Discussion:Marshall McLuhan

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Marshall Mc Luhan et Marshall McLuhan[modifier le code]

Le nom du chercheur est écrit de 2 façons différentes et donc il y a 2 pages à son nom. La page Marshall Mc Luhan devrait être une redirection vers la page Marshall McLuhan. Coolchef 8 août 2005 à 15:48 (CEST)[répondre]

Village planétaire[modifier le code]

N'est-il pas l'auteur de l'expression "village planétaire" pour désigner les effets de la mondialisation et du développement des NTIC? Sunray 15 avril 2006 à 16:43 (CEST)[répondre]

McLuhan a parlé de "village global", pour expliquer que la nouvelle interdépendance électronique recréait le monde à l'image d'un village global. Autrement dit, l'expression populaire : le monde est petit a révélé d'autant plus de résonance depuis l'apparition des médias électriques, que l'on pourrait qualifier d'instantanés.
Il était familier de ce genre d'expressions fulgurantes où la consonance des mots ou le renversement circulaire des expressions crée la figure intégrale de ce qu'il entend exprimer, ainsi cette formule empruntée : "la conséquence des images est l'image des conséquences", ce qui s'analyse peut-être comme ceci : l'effet de l'image sur le spectateur ne se conçoit que dans le processus de réduction et de transformation que les images opèrent sur la réalité qu'elle représentent, l'image permet de saisir un processus ou bien une articulation et comme telle façonne la préhension du monde. Si l'image a donné lieu à une transformation de nos perceptions, nous n'en saurons rien, puisque cette transformation ne sera visible qu'a travers l'image elle-même. Une autre façon de dire que nous entrions dans un monde de rétroactions instantanées.
Par ailleurs, je ne suis pas sûr que terme "doctrine" puisse convenir à l'oeuvre de Marshall McLuhan, au mieux pourrait-on parler peut-être de structures d'explorations et encore.
Si l'on observe son travail tout au long de sa vie, on s'aperçoit qu'il y a plusieurs “idées maîtresses” sans doute. Celle cependant qui semblerait au cœur de son travail d'analyse serait la définition qu'il donne du média : selon lui le média doit s'entendre comme un prolongement du corps ou plus exactement, d'une préhension sensible. Le livre pour exemple est un prolongement de la vue, la roue un prolongement du pied, le vêtement et l'appartement un prolongement de la peau, le téléphone et la radio un prolongement de l'oreille.
C'est sans doute cette image que Stanley Kubrick a traduite de façon presque transparente dans son film 2001 : l'odyssée de l'espace lorsque le singe lance l'os (l'arme placée comme prolongement de son bras) et que retombe dans le prolongement de ce mouvement un vaisseau spatial (Stanley Kubrick avait invité McLuhan a une projection privée de son film avant sa distribution, ce qui a donné plus tard ce texte posthume transcendant : « L’homme désincarné flotte en apesanteur aussi bien que l’astronaute, mais il est capable de transportations bien plus rapides. Il a perdu le sens de son identité personnelle car les impulsions électroniques ne se situent nulle part en particulier. Pris dans le flot d’énergie hybride que suscitent les techniques vidéographiques, il apparaîtra enceint de cette “réalité” chimérique, qui rassemble tous ses sens en un point éloigné de lui-même, suivant une injonction plus déterminante encore que la dépendance aux drogues les plus puissantes connues à ce jour. L’esprit, vu comme un contour, se dilue alors dans l’ambiance comme le fond sonore et dérive quelque part entre rêve et fantasme.
Les rêves gardent toujours quelques relations avec la réalité, ils sont encadrés par le temps présent et par le lieu auxquels ils renvoient, les fantasmes pas toujours.
À ce point, la technique n’est plus sous contrôle. » (The global village, Oxford University Press, 1989))
De même vient-il signaler que les mythes, notamment les mythes grecs contiennent en une seule image intégrale la transformation des perceptions que ces prolongements de nos sens ont occasionnée. Ainsi analysera-t-il le mythe de la Gorgone (dont il est dit qu'elle foudroyait de ses yeux ceux qui osaient la regarder) comme l'effet de l'apparition de l'écriture qui fige les connaissances, celui de Cadmos comme une parabole des effets de l'alphabet, créateur d'alignements (les dents) et de nouvelles formes guerrières : Cadmos sème des dents de dragon, il en surgit des hommes armés, les Spartoï.
Il considère ainsi le mythe de Narcisse (mythologie) comme l'expression de l'effet des médias sur nous : nous sommes incapables de nous reconnaître dans nos propres prolongements, tout comme Narcisse contemple son image dans l'eau sans s'y reconnaître, car tel est l'effet hypnotique des médias, ils nous plongent dans un autre songe : “les choses devinrent ce qu'ils aperçurent.” En ce que le média, prolongeant l'un de nos sens ou l'une des parties de notre corps, tout d'un coup plonge le reste de nos perceptions dans la nuit.
C'est ainsi qu'il explique de façon originale que l'imprimerie, exaltant à son degré suprême le sens de la vue, a provoqué l'annihilation de nos perceptions tactiles et sonores, les plongeant dans un immense ressac que Sigmund Freud re-découvre sous la forme de l'inconscient - notion insaisissable pour les civilisations orales - et dont le symbolisme, analysé par John Ruskin comme la vision du “grotesque”, c'est-à-dire de la juxtaposition tactile, traduit la renaissance.

