Domaines de Boulez

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Domaines
pour clarinette seule
ou pour clarinette et six groupes instrumentaux
Genre Musique de chambre
Musique Pierre Boulez
Durée approximative 30 min
Dates de composition 1961 version pour clarinette seule,
révision en 1968 en version finale avec ensemble instrumental
Dédicataire Hans Deinzer
Création
Ulm Drapeau de l'Allemagne Allemagne dans la version pour clarinette seule
Interprètes Hans Deinzer

Domaines est une composition de Pierre Boulez. Il existe une première version pour clarinette seule datant de 1961 et une deuxième version révisée en 1968 pour clarinette et ensemble instrumental constitué de six groupes (vingt et un instruments) [1].

Il existe également une version pour basson.

Histoire[modifier | modifier le code]

La pièce originale Domaines pour clarinette seule s'inscrit dans la continuité de la troisième sonate pour piano composée en 1957 et de la pièce pour voix de soprano et orchestre Pli selon pli, portrait de Mallarmé, à laquelle il a travaillé entre 1957 et 1962 [2], qui concluent la fin d'un cycle créatif. On retrouve des similitudes entre ces trois pièces notamment au niveau mélodique[2].

Les premières idées de Domaines remontent à 1959, lorsqu'il avait provisoirement intitulé la pièce Concert ou Labyrinthe en retenant l'idée du "six" et la répartition spatiale, non seulement dans la notation musicale mais aussi dans la disposition en étoile des musiciens dans l'espace de scène. Il semble également qu'une pièce d'ensemble, en plus de la version solo, ait été conçue dès le départ[2].

Plus tard, Boulez effectue une révision et la transforme en une sorte de concerto y créant six ensembles discrets de un à six musiciens tout en conservant la partie solo originale en 1969.

La version instrumentale solo a été créée le à Ulm (Allemagne)[3].

La version instrumentale a été créée le à Bruxelles par le clarinettiste Walter Boeykens à la RTB sous la direction de Pierre Boulez. La version finale a été écrite en 1969. Michel Portal avec l'ensemble Musique vivante, dirigé par le compositeur Pierre Boulez a enregistré une version légèrement différente en [1]. La partition solo a été éditée chez Universal Edition en 1970[4].

Engagé dans un processus de révision permanent, Pierre Boulez a toujours considéré ces pièces comme non terminées.

Une sorte de révision est la pièce pour clarinette et électronique Dialogue de l'ombre double (1982-1985) qui reprend du matériel de la musique d'ensemble de Domaines mais pas de la partie solo[5].

Analyse[modifier | modifier le code]

Domaines constitue une des dernières œuvres partiellement ouvertes du compositeur et comporte deux parties :

  1. Dans une première partie dite « original » , le soliste dispose de la liberté d'interpeller sur son chemin dans l'ordre qu'il choisit chacun des six groupes de musiciens disposés de façon circulaire sur les sommets d’un hexagone autour du chef ; la clarinette basse seule constituant la sixième entité. Cette scénographie génère un dialogue entre « le protagoniste » se déplaçant sur la scène et chacun des groupes sonores ;
  2. Dans la seconde partie dite « miroir », de durée égale, la pièce devient un miroir dont l'ordre des éléments constitutifs est également ouvert mais cette fois choisi par le chef d'orchestre[6].

Domaines se compose de six cahiers étiquetés de A à F. Chacun de ces "originaux" a une version "miroir", ce qui fait douze cahiers en tout. Chacun d'eux contient à son tour six "cellules" ou fragments. Leur contenu va d'une simple note à quatre lignes denses de musique complexe. L'interprète doit commencer par jouer les six cahiers originaux, en les présentant dans n'importe quel ordre ; puis les six versions miroir sont jouées, toujours dans n'importe quel ordre. Les six cahiers de chaque page peuvent être joués séquentiellement de deux façons, soit verticalement, soit horizontalement. L'interprète se voit proposer un certain nombre de façons différentes de jouer plusieurs des cellules. Celles-ci concernent des marques de tempo alternatives (aucune marque de métronome n'est utilisée), des niveaux de nuance, des trilles optionnels, l'utilisation du vibrato, de la langue flottante et de techniques étendues telles que les doigtés de timbre ou les trilles sur une seule note, l'utilisation de sons aériens et de techniques multiphoniques.

En se limitant aux deux permutations combinatoires des 6 livrets originaux et des 6 livrets miroirs, les « formes ouvertes » de l'oeuvre donnent naissance à (6!)2=7202=518400 possibilités de jeu et de déplacements[7]. Néanmoins, certaines combinaisons ont la préférence du compositeur qui n'a pas pu explorer toutes les combinaisons et ont servi aux enregistrements comme l'emploi du quatuor de trombones pour débuter et une terminaison avec la clarinette basse jouant dos au public.

Instrumentation[modifier | modifier le code]

  • Soliste : clarinette
  • Ensemble de 21 instruments : flûte, hautbois, clarinette base, basson, cor, trompette, 4 trombones, marimba, harpe, saxophone alto, guitare, 2 violons, 2 altos, 2 violoncelles, contrebasse

Les 21 instruments sont répartis en 6 groupes étiquetés de A à F correspondant aux livrets[7]:

  • A : Un quatuor de trombones (un alto, deux ténors et un basse)
  • B : Un sextuor à cordes (deux violons, deux altos et deux violoncelles)
  • C : Un duo (marimba et contrebasse)
  • D : Un quintette (flûte, trompette, saxophone alto, basson et harpe)
  • E : Un trio (hautbois, cor et guitare)
  • F : Une clarinette basse

Enregistrements (sélection)[modifier | modifier le code]

  • Pierre Boulez : Domaines avec Michel Portal, (Musique d'abord, HMA195930, 1971)[8], ƒƒƒƒ Télérama
  • Alain Damiens Plays Stravinsky* - Boulez* - Denisov* - Stockhausen* - Donatoni* - Berio* – Clarinette (Label Adda – 581066, CD, 1988)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Domaines de Boulez », sur le site de l'Ircam
  2. a b et c (en) Roger Eaton, « Pierre Boulez “Domaines” », sur rogerheaton.uk (consulté le ).
  3. « Pierre Boulez : Domaines (clarinette solo et 6 groupes instrumentaux) », sur musiquecontemporaine.info
  4. (en) « Pierre Boulez: Domaines for clarinet and orchestra », sur universaledition.com (consulté le ).
  5. « Alain Damiens (conférencier) : Relations entre Domaines et Dialogues de l’ombre double (durée 01:11:39) - Colloque conférence, Set Acanthes (académie, 1980-2011) », sur medias.ircam.fr, Arsenal - Esplanade, Metz, (consulté le ).
  6. « Domaines - Pierre Boulez. Description », sur pad.philharmoniedeparis.fr (consulté le ).
  7. a et b Mikhail Malt, La représentation dans le cadre de la composition et de la musicologie assistées par ordinateur & Parcours de recherche et création ., Université de Strasbourg. École Doctorale des Humanités [EA 3402 -ACCRA], coll. « Musique, musicologie et arts de la scène. », (lire en ligne [PDF]), p. 41-44
  8. « Domaines avec Michel Portal », sur harmoniamundi.com (consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]