Discussion:Théorie de l'art

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L’essai de Claude Philippe Nolin propose un changement de paradigme pour le milieu de l’art. L’auteur reprend des points de vue d’artistes, de théoriciens et de penseurs pour les intégrer dans une théorie unifiée et opérationnelle.

Il se réfère aux théories de la communication, de la sociologie et de la psychologie pour offrir une définition qui explique enfin ce qu’est une œuvre d’art et quel est son rôle dans la société. Il relègue l'esthétisme à un rôle de simple caractéristique de l'art parmi plusieurs autres.

Autopublié par l’auteur en 2019 dans un format PDF puis dans sa version papier en 2021, cet essai débute par une critique des différentes définitions qui ont marqué l’Histoire de l’art et qui continuent aujourd’hui encore à entretenir certains malentendus entre les artistes et la société. En effet, on peut facilement constater qu’à l’heure de la convergence et la concentration des médias, le fossé de l’incompréhension se creuse entre le public et les artistes. L’auteur tente de le combler par son essai.

L’ouvrage se termine par les réflexions de l’auteur sur les limites du droit d’expression des artistes et sur l’appropriation culturelle.

ISBM 9782981555021 ClaudePhilippeNolin (discuter) 14 novembre 2022 à 17:43 (CET)[répondre]

L'auteur[modifier le code]

Claude Philippe Nolin est un artiste multidisciplinaire en art visuel, auteur, essayiste et travailleur culturel québécois né à Montréal en 1953 et qui réside dans la région de la Petite Nation en Outaouais. Pour lui, l’art peut changer la société. Il s’investit dans l’action sociale ainsi que dans la gestion d’organismes culturels et de la société civile. Il a fait des études en art plastique (UQAM), en multimédia (Institut Icari), en éducation et en communication. Pigiste, il travaillera en infographie et en multimédia pour les domaines de l’enseignement, de l’enseignement à distance, de la vulgarisation scientifique en plus de consacrer son énergie à son militantisme et à la culture. Il enseignera en art et en multimédia à plusieurs reprises. Inspiré par les mouvements de contestation de la fin des années 60, il aura entrepris une profonde réflexion sur l’art et son rôle social. La censure à l'encontre d'une des ses œuvres l'amènera à réfléchir également sur le droit d’expression des artistes et l'appropriation culturelle.


La théorie médiatique de l'art[modifier le code]

Postulat :[modifier le code]

L’art, serait d’abord et avant tout un média de communication de masse qui permet à l’artiste de communiquer des idées, des impressions et des émotions par l’usage de mises en scène esthétiques et transcendantes visant à établir une certaine communion avec son public. Il permettrait tant aux individus qu’aux sociétés d’établir ou d’actualiser leurs rapports au monde, avec leurs semblables et avec leur propre humanité, bref, d’ajuster leurs rapports avec une réalité toujours subjective et insaisissable.

Les caractéristiques de l'art[modifier le code]

1. Une œuvre d'art est toujours une mise en scène qui a pour rôle d'évoquer un aspect du réel. Elle n'est jamais la réalité.

2. L'art contribue à donner forme au réel. Il nous permet d'actualiser le rapport que nous entretenons avec l'univers, avec notre société et avec notre propre humanité.

3. Comme moyens de transmettre son message, l’œuvre d'art privilégie la communion mais aussi, entre autres, le jeu, l’empathie, la révélation et la fascination.

4. L'art est de nature ontologique (transcendance de soi). Par sa création, l'artiste mène une quête vers un absolu. Son œuvre se veut être une clé offerte à chacun pour toucher à l'universel.

5. L'esthétisme est un ensemble de caractéristiques qui déterminent l’apparence d’une chose et sa parenté relative à un style défini. Il est souvent synonyme de design. L'art peut parfois, mais non systématiquement recourir à un esthétisme. L'artiste peut également en concevoir un nouveau qui deviendra normatif à son tour. Chaque esthétisme est idéologiquement lié à son époque, à une civilisation donnée, à sa stratification sociale et à la perception du réel que ses citoyens partagent. Il est à la fois le résultat de la réalité subjective d’une société donnée et un élément de sa culture servant de moule pour donner forme à celle-ci.

6. L’artiste utilise un ensemble de signes pour créer ses œuvres. Liés aux cultures, ces signes font appel à des codes qui sont plus ou moins partagés par les différentes cultures. Certains codes sont partagés exclusivement par les membres d'une communauté restreinte, d'autres par de plus grands groupes (groupes d’âge, linguistiques, religieux, minoritaires, d’intérêt, etc.) et enfin, d’autres à une région, à une nation ou même à l’ensemble des êtres humains. Cependant, l’artiste peut également faire appel à des codes non nécessairement conventionnés, créés sur mesure pour les besoins de sa création. Contrairement aux codes linguistiques (alphabets, idiomes, grammaires et orthographes) qui sont totalement arbitraires, en art, le signe a plus souvent une relation directe avec le sens. Tel une gestalt, le sens d’une œuvre est plus que la somme des éléments qui la constituent.

