Discussion:Topoke

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LA STRUCTURE ECONOMIQUE, SOCIO-POLITIQUE ET JURIDIQUE TRADITIONNELLE DES TOPOKE DU TERRITOIRE D’ISANGI, PROVINCE DE LA TSHOPO EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO, Essai d’analyse historico- sociologique.

Par Prosper LIBANDE ATIANGA

1. LOCALISATION ET IDENTITE DES TOPOKE

                             Les Topoke occupent un vaste territoire qui s’étend de part et d’autre du Lomami inférieur et supérieur. Cette tribu  occupe  donc un territoire  d’approximativement 7.500 Km2 sur une superficie de  totale de 15.77O Km2 que compte le Territoire d’Isangi ; elle a une densité de plus ou moins  20 habitants au Km2, sa population totale étant estimée à 150.000 âmes. 

Compris entre 1° latitude Nord et 10’ latitude Sud sur la rive gauche de la rivière Lomami, entre 23°40’ et 34° longitude Ouest et Est sur la rive droite, l’angle formé par la Lomami et le fleuve Zaïre .

                             Le Territoire d’Isangi compte 13 chefferies indigènes dont 7chefferies Topoke notamment Baluolambila, Bambelota, Bolomboki, Kombe, Liutua, Lokombe et Luete. Les Topoke forment avec leurs voisins Lokele, Turumbu, Foma et Mboso un immense territoire appelé Territoire d’Isangi.   
                              A.de Book note que l’origine des Topoke semble se situer vers le Nord de l’Uélé où ils seraient  enfuis vers le 17ème siècle devant les menaces des Ababua. 
                               Van Der Kerken, Robert Cornevin et Moeller Alfred confirment cette origine des Topoke dans leurs travaux consacrés aux ethnies du bassin du Zaïre (Congo). Ils font remonter leurs migrations au 17ème siècle, lors de l’invasion de cette région par les  peuples parlant des langues soudanaises, notamment les Zandé et les Ngbandi. Cette migration ne serait devenue effective que vers le début du 19ème siècle, dans le Sud et l’Est des rivières Mbomu et Uélé.  Les migrations qui les ont conduits vers le site actuel  n’étaient pas des migrations dirigées et qu’au cours de leur marche, ces peuples ont dû pratiquer  les mêmes  voies (cours d’eaux, sentiers  forgés à travers la forêt), l’on est tenté de conclure qu’il est peu critique  de penser d’entrée de jeu que tel peuple par  exemple, excellait déjà à cette période dans une activité définie. L’observation que MOELLER avait d’ailleurs faite à ce sujet offre assurément de l’intérêt. 

Ce dernier s’était en effet étonné de constater combien les Topoke considérés généralement comme étant des agriculteurs « s’acclimataient au fleuve  »

                              Les Topoke, dans leurs traditions, se désignent  sous le nom de ESO, en souvenir de leur ancêtre. Dieu « créateur » (Iongya Ongya) aurait engendré deux fils : ESO, l’aîné et WEMBE, le cadet. Le premier serait leur ancêtre, tandis que le second serait l’ancêtre des Lokele. 

2. Présentation du peuple topoke a) Origine historique des Topoke

                           Les Topoke trouvent leur origine dans la personne de « IONGYA ONGA », personnage mythique considéré comme créateur. Mais dans la mythologie topoke, cette origine prête à une ambigüité : certains considèrent  iongya ongya  comme « un être suprême », créateur du ciel et de la terre. D’autres par contre, le considèrent comme simple « être légendaire » ayant donné naissance à tous les Topoke.
                             La première hypothèse serait bannie de la conception de l’homme topoke, l’idée d’un Dieu créateur faisant défaut. Il n’existe aucun culte à lui rendre. A la question de connaître l’origine du premier homme, les Topoke répondent qu’il est sorti de la terre. Une question peut alors se poser : qui est sorti de la terre, est-ce iongya ongya ? – si oui, comment est-il  encore le créateur ? C’est là une des ambigüités de la mythologie de l’histoire des Topoke  
                             La seconde hypothèse, celle d’un être  conçu comme un simple être légendaire ayant donné naissance aux Topoke semblerait se rapprocher de la vérité. Le substantif « iongya ongya » dérive d’un verbe topoke « oongya » qui veut dire: tailler, faire naître, fabriquer pour la première fois. En topoke, on dit souvent « oongya boi », faire naître un village. Cette idée se confond  aussi avec celle de l’acquisition  sur le plan conceptuel des biens : le début de travaux de construction  d’une case, de culture d’un champ… tout cela symbolise  les biens et donne une impulsion à une action  de faire naître.
                              Le verbe « oongya » est une action humaine et, le substantif « iongya ongya » devient la manière topoke d’exprimer une action abondante et répétée de faire naître. C’est ainsi que « Iongya ongya » est considéré  comme le premier humain  ayant mené des actions créatrices de mettre au monde le peuple topoke et sa suite.

La généalogie légendaire d’Alfred MOELLER nous fait mention de trois fils d’Iongya ongya : Eso, Wembe et Bolimo. Les Topoke seraient sortis de la branche d’Eso, l’aîné du groupe, et les Lokele de Wembe, le puiné.

