Exterminez toutes ces brutes

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Exterminez toutes ces brutes

Titre original Exterminate All the Brutes
Création Raoul Peck
Chaîne d'origine HBO
Nb. de saisons 1
Nb. d'épisodes 4

Exterminez toutes ces brutes est une mini-série documentaire coproduite à l'échelle internationale sur la colonisation et les génocides, réalisée et racontée par Raoul Peck. La série se compose de quatre épisodes, et est diffusée aux États-Unis la première fois le 7 avril 2021 sur HBO[1]. Elle est diffusée au Royaume-Uni la première fois le 1er mai 2021 sur Sky Documentaries[2] et en France le 1er février 2022 sur Arte[3],[4].

Origine[modifier | modifier le code]

La série tire son nom du livre du même nom de Sven Lindqvist, sur lequel elle est partiellement basée[5],[6], une phrase que Lindqvist emprunte à la nouvelle de Joseph Conrad, Au cœur des ténèbres, dans laquelle se trouve la formule « Exterminez toutes ces brutes ».

Synopsis[modifier | modifier le code]

La série suit la colonisation et les multiples génocides, ainsi que leurs conséquences, reliées à l'impérialisme et au suprémacisme blanc[7],[8] :

« Civilisation, colonisation, extermination. »

Dans le premier épisode de la série, La troublante conviction de l'ignorance, le cinéaste Raoul Peck se propose d'éclairer les courants entrelacés de haine et de sectarisme qui traversent l'histoire. En se concentrant sur l'héritage des États-Unis en tant que puissance coloniale, Peck explore comment la notion de race s'est d'abord institutionnalisée par le pillage du continent africain dans un « gentlemen's agreement », pour aboutir au programme nazi d'« élimination » et ses antécédents en Occident.

Dans le deuxième épisode, P*** de Christophe Colomb, Peck revisite les histoires de Christophe Colomb, du siège de fort Alamo et de la Piste des larmes du point de vue indigène, montrant comment l'histoire « officielle » est façonnée par ceux qui sont au pouvoir, et solidifiée par le mythe et la culture populaire. ll examine la « doctrine de la découverte » utilisée pour justifier l'asservissement de millions d'Africains, et questionne sa propre histoire au sein de ces récits.

Dans le troisième volet de la série, Tuer à distance, Peck revient sur les migrations humaines, le commerce et l'armement, et montre comment les Européens ont utilisé l'industrie de l'acier pour mener la guerre toujours plus loin. Ensuite, il explore le cycle sans fin de la militarisation à travers les siècles - des efforts de George Washington pour relancer la fabrication d'armes américaines, à la doctrine Monroe, et enfin, aux horreurs des bombardements de civils à Hiroshima et Nagasaki.

Dans le final de la série, Les belles couleurs du fascisme, Peck explore l'impossibilité pour les États-Unis de concilier leur véritable histoire avec ses idéaux de liberté et de démocratie, mettant en lumière la lutte actuelle pour la représentation indigène et l'héritage de l'esclavage face au racisme institutionnalisé. Peck relie la résurgence moderne des nationalismes, à l'esclavage, aux génocides en Amérique, au colonialisme et à la Shoah.

Figuration[modifier | modifier le code]

Avec les voix de[modifier | modifier le code]

  • Hiam Abbass : Cheftaine
  • Mario Bastellica : Journaliste 1
  • Eriq Ebouaney : Black Captain
  • Alex Descas : Trouillot
  • Thierry Garret : Lee
  • Tercelin Kirtley : Journaliste 2
  • Stefan Konarske : Male nurse
  • Denis Lavant : Général Sherman
  • Emmanuel Noblet : Farrar
  • Gilles Salle : Journaliste 3
  • Bakary Sangaré : Kwame-Micco
  • Zinedine Soualem : Le photographe
  • Paul Spera : Journaliste 4
  • Tibo Vandenborre : Pasteur suédois
  • Thibault Vinçon : Jesup

Épisodes[modifier | modifier le code]

  1. La Troublante Conviction de l'ignorance, 1re partie
  2. P..... de Christophe Colomb, 2e partie
  3. Tuer à distance, 3e partie
  4. Les Belles Couleurs du fascisme, 4e partie

Production[modifier | modifier le code]

Raoul Peck commence à travailler sur le projet après avoir obtenu l'accord d'un cadre de HBO de produire un de ses documentaires sur n'importe quel sujet[9]. La série est basée sur les livres Exterminez Toutes ces Brutes ! de Sven Lindqvist, An Indigenous Peoples' History of the United States de Roxanne Dunbar-Ortiz et Silencing the Past de Michel-Rolph Trouillot[10].