Précisions pour détailler l'article[modifier le code]

Travail sur le chapitre, intitulé : “doctrine”[modifier le code]

Il est écrit ceci dans le corps de l'article : "Un exemple simple permet de mieux saisir cette affirmation : l'imprimé est un média, car il permet de transmettre une information depuis un émetteur vers un récepteur. En tant que média, il est plus rapide que la parole transmise de bouche à oreille, par exemple. Mais plus que le gain de temps, c'est la plus grande distance parcourue par cet imprimé dans un laps de temps constant qui importe. Considérons une cité donnant des ordres à ses garnisons via l'imprimé, l'association de celui-ci avec la roue et la route permet de contrôler une région notablement plus vaste. Ce média a un rôle profondément centralisateur : il induit automatiquement une société structurée autour d'un centre donneur d'ordres."

Selon ce que définit McLuhan, le média est un prolongement de nos facultés ou de nos sens, et s'il existe certes des médias vecteurs de contenus, il en existe d'autres dont le contenu se définit en fin de compte par la faculté qu'ils autorisent. Ainsi prenait-il l'exemple de l'éclairage électrique dont le contenu était, selon lui, l'ensemble des activités qui tout d'un coup peuvent se dérouler par la grâce de l'éclairage électrique. (Pour comprendre les médias) La question de l'accélération induite par l'apparition des nouveaux médias relève d'un autre aspect et fait l'objet de la part de McLuhan de développements différenciés. Quant aux transformations induites par l'imprimerie, McLuhan leur confère une ampleur sans commune mesure avec l'accomplissement d'une simple accélération de la parole. En ce sens qu'il fait tout d'abord ressortir qu'entre la parole et l'imprimerie, se succèdent un certain nombre de civilisations : l'écriture idéographique et symbolique qui correspond à une bonne part de l'antiquité et de toute la civilisation chinoise notamment, puis l'écriture alphabétique qui correspond aux civilisations du manuscrit, soit les civilisations grecques et romaines puis celles du Moyen-Âge. C'est l'objet de la première partie de son livre "la galaxie Gutemberg". MC Luhan explique que l'imprimerie, extirpant le sens de la vue à son point extrême, a engendré la découverte de l'Amérique par la possibilité d'imaginer le voyage en ligne droite, la découverte du calcul infinitésimal, et surtout la chaîne de montage et l'espace euclidien, un système de représentation où l'observateur est situé hors du cadre, à un poste fixé. De même indique-t-il que le nationalisme comme sentiment exprimé de l'unité linguistique est fils de l'imprimerie. L'explication qu'il donne des phénomènes de centralisation développe les analyses instituées par Harold Innis, ainsi explique-t-il l'apparition des grands empires -qu'il qualifie d'"empires de papier"- comme l'empire romain, par la conjugaison, non pas de l'imprimerie - inconnue à cette époque - mais de l'écriture - prolongement de la vue -, du papier - plus exactement du papyrus - (analysant que la tablette d'argile ou le parchemin beaucoup plus rare ne permettaient pas cette organisation) et des routes. Il précise que c'est la possibilité offerte à la bureaucratie de projeter son emprise par cet intermédiaire - route et paperasse - qui donne l'explication de cette extension et de cette centralisation - au contraire des cités-états grecques, repliées sur leur foyer. Ainsi, selon lui, parce que les Romains avaient pollué le Nil et détruit les papyrus, puis perdu l'Égypte, l'empire se désagrégea faute de papier à transporter. Plus largement McLuhan considère que ce sont les médias prolongements de la vue (comme le livre) qui engendrent des phénomènes de centralisation et le désengagement, tandis que les médias prolongements de l'oreille et du toucher (comme la télévision) suscitent des phénomènes d'engagement et de décentralisation au contraire. Ainsi pour lui, l'électricité est fortement décentralisatrice, au contraire effectivement de l'imprimerie. De même notera-t-il malicieusement que les enfants de la télévision sont plus sérieux et plus concentrés que les enfants de la civilisation du livre, par cet engagement même.