                            De nos jours les topoke et les Lokele sont unanimes pour reconnaître descendre d’un ancêtre commun. Les Mboso, branche de Bolimo formaient avec les émigrés Lokele, Mbole et Topoke le groupe appelé FOMA   

WALLE SOMBO BOLENE, reconnaît seulement deux fils de Iongya ongya, Eso et Wembe et ignore pour ainsi dire les Bolimo. Il oublie que les groupes « Mboso » issus de Bolimo sont des Topoke et ont des traits caractéristiques semblables que ceux des Topoke. SAILE WAWINA est de notre avis lorsqu’il note que les Mboso d’Isangi sont des Topoke… Les Mboso de MBELO affirment être Topoke et se donnent comme berceau la forêt de Yakutu.

                          Comme nous venons de voir, les Topoke n’attribuent pas le nom de « Iongya ongya » à un Dieu, créateur du ciel et de la terre. Ce nom revient à l’ancêtre premier des Topoke. Le nom de Dieu est d’influence étrangère marquée dans l’esprit topoke par la colonisation. Nous sommes de même avis que BULU BOBINA lorsqu’il dit que les Topoke de la société traditionnelle croyaient à l’évolution de l’homme en tant que matière ou plutôt en tant que produit de la matière inanimée.     

b) Les concepts « Eso » et « Topoke » 1) Le concept Eso

                           Le nom Eso dérive du nom topoke « GESOGO » qui revêt un triple sens. Au premier sens, il signifie grimpeur de « OSOGO », nom de l’arbre sur lequel se trouvent amassées une espèce de chenilles appelées « SOGO »  

L’activité de ramassage des chenilles est périodique chez tous les peuples mangeurs des chenilles. Elle s’étend de juin au début de d’octobre, tandis que pour les chenilles « sogo », cette activité va de juin à la fin du mois d’août. Pendant cette période de quatre mois presque, on trouve beaucoup d’espèces de chenilles chez les Topoke qui constituent une part importante de leur aliment. C’est dans ce premier sens que le mot « Eso » du « Gesogo » porte un sens péjoratif que les voisins Lokele attribuent aux Topoke pour les minimiser comme un peuple vivant essentiellement des chenilles. D’où, l’expression Lokele « tototo twa eso »

                             Dans le deuxième sens, le « gesogo » signifie les habitants de la forêt par rapport aux riverains. Non seulement le peuple de la forêt aussi les propriétaires  de la terre, signale le citoyen BOFENDA dans l’histoire des Topoke.  Dès lors, les gesogo tiennent à leurs terres « Huma » et le souci permanent de les défendre contre les personnes étrangères s’impose. Les  gesogo punissaient de mort tout contrevenant à cette règle voire la traversée aussi était sanctionnée.
                            Le troisième sens  enfin considère les « gesogo » comme un peuple constituant un obstacle dans la conclusion des alliances avec les voisins   
                             Dans les temps les plus reculés, était traité de « gesogo » tout homme récalcitrant qui ne se repliait pas facilement à un ordre établi, un perturbateur, tout au moins, un envahisseur. Encore, plus près de nous, il s’en suivit qu’un membre de l’ethnie gesogo n’avait pas de facilité de demander la main d’une jeune fille de son voisin (Lokele, Turumbu…) de peur que les enfants issus de ce mariage  ne viennent livrer la bataille à leurs voisins maternels en vue de s’emparer de leurs terres. D’où, le mépris total envers l’homme topoke qu’on traite de nos jours de méchant.  

2) Le concept Topoke

                             L’origine du concept « Topoke » peut être envisagée de deux façons. En premier lieu, mot topoke semble ne pas être  d’origine de l’ethnie que nous parlons par l’absence la lettre « p » dans l’alphabet. Il est alors difficile, écrit LIOLO OLO qu’une tribu, soit appelée ou puisse composée son par une lettre qui n’est pas dans son alphabet . Mais la lettre « ʃ » telle présentée par LIOLO OLO, représente en écriture phonologique « sh ». C’est une erreur au point de vue phonétique d’utiliser «ʃ ». La lettre « p » qui fait défaut dans la langue topoke se réalise phonétiquement en « ʄ » ou en « Ø ». Le mot topoke pourrait s’écrire dans ce cas « tofoke » ou « to Øoke ». Pour faciliter  l’écriture, on utilise phonétiquement la lettre « p ». Ainsi, ce mot peut se prononcer «to Øoke » mais s’écrit « topoke ».
                              En deuxième lieu,  le verbe topoke « owa » signifiant entendre se conjugue à la première personne du pluriel « tofoe » ou « to Øoe », ce qui veut dire, nous n’entendons pas. Comme on le constate, le topoke dériverait de « tofoe », la lettre « k » s’interposant entre « o » et « e » pour faciliter la prononciation.

Le nom topoke, écrit BOFENDA, a été donné à notre tribu par un colonialiste qui arriva dans la terre d’Isangi vers 1909. ( ?) Ce blanc posa la question de savoir le nom de ce peuple, mais n’ayant pas, le peuple répondit par le mot « tofoe ». CRINE MARVARD écrit pour sa part que les topoke s’appelaient « Eso ». Le topoke ne serait que la déformation de « tofoe » en dialecte Eso. Méprise et déformation ont ainsi donné topoke, aujourd’hui consacré par un usage quelque peu contraint. A en croire ces deux concepts « Eso » et « Topoke », nous constatons que le mot topoke n’est pas le nom originel de ce peuple ; tandis que le terme « Eso » conviendrait mieux à l’attribution de ce mot au peuple topoke.

