Discussion:Un drame bien parisien

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Le bal masqué


Il s’agit petite histoire adaptée d’une courte nouvelle d’Alphonse Allais : Un drame bien parisien. On trouve facilement la nouvelle sur Internet.


Séquence 1 : Marguerite et Raoul sont jeunes mariés. Ils se disputent souvent mais se réconcilient après chaque dispute ; en fait ils s’aiment.

Séquence 2 : Le temps passe et Marguerite finit par avoir des doutes sur la fidélité de Raoul. Mademoiselle Moreno n’est-elle pas éprise de son mari ? Et Raoul, de son côté, doute de Marguerite. Groclaude et d’autres ne sont pas insensibles à ses charmes. Entre Raoul et Marguerite les querelles s’enveniment souvent.

Séquence 3 : Un jour Marguerite reçoit un mot anonyme qui dit : « Votre époux se rendra, à votre insu, à un bal masqué samedi soir. Il sera déguisé en templier et sera en bonne compagnie. » Ce même jour Raoul reçoit lui aussi un mot anonyme disant : « Votre épouse se rendra, à votre insu, à un bal masqué samedi soir. Elle sera déguisée en congolaise et sera en bonne compagnie. ».

Séquence 4 : Le samedi Raoul dit à Marguerite : « Je dois m’absenter toute la nuit. Je dois en effet me rendre à Dunkerque pour des raisons professionnelles ». Marguerite répond : « Cela tombe bien, je dois m’absenter moi aussi. Ma tante Aspasie est malade et je vais passer la nuit à son chevet ».

Séquence 5 : Le bal masqué a lieu. Parmi les déguisements multiples on remarque un templier et un congolaise. Le templier s’approche de la congolaise ; ils bavardent et sortent du bal. Lorsqu’ils sont seuls le templier dit : « Bas les maques ». Chacun ôte donc son masque et exprime son étonnement : ils ne se reconnaissent pas ! Ce n’est ni Marguerite, ni Raoul !

Séquence 6 : Le dimanche Marguerite et Raoul, heureux de se retrouver, décident de ne plus jamais se quereller.


Problème : Comment comprendre cette histoire ? Que s’est-il passé ?


Voici une manière de comprendre l’histoire :

Les mots anonymes disent comment l’autre sera déguisé mais ne disent pas comment se déguiser. Par conséquent si Raoul s’est rendu au bal masqué il n’y a aucune raison pour qu’il se soit déguisé en templier. De même si Marguerite s’y est rendue ce n’est probablement pas habillée en congolaise. Au bal deux personnes portaient ces déguisements mais ce ne pouvait être ni Marguerite ni Raoul. En outre rien ne nous dit que Marguerite et Raoul soient allés au bal masqué. Et ils ne s’y sont pas rendus. Si tel avait été le cas, Marguerite (déguisée en princesse par exemple) constatant la présence d’un templier sortant du bal avec une femme en aurait déduit que le mot anonyme disait vrai. De même pour Raoul (déguisé en pirate si l’on veut). Ils se seraient alors querellés le lendemain. Qu’un seul, d’ailleurs, s’y rende aurait suffit pour déclencher une dispute or celle-ci n’a pas eu lieu. Par conséquent ni l’un ni l’autre n’a accordé crédit au mot anonyme reçu. Raoul s’est, peut-être, rendu à Dunkerque pour son travail. On peut penser alors que Marguerite, doutant de sa fidélité et de ses dires, a invoqué une prétendue visite à sa tante Aspasie, l’a suivi et a constaté qu’il ne lui avait pas menti. On peut imaginer encore que Raoul s’en est rendu compte et a compris que son épouse l’aimait. Le dimanche, rassurés sur leur fidélité mutuelle, ils décident de ne plus se quereller. Cf. plus bas une variante concernant cet épisode. Cela dit il faut expliquer pour quelles raisons un templier et une congolaise étaient présents au bal masqué et pourquoi ils ont été surpris lorsqu’ils ont ôté leurs masques. On peut supposer qu’ils ont été manipulé par l’anonymographe (il n’y en a sans doute qu’un parce que les deux mots anonymes ont la même forme). On peut imaginer que l’anonymographe est un homme épris de Marguerite (ou, ce qui revient au même, une femme éprise de Raoul) et qu’il connaît Groclaude et Mademoiselle Moreno. Amoureux de Marguerite, il a intérêt à ce que celle-ci et Raoul doutent l’un de l’autre et se querellent définitivement, après quoi, espère-t-il, Marguerite lui reviendra. Il tend donc un piège au couple. Pour cela il parvient à persuader, séparément, Groclaude et mademoiselle Moreno d’aller au bal masqué et leur fournit des costumes. Il les appâte en disant séparément à Groclaude que Marguerite s’y trouvera habillée en congolaise (il connaît en effet l’attachement de Groclaude à Marguerite) et en disant à mademoiselle Moreno que Raoul sera présent déguisé en templier (il sait le penchant de Mlle Moreno pour Raoul). Il envoie ensuite les mots anonymes. Si Raoul va au bal il constatera qu’un templier parle à une congolaise qu’il identifiera à sa femme. Si Marguerite s’y rend, elle verra une congolaise parler à un templier qu’elle identifiera à son mari. Si les deux viennent alors c’est encore mieux. Dans tous les cas une querelle sévère aura lieu le lendemain, ce qui est le but recherché. Bien sûr lorsqu’ils enlèvent leurs masques Groclaude et mademoiselle Moreno sont surpris (et sans doute déçus). Ce n’est pas Raoul, ce n’est pas Marguerite. Mais le plan échoue. Ni Raoul, ni Marguerite ne vont au bal. La morale est sauve !


