Ductia

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La ductia ou ductie désigne deux genres musicaux, apparentés à l'estampie, pratiqués au XIIIe siècle. L'une des formes est vocale, « cantilena ductia » et l'autre instrumentale, « ductia ».

Il s'agit dans le premier cas, d'une danse médiévale originaire de France des XIIe et XIIIe siècles, dansée et chantée par les garçons et les filles[1] (« in choreis a iuvenibus et puellis »)[2].

Descriptions[modifier | modifier le code]

Le genre instrumental — qui apparaît également en Angleterre — est à une ou deux voix[3], mesuré, sans texte et se développe sur trois ou quatre puncta (« points »)[4] — contre six ou sept dans l'estampie[2]. Le mot puncta désigne ici deux sections mélodiques identiques, exception faite de leurs terminaisons différentes : la première est dite ouverte (« apertum »), la seconde fermée (« clausum »). Deux de ces ducties instrumentales pourraient survivre dans le plus tardif Manuscrit du Roi (fo 5r[5] et une dansse real, fo 104v[6]) placée à la suite de huit estampies[2],[7]. Contrairement à l'estampie — dont la ductie reprend la structure répétitive — la mesure de la version instrumentale est marquée par un instrument de percussion[3] (« cum decenti percussione mensuratus »).

La ductia est décrite brièvement et uniquement[2] dans De musica (c.1275) du théoricien de la musique Jean de Grouchy, au même paragraphe que la stantipes ou estampie[1]. L'auteur la qualifie de chanson de caractère léger et rapide, donnant une chanson française en exemple (hélas perdue) : Chi encor querez aloretes[1].

« […] Le stantipes est une composition musicale sans texte ayant une progression mélodique difficile… et déterminée par des points… À cause de sa difficulté, il occupe extrêmement l'esprit de l'exécutant et celui de l'auditeur, et souvent il distrait l'esprit des riches de mauvaises pensées. Et je dis qu'il est déterminé par des points parce que la mesure précise que nous trouvons dans les « ductiæ » lui fait défaut et que ce n'est que par les points qu'on peut le distinguer. Quant aux points, c'est une suite bien ordonnée de concordances qui, montant et descendants, font une mélodie. Il est formé de deux parties qui au commencement sont semblables entre elles, à la fin dissemblables, ce qu'on appelle généralement le clos et l’ouvert. »

— Jean de Grouchy[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b et c Montalembert et Abromont 2010, p. 330.
  2. a b c et d Grove 2001.
  3. a et b Ferrand 1999, p. 325.
  4. Honegger 1976, p. 349.
  5. Manuscrit du Roi (Français 844), folio 5r sur Gallica
  6. Manuscrit du Roi (Français 844), folio 104v sur Gallica
  7. Montalembert et Abromont 2010, p. 331.
  8. Jean Maillard, « Estampie », dans Marc Honegger, Dictionnaire de la musique : technique, formes, instruments, Éditions Bordas, coll. « Science de la Musique », , 1109 p., Tome I & II (ISBN 2-04-005140-6, OCLC 3033496), p. 348–349.

Annexes[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (de) Ernst Rohloff, Die Quellenhandschriften zum Musiktraktat des Johannes de Grocheio, Leipzig, 1943 ; rééd. 1972 (OCLC 1072862226)
  • (en) Timothy J McGee, « Medieval Dances: Matching the Repertory with Grocheio's Descriptions », Journal of Musicology, vol. vii no 4, 1989, p. 498–517 (OCLC 4634986162)
  • (de) Lorenz Welker, « Ductia », dans MGG Online, Bärenreiter et Metzler,
  • Françoise Ferrand, Guide de la Musique du Moyen âge, Paris, Fayard, coll. « Les Indispensables de la Musique », , 850 p. (ISBN 2-213-03063-4, OCLC 300177982, BNF 37097426), « Ducia », p. 325.
  • (en) Hendrik van der Werf, « Ductia  », dans Grove Music Online, Oxford University Press, Inscription nécessaire
  • « La ductie », dans Eugène de Montalembert et Claude Abromont, Guide des genres de la musique occidentale, Fayard / Lemoine, , 1309 p. (ISBN 978-2-213-63450-0, OCLC 964049459), p. 330–331.

Articles connexes[modifier | modifier le code]