Florencio Pla Meseguer

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Florencio Pla Meseguer
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 86 ans)
OlocauVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière général de Valence (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Teresa Pla MeseguerVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
La Pastora, Durruti, TeresotVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domiciles
Vallibona (à partir de ), La Pobla de Benifassà (-), Les Escaldes (d) (), Xert (-), Andorre (-), Lérida (), Tarragone (), Valence (), Presó Model de València (d) (-), Penal de El Dueso (d) (-), Olocau (-)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Gardien de troupeau, partisanVoir et modifier les données sur Wikidata
Parentèle
Elena Solanas Roig (d) (petite-nièce)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de

Florencio Pla Meseguer dit La Pastora (Vallibona, 1er février 1917 - Olocau, 1er janvier 2004), connu comme Teresa Pla Meseguer avant son changement de genre, était un berger guérilléro intersexe[1]. Sa lutte contre le régime franquiste et pour la reconnaissance de son genre a fait de lui un symbole de résistance[2].

Biographie[modifier | modifier le code]

Florencio naît en 1917 au Mas de La Pallissa, une maison de bergers dont avait hérité son grand-père et où étaient gardés la paille et les animaux. Il grandit dans cette maison, à deux heures à pied de Vallibona, à proximité de Morella en province de Castellón. Cadet de six enfants, il ne passera que deux semaines à l'école, après sa 1re communion, et accompagne le troupeau dès ses dix ans[3].

Assigné femme à la naissance[modifier | modifier le code]

Florencio s'est toujours considéré comme un homme. Mais, à la naissance, son corps sort des normes binaires et un ami de la famille convainc ses parents de l'inscrire en tant que femme afin qu'il ne soit pas opprimé pendant son service militaire. Ses parents ne lui auront jamais expliqué ce choix. Florencio grandit alors avec le nom de Teresa[2].

Avec le troupeau, Florencio porte un sac et non un panier comme les femmes en ont l'usage. C'est à trente ans, quand il prend le maquis, qu'il abandonne l'usage de vêtements genrés et prend le nom de Florencio.

Implication dans la guérilla antifranquiste[modifier | modifier le code]

Vivant dans les montagnes, Florencio échange à plusieurs reprises avec les guérilléros, communément appelés maquis[4]. Une nuit de neige de 1949, trois guérilléros se réfugient dans une maison d'estivage, El Cabanil, alors que l'un d'eux est suivi par la garde civile. Découverts, ils résistent à l'interpellation des gardes civiles, lesquels finissent par brûler la maison.

Le même jour, Florencio est interpellé par le lieutenant Mangas, six gardes et deux personnes ayant dénoncé son « anomalie ». Le lieutenant lui ordonne de se déshabiller pour savoir « comment une bergère pouvait être mi-homme mi-femme », avant de l'humilier publiquement. Florencio dit avoir alors ressenti « une grande colère, une grande impuissance »[3].

Le lendemain le propriétaire du Cabanil est arrêté et Florencio, qui travaille pour lui, décide de prendre la fuite, de crainte d'être tué par la Garde civile. Il rejoint la guérilla qui opérait dans la zone d’El Maestrat, l'Agrupación guerrillera de Levante y Aragón (A.G.L.A.), où il prend les surnoms de « La Pastora » et « Durruti ». À son entrée, il réalise trois mois d'instruction militaire pendant lesquels il apprend à lire et à écrire avant d'être officiellement incorporé[5].

Répression et incarcération[modifier | modifier le code]

Après vingt-mois de maquis, le groupe subit de plein fouet la répression franquiste et finit par être démantelé. Contrairement à ses camarades partis pour la France, Florencio s'installe en Andorre où il travaille dans une ferme l'hiver et s'occupe de deux troupeaux l'été.

