Géoneutrino

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Géoneutrino
Diagramme de Feynman : neutron n se désintégrant en proton p, électron e, antineutrino électronique via le boson W
Propriétés générales
Classification

Un géoneutrino est un antineutrino électronique produit à l’intérieur de la Terre par la radioactivité β d'isotopes radioactifs (essentiellement 40K, 232Th, 235U et 238U).

La géophysique des neutrinos permet aux géologues de déterminer l'abondance de l'uranium, du thorium et du potassium grâce à des détecteurs d'antineutrinos électroniques, la désintégration de ces radionucléides dans le manteau et la croûte terrestre étant à l'origine de 90 %[1] du flux de chaleur de la Terre[2],[3].

L'observation de ce flux d’antineutrinos réfute la théorie du géo-réacteur (en) de J. Marvin Herndon (en)[4].

Origine[modifier | modifier le code]

Les géoneutrinos sont produits à l'intérieur de la Terre par les réactions nucléaires suivantes[a],[5]:

  • 238U → 206Pb + 8α + 8e + 6 + 51,7 MeV
  • 235U → 207Pb + 7α + 4e + 4 + 46,4 MeV
  • 232Th → 208Pb + 6α + 4e + 4 + 42,7 MeV
  • 40K → 40Ca + e + + 1,31 MeV[b]
  • 40K + e40Ar + e + + 1,505 MeV[b]

Observation[modifier | modifier le code]

Avec les moyens expérimentaux disponibles en 2020, seuls les géoneutrinos issus de l'uranium 238 et du thorium 232 sont détectables[5], ceux issus du potassium 40 pourraient l'être dans un avenir proche[5]. L'expérience Borexino (en) a observé une cinquantaine de géoneutrinos entre décembre 2007 et avril 2019[5].

Applications[modifier | modifier le code]

Évolution de la puissance thermique radiogénique au cours du temps dans les couches internes de la Terre.

Les connaissances dont on dispose concernant les couches internes de la Terre viennent essentiellement de l'étude des ondes sismiques. L'étude des géoneutrinos offre une autre fenêtre d'observation pour ces zones inaccessibles[5]. L'expérience Borexino a ainsi pu établir que la puissance fournie par la désintégration des isotopes radioactifs à l'intérieur de la Terre est de  TW, valeur compatible avec celle obtenue par d'autres méthodes[5]. Les géoneutrinos permettent aussi d'estimer l'abondance dans le manteau terrestre du thorium (au moins 48 ppb) et de l'uranium (au moins 13 ppb)[5],[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Les réactions nucléaires sont l'agrégation des différentes réactions nucléaires des chaînes de désintégration de l'uranium 238, de l'uranium 235 et du thorium 232.
  2. a et b La transmutation du potassium 40 en calcium 40 par radioactivité β se produit dans 89 % des cas, et en argon 40 par capture électronique dans 11 % des cas.

Références[modifier | modifier le code]

  1. L'autre origine étant la chaleur latente libérée par la cristallisation lente de l’alliage fer-nickel dans la partie liquide du noyau.
  2. « La géophysique des neutrinos est née », Pour la Science, no octobre 336,‎ , p. 25
  3. William McDonough, John Learned et Stephen Dye, « Des neutrinos pour sonder l'intérieur de la Terre », Pour la Science, no 418,‎ , p. 25
  4. Laurent Sacco, « Les géoneutrinos : une nouvelle fenêtre sur l'intérieur de la Terre ! », sur Futura-Sciences,
  5. a b c d e f et g (en) Collaboration Borexino (en), « Comprehensive geoneutrino analysis with Borexino », Physical Review D, vol. 101,‎ (lire en ligne), article en accès libre.
  6. (en) S. Abe, S. Asami, M. Eizuka, S. Futagi, A. Gando et al., « Abundances of Uranium and Thorium Elements in Earth Estimated by Geoneutrino Spectroscopy », Geophysical Research Letters, vol. 49, no 16,‎ , article no e2022GL099566 (DOI 10.1029/2022GL099566 Accès libre).