Considérant cette exploration des transformations de perception, a-t-on accusé McLuhan de faire preuve de déterminisme, tandis qu'il signalait que le déterminisme ne résultait que de l'incapacité à observer les changements opérés par l'apparition de nouveaux prolongements tant leur pouvoir hypnotique agissait sur nos perceptions. Ainsi justifiait-il que l'imprimé pouvait utilement servir d'antidote à l'effet dévastateur des médias électriques.

De même cette notation « En outre, le médium utilisé influence considérablement nos sens et, par la même, notre cerveau; à tel point que le contenu même du message peut s'en trouver grandement affecté. » Ceci pourrait sembler une interprétation des écrits de McLuhan qui se rapporte à cette épigraphe : « les choses devinrent ce qu'ils aperçurent. », plus exactement, McLuhan tente de nous dire que les médias ont le pouvoir de modifier nos perceptions en profondeur et de nous changer : tout d'un coup, le monde apparaît autrement, et cela avec d'autant plus de vigueur que l'environnement du média nous est invisible (celui qui a trouvé l'eau n'était pas un poisson note-t-il malicieusement)et fait apparaître l'environnement précédent comme une forme d'art. Ainsi cite-t-il l'environnement industriel, invisible pour ceux qui en furent contemporains, et apparu comme une forme artistique pour nous. Or donc le message est affecté certes, mais en tant qu'il est lui même un média et qu'il est lui-même porteur d'un environnement. Les médias en effet se surajoutent les uns aux autres, le précédent devenant en quelque sorte contenu du suivant, ils ne se détruisent pas, l'un modifie l'autre simplement, en revanche leur environnements peuvent eux, s'estomper et disparaître. Prend-il comme exemple l'éperon (Guerre et paix dans le village planétaire)pour expliquer qu'à lui seul il engendra l'environnement particulier du chevalier en armure qui disparut sous l'effet de l'invention de la poudre qui désintégra les armures.

