Ernest Dusuzeau

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Ernest Dusuzeau
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Ernest Dusuzeau dans les années 1880
Nom de naissance Abel François Léon Ernest Dusuzeau
Alias
Gambetta des sourds-muets
Naissance
Compiègne
Décès (à 71 ans)
16e arrondissement de Paris
Nationalité Drapeau de la France Français

Ernest Dusuzeau est l'un des militants sourds de France à la Belle Époque, né le à Compiègne et mort le à Paris. Il est connu pour le surnom « Gambetta des sourds-muets » pendant le congrès international des sourds-muets.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et métier[modifier | modifier le code]

Devenu sourd à l’âge de quatre ans, Ernest est instruit par son père, un professeur de mathématiques qui devient directeur au collège de Compiègne[1], puis il étude au collège de Compiègne. En 1858, il entre à l'Institut Impérial des sourds-muets de Paris. Il obtient le baccalauréat ès-sciences à l’âge de dix-neuf ans. Puis, il passe l'agrégation de mathématiques le 23 décembre 1871[2].

Dans le même temps, Ernest est d'abord moniteur en 1863, puis aspirant-répétiteur en 1865 ensuite répétiteur en 1871. Enfin, il devient professeur titularisé de mathématique en 1874.

Lors du troisième congrès international sur l'éducation des sourds, à Milan, en 1880, au terme de débats entre entendants au sujet des modes d'éducation des jeunes sourds, sans aucune consultation des sourds, l'éducation orale est choisie au détriment de l'éducation en langue des signes. Ce congrès provoque des licenciements de professeurs sourds et Ernest est mis en retraite d'office en 1887[3] à 42 ans.

Vie militante[modifier | modifier le code]

Ernest est le président de nombreux associations : Association Amicale, Fédération des Sociétés françaises de Sourds-muets, Union Nationale, Foyer de sourds-Muets, Avenir Silencieux, Alliance Républicaine. Et il est également le président d'honneur du congrès international des sourds-muets de 1889 puis le président de la section de sourds-muets du congrès international des sourds-muets de 1900[4] et 1912. Lors du Congrès de 1900, il défend la langue des signes : « Nous ne demandons qu'une chose : c’est que notre langue naturelle, le langage des signes, ne soit pas sacrifiée au langage articulé »[5].
Et encore lors du deuxième congrès national pour l'amélioration du sort des sourds-muets en 1911, à Roubaix, il insiste que les sourds ont leur propre langue, la langue des signes : « Les Français, les Anglais, les Allemands, les Russes, les Chinois ont une langue à eux. Et nous en avons une aussi à nous, le langage des signes ! Et nous devons en être fiers... ». Et il défend contre la privation d'utilisation de la langue des signes : « Outre que c'est déjà presque un crime de priver l'enfant sourd-muet de sa langue maternelle: les signes... »[6].

Il est surnommé le « Gambetta des sourds-muets »[7].

Ernest meurt, emporté par une maladie le [8].

Vie privée[modifier | modifier le code]

Selon Yann Cantin, Ernest Dusuzeau épouse une sourde américaine et ils ont ensemble au moins un fils[9].

Distinctions et récompenses[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Angélique Cantin et Yann Cantin, Dictionnaire biographique des grands sourds en France, Archives et Culture, (ISBN 978-2-35077-307-0), p. 227
  2. Angélique Cantin et Yann Cantin, Dictionnaire biographique des grands sourds en France, Archives et Culture, (ISBN 978-2-35077-307-0), p. 228
  3. Les Sourds-Muets de la Belle Époque, une communauté en mutation, thèse de Yann Cantin, p.62
  4. « Congrès international pour l'étude des questions d'assistance et d'éducation des sourds-muets... », sur gallica.bnf.fr (consulté le ).
  5. « Signes et institutions des sourds : XVIIIème - XIXème siècles », sur books.google.fr (consulté le ).
  6. Rapport sur la méthode Orale et la Méthode des signes, deuxième congrès nationale pour l'amélioration du sort des sourds-muets, Roubaix, 13-14-15 août 1911, imprimerie du journal de Roubaix, 1912, p 68
  7. Yves Delaporte, Les sourds, c'est comme ça : Ethnologie de la surdimutité, Éditions de la Maison des sciences de l'homme, coll. « Ethnologie de la France », , 398 p. (ISBN 978-2-7351-0935-7, lire en ligne), p. 150 et 151
  8. La preuve de date de décès
  9. « La disparition des professeurs sourds-muets », sur alter-asso.org (consulté le ).
  10. « Ministère de la culture - Base Léonore », sur culture.gouv.fr (consulté le ).

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Patrice Gicquel, Il était une fois... les sourds français, éd. Books on Demand, 2011, Page 72
  • Angélique Cantin, Yann Cantin, Dictionnaire biographique des grands sourds en France, les Silencieux de France (1450-1920), Archives et Culture, 2017, pp 227-235.

Liens externes[modifier | modifier le code]