                             Les peuples du Bas-Lomami entretiennent  parmi eux quelques liens de parenté. Les Topoke, les Lokele et les Turumbu s’appellent « frères », ils sont issus disent –ils, d’un même ancêtre – fondateur du nom d’Iongya Ongya ou l’ « être-créateur  ».  Les Bangando se déclarent « neveux » des Bambole ;   ils se disent « neveux «  aux Topoke et entretiennent des relations avunculaires avec ces derniers.
                                Les Topoke constituent la couche importante de la population du Territoire d’Isangi dont les vieilles générations ont été singulièrement tatouées. Population aux mœurs variées, présentent des grands traits touristiques grâce à leurs œuvres d’art et à leurs danse folklorique (Lilwa, Bailo, Kpaya…). En cette matière LOKANGA OTIKEKE les décrit comme étant « un peuple très actif et dévoué aux travaux culturaux : ils sont généralement chasseurs et (petits) éleveurs et se spécialisaient dans les activités artisanales comme la vannerie, la fabrication des pilons, mortiers, nattes, chaises, balais, etc.).      
                                  On rencontrait de nombreux artisans : forgerons, tisserands, sculpteurs spécialisés dans la fabrication des couteaux, des lances, machettes, haches, nattes, chaises à lianes, gibecières, boucliers, gongs de forme cylindrique… La vannerie et le tissage de raphia des Topoke ont connu un développement sans précédent à la fin du 19ème siècle.    
                             La parure corporelle, signe de distinction et de protection contre les mauvaises influences  (pointures corporelles, coiffes et coiffures, scarifications et tatouages) forment également une part importante de la symbolique identitaire et de l’héritage artistique des Topoke.

L’unité culturelle qu’on reconnaît aux bantous en général, repose principalement sur la langue « mtu ». Les nuances linguistiques ne sont pas très marquées. Suivant la classification de GUTHRIE, les langues concernées sont classées dans la zone linguistique « C ».

En dehors de la langue « Mongo » (Bangando) qui est beaucoup plus intégrée dans la langue « Mongo », les langues topoke, lokele, turumbu et soko (Basoko) composent le sous-groupe « C50 ». Elles portent les numéros suivants :  

 C 51 : MBESA C 54 : TURUMBU  C 52 : BASOKO C 55 : LOKELE  C 53 : TOPOKE La classification de GUTHRIE nous paraît correspondre à la réalité. L’étude réalisée en 1975 par COUPEZ, EVRARD et VANSINA à partir de la méthode lexico-statique de SWADESH confirme l’homogénéité de ces langues. La méthode lexico-statique permet notamment d’évaluer la distance chronologique à laquelle deux langues se sont séparées. Le calcul chronologique s’obtient en comparant d’après «  les tables de Swadesh », cent noms d’objets identiques choisis dans chacune de ces langues. Les trois auteurs ci-haut cités affirment que la zone linguistique C de GUTHRIE garde en général une certaine consistance. S’agissant particulièrement des langues du Bas – Lomami, le topoke et le lokele, pris comme échantillon se seraient séparés il y a 600 ans environs. Si de nos jours les Topoke sont reconnus comme ayant été les plus grands « mangeurs d’hommes » du Bas-Lomami, c’est surtout parce que les gens du village Yaboila avaient tué et mangé le 08/09/1905, deux agents de la compagnie concessionnaire de Lomami, MM. LHOR et RUETTE pour venger des atrocités qu’ils subissaient de la part de ces derniers. Cet acte de bravoure dénotait aux yeux des voisins des Topoke, un courage exceptionnel dans la mesure où à l’époque, l’homme blanc était considéré dans la conception locale comme un être extra- terrestre, intouchable voire sans système digestif. Les Topoke étaient devenus dès lors très redoutables.

                              La morale publique des Topoke, telle que connue des autres peuples de la région, est couramment résumée dans l’expression ‘’TOBAGE TO NGBE’’ signifiant qu’une  agression ou une provocation ne doit pas rester impunie ; le coût de la réaction doit être porté par la victime elle-même, encouragé par les proches prêts à partager jusqu’au sacrifice suprême les conséquences de cette réaction. AKAFOMO MONGO renchérit  que ce sont les beaux types de noirs très accueillants, mais de réaction très vive et souvent collective devant ce qu’ils peuvent interpréter  à tort ou à raison comme une provocation.  D’autres  observateurs le considèrent comme une population au sang chaud, qui trouvent des exutoires à son ‘’agressivité ’’ dans les durs travaux de terre, dans la danse des guerriers    ‘’le Lilwa.’’
                             BOLAMBA cité par WALLE, S., soutient qu’à l’origine, les relations existant entre peuple Topoke et leurs voisins étaient difficiles avant l’arrivée des arabisés parce que le peuple Topoke était un peuple belliqueux  et agressif. Mais  pour WALLE : « les Topoke auraient auparavant conclu des alliances entre- eux  depuis peut être leur lieu d’origine jusqu’au terroir actuel.  »   Celui- ci était progressivement détendu par le réseau  de relations matrimoniales, d’alliances personnelles et d’échanges commerciaux qui s’établissent au fil des jours entre différents peuples.
                               Les Topoke s’identifient aussi par  l’observation de certains interdits alimentaires (tabous) vis-à-vis de la femme ne peut en aucun cas manger du poisson ou ‘’Ngonda’’, la tortue ou  ‘’Gegulu’’, le serpent ou ‘’le Ndjo’’… de peur être maudite par la communauté tout entière (les anciens et les gardiens de la tradition).
                     Les agriculteurs  du Bas- Lomami cultivaient presque tous,  les mêmes produits agricoles : ignames, manioc, banane et palmeraies sauvages. Les Topoke sont  aussi connus dans toute la région comme les grands consommateurs des ‘’chikwangues’’