« Imaginons par exemple qu'en ouvrant un album de famille on y découvre une photographie représentant une jeune fille avec une fleur à la bouche. Jolie photo. Imaginons maintenant la même photo tirée en grand format et exposée dans une célèbre galerie d'art contemporain. Dans le premier cas, on dit: cette photo est sympathique, mignonne,etc. Dans le second cas, on dit: « Vraiment sublime, cette image ! Quel grand photographe! » L'« habillage », c'est-à-dire la galerie et même la signature de l'artiste, nous ont grandement influencé par rapport au contenu: une simple jeune fille avec une fleur. »

McLuhan se demanderait peut-être : est-ce que cela a quelque chose à voir avec mon travail ? Plus exactement énonce-t-il que l'art se signale en tant qu'il est une figuration lucide, ou le surgissement à la conscience de l'environnement présent, et pour exemple met-il en exergue cette remarque de Gustave Flaubert : « La guerre de 1870 aurait pu être évitée si les gens avaient lu mon “éducation sentimentale” » (pour comprendre les médias). L'artiste dit Ezra Pound est “l'antenne de la race”. Shakespeare, Rabelais ou Cervantes percevaient les effets de l'imprimé sur leur propre civilisation, comme l'enfant du conte d'Andersen perçoit le roi tel qu'il porte ses nouveaux habits : il est le seul à le voir nu parce qu'il n'est pas intégré socialement à l'ancien environnement (le médium est le massage)  : Don Quichotte rappelle-t-il, a lu les romans de chevalerie, mais le monde de la chevalerie a été détruit par le livre, aussi le futur chevalier ne rencontre-t-il plus que de petits commerçants matérialistes, de même le Roi Lear, souverain féodal, constate-t-il les effets du machiavélisme et la compétition de ses filles, surgis du monde nouveau, alors que le prince inclusif du monde du manuscrit est devenu le prince exclusif, séparé de ses sujets. Il reprend souvent cet aphorisme des Balinais : « nous n'avons pas d'art, nous faisons tout le mieux possible », ou différemment, cette autre épigraphe de A.K. Coomaraswami : « Nous sommes fiers de nos musées où nous montrons une façon de vivre que nous avons rendue impossible. » (le médium est le massage) Pour reprendre l'exemple cité plus haut : l'image sera véritablement sublime si elle apparaît au spectateur comme la préfiguration idéale d'un monde impossible. Toutes les images ne répondent peut-être pas à ce dessein.

"Idem pour le goût : une étiquette de Château-Margaux ou celle d'un vin quelconque, collée sur la même bouteille, n'aura pas la même influence sur la dégustation... Le cerveau travaille à notre insu!"

Plus exactement, pour une part notre perception est accaparée par les sens prolongés par les médias. Il est vraisemblable que pour un homme des civilisations orales, l'étiquette n'aura strictement aucune importance, elle sera fondue dans l'environnement audio-tactile, en revanche pour un homme du 19ème siècle, l'étiquette, dans tous les sens du mot prend une saveur particulière et tendrait à accaparer les sens de l'odorat et du goût au droit du sens de la vue.

Mais comme dirait McLuhan, aujourd'hui, “nous sommes de retour dans l'espace acoustique” (counterblast), où “l'étiquette” perd de sa valeur et se perçoit différemment.


Travail sur le chapitre intitulé : "anecdote".[modifier le code]

On lit ceci : « En 1962, Mac Luhan annonce que nous quittions la « Galaxie de Gutenberg » pour entrer dans la « Galaxie de Marconi ». Certains en conclurent que c'en était fini de l'information imprimée. Or, ce fut le contraire qui se produisit. C'est en effet dans les pays où elle était le plus diffusée que la presse quotidienne, malgré l'essor de la télévision, a continué à se développer le plus. Car, en délivrant une information plus rapide mais plus brute, les media électroniques ont augmenté le besoin de vérifier et d'étayer. »