Variantes :

On ne peut guère imaginer que Raoul soit allé à Dunkerque et Marguerite chez sa tante. Si cela avait été on ne pourrait expliquer la décision du dimanche. Il est douteux également, mais pas totalement impossible, que Marguerite se soit rendue chez sa tante et qu’elle ait été épiée par son mari. En effet le samedi elle parle après son mari. C’est donc elle qui prend prétexte d’une prétendue visite à Aspasie pour contrôler ce que fait son époux. En revanche on peut imaginer que Raoul ne se soit pas rendu à Dunkerque. Il a alors voulu épier son épouse pour voir si elle ne se rendait pas au bal masqué plutôt que chez la tante. Dans ce cas ils s’épient l’un l’autre et finissent par se rendre compte du caractère grotesque de la situation. D’où la décision du dimanche. C’est une hypothèse cocasse. On peut aussi imaginer que Groclaude est l’anonymographe. Dans ce cas il dit à mademoiselle Moreno de se rendre au bal déguisée en congolaise et qu’il y aura Raoul en templier. Il demande aussi à l’une de ses connaissances (autre homme épris de Marguerite) d’aller au bal habillé en templier et qu’il y aura Marguerite déguisée en congolaise. Il ne peut s’y rendre lui-même. S’il le faisait il ne serait pas surpris de ne pas tomber sur Marguerite. L’anonymographe peut, bien sûr, aussi être mademoiselle Moreno. Elle fait alors intervenir une connaissance femme. Dans tous les cas il faut cinq personnages pour expliquer la surprise. Soit l’anonymographe est Groclaude (ou la Moreno) et alors on doit faire intervenir une connaissance. Soit ce n’est ni Groclaude ni mademoiselle Moreno mais un autre personnage. Quant à la tante, on espère qu’elle n’est pas malade !


Remarque : Il y a sans doute d’autres manières de comprendre l’histoire. En outre la manière dont nous l’avons racontée n’est pas nécessairement fidèle à la nouvelle d’Allais. Le texte original peut contenir des détails susceptibles d’orienter l’interprétation. Par exemple il est dit « Raoul, dis-je, s'était juré que la divine Marguerite (diva Margarita) n'appartiendrait jamais à un autre homme qu'à lui-même ». On pourrait donc imaginer une stratégie de la part de Raoul. Mais l’anonymographe ne peut être Raoul. Il ne se serait pas envoyé un mot à lui-même. On trouve sur Internet à ‘Wikipédia, Un drame bien parisien’ des remarques sur la nouvelle d’Allais. Elles insistent sur la notion de non-sens. En fait il n’y a pas de non-sens dans cette histoire puisqu’il y a au moins une manière possible de donner à ce texte sa cohérence.