Eugène Delâtre

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Eugène Delâtre
Eugène Delâtre, Autoportrait (vers 1894), eau-forte, Amsterdam, Rijksmuseum.
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Nom de naissance
Eugène Alfred Delâtre
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Genre artistique

Eugène Alfred Delâtre né le à Paris et mort le est un graveur, peintre, aquarelliste et imprimeur français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils du peintre et graveur Auguste Delâtre, Eugène Delâtre est né à Paris en 1864. En 1871, la famille Delâtre est contrainte d'émigrer en Angleterre, du fait de l'engagement communard d'Auguste. Ils séjournent à Londres de 1871 à 1876[1].

Eugène Delâtre est initié aux techniques de l'estampe dans l'imprimerie de son père. Sa formation est complétée par un apprentissage du dessin et de l'aquarelle auprès de John Lewis Brown[1].

Au retour de la famille à Paris, en 1876, Eugène Delâtre commence à travailler dans l'imprimerie de son père, dont il devient le principal collaborateur[1].

De 1884 à 1889, il effectue son service militaire au Mans[1]. C'est à son retour à la vie civile que sa carrière prend véritablement son envol. Outre ses activités d'imprimeur, il développe un œuvre gravé personnel important, où la couleur occupe une grande place.

Très attaché à son quartier, il s'implique au sein de la Société d'histoire et d'archéologie du Vieux Montmartre, à laquelle il a fait don de nombreuses de ses œuvres[1].

Il meurt le et est inhumé à Saint-Denis. Son corps est ensuite transféré au cimetière de Montmartre[Quand ?].

Activité d'imprimeur[modifier | modifier le code]

Carte de visite d'Eugène Delâtre, eau-forte.

Imprimeur des peintres-graveurs[modifier | modifier le code]

Formé dans l'imprimerie de son père Auguste Delâtre, il en reprend progressivement l'activité au cours de la décennie 1890.

Poursuivant l'engagement pour le développement de l'eau-forte originale, il prodigues avis, conseils et cours particuliers aux artistes qui le sollicitent. C'est ainsi qu'il initie à l'eau-forte Jacques Beurdeley, Francis Jourdain, Francisque Poulbot ou encore Théophile-Alexandre Steinlen[1]. Il accompagne également Toulouse-Lautrec dans la réalisation de neuf portraits à la pointe sèche[1]. C'est encore lui qui fait découvrir à Jacques Villon l'aquatinte en couleurs.

Soucieux de permettre aux artistes une libre expérimentation de l'estampe, il commercialise à la fin du siècle de petites presses pour l'impression des tailles douces fabriquées sur ses plans. Camille Pissarro en acquiert une[1].

L'impression en couleurs[modifier | modifier le code]

Portrait d'Auguste Delâtre (1894), eau-forte et aquatinte en couleurs imprimée au repérage.

Il développe une expertise dans l'impression en couleurs à partir de 1890, à une période où la couleur attire de plus en plus les peintres-graveurs. Ses premières expérimentations, menées avec le peintre et graveur Charles Maurin portent sur l'impression au repérage, à l'aide de plusieurs matrices. Il délaisse par la suite cette technique pour préférer l'encrage à la poupée, qui ne nécessite qu'une seule plaque gravée[1]. Sa maîtrise de l'encrage est telle qu'il arrive à donner à ses épreuves l'illusion d'une aquarelle[1].

En 1904, il devient membre de la Société de la gravure originale en couleurs, nouvellement fondée et dont il imprime nombre des publications[2].

Collaborateur des avant-gardes du début du XXe siècle[modifier | modifier le code]

Au début du XXe siècle, il collabore avec les peintres de l'avant-garde. Entre 1904 et 1911, il travaille avec Pablo Picasso, dont il imprime plusieurs œuvres, notamment la célèbre eau-forte le Le Repas frugal (1904), ainsi que la série de pointe sèches Les Saltimbanques (1905). Il est également l'imprimeur des quatre eaux-fortes de l'artiste destinées à illustrer l'ouvrage Saint Matorel de Max Jacob (1911). À la même période, il tire des gravures de Georges Braque commandées par Kahnweiller ainsi que des estampes d'Edgar Chahine et de Francisque Poulbot.