Il serait nécessaire de connaître l'identité de ces “certains”. En effet, les explorations de McLuhan s'articulent souvent avec la Gestalt, d'où proviennent notamment la conception qu'il fit des “tétrades” (The global village) et le conduisirent à préciser son aphorisme : “le média est le message”. Il serait plus juste d'énoncer à ce titre que le passage de la galaxie Gutenberg à la galaxie Marconi signifie pour McLuhan le passage d'une perception du monde à une autre, le média n'étant à ce titre que le vecteur d'une modification de nos perceptions, que traduisent notamment la disparition de la prééminence de la représentation euclidienne en peinture, plus généralement la naissance du symbolisme en art - l'explication du titre les Illuminations des poèmes en prose d'Arthur Rimbaud selon lui empruntés aux Painted Slides de Ruskin est significative à cet égard.- Il semble à ce titre, que le journal, empruntant au collage ait influencé de nouveaux types de représentations artistiques, et qu'à cet égard, il appartient peut-être plus sûrement à la galaxie Marconi qu'à la galaxie Gutenberg. Il faut noter que McLuhan explique que les médias arrivés à leur phase ultime de développement ou en surchauffe sont réversibles (Pour comprendre les médias) et provoquent une contre-réaction : ainsi le journal, forme visuelle ultime, renverse la perception visuelle en perception audio-tactile par le fait même du collage. De même indique-t-il que le signe de la désuétude n'est pas la disparition, mais bien plutôt la prolifération. Autrement dit les médias désuets ont tendance à proliférer lors du passage d'un mode de perception à un autre. On ne sait pas non plus, si on n'y apporte pas de précisions, d'où provient cette notation que les médias électriques délivreraient une information « plus rapide mais plus brute », McLuhan parle certes d'accélération, mais s'il en tire de telles conclusions quant aux contenus, c'est au regard de l'effet qui en résulte. Il expliquera notamment que l'imprimé favorise l'adoption d'un point de vue au contraire des médias électriques qui favorisent la résonance multiple des sociétés orales, ainsi l'adjectif "brut" peut-il faire songer à l'art brut ou bien à la matière hétérogène des résonances orales que viendraient purifier l'adoption d'un point de vue, la mise en perspective et plus généralement, le fait de s'abstraire de toute réaction par la vue neutre et détachée, ou de tout implication. Plus avant, Marshall McLuhan fera-t-il remarquer que la télévision nous plonge dans un monde audio-tactile et donc déplace nos perceptions quant à l'appréhension de l'écrit, ce qui est particulièrement visible chez les enfants : le médium télévision les capte dans toutes les préhensions tactiles (selon lui le croisement de tous les autre sens) et auditives et lorsqu'ils apprennent à lire se collent-ils à la page, le retrait ou la distance que nécessite la lecture de l'imprimé (une vision globale de la page et non par points comme celle de la télévision) exigeant un apprentissage inconnu des générations précédentes (pour comprendre les médias). A ce sujet, McLuhan à la fin de sa vie s'intéressera de près à la dyslexie, formant l'hypothèse qu'elle résultait du paradoxe pour l'enfant de tenter d'aborder la page imprimée comme il ferait d'un écran de télévision, de façon auditive, sphérique et multidirectionnelle, tandis que l'appréhension de l'imprimé suppose la perception des alignements, une distance logique, un ordre et un sens.

On comprend peut-être que les notations qui apparaissent dans le corps de l'article révèlent la tentative d'une partie de l'enseignement universitaire français de déplacer la pensée intuitive de McLuhan dans une optique qu'il qualifierait lui-même d'irrationnelle, en la structurant dans l'axe de la vue, comme un tableau de la Renaissance, avec un point de fuite unique, où la résonance peut se résoudre dans une perspective linéaire simplifiée.

Cependant, se référant souvent à Shakespeare, ou bien à Joyce, il met l'accent sur la mutation elle-même et ses effets, ce que l'on pourrait qualifier de vertige. La galaxie Gutenberg débute notamment par une analyse de cette scène du roi Lear, Gloucester devenu aveugle, Edmond tentant de le convaincre qu'il se trouve au bord de la falaise :

E : Allons, messire ; voici l’endroit ; ne bougez plus. Combien terrible
Et vertigineux c’est de jeter les yeux si bas !
Les corneilles et les choucas qui grimpent dans l’air
Semblent à peine gros comme des scarabées ; à mi-chemin de la falaise
Quelqu’un est suspendu qui ramasse de l’herbe de Saint Pierre, effrayante occupation !
Je crois qu’il n’a pas l’air plus gros que sa tête.
Les pêcheurs qui marchent sur la plage
Paraissent des souris, et là-bas ce bateau à l’ancre
Est réduit à sa chaloupe, sa chaloupe à une bouée
Presque invisible à l’œil nu. Le ressac murmurant,
Qui entrechoque les innombrables galets frivoles,
Est inaudible de si haut. Je cesse de regarder,
De peur que la cervelle ne me tourne et, la vue me manquant,
Je ne soit précipité la tête la première.