I. LA STRUCTURE SOCIO-POLITIQUE TRADITIONNELLE DU VILLAGE

                      La société traditionnelle topoke est gouvernée par des chefs du village. Celui-ci (village) implique  deux notions :

a) Il est un cadre territorial « IYULA » qui regroupe tous les quartiers familiaux que l’on appelle « TWIMBE » (singulier : YIMBE). Un « yimbe » ou un quartier familial comporte deux ou plusieurs familles étendues ou « BASAGO » (singulier : LISAGO). b) Il est un milieu socio politique « BOI » dans lequel s’établissent plusieurs sortes de relations entre hommes d’une part, et entre hommes leur milieu naturel d’autre part. le village est une communauté politique autonome qui implique la notion de territorialité, c'est-à-dire un cadre territorial dans lequel s’exerce le véritable pouvoir politique. Les habitants du village ne sont pas nécessairement issus d’un même ancêtre fondamental, c’est un groupe hétérogène, constitué soit des proches ou lointains parents qui reconnaissent l’autorité du chef créateur de ce village et qui vivent sous son autorité De par cette définition, on peut distinguer deux sortes de villages :  Le village homogène dont les habitants sont issus d’un ancêtre fondateur et ;  Le village hétérogène constitué par des proches ou lointains parents comme mentionné ci-dessous. a) La morphologie sociopolitique du village :

                             On trouve  à la base le « LITIMBIE » ou famille nucléaire. Le  en est le père  « ISE ». Il est le véritable détenteur de l’autorité familiale du village. Le « Litimbie » constitue une cellule sociale organiquement structurée. Il  comprend  le père, la mère et les enfants. On rencontre ensuite, après le père, le « BOOMBOLI », c'est-à-dire  le chef  dont l’autorité s’étend  sur toute la famille étendue « LISAGO ». Le « Lisago »  est un lignage  formé autour  du grand- père ; il porte le nom de   ce grand-père ou des arrières grands pères   
                            Certaines personnes, en fonction de leurs âges et de leurs qualités assument  de responsabilité particulière : ce sont les « BAFOA », les chefs  dont l’autorité s’assied sur le « YIMBE » ou quartier familial.  Au niveau  du village, se place le « BWEMBIA ». Il est  à la fois  chef, c'est-à-dire  celui qui  commande tout le  village et guerrier « GELEMBA ». D’où, l’expression « bwembia  la  bafoa » littéralement le chef  et ses conseillers.  Les « ILOMBI » sont des sages  du village, ils jouent souvent le  rôle des juges.

TABLEAU 1 : Le schéma ci-après nous fera mieux voir la structure ou la morphologie socio politique d’un village topoke, source du pouvoir. AUTORITE CADRE PHYSIQUE ET SOCIO POLITIQUE DOMAINE BWEMBIA BOI ou IYULA (VILLAGE) POLITIQUE LIFOA YIMBE (quartier familial) POLITICO FAMILIAL BOOMBOLI LISAGO (famille étendue) FOYER FAMILIAL ISE LITIMBIE (lignée, famille nucléaire) DOMAINE DE LA FAMILLE

Dans cette morphologie, il n’existe pas une hiérarchisation des chefs. Les Topoke de la société traditionnelle mettent souvent l’accent sur la « GUERRE » pour se faire chef. Les Beomboli, les Bafoa et les Ilombi sont avant tout des «  BEMBIA », donc, guerrier. Mais le Bwembia le plus écouté, le plus redoutable et réputé du village se fait souvent connaître comme chef, et il est plus respecté par rapport aux autres Bembia, mais la décision est toujours prise en conseil, car chacun est avant tout chef de sa famille ou de son lignage. b) Les autres institutions du village : 1. Les conseils du village : A la fois chef et guerrier, le « Bwembia » quelles que soient ses qualités ne gouverne pas le village d’une façon absolue. Il était toujours secondé dans ses fonctions par les « Bafoa » et les «Ilombi » en conseil réuni. Mais dans le village, il existait d’une part une série de conseils qu’il y a des lignages, et d’autre part, un conseil pour tout le village.

