. Mais c'est que Dieu est au-delà de la raison chez Job, absolument impensable, insondable. C'est en cela, je dois dire, que je trouve la théologie jobienne infiniment plus intéressante (quoique révoltante en un sens). Dans le Ludlul le lecteur est rassuré : Dieu ne fut pas injuste ! Il a fait payer le narrateur pour ses fautes. Rien de tout cela chez Job, où le problème, au lieu d'être résolu, est simplement supprimé. D'ailleurs, le problème ne se pose que si l'on conçoit déjà Dieu comme un être essentiellement et parfaitement juste : mais penser ainsi, c'est déjà faire de la théologie avec la prétention d'avoir compris Dieu. Le croyant authentique doit être tout sauf un théologien. D'où ce paradoxe dans Job d'une théologie... anti-théologique. Bref, voilà quelques éléments à parti desquels on pourrait, si vous êtes d'accord avec moi sur ces analyses, rendre l'article plus précis dans la comparaison Ludlul / Job. --ShadowAsh (d) 2 juin 2012 à 12:39 (CEST)[répondre]
Un message de Job est aussi que si Dieu est fondamentalement juste, sa justice n'est pas forcément distributive : on peut bien se comporter et être mal traité, mal se comporter et être bien traiter ; l'impénétrabilité des décisions de Dieu est d'ailleurs explicitée dans le cas de Job (un débat entre Dieu et le "Satan"). Après il n'y a pas forcément à creuser l'opposition Ludlul / Job dans cet article, vu que dans l'idéal il vaut éviter l'écueil de toujours lire les textes mésopotamiens sous le prisme biblique. En revanche il me semble que si vous êtes inspiré par le sujet il vaudrait mieux travailler plus l'article sur le Livre de Job qui est pauvre au regard de la qualité et de l'importance de ce texte. En tout cas dans les deux cas les règles de WP sont claires : pas d'interprétations personnelles, il faut trouver des sources soutenant ce qu'on expose. Zunkir (d) 2 juin 2012 à 13:47 (CEST)[répondre]
Tout le problème est que cette justice-là, non distributive comme vous dites, ne ressemble plus guère à une justice. Ce nous semble être une contradiction dans les termes. Du reste, c'est là un article sur le Ludlul et non sur Job, j'entends bien. Seulement, il me paraissait nécessaire, si l'on fait le rapprochement entre ce texte et le livre de Job, de préciser à fond combien ce rapprochement est spécieux à bien des égards. Quant à l'article de Job lui-même, oui sans doute, il faudrait l'étoffer... mais je suis, je l'avoue, trop paresseux pour cela. En revanche, les analyses développés plus haut ne sont pas entièrement personnelles (ce serait fort présomptueux de le dire) : elles sont le prolongement des interprétations de la TOB et également, si je me souviens bien, du baptiste John McArthur. Pour ce qui est du Ludlul, pouvez-vous (vous qui me semblez très bien informé sur le sujet) me conseiller le meilleur ouvrage qui en reproduise une traduction et qui l'interprète ? Cela pourrait m'intéresser à l'occasion ; j'avais déjà apprécié l'édition qu'a faite Jean Bottéro de Gilgamesh. --ShadowAsh (d) 2 juin 2012 à 15:51 (CEST)[répondre]

Ludlul bel nemeqi traduction en Français[modifier le code]

