Discussion:Ordre de Saint-Jean de Jérusalem à Malte

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récupération de texte HS de l'article sur Suffren[modifier le code]

Je replacerai au besoin ce texte HS de l'article Pierre André de Suffren

Les chevaliers sont aussi soumis à une formation religieuse intense, destinée à faire d’eux d’ardents moines soldats au service de la catholicité en Méditerranée. « Il [le chevalier de Malte] se dévoue également aux armes et à l’hospitalité, à la défense de la foi et au service des pauvres. Il est tout ensemble soldat, mais soldat de Jésus-Christ, hospitalier et religieux. (…) Le chevalier doit conserver l’épée au côté en toutes circonstances et même pendant la communion car il a fait vœu de combattre et de mourir pour le service du Seigneur et son épée est bénie » explique à ses frères le chevalier de Cany en 1689[1]. Un idéal de vie marqué du sceau de la Réforme catholique, ardemment vécu au XVIIe siècle, mais dont on est maintenant loin vers 1750. Il n’y a plus guère de vocation réelle chez la plupart des compagnons de Pierre-André. Ils sont à Malte pour faire une carrière honorable, exercer le noble métier des armes, obtenir une commanderie et vivre agréablement sans trop de risques. Les mœurs se relâchent, à commencer par celles des Grands maîtres, Pinto, Ximenes et Rohan qui oublient largement leurs vœux de pauvreté et de chasteté. Doublet, secrétaire de Rohan décrit dans ses Mémoires le mode de vie des jeunes chevaliers : « Mais, au milieu de cette étude qui, sous tous les rapports leur aurait été si salutaire, à quoi s’occupait cette jeunesse, soit à bord pendant leurs caravanes, soit à terre dans les intervalles des trois diverses époques d’embarquement ? À baguenauder sur les places ou dans les cafés, ou jouer au billard ou aux cartes, à chasser, ou à altérer leurs mœurs ou leur santé avec des femmes perdues, et souvent l’un et l’autre, heureux encore quand ils ne s’avilissaient pas, ou par des dettes énormes, ou par de crapuleuses liaisons de débauche, dont plusieurs n’ont été que trop souvent victimes à la fleur de l’âge[2]. » En 1770, un voyageur anglais remarque, au moment du départ de l’escadre maltaise, qu’une foule de chevaliers font des signaux à leurs maîtresses qui pleurent bruyamment sur les bastions du fort… Des incidents sont même signalés avec le clergé de l’île, dont la rigueur religieuse ne s’est, elle, pas émoussée[3].

Expédition contre Tunis[modifier le code]

Après la courte guerre et l’expédition de Larache de 1765 sur les côtes marocaines, c’est avec la régence tunisienne que la tension est progressivement montée avec la France. Le Bey de Tunis, Ali II Bey qui n’a pas reconnu l’acquisition de la Corse par la France, a laissé ses corsaires s’en prendre à l’île. Ces derniers ont capturé plusieurs bâtiments de pêche et enlevé de nombreuses personnes, malgré les traités signés avec la France. Versailles envoie sur les côtes tunisiennes une petite escadre forte de deux vaisseaux, la Provence (64) et le Sagittaire (50), accompagnés de trois frégates, deux chebecs, une flûte, et deux galiotes à bombes. Elle se présente devant Tunis le 20 juin 1770 sous les ordres de M. de Broves où elle retrouve une frégate française déjà présente sur les lieux avec le consul de France[4]. Expédition à laquelle l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem décide de se joindre, en y engageant l’essentiel de ses moyens. L’escadre maltaise arrive en vue de Tunis le 23 juin. Après la courte guerre et l’expédition de Larache de 1765 sur les côtes marocaines, c’est avec la régence tunisienne que la tension est progressivement montée avec la France. Le Bey de Tunis, Ali II Bey qui n’a pas reconnu l’acquisition de la Corse par la France, a laissé ses corsaires s’en prendre à l’île. Ces derniers ont capturé plusieurs bâtiments de pêche et enlevé de nombreuses personnes, malgré les traités signés avec la France. Versailles envoie sur les côtes tunisiennes une petite escadre forte de deux vaisseaux, la Provence (64) et le Sagittaire (50), accompagnés de trois frégates, deux chebecs, une flûte, et deux galiotes à bombes. Elle se présente devant Tunis le 20 juin 1770 sous les ordres de M. de Broves où elle retrouve une frégate française déjà présente sur les lieux avec le consul de France[5]. Expédition à laquelle l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem décide de se joindre, en y engageant l’essentiel de ses moyens. L’escadre maltaise arrive en vue de Tunis le 23 juin. « L’ordre de Malte, toujours zélé pour les intérêts de la chrétienté, nous a envoyé trois galères et une demi-galère, cette dernière appartient au Grand Maître qui écrit à M. de Broves et lui mande que toutes les forces de la Religion sont prêtes à marcher pour le service de Sa Majesté [le roi de France] » note un officier du Provence[6]. Les galères maltaises sont commandées par le général des galères, le bailli de Flachslanden, qui reçoit en renfort le 9 juillet une frégate de 40 canons, alors que les combats ont déjà commencé.