Œuvre personnel[modifier | modifier le code]

Rue de Vaux, Le Mans (après 1897), aquatinte imprimée en couleurs, Londres, National Gallery.

Œuvre gravée[modifier | modifier le code]

En parallèle de ses activités d'imprimeur, Eugène Delâtre développe un œuvre gravé personnel estimé à environ 600 planches[2], dans lequel il explore les principales techniques de l'estampe : eau-forte, pointe sèche, aquatinte, burin, lithographie, xylographie. Il expérimente à de nombreuses reprises l'impression en couleurs, dont il est l'un des rénovateurs[2] : environ 200 de ses estampes sont en couleurs.

Sa production est très dense : ses sujets de prédilections sont le portrait et le paysage. Il donne de nombreuses vues de la butte Montmartre, témoignages précieux de l'aspect du quartier à la fin du XIXe siècle. Son œuvre compte également de nombreux paysages bretons et normands.

Son œuvre de graveur fait de son vivant l'objet de plusieurs expositions et publications : en 1895 a lieu une de ses premières expositions à la galerie Laffitte. En 1898, il expose 21 estampes en couleurs chez Durand-Ruel, dont un portrait de son père Auguste. Membre de la Société de la gravure originale en couleurs, il expose régulièrement lors des événements organisées par cette dernière à la galerie Georges Petit. Il figure régulièrement au Salon de la Société nationale des beaux-arts jusqu'en 1914. Il est également membre de la Société des peintres-graveurs français.

Des estampes de sa création sont publiées dans L'estampe et L'Estampe moderne. En 1898, il donne des illustrations pour La Cathédrale de Joris-Karl Huysmans[2]. Son activité est poursuivie par sa fille Pauline Delâtre-Remongin et par Camille Quesneville, son neveu.

Une collection de ses gravures est conservée au musée d'Art et d'Histoire de Saint-Denis, auquel sa fille Jacqueline, elle-même graveuse, a légué en 1971 un fonds de 326 estampes de son père et de son grand-père. Le musée leur a consacré une exposition en 2023[3].

L'aquarelliste[modifier | modifier le code]

Toute sa vie, Eugène Delâtre s'est adonné à l'aquarelle, notamment au cours de ses voyages en France. Néanmoins, cette activité semble avoir été reservée à l'intimité : seule une aquarelle, une Vue d'une cour de ferme à Montmartre est exposée en 1884[1].

Élèves[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j et k Philip Denis Cate, Nicholas-Henry Zmelty et Hélène Koehl, Impressions à Montmartre, Eugène Delâtre & Alfredo Müller, Milan, Silvana Editoriale, , 144 p.
  2. a b c et d Janine Bailly-Herzberg, Dictionnaire de l'estampe en France 1830-1950, Paris, Arts et Métiers graphiques / Flammarion, (ISBN 2-08-012013-1), « Auguste Delâtre », p. 93.
  3. « Un siècle d’impression(s) - Dans l’atelier des Delâtre à Montmartre | Ville de Saint-Denis », sur ville-saint-denis.fr (consulté le )

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Beraldi, « Eugène Delâtre, peintre-graveur et imprimeur », Revue de l'art ancien et moderne, tome 17, 1905, p. 442.
  • Dictionnaire Bénézit.
  • Dictionnaire des Peintres à Montmartre, Éditions André Roussard, pp. 181-182.
  • Nicholas-Henry Zmelty, « Eugène Delâtre et Alfredo Müller », in Impressions à Montmartre. — Catalogue de l'exposition au musée Montmartre] ([PDF] lire en ligne).

Liens externes[modifier | modifier le code]

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