Fonction trigonométrique généralisée

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En analyse mathématique, les fonctions trigonométriques généralisées sont une extension des fonctions de la trigonométrie classique (fonctions circulaires, hyperboliques, circulaires réciproques et hyperboliques réciproques). Elles ont d'abord été étudiées par le mathématicien suédois Erik Lundberg (1846–1911) dans le cadre de la résolution des intégrales abéliennes.

Histoire[modifier | modifier le code]

Courbes de Fermat pour p = 1, 2,...

Erik Lundberg introduit ces fonctions dans le cadre de la résolution de l'équation différentielle[1] :

avec m et p deux entiers tels que m < p. Il appelle alors les solutions fonctions hypergoniométriques, comme généralisations des fonctions trigonométriques circulaires et hyperboliques. Lundberg s'intéresse aux cas m = p, m = 2 et p impair, et m = p – 1, ce dernier cas correspondant à la courbe de Fermat (en) d'ordre p.

Définitions[modifier | modifier le code]

On peut définir les fonctions trigonométriques généralisées de trois façons équivalentes.

Par un système différentiel[modifier | modifier le code]

On peut définir les fonctions cosp et sinp comme les solutions du système différentiel :

Par des intégrales abéliennes[modifier | modifier le code]

Trigonométrie circulaire

On pose la fonction, pour  :

et on note .

Cette fonction est bijective, et on note sinp sa réciproque. Cette fonction peut être prolongée de sur par des propriétés de symétrie et d'imparité : on pose d'abord

puis on prolonge sur comme une fonction impaire.

On en déduit la définition du cosinus généralisé par sa fonction réciproque :

Trigonométrie hyperbolique

On pose la fonction, pour  :

Cette fonction est bijective, et on note sinhp sa réciproque.

On en déduit la définition du cosinus hyperbolique généralisé et de la tangente hyperbolique généralisée :

On retrouve alors des identités similaires à celles impliquant les fonctions trigonométriques circulaires usuelles :

Par une étude d'aire[modifier | modifier le code]

En considérant le cercle unité d'équation , on peut montrer que, pour t réel, le nombre X = cos t est l'unique réel vérifiant :

De même, en considérant l'hyperbole unité d'équation , on peut montrer que, pour t réel, X = cosh t est l'unique réel vérifiant :

Ainsi, par extension, on peut poser que pour t réel, X = cosp t est l'unique réel vérifiant :

Cas particuliers[modifier | modifier le code]

Dans le cas p = 1, qui renvoie à la métrique de la distance taxicab, les fonctions trigonométriques généralisées sont parfois appelées sinus taxicab, cosinus taxicab, etc[1]. Dans le cas p = 4, la courbe est appelée squircle et certains auteurs parlent de squigonométrie[2].

Propriétés[modifier | modifier le code]

De façon similaire, on définit les fonctions tangente, sécante, cotangente et cosécante généralisées par :

Expressions directes[modifier | modifier le code]

On peut exprimer les fonctions trigonométriques généralisées à partir des fonctions trigonométriques usuelles :

Dérivées[modifier | modifier le code]

On a :

Applications[modifier | modifier le code]

Ces fonctions apparaissent comme fonctions propres du p-laplacien. En effet, on a :

Ainsi, cosp et sinp sont les solutions de l'équation différentielle non linéaire du second degré :

Extensions à deux paramètres[modifier | modifier le code]

En 2012, Shingeku Takeuchi définit des fonctions trigonométriques généralisées à deux paramètres, ainsi que des extensions des fonctions elliptique de Jacobi[3],[4]; par exemple, en reprenant la définition par les intégrales abéliennes, on peut définir, pour  :

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) Robert D. Poodiack et William E. Wood, Squigonometry: The Study of Imperfect Circles, Springer Nature, , 289 p. (lire en ligne)
  2. (en) William E. Wood, « Squigonometry », Mathematics Magazine, vol. 84, no 4,‎ , p. 257-265 (DOI 10.4169/math.mag.84.4.257)
  3. (en) Shingo Takeuchi, « Generalized Jacobian elliptic functions and their application to bifurcation problems associated with p-Laplacian », Journal of Mathematical Analysis and Applications, vol. 385, no 1,‎ , p. 24--35 (ISSN 0022-247X, DOI 10.1016/j.jmaa.2011.06.063)
  4. (en) Barkat Ali Bhayo et Matti Vuorinen, « On generalized trigonometric functions with two parameters », Journal of Approximation Theory, vol. 164, no 10,‎ , p. 1415-1426 (DOI 10.1016/j.jat.2012.06.003)

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) David E. Edmunds, Petr Gurka et Jan Lang, « Properties of generalized trigonometric functions », Journal of Approximation Theory, vol. 164, no 2012,‎ , p. 47–56 (DOI 10.1016/j.jat.2011.09.004, lire en ligne)
  • (en) Petr Girg et Lukáš Kotrla, « Generalized trigonometric functions in complex domain », Mathematica Bohemica, vol. 140, no 2,‎ , p. 223–239 (lire en ligne)
  • (en) Peter Lindqvist et Jaak Peetre, « Two Remarkable Identities, Called Twos, for Inverses to Some Abelian Integrals », The American Mathematical Monthly, vol. 108, no 5,‎ , p. 403-410 (DOI 10.2307/2695794, JSTOR 2695794)
  • (en) Petr Girg et Lukà Kotrla, « Differentiability properties of p-trigonometric functions », Electronic Journal of Differential Equations, Conference 21,‎ , p. 101–127 (ISSN 1072-6691, lire en ligne)

Articles connexes[modifier | modifier le code]