McLuhan voit au travers de cette description en escalier, comme une sorte de diorama, ce qu'occasionne la nouvelle perception de la troisième dimension née des effets de la page imprimée, le regard immobilisé : « Ne bougez-plus., soudain privé des perceptions auditives : « Le ressac... inaudible de si haut. » Autrement dit, il nous laisse percevoir d'une façon qui nous semblera trop peu romantique, l'aphorisme de Paul Valéry : « Nous autres, civilisations, savons maintenant que nous sommes mortelles. » La violence de William Shakespeare nous est pour le moins étrangère, nous sommes certes plus proche de Jean Racine, et cette exclamation portée brutalement sur la scène de notre inconscient ne pouvait sans doute qu'apparaître choquante.

André Leroi-Gourhan a développé une pensée parallèle à celle de McLuhan (le geste et la parole, tome 2, la mémoire et les rythmes), désignant en premier lieu l'intégrité et la continuité de l'espèce humaine. Il définit de la sorte une filiation de nature symbolique qui échappe selon lui à l'évolution, et qui s'inscrit dans ce qu'il détoure comme la nature humaine insensible aux miroirs qu'on pourrait porter sur elle tandis que McLuhan se laisse fasciner par la découverte de la véritable nature de ce qu'est le miroir de Narcisse.

De même Jean Baudrillard a prolongé en quelque sorte l'exploration de McLuhan, signifiant par exemple que le média apparaît selon lui moins comme un prolongement que comme une sorte d'expulsion de nous-même (le crime parfait), rappelant que ce processus nous prive de l'illusion d'atteindre la réalité au profit de la virtualité des choses, ce que McLuhan avait signifié dans les dernières années, comme en témoigne cette interview donnée à Jean-Louis Ézine :

« JLE : Vos prophéties électroniciennes évoquent plutôt une Apocalypse qu'un avènement. Ce n'est pas là le moindre paradoxe qu'une méditation profondément influencée par les thèmes du christianisme.
MML : Voir également Joyce...le Finnegans Wake a lieu le jour même du jugement, le dernier jour. À l'heure électronique, chaque jour est le dernier, le jour du jugement.
JLE : La logique du Software et de la communication totale, telle que vous la développez, nous semble aboutir à l'annexion puis à l'abolition de l'individu en tant que libre conscience, bref à la disparition de tout projet humain de communication et de toute possibilité d'histoire nouvelle...
MML : Nous sommes tous devenus sur-humains.
JLE : On croirait entrer dans l'univers rectiligne et mortel de Big Brother, le héros de George Orwell dans 1984.
MML : Non pas rectiligne, mais sphérique. Je décris un système acoustique de résonances ...
On sait aujourd'hui qu'il n'y a pas de suite dans la structure synchronique de la matière ; tout est présence simultanée. La gravité est un champ acoustique de résonances simultanées. La matière est immatérielle ... »


Le lien de la "Playboy interview" était down. J'en ai remis un autre valide.

Mot / bout de phrase manquant[modifier le code]

Une (petite ?) partie de texte semble avoir sauté dans le chapitre "Les trois étapes du processus de communication" :

« C’est la civilisation de l'imprimé. McLuhan décrit notamment cet étape dans son Puis, troisième stade, l’ère numérique, "la Galaxie Marconi" [...] »

La disparition se trouve entre "son" et "Puis". Étant vraiment novice j'ignore comment retrouver cette modification dans l'historique de la page.

--JCRG (discuter) 23 septembre 2013 à 12:40 (CEST)[répondre]