On distingue ainsi :

a) Le conseil du lignage ou le conseil restreint au niveau de « Lisago » c'est-à-dire un conseil du foyer familial dont le « Boomboli » en est le responsable. Ce conseil est uniquement composé de sages de lignage. Lorsqu’il s’agit par exemple d’un différend entre ses lignées, le Boomboli peut saisir ses amis ou une personne influente d’un autre lignage pour trouver une solution au litige. Le conseil se réuni sous le hangar « LITELE » b) Le conseil du village : C’est-à-dire le conseil élargi présidé par le Bwembia influent. Il groupe sous le grand « LITELE » tous les personnages du village, c'est-à-dire, les Ilombi, les Bafoa, les Befeti, … en conseil réuni. Ce conseil élargi du village avait un caractère officiel parce qu’il jouait un rôle à la fois politique et juridique 2. Le « BEFETI » : (pluriel : Befeti) est un personnage influent du village ayant un double rôle à la fois féticheur et sorcier. C’est lui qui le gardien de la tradition, des mœurs et il est souvent honoré par les habitants du village. Ses interventions sont souvent suivies avec intérêt. Mais il n’est pas à confondre avec le féticheur considéré comme grand sorcier et détenteur des forces surnaturelles. Chaque village avait un ou plusieurs féticheurs et on les consultait chaque fois qu’une calamité s’abattait sur le village.

                             En ce qui concerne le mode  de succession, le chef n’héritait pas nécessairement le pouvoir. Celui-ci   était acquis quelquefois en  considération des qualités combien  exceptionnelles et louables de certains individus qui se distinguaient par exemple dans des guerres  intestines qu’ils ont menées contre les villages voisins. De tels individus modifiaient profondément la structure socio politique du village  parce qu’ils jouissaient d’une réputation  telle qu’on arrivait en fin  de compte à les mystifier. C’était le cas de  LOBELA LO GEFANGA, des chefferies Kombe, de LIFETA  LI BALEMBE  des clans Lokombe et de  BOTUMA et BOSONGO du village Yaboila. Ces chefs –guerriers   s’étaient  taillé  une grande réputation dans l’histoire des Topoke par des combats qu’ils avaient livrés d’abord entre eux, puis contre les voisins.
                             Quant au fonctionnement des institutions, chaque village était une communauté autonome et indépendante. Même au niveau du village, on ne souffrait pas de  l’absolutisme du BWEMBIA. C’était le pouvoir collectif du village, représenté par les anciens  qui étaient souverains.  Les  institutions politiques et judiciaires étaient exercées   en conformité avec  la coutume, somme des expériences séculaires  des ancêtres, à laquelle tout villageois demeure soumis . Le village « boi » était souverain dans ses relations l’extérieur. L’immixtion dans les affaires d’un autre « boi » entrainerait  ipso facto  soit une déclaration de guerre suite à  l’état de tension  qui règne  entre deux villages, soit un recours  à une solution à l’amiable, soit de l’alliance de sang dont comme le cas entre le village de Yaboila et la chefferie des Kombe.  Mais souvent,  le pacte de sang  intervient  après une déclaration de guerre. Les Topoke, un peuple à l’esprit  de vengeance « LIUNDO » préféraient d’abord la guerre plutôt que  l’alliance de sang.  Ce fut une des  causes pour  lesquelles la société traditionnelle topoke a souvent vécu  des moments tragiques au cours de son histoire : les guerres dites intestines fréquentes entre les clans  d’abord, entre village ensuite. La raison du plus fort déterminait le sort du vaincu. Ainsi n’en  trouve-t-on pas de nos jours encore de nombreux esclaves « bekobe » dans beaucoup de villages Topoke. Posséder autant d’esclaves était un prestige pour les guerriers topoke, et pour en posséder, il leur faudra livrer  la bataille contre les voisins.
                            C’est ce que G. BALANDIER lorsqu’il écrit : les sociétés d’Afrique restent marquées par une civilisation où le nombre des hommes contrôlés détermine le prestige plus que le volume des biens contrôlés   
                             L’esclave dans la société traditionnelle topoke était traité tantôt avec humilité, en ce sens qu’il pouvait se marier et les enfants issus de ce mariage étaient des hommes  libres appartenant à la famille patronne 
                                 Tantôt sans piété, fait que l’on traite les Topoke de cannibales. Ce fait, notant TORDAY et JOYCE, est basé non  sur un goût plus prononcé pour  la chair humaine, mais sur le désir de satisfaire une vengeance  

Ce phénomène, nous le verrons lorsqu’il s’agira de la juridiction chez les Topoke, voyons si les esclaves ont joué un rôle déterminant dans le système économique traditionnel topoke.