7. Ce qu’on nomme la transcendance de l’art, c’est sa capacité de nous amener ailleurs, dans une autre réalité. Par exemple, sur une toile présentant une chaise vide, la chaise n'est probablement pas le sujet, elle est le vecteur par lequel transite le sens. Cette chaise vide peut évoquer autant une absence qu'une présence, symboliser la solitude ou la nostalgie. C'est souvent la mise en scène autour de la chaise, cette ambiance particulière qui nous donnera les indices nécessaires pour décortiquer le sens de cet œuvre.

8. En art, le bruit dans la communication est une composante du message. Si l'hypothèse que l'art est un média de communication est valide, nous devons considérer que, dans le processus de communication, l'artiste est l’émetteur du message, le spectateur en est le récepteur. L'œuvre (ce qu'elle contient) en est le message et l'art est le média. Pour émettre, l'artiste encode un message que le spectateur doit décoder. Tout ce qui peut perturber la transmission d'un message est considéré comme du « bruit ». On l'a vue, l’artiste utilise des signes et des codes non nécessairement conventionnés pour réaliser son œuvre. En raison des différences physionomiques, psychologiques, génétiques, culturelles et de vécu entre l'artiste et chacun de ses spectateurs, il est évident qu'il peut y avoir une différence d'interprétation des codes en question. C'est justement le bruit généré par cette différence qui fait que l'art est un puissant outil de transformation. L'art s'adresse à chacun selon qui il est et ce qu'il a vécu. Ce n'est donc pas pour rien que, depuis des siècles, on ne s'entend pas pour trouver un sens qui fasse l'unanimité pour expliquer l'énigmatique sourire de la Joconde...

9. Comme on vient de la mentionner, la perception d'une même œuvre d'art peut différer d’un individu à l’autre parce que tout être vivant se défini d’abord par ce qu’il «EST». Et cela dépend de son profil génétique, de son équilibre psychologique, de sa culture, de ses connaissances, de ses expériences personnelles, de son environnement et de ses valeurs. Ces caractéristiques marquent l'unicité de sa personnalité et sont en constante évolution puisqu'elles sont justement confrontées aux incessantes expériences de sa vie.

10. L’œuvre d'art s’adresse indistinctement à une ou plusieurs formes de notre intelligence. Selon Howard Gardner professeur en éducation à l'Université de Harvard, nous somme dotés de plusieurs forme d'intelligence :

   L’intelligence logico-mathématique;
   L’intelligence spatiale et visuelle;
   L’intelligence interpersonnelle;
   L’intelligence corporelle-kinesthésique;
   L’intelligence verbo-linguistique;
   L’intelligence intrapersonnelle;
   L’intelligence musicale;
   L’intelligence naturaliste;
   L’intelligence existentielle (ou spirituelle).

Notre esprit aime normalement être confronté à des défis, cela nous amuse. L’œuvre, en tant que système de signes dont les codes peuvent être nombreux, entremêlés et non nécessairement partagés, est un jeu qui défi notre intelligence. Nous recherchons par instinct la solution à l'énigme qu'elle représente. Nous voulons lui trouver un sens.

11. L’art relève de la contemporanéité anachronique Selon Audrey RIEBER, une œuvre d’art « mélange différentes temporalités : notre temps, celui de sa production qui est lui-même hétérogène. […| Le temps « laisse sur l’œuvre une marque à la fois matérielle — due à l’action du temps (patine, craquelures) et aux accidents de l’histoire (découpes, transformations) — et spirituelle, puisque le temps mental écoulé entre la production de l’objet et sa réception actuelle laisse sa trace dans l’œuvre. Notre rapport aux objets d’art relève donc d’une “contemporanéité anachronique”, renforcée par les conditions modernes de leur visibilité (distance, éclairage, muséographie, reproduction mécanique, innovations techniques). » André Malraux écrivait : « Ce n’est pas l’Antiquité qui a fait la Renaissance, mais la Renaissance qui a fait l’Antiquité. » Par exemple, les penseurs de la Renaissance qui, afin de propager les valeurs et les idéaux qui étaient les leurs, ont fait renaître l’Antiquité. Ils croyaient reconnaître dans les œuvres de cette période de l’histoire les mythes et les symboles nécessaires pour alimenter l’imaginaire collectif et leurs propres réformes. On peut émettre l’hypothèse que les œuvres de l’Antiquité n’ont jamais présenté pour leurs contemporains la charge symbolique qu'elles ont représentée pour les humains de la Renaissance. Encore aujourd’hui, pour ce qui est de l’art et de l’Histoire, nous utilisons du passé ce qui donne un sens à notre présent. Nous réinterprétons le passé pour en faire un usage idéologique.