Florida Man

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Florida Man (en français « Un homme de Floride » ou « Un homme en Floride ») est un mème Internet. Il tire son nom de l'accroche du titre de nombreux faits-divers, relayés par la presse et les médias américains et par certains internautes, mettant en scène des habitants de Floride commettant des infractions jugées farfelues.

Origines[modifier | modifier le code]

En , le compte Twitter « _FloridaMan » est créé : il rassemble différents gros titres de presse évoquant des habitants de Floride ayant commis des actes sortant de l'ordinaire, créant le personnage de Florida Man et le surnommant de « pire super-héros du monde[a] »[1],[2],[3].

Néanmoins, l'apparition d'un intérêt pour d'étranges faits-divers en Floride est antérieur à la création de ce compte Twitter[4]. Le Miami New Times utilisait ainsi la tournure de phrase « Florida Man Does [b] » pour indiquer un fait-divers ne se déroulant pas à Miami, ce qui est repris par plusieurs médias locaux[4]. Le site Internet Fark possédait lui une catégorie « Floride », la seule pour un État américain[3].

Cet intérêt peut être plus ancien encore, remontant aux années , avec l'usage par le promoteur immobilier Carl Graham Fisher d'une éléphanteau nommée Rosie comme caddie de golf, afin d'attirer l'attention des journaux et des investisseurs vers la Floride[5].

Diffusion[modifier | modifier le code]

Sur Internet[modifier | modifier le code]

Le compte Twitter « _FloridaMan » inspire d'autres comptes : « _Flor1daWoman », reprenant les mêmes types de faits-divers concernant des femmes de Floride[5], et des équivalents pour d'autres États, comme « Texas Man » ou « California Man »[2]. En , le compte original atteint les 270 000 abonnés[2] ; en , il approche les 500 000 abonnés[3].

Le mème est à l'origine du « Florida Man challenge », consistant à rechercher sur un moteur de recherche « Florida Man » et sa date d'anniversaire, afin de trouver un fait-divers correspondant[6].

En politique[modifier | modifier le code]

En , lorsque Donald Trump, alors 45e président des États-Unis, annonce changer sa résidence officielle de New York à Palm Beach, l'émission The Daily Show crée une extension de navigateur changeant toute mention du nom de « Donald Trump » en « Florida Man », modifiant le nom du compte Twitter du président, sa page Wikipédia ou encore toute mention de son fils Donald Trump, Jr.[7].

En , lors d'un discours en Floride dans le cadre de la Campagne présidentielle de Joe Biden, Barack Obama critique les prises de parole du président Donald Trump lors de la pandémie de Covid-19, en déclarant que « même Florida Man ne ferait pas ce genre de choses[c] »[8].

Explications du phénomène[modifier | modifier le code]

Plusieurs raisons sont données pour expliquer l'existence de ces faits-divers.

Tout d'abord, le fait que la Floride soit le troisième État des États-Unis le plus peuplé peut augmenter la probabilité qu'une personne provoque ou se retrouve dans une situation saugrenue[4]. Le Miami New Times avance aussi que la diversité culturelle de l'État empêche de caractériser cette culture autrement qu'en tant qu'« étrange »[4]. Le climat chaud, ensoleillé et humide peut aussi jouer un rôle[6], favorisant un mode de vie à l'extérieur : les actes sortant de l'ordinaire sont ainsi plus facilement observables[2].

Les questions de santé mentale peuvent aussi avoir un impact, l'État de Floride se classant parmi les États au plus faible financement de la prise en charge de ces problématiques[6]. À cela peut s'ajouter la consommation de drogue[2].

Enfin, la transparence dont doivent faire preuve les institutions publiques en Floride explique en grande partie le phénomène : cela permet en effet aux journalistes d'avoir accès aux rapports d'incidents, aux photographies d'identité judiciaire et aux appels aux secours bien plus facilement que dans d'autres Etats, afin de couvrir ces faits-divers dans des délais presque immédiats[3],[4],[6],[9].

Critiques[modifier | modifier le code]

La Columbia Journalism Review décrit le phénomène « Florida Man » comme « l'une des plus sombres et des plus lucratives industries […] du journalisme[d] », utilisant ces faits-divers comme des contenus viraux, sans prendre en compte l'impact possible sur les personnes concernées[3].

En , Freddie Campion, créateur du compte Twitter « _FloridaMan », décide d'y mettre fin, notamment pour des questions de respect des différents Florida Men[9].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Citation originale : « […] world's worst superhero ».
  2. Traduisible par : « Un homme en Floride a … ».
  3. Citation originale : « Florida Man wouldn’t even do this stuff ».
  4. Citation originale : « one of journalism’s darkest and most lucrative […] industries ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Robert Siegel, « 'Florida Man' On Twitter Collects Real Headlines About World's Worst Superhero », NPR,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d et e (en) Lizette Alvarez, « @_FloridaMan Beguiles With the Hapless and Harebrained », The New York Times,‎ (lire en ligne)
  3. a b c d et e (en) Bob Norman, « Who is Florida Man? », Columbia Journalism Review,‎ (lire en ligne)
  4. a b c d et e (en) Kyle Munzenrieder, « How Florida's Proud Open Government Laws Lead to the Shame of "Florida Man" News Stories », Miami New Times,‎ (lire en ligne)
  5. a et b « « Florida Man », le superhéros qui défraye la chronique aux Etats-Unis », Ouest-France,‎ (lire en ligne)
  6. a b c et d (en) Michelle Lou et Alanne Orjoux, « Googling 'Florida man' is the latest internet fad. Let's explore why so many crazy stories come out of the state », CNN,‎ (lire en ligne)
  7. (en) Nicole Darrah, « 'Florida man’ browser extension pokes fun at Trump, Sunshine State », sur Fox News,
  8. (en) Sebastian Murdock, « Obama To Floridians: Even 'Florida Man' Wouldn't Behave Like Trump Does », sur HuffPost,
  9. a et b (en) Logan Hill, « Is It Okay to Laugh at Florida Man? », The Washington Post Magazine,‎ (lire en ligne)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]