Côté Français, on a pourtant tenté d’ultimes négociations (du 20 au 27 juin). Le Bey a rejeté l’ultimatum lui intimant de réparer dans les 36 heures les « offenses faites au roi », en multipliant les démarches dilatoires pour gagner du temps. Le représentant du Sultan turc – de qui dépend normalement le Bey de Tunis – lui apporte son soutien : « l’amitié du roi de France ne nous est d’aucune utilité et nous importe peu[7]. » Le 28 juin, le chef d’escadre Broves fait porter la déclaration de guerre au Bey de Tunis, mais les Français n’ont pas préparé suffisamment l’expédition. Le comte de Broves est arrivé sans cartes sur les ports et forts de la région, et sans renseignement sur les forces de l’adversaire. Tunis, éloignée du rivage par un lac peu profond n’est pas bombardable, tout comme le fort de la Goulette qui constitue la défense avancée de la ville et dont les vaisseaux de ligne ne peuvent s'approcher en raison de la profondeur insuffisantes des eaux littorales. On décide donc de s’en prendre à Bizerte qui est bombardée du 1er au 5 juillet par les deux vaisseaux, les deux galiotes à bombes et les galères de Malte. Les Tunisiens, qui connaissent les effets dévastateurs des galiotes ont évacué la ville qui ne déplore qu’une victime. Les dégâts sont mesurés (destruction d’une partie du fort, de plusieurs maisons et d’un navire). L’escadre a dû manœuvrer avec prudence devant la place qui est défendue par une abondante artillerie, puisqu’en 4 jours de bombardement on a tiré seulement 140 bombes et à peu près 200 boulets, sans compter les 20 coups tirés par les galères.

Si l’objectif de ce premier bombardement était de forcer les Tunisiens à reprendre les négociations, c’est réussi, puisque le 5 juillet, une felouque venue de Tunis apporte un courrier de Ali II Bey en ce sens. Ces premières négociations sont sans effet, puisque les opérations reprennent. Le mauvais temps fait échouer une tentative de bombardement sur Porto Farina (Ghar-El-Melh) où se trouve l’essentiel de la flotte tunisienne, mais l’attaque de Sousse est un succès. Cette riche ville commerçante essuie 17 jours de bombardement, du 27 juillet au 13 août. L’escadre y laisse presque toutes ses munitions ; les galiotes, notamment, avec 900 bombes lancées. La ville souffre de dommages considérables, mais cette dernière opération est un succès, puisqu’elle pousse le Bey à activer les négociations, lesquelles aboutissent vers la fin août. Le traité préliminaire, confirmé en octobre, reconnaît à la France la cession de la Corse et oblige à rendre tous les navires capturés avec leur personnel[8].

--Alaspada (discuter) 13 novembre 2013 à 03:47 (CET)[répondre]

  1. Extrait des Reflexions d’un Chevalier de Malte par le chevalier de Cany, 1689, Archives nationales de Malte, manuscrit LIBR. 324., cité par Monaque 2009, p. 66.
  2. Doublet, Pierre-Jean-Louis-Ovide, Mémoires historiques sur l’invasion et l’occupation de Malte par une armée française en 1798. Paris, Firmin Didot, 1883.
  3. Monaque 2009, p. 67.
  4. Monaque 2009, p. 75.
  5. Monaque 2009, p. 75.
  6. Extrait du Journal du chevalier de Villages, enseigne de vaisseau à bord de la Provence. Son journal se trouve dans les archives de Malte car, comme Suffren, il sert alternativement dans la marine royale et dans celle de Malte. La « Religion » est une autre appellation courante pour désigner l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem, lequel est aussi couramment appelé, comme on le voit au début de l’extrait « ordre de Malte », sans doute par souci d’abréviation. Archives de Malte, ARCH 780.
  7. Cité par Monaque 2009, p. 76. La Turquie, suzeraine théorique du Bey de Tunis, est aussi en théorie une vieille alliée du roi de France contre l’Autriche. Mais la France et l’Autriche sont en paix et la Turquie est à ce moment-là en guerre contre la Russie pour la domination de la mer Noire, sans que la France ne réagisse pour l’aider… De son côté, le Bey, Ali II Bey fait courir depuis Tunis le bruit que les Chrétiens ont lancé une nouvelle guerre de religion pour s’emparer de pays musulmans, en citant précisément la guerre russo-turque, mais aussi les autres bombardements venus des puissances maritimes européennes. Précisons, pour finir sur ce point que les bombardements des villes d’Afrique du Nord en représailles aux captures par les corsaires musulmans ne sont pas une spécificité française, mais sont régulières depuis le XVIIe siècle. Toute l’Europe navale défile régulièrement pour bombarder les cités « barbaresques » : Anglais, Hollandais, Espagnols, Français, Danois, Vénitiens… Ces expéditions vont durer jusqu’au premier tiers du XIXe siècle. On rencontre même une escadre américaine en expédition sur Tripoli en 1803-1804 et en 1815. On peut consulter aussi l'article Barbary Corsairs (en) (en anglais)
  8. 31 Corses sont ainsi libérés. Sur le détail : les armateurs français doivent recevoir un dédommagement des préjudices causés. Le privilège de pêche est renouvelé à la Compagnie royale d’Afrique qui doit aussi recevoir une indemnité en raison de l’interruption du traité et du renvoi des bateaux. Le commerce entre les deux pays est rétabli et le blocus imposé aux ports tunisiens est levé. L’escadre française reste jusqu’au 24 octobre devant Tunis pour maintenir la pression sur le Bey jusqu’à la fin du processus de ratification du traité de paix. (Monaque 2009, p. 79).