cette traduction est faite à partir de trois propositions en Anglais; il est à noter que ces traductions peuvent être très différentes; aussi j'ai choisi ce qui me semblait le plus en harmonie dans cet ensemble; quant à savoir l'influence - problème qui tracasse, semble t'il beaucoup (façon de parler) des croyants qui ont connaissance de ces textes, je vois bien évidemment des points de rencontre, mais ce sont les mêmes que je retrouve entre Shakespeare et la Bible - par exemple quand William débute le sonnet 47 ( Betwixt mine eye and heart a league is took) qui est une réminiscence de Job 31.1; peut-on pour autant parler de plagiat? certes non... En revanche il est évident que le déluge, la description de l'Eden/ Dilmun à Sumer ou La navigation de Moïse tellement semblable à celle de Sargon et bien d'autres sont des histoires que se racontaient les hommes du Moyen-Orient quand ils se rencontraient et cela pendant des siècles. Voici donc ma proposition, que vous pouvez retrouver sur mon blog Effleurements livresques, épanchements maltés holophernes.over-blog.com Ludlul-Bel-Nimeqi Mes années passaient, la dernière syllabe de mon temps était dite, tout autour de moi, le mal succédait au mal, mon malheur empirait, aucune lueur, nulle part. J'ai appelé mon dieu, il n'a pas répondu. J'ai prié ma déesse, elle n'a même pas levé la tête. L'oracle n'a pas éclairci mon avenir, l'interprète des rêves, lui non plus ne m'a pas éclairé, les mots de l'incantateur n'ont pas su apaiser la colère divine. Comme tout va à l'envers dans le monde! Je regardais derrière, j'étais persécuté de tous côtés Comme quelqu'un qui n'aurait pas offert d'holocauste à son dieu, Ni invoqué sa déesse par des offrandes de nourriture, qui, pas plus ne s'est prosterné, et n'a jamais été vu s'incliner, ni dire de sa bouche les mots de prières et de supplications, qui a négligé les jours sacrés et méprisé les fêtes, qui a été négligent et a dédaigné les rites divins, qui n' a pas enseigné aux siens la piété et l'adoration, qui n'a pas invoqué son dieu, mais a mangé ses offrandes de nourriture, qui a repoussé sa déesse sans lui faire l'offrande de pain, comme celui qui est possédé, qui a oublié son dieu, mais au hasard, lui a fait un serment solennel, je semblais être comme eux! La prière était mon recours, le sacrifice ma règle Le jour pour honorer les dieux était une joie pour mon cœur; Le jour de procession de la déesse m'était un bonheur. Prier pour le roi, voila quelle était ma joie. Sa fanfare jouait comme pour mon seul plaisir. . J'ai imposé à mon pays d'observer les rituels de dieu, et le nom précieux de la déesse, j'ai appris à mon peuple à le vénérer. Les louanges au roi, je les ai faites comme à un dieu Et j'ai enseigné au peuple le respect pour son palais. J'espérais savoir que tout cela plairait à un dieu ! Ce qui nous semble bon, peut être mauvais aux yeux d'un dieu, Ce qui nous semble abominable, peut être bon aux yeux d'un dieu ! Qui peut comprendre la sagesse des dieux dans les cieux ? Qui comprend les desseins des dieux du monde souterrain ? Où les humains auraient-ils appris les voies de dieu ? Celui qui vivait le soir est mort le matin; le temps d'un instant quelqu'un est abattu, puis soudain plein de vie. Il est un temps pour son chant exalté, il est un temps pour gémir comme un pleureur. (Le vers 43 est traduit de façons si différentes, que je le laisse de côté) Ils ont faim, alors ils sont pareils à des cadavres; ils sont repus, alors ils rivalisent avec leurs dieux. Tout va bien, ils parlent d'escalader le Ciel, tout va mal, ils se plaignent d'avoir à descendre en enfer. (48, vers illisible) Quant à moi, moi qui suis celui qui est l'épuisé, un tourbillon me conduit! Une maladie débilitante me submerge; Un mauvais vent a soufflé des confins du ciel. Des vagues de maux de tête me sont venues du sein du monde souterrain, Un spectre méchant a surgi des profondeurs cachées. (54-59 ne restent que des fragments) Mon visage était sombre, mes yeux étaient des torrents de larmes. Ils m'ont arraché les muscles du cou à le rendre flasque. Ils ont frappé et frappé ma poitrine. Ils ont infecté ma chair, et m'ont provoqué des convulsions, Dans mon épigastre, Ils allumèrent un feu. Dans une baratte ils ont mis mes entrailles, et m'ont retourné mes doigts Mes poumons ils les ont rempli de toux. Ils ont dispersé mes membres et agité ma chair de tremblements. Ma haute stature, ils l'abattirent comme un mur, Mon imposante silhouette, ils la couchèrent comme un jonc, J'ai été jeté comme une figue séchée, j'ai été jeté sur mon visage. Le démon Alu (1) avait revêtu mon corps comme un vêtement. La somnolence m'a pris comme un filet. Mes yeux regardaient, mais ne voyaient pas, Mes oreilles entendaient, mais n'écoutaient pas. Le sommeil s'était emparé de tout mon corps, et la paralysie de ma chair, la rigidité était venue à mes bras, l'impuissance dans mes reins, (79-83 ne restent que des fragments) Un collet a été posé sur ma bouche, Et mes lèvres ont été scellées, Rien ne pouvait arriver dans mon estomac, pas même l'eau Ma faim était chronique, mon gosier desséché. On me sert du grain, c'est pour moi de l'ivraie puante. La bière, la subsistance de l'humanité, m’écœure. En vérité, la maladie se prolonge. Par manque de nourriture, mes traits ont changé, Ma chair n'était plus qu'une friche, mon sang se desséché. Mon squelette était celui d'un pantin, plus couvert que de ma peau. Mes tissus étaient enflammés. J'étais prisonnier de mon lit; sortir était épuisant; Ma maison devint une prison Ma chair était une pénitence, mes bras inutiles; J'étais une entrave, dont les pieds étaient de coton. Mes chagrins furent cruels. Le coup était sévère. Un fléau, un fléau d'épines, m'a fouetté. Une cravache, une cravache de dards, m'a transpercé la peau. Tout le jour, les tortionnaires m'ont torturé, même au milieu de la nuit, ils ne me laissaient pas respirer librement un instant. Mes articulations tordues se disjoignaient J'étais écartelé et frappé sur tout le corps. J'ai passé la nuit dans mon fumier comme un bœuf, Comme un mouton, je me suis vautré dans mes excréments. L'exorciste recula devant mes symptômes, Et le devin fut perplexe devant mes présages. L'exorciste ne pouvait pas diagnostiquer la nature de ma maladie, Ni le devin fixer une limite de temps à ma maladie. Mon dieu n'est pas venu à mon secours il n'a même pris ma main, Ma déesse ne m'a pas montré de pitié et n'est pas venue à mes côtés. Ma tombe était ouverte, mes biens funéraires étaient prêts, même avant ma mort, les pleurs avaient pris fin. Tout mon pays a dit: 'Comme il a été écrasé!'. Quand quand ceux qui se réjouissaient ont su, leurs traits se sont illuminés, La nouvelle arriva à celle qui se réjouissait, et son cœur se réjouit. Mais je sais que le jour pour toute ma famille, Quand, parmi mes amis, leur dieu-soleil aura pitié.

1 Les démons Alû sont assez souvent rendus responsables des troubles du sommeil : les mauvais rêves, l'insomnie, mais aussi son opposée, la somnolence perpétuelle appelée 'la main du démon Alû'.

© Mermed 9-13 Février 2017