En , il est annoncé que Raoul Peck réalisera une série documentaire de 4 épisodes sur la colonisation et le génocide pour HBO, avec HBO Documentary Films sur le pour la production, et Josh Hartnett pressenti pour le rôle principal dans les scènes scénarisées[11].

Tournage[modifier | modifier le code]

Le , Hartnett révèle que des scènes ont été tournées à Paris, en France, avant le premier confinement de la COVID-19[12].

Accueil[modifier | modifier le code]

« Le film-essai en quatre parties de Raoul Peck relie toutes les tentatives des Européens visant à soumettre le reste du monde, des croisades aux guerres du XXIe siècle. » [13]

« Après quatre heures exceptionnelles d'intelligence et de sensibilité, de maîtrise cinématographique aussi, Raoul Peck répète que le problème n’est pas le manque de connaissance, mais le courage d'admettre ce que tout le monde sait. Il rappelle en trois mots les fondements de la suprématie blanche : civilisation, colonisation, extermination. Alors qui sommes-nous ? » [14]

Cependant, malgré ses nombreuses qualités, j’ai quelques regrets : dans son récit, Raoul Peck utilise le terme “races” pour décrire les différentes catégories d’êtres humains. En effet, ce terme est aujourd’hui largement considéré comme obsolète et inapproprié, car il véhicule l’idée erronée que les êtres humains peuvent être divisés en groupes distincts en fonction de leur « race », alors que ceci est plutôt le cas chez les chiens. Malgré son utilisation courante, il aurait été plus approprié d’utiliser des termes tels que « groupes ethniques », « cultures » ou « civilisations » pour éviter de perpétuer cette notion dépassée de « races » chez les humains.

Le deuxième et bien plus grand regret que j’ai concernant le film est l’absence de mention explicite de la colonisation actuelle par Israël de la Palestine.

En dépit de ces regrets, Exterminez toutes ces brutes reste une œuvre cinématographique puissante et incontournable, et comme disait Thierry Jobin, directeur artistique du FIFF : « Un film que tout le monde devrait avoir vu au moins une fois dans sa vie ». ,[15]

Annexes[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Matt Grober, « 'Exterminate All The Brutes': HBO Reveals Trailer & Sets Premiere Date For Raoul Peck's Experimental Docuseries », Deadline Hollywood, (consulté le ).
  2. Lisa Wong Macabasco, « 'Sometimes, it's shocking': Raoul Peck on his bold new colonialism series », The Guardian, (consulté le ).
  3. « Exterminez toutes ces brutes (2/4) - P... de Christophe Colomb - Regarder le documentaire complet »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur ARTE (consulté le ).
  4. « Raoul Peck : une histoire de la violence », sur France Culture (consulté le ).
  5. Judy Berman, « HBO’s Exterminate All the Brutes Is a Radical Masterpiece About White Supremacy, Violence and the History of the West », Time,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. Monica Castillo, « Exterminate All the Brutes », rogeregbert.com (consulté le ).
  7. « Exterminez toutes ces brutes » (présentation de l'œuvre), sur l'Internet Movie Database.
  8. Léon Cattan, « Avec “Exterminez toutes ces brutes”, Raoul Peck prend la mémoire du colonialisme à bras-le-corps - Les Inrocks », sur lesinrocks.com (consulté le ).
  9. Robert Ito, « 'In 'Exterminate All the Brutes,' Raoul Peck Takes Aim at White Supremacy », The New York Times, (consulté le ).
  10. « Director & Writer Raoul Peck's 'Exterminate All the Brutes' », WYNC, (consulté le ).
  11. Patrick Hipes, « Raoul Peck Teams With HBO On Colonialism Docuseries 'Exterminate All The Brutes'; Josh Hartnett To Topline Scripted Portions », Deadline Hollywood, (consulté le ).
  12. Christina Raddish, « Josh Hartnett on 'Most Wanted', Guy Ritchie's 'Cash Truck', and Why 'Paradise Lost' Was a Disappointment », Collider, (consulté le ).
  13. Thomas Sotinel, « « Exterminez toutes ces brutes », sur Arte : une fresque entre cauchemar et compassion », lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  14. Jean-Jacques Birgé, « « Exterminez toutes ces brutes », nouveau chef-d'œuvre de Raoul Peck », mediapart.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  15. Andrea Duffour, « Exterminez toutes ces brutes, film de Raoul Peck en quatre volets, une pépite d’or trouvée au FIFF 2023 », sur Infoméduse, (consulté le ).