S'ensuivent quelques années paisibles, loin de la réputation qu'on lui prête sur le territoire espagnol. Réputation largement due à Enrique Rubio, journaliste franquiste, qui lui attribue l'entièreté des crimes de son groupe de guérilla, construisant le mythe d'une « assassine sans scrupules, monstre sinistre, créature dégénérée capable de tuer femmes et enfants sans défense »[6].

Un contrebandier qui lui doit de l'argent finit par le dénoncer et, le 5 mai 1960, Florencio est arrêté en Andorre à Sant Julià de Lòria et conduit menotté à la frontière avec l'Espagne. Remis à la Garde civile, il est condamné à mort pour banditisme, terrorisme et agressions. La majorité des crimes attribués auraient en réalité eu lieu avant son entrée dans la guérilla, le 7 février 1949[2]. Sa peine de mort est commuée en trente ans de réclusion.

Inscrit au registre civile au nom de Teresa Pla Meseguer, Florencio est incarcéré dans une prison pour femmes. On donne à cette personne portant une barbe une minijupe et des robes si serrées qu'il peine à respirer. Il est immédiatement isolé des autres codétenues et nourri à travers une fenêtre.

Pendant sa captivité il devient ami avec le fonctionnaire et garde pénitencier Marino Vinuesa Hoyo. Celui-ci l'aidera à réduire la durée de sa peine.

Il sort de prison le 22 septembre 1977, après dix-sept années de réclusion[7]. Il aura marqué ses codétenues par sa modestie, sa solidarité, sa capacité d'apprentissage et son silence[8].

Reconnaissance et dernières années[modifier | modifier le code]

Il entame dès sa sortie des démarches pour être reconnu légalement en tant qu'homme et recevoir de nouveaux papiers d'identité. Ce qu'il obtient à 76 ans. Bien qu'ayant travaillé de nombreuses années dans les ateliers carcéraux, ses papiers ne lui permettent pas de recevoir son salaire. Avec l'aide de Marino Vinuesa, Florencio touche enfin son solde et retourne brièvement à Vallibona, pour la première fois ouvertement en tant qu'homme[2]. Il s'installe ensuite à Olocau, près de Valence, dans une petite maison du jardin appartenant à Marino Vinuesa.

Le 1er janvier 2004, Florencio Pla Meseguer revient de sa marche quotidienne au village, accompagné de ses deux chiennes. Il meurt lors d'un dîner avec la famille de Marino Vinuesa. Son corps est enterré à Valence[8].

Prolongements[modifier | modifier le code]

L'association des amis de Florencio Pla Meseguer « La Pastora » défend sa mémoire, avec pour objectif de « faire connaître la figure historique et humaine d'un natif de Vallibona et son rôle dans l'histoire espagnole »[5].

En 2022, le cinéaste catalan Marc Ortiz Prades réalise L’Aguait sur la vie de « La Pastora »[8].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Biografies dels Guerrillers més significatius a les nostres Comarques (3) », sur web.archive.org, (consulté le )
  2. a b c et d (ca) « El maqui 'La Pastora', una vida de resistència », sur directa.cat, (consulté le )
  3. a et b (ca) « «La Pastora», el maqui del Maestrat », sur El Temps (consulté le )
  4. Odette Martinez-Maler, « Les guérillas antifranquistes (1939-1961). À propos d'une amnésie », Mouvements,‎ (lire en ligne Accès limité)
  5. a et b (es) « Associació Amics de Florencio Pla Meseguer "La Pastora" · Humanidades UC3M », sur humanidadesdigitales.uc3m.es (consulté le )
  6. (es) horacio, « Florencio Pla Messeger, «el maquis hermafrodita» », sur Culturamas, (consulté le )
  7. « Edición del miércoles, 16 julio 2008, página 12 - Hemeroteca - Lavanguardia.es », sur hemeroteca.lavanguardia.com (consulté le )
  8. a b et c (es) Carla Melchor, « La historia sobre el maquis intersexual de Castelló llegará a la Mostra de València », sur Levante-EMV, (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]