II. LA STRUCTURE ECONOMIQUE TRADITIONNELLE TOPOKE

                              L’on se demande s’il existait une structure économique dans nos sociétés traditionnelles. La réponse à cette question nous pousse à définir d’abord ce que nous entendons par la structure économique et puis, à expliquer le contenu de la définition dans notre étude.
                              La structure économique est l’ensemble des institutions et des moyens spécifiques organisés en vue de la production et de la répartition des biens  et services  suivant le principe de l’efficacité maximum dans l’utilisation de moyens rares à usage alternatif pour la satisfaction de besoins multiples  
                              Entendu dans ce sens, la structure économique fait défaut dans nos sociétés traditionnelles. Mais le problème économique comporte deux aspects : l’aspect matériel qui concerne les moyens procurant aux hommes la subsistance, et l’aspect formel qui épouse le principe présidant à la production, à la répartition des subsistances. Dans les sociétés industrielles, ce principe procède à deux conceptions : d’une part, l’existensibilité des besoins, de l’autre, la rareté des moyens . Ces deux conceptions font l’objet de subjectivité. Assez paradoxalement, c’est dans les sociétés les plus riches  que les moyens sont considérés comme les plus insuffisants. En revanche, les sociétés traditionnelles, aussi différentes qu’elles soient sur le plan technique, ne saisissent  absolument pas comme sous- développées. C’est que les besoins s’y trouvent mesurés aux ressources et qu’en raison du « style » même de la culture traditionnelle, la possibilité de poser un ordre meilleur en référence auquel l’ordre établi serait comme impératif, se trouve radicalement  exclue .

Loin d’admettre un jugement de valeur suivant ces conceptions dépassées et marquées d’ethnocentrisme, les sociétés traditionnelles avaient une économie. On ne rencontrait pas une organisation des institutions spécifiques inspirées par les principes économiques.

                              En ce qui concerne la société traditionnelle topoke, son étude du sujet économique se trouve insérée dans un cadre global, communautaire, dominé par le fait central de la parenté. Celle-ci préside à la structuration des rapports humains d’une part, et à la structuration des rapports entre les hommes et leur milieu écologique d’autre part. 
                             Chez les Topoke, la terre avons-nous dit, est un espace du groupe, un patrimoine commun et ne fait pas  l’objet d’un droit individuel mais celui d’une propriété foncièrement collective.  Toute la communauté familiale jouit de façon permanente des produits de l’espace occupé. Cette conception nous laisse voir que les Topoke étaient liés à leurs terres, patrimoine de familles. Le caractère total de l’habitat écrit LOMBEYA, résulte de la nature de lien de l’homme avec la terre. Le village s’inscrit dans la terre des ancêtres, … se muet dans un espace qui  le désigne et qui en indique les limites aux groupements voisins.  
                             L’économie de la société traditionnelle topoke était une économie  de « subsistance » qui ne différait pas des autres ethnies de la forêt parce qu’elle était essentiellement axée sur l’agriculture.    L’unité de la production  était le « Litimbie » composé de père, mère et des enfants. Quel était alors l’apport de l’homme esclave dans cette unité de production, et a-t-il joué un rôle déterminant dans l’économie traditionnelle ?
                              La société traditionnelle topoke n’a pas connu l’esclavage à l’instar des sociétés antiques méditerranéennes (Grèce, Rome, Egypte…). L’esclavage productif n’existait  que sous forme de l’esclavage patriarcal.  L’esclave capturé par exemple pendant les guerres intestines était destiné soit être mangé pour  satisfaire une vengeance (il s’agissait principalement de manger les hommes succombés pendant l’engagement de  parties adverses), soit à intégrer dans la famille. Dans ce dernier cas, l’esclave recouvrait sa liberté  et participait à toute activité engagée par le clan  patron. Toutefois, certains de ses actes étaient suivis de plus près car il était capable de trahir  pour se venger.

Pour produire des biens, il existait un lien dans le processus de production entre les moyens de production, c'est-à-dire, les rapports s’établissent entre l’homme et l’objet de la production.

                              Il est utile écrit MEILLASSOUX  à propos de l’organisation de l’espace tribal, de distinguer la terre, moyen de production agricole dans laquelle s’incorpore le travail  des hommes  dans le territoire, espace reconnu, revendiqué par le groupement, et l’objet de ses activités économiques extractives (chasse, pêche, cueillette) ou selon la pertinence terminologie marxiste entre la terre, moyen de travail et objet de travail. L’outil par excellence du champ était « boula », sorte de corps à lame tranchante, mais courte, muni d’un manche en bois (l’usage de la houe chez les Topoke est de date récente, surtout à partir de des contacte des Topoke avec le monde extérieur : arabes et belges). On utilisait aussi « Ikomba » espèce de hache, muni d’un long manche cylindrique servant à abattre les gros arbres. Chaque famille devait nécessairement posséder ces deux outils pour les travaux de champs, ce qui expliquait le souci croissant  et permanent dans la fabrication des couteaux, machettes, lances pour la chasse… et d’autres objets métalliques tels que les « baonga » richesses par excellence de la société traditionnelle topoke  servant des monnaies.
                             Avec ses moyens rudimentaires,  les Topoke parviennent à produire dans le domaine agricole diverses plantes vivrières notamment les ignames, le manioc, les bananes…les safoutiers et autres  plantes étaient  plantées aux alentours des cases. La chasse et la pêche, sources de protéines, ont joué un rôle important  dans l’alimentation des Topoke et fournissaient le complément  substantiel à l’agriculture. La technique de l’élevage n’était pas tellement développée. Toutefois, on pratiquait depuis longtemps l’élevage de certains animaux domestiques, entre autres des chèvres, des chiens de chasse et des oiseaux  de basse-cour. Le sous développement de l’élevage chez les peuples  de la forêt s’explique, selon MAQUET, par l’existence de certaines maladies notamment la malaria, la trypanosomiase, la filariose, l’ankylostomiase et toute une variété de maladies intestinales qui, non seulement s’attaquaient aux hommes et diminuaient considérablement la capacité du travail mais aussi aux animaux.   Mais ce genre d’analyse  reflétant les idées des  anthropologues occidentaux conduirait à l’ignorance de caractéristiques spécifiques de certaines sociétés traditionnelles de la forêt. MAQUET ne peut pas expliquer l’absence d’élevage chez les peuples de la forêt sous le seul  aspect des maladies. Il ya beaucoup de facteurs qui peuvent entrer en ligne de compte. Le sous-développement d’élevage chez les Topoke (en plus de maladies) s’expliquerait par les déplacements  fréquents  provoqués souvent  par les conflits inter- familles ou inter-villages, par le fait aussi que la nature offrait la possibilité immense (chasse, pêche, cueillette) sans que l’individu ait besoin de l’élevage qui demandait beaucoup de technique et de soins. Les déplacements et les richesses de la nature, c'est-à-dire de la forêt étaient à la base de l’absence d’élevage chez les Topoke, sans négliger, bien entendu, les nombreuses maladies.
                            Dans beaucoup de villages topoke, on reconnaitrait de nombreux artisans,  tisserands, sculpteurs spécialisés dans  la fabrication de couteaux, de lances, manchettes, haches, nattes, chaises à lianes, gibecières, boucliers, gongs de forme cylindrique… la vannerie et le tissage de raphia des Topoke ont connu un développement  sans précédent  la fin du 19ème siècle.  
                            Quant aux relations commerciales et économiques avec les peuples voisins, deux considérations peuvent nous aider à les expliquer. Dans un premier temps, ces relations n’ont pas connu une expansion harmonieuse. Depuis leur installation  sur leurs terres actuelles, les Topoke s’étaient toujours montrés agressifs aux autres peuples environnants en les empêchant de pénétrer à l’intérieur de leur domaine forestier. On pourrait aussi expliquer cette agressivité par l’existence de l’immense richesse qu’offre la nature et dont les  Topoke s’étaient emparés pour en devenir maîtres et propriétaires. Voilà une explication logique du comportement et de l’attitude adoptée par les ce peuple qu’on qualifie souvent de nos jours de belliqueux à l’égard de leurs voisins. Dans un second temps par l’esprit de vouloir capturer les esclaves, les guerriers topoke ‘’bilemba’’ livraient les guerres fréquentes contre les voisins. En revanche, par peur de d’être envahis, certains villages virent la scission au sein de nombreuses familles qui émigrèrent  vers des territoires lointains. L’exemple le plus frappant nous vient de Yangole, village qui, s’étant soustrait au contrôle des clans Kombe se refugia près de Yaekela, village situé à la rive droite du fleuve Congo, endroit servant de traversée vers Isangi, chef- lieu du Territoire des Topoke, Lokele, Turumbu… Mais les nouveaux venus, une fois installés sur une terre ne leur appartenant pas devront  affronter l’agressivité des autochtones, et en même temps, changer de mentalité pour que leur comportement puisse épouser le comportement des autres. De ces contacts avec les autres naquirent certaines relations d’abord  d’ordre économique et commercial que la plupart des chercheurs ont qualifiés de pacifiques . 
                             Sur le plan social, les relations avunculaires ou de plaisanterie virent le jour  surtout entre les Bambole, les Mongando et les Topoke. Quant aux Lokele et les Turumbu, ils se considèrent comme apparentés aux Topoke. Les mariages inter ethniques jouèrent un rôle de premier ordre dans  lesquels les femmes furent les éléments moteurs pour les rapprochements des individus autrefois ennemis.
                           Sur le plan économique, les relations s’établirent  et s’affermirent. Les produits topoke de l’agriculture, de chasse, voire de pêche passèrent leurs  limites  locales pour honorer les marchés lointains. En même temps, les produits  des peuples limitrophes foulèrent le sol des Topoke. Ces échanges commerciaux connurent une fluctuation normale, surtout par la naissance de certains marchés le long de l’affluent Lomami (Yamfira/Yafela) et sur le fleuve Congo (Isangi). A l’intérieur même de la forêt, on rencontre certains marchés locaux  disséminés  dans les centres de principaux villages (Malinda, Ilondo, Baonga, Yaombiti…) où les Mongando et les Topoke échangèrent les produits de chasse et de pêche. Seulement, les Topoke se montraient moins habiles dans le commerce. Cela pourrait s’expliquer par le manque de moyen de transport capable d’apporter au marché une bonne quantité de marchandises. L’infrastructure routière  bien qu’existant était encore au stade rudimentaire.
                            En résumé, l’économie traditionnelle topoke, basée sur l’agriculture, la pêche et la chasse était une économie de substance. Cette économie, dosée sur certains facteurs du milieu physique et géo-humains a permis la structuration de la communauté familiale d’une part et  la politique économique et commerciale de bon voisinage avec les autres ethnies 

III. ORGANE JURIDUCTIONNEL DE LA SOCIETE TRADITIONNELLE TOPOKE

                             Nous reconnaissons le caractère combien sévère de la juridiction  de la société traditionnelle topoke. La rébellion et la désobéissance aux règles sociales étaient punies de mort, et le délinquant était mangé par les habitants du village  suivant la loi de la coutume.
                            Quant à l’organe juridictionnel, il était composé de ‘’bwembia’’ qui en était le président, secondé par le ‘’bafoa’’ en conseil réuni. C’était le même organe politique qui  accomplissait les fonctions  juridictionnelles, mais il a subi une modification au niveau de ‘’bafoa’’ qu’on a actuellement remplacé par les ‘’Kapita’’ d’après la juridiction européenne, de qui veut dire « près du village ». Aussi le terme ‘’bwembia’’ a cédé place au ‘’notable’’.
                             D’après la loi coutumière topoke, le règlement du conflit se rapportant aux individus d’une même famille, se situait au niveau du conseil de ‘’Lisago’’. Celui-ci ne réunissait aussitôt saisi du problème. Le ‘’boomboli’’ assisté des ‘’Ilombi’’ de Lisago étaient les seuls juges. Les ‘’baise’’ y prenaient part parce que le différend requérait souvent leurs interventions. Si l’accusé s’opposait au conseil de lisago, il était châtié par la famille, voire chassé du toit paternel. S’il se sentait lésé, il pouvait saisir le conseil de bwembia pour intervention (Projeter l’appel). C’était l’esprit plus ou moins démocratique de la juridiction chez les Topoke.
                             Quand il s’agissait d’un différend entre deux quartiers familiaux ’’Twimbe’’, le règlement de litige se situait au conseil du village. Le ‘’bwembia’’, assisté de ses ‘’bafoa’’ et des ‘’Ilombi’’ du village étaient juges. Mais, les ‘’beomboli’’ y assistaient et avaient la voix consultative.

L’audience : le demandeur saisit, quelquefois par le truchement de son boomboli, le bwembia. En consultation avec les bafoa, le bwembia arrête l’affaire et détermine le jour de l’audience. Celle-ci est publique où presque tout le village peut prendre part «Geumo ». le chef du village ouvre la séance et un conseiller ‘’lifoa’’ introduit l’affaire soit en entonnant une chanson, soit avec un proverbe. Tout est significatif. Ensuite, les deux parties et éventuellement les témoins sont entendus. Au cours du débat, on tient compte de l’opinion public, on assiste alors à une atmosphère de compétence d’éloquence où les chansons, les proverbes, les faits historiques, la jurisprudence rappelant la sagesse des anciens du villages pleuvent au ‘’Litele’’ de manière à orienter l’appréciation des juges dans certains sens et à étayer les avis.

                            Les juges se retirent pour délibérer. Cette délibération se fait en secret ‘’Iyumbe/ Iumbe’’. L’accord unanime est préféré à majorité des juges.
                            Après le compromis, ils regagnent leur place. L’assemblée est silencieuse. Après ce silence, une chanson est entonnée, elle est pleine de sens de sorte qu’une des parties en cause se sentira déjà coupable. La sentence est souvent prononcée soit par le bwembia président du tribunal ou par un homme, normalement un juge expérimenté en la matière.
                          Pour les procédures pénales et spéciales, en cas de doute, les juges recourent à des épreuves spéciales pour découvrir la culpabilité. C’est l’opération qu’on appelle « OMWEELA ». Il y en a beaucoup chez les Topoke mais, seules ‘’OUNGU’’  et ‘’SAMBA’’ ont retenus notre attention.

La première (Oungu) consiste en l’inoculation dans l’œil des parties d’un collyre fait d’écorce de l’arbre dit ‘’Oungu’’. L’oungu a pour effet de perdre la vue à celui qui, coupable, a refusé d’avouer sa faute. La seconde épreuve se pratique en cas d’accusation de meurtre par artifice de sorcellerie, l’accusé est soumis à l’épreuve de poison ‘’Samba’’. Le poison est récolté dans la forêt au moyen d’un couteau par greffage sur un arbre dit ‘’Samba’’. Une personne, spécialisée en la matière en prépare une gorgée et force le prévenu de l’avaler, en prononçant des mots tels que « Engal’age ndaloe X (gesisa), kpaa samba » ce qui signifie : « Si c’est toi qui as tué X, succombe de ce Samba ». L’effet du poison est rapide. Si le prévenu urine, son innocence est approuvée. Si son ventre est gonflé, c’est une preuve de détection de sa culpabilité.

                         La sanction est cruelle. En cas de meurtre par exemple, les oncles maternels ’’Limoto’’ se présentent à la famille de la victime et demande le meurtrier, celui-ci une fois livré, il est publiquement  découpé, préparé et mangé. 

C’est-à-dire la victime est vengée par ses oncles, si le meurtrier habite un autre village et que ce village refuse de le livrer, seule la guerre tranchera le litige. Cette pratique de sanction a été réprimée par l’administration coloniale. A la place de sacrifice humaine, on préfère de donner le « GEMETU » (une bête) aux oncles de la victime. L’opération est similaire à celle de la mort d’une femme mariée dont sa famille a les mêmes droits qu’ont les oncles en cas de la mort de leur neveu.

dote chez les topoke[modifier le code]

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dote chez les topoke[modifier le code]

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