Georges Linze

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Georges Linze
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Georges Linze, né à Liège le et mort dans la même ville le , est un poète, écrivain, animateur de revue, critique d'art et essayiste liégeois dont l’œuvre, proche du futurisme et marquée d'optimisme, exalte le progrès, les machines et les découvertes du monde moderne.

Biographie[modifier | modifier le code]

Georges Linze nait à Liège dans une famille originaire de La Roche-En-Ardenne installée à Liège rue Xhovémont, dans une maison qu'il habite ensuite toute sa vie[1]. Il étudie dans l’enseignement officiel puis devient instituteur à l’école communale du quartier Sainte-Walburge, dont il deviendra directeur'"`UNIQ--nowiki-00000004-QINU`"'1'"`UNIQ--nowiki-00000005-QINU`"'.

Il montre un goût précoce pour la littérature et écrit déjà vers douze ans des vers sentimentaux puis, au lendemain de la Première Guerre mondiale, publie des poèmes influencés par Émile Verhaeren dans deux revues locales : Le Mai fleuri, publication éphémère qu'il crée avec Gaston Wilkin[2], et La Lucarne[1].

A l'issue du conflit, Georges Linze considère que l'avènement d'un monde nouveau, celui de la paix, doit avoir « un art à lui », en phase avec cette nouvelle civilisation[3]. Dès 1920, Linze publie son premier recueil, Ici, Poèmes d'Ardennes. En de la même année, avec le poète René Liège[4] et le peintre Marcel Lempereur-Haut, il fonde à Liège le « Groupe d’Art moderne de Liège », groupe littéraire dont le manifeste, co-signé par d’autres personnalités de la littérature belge francophone comme Joseph Duchesne, Géo D’Estemy ou encore Constant de Horion, parait l'année suivante[1]. Le groupe dont le mot d'ordre la modernité, s'insurge contre toute prise de position mercantiliste[5] et est rejoint, en 1925, par le peintre Fernand Steven[6].

En mars 1921, parait le premier numéro d’Anthologie, revue futuriste qui, jusqu'en 1940, diffuse ses théories littéraires et plastiques  : pour Linze, l’art doit abandonner cénacles intellectuels pour toucher toutes les couches de la population car « la masse est isolée de l’avant-garde »[7]. Anthologie publie des poètes de toutes nationalités, français, italiens, espagnols, anglo-saxons, russes… La revue, cultivant un éclectisme revendiqué et dont le but est d'établir le plus de contacts possibles avec des artistes du monde entier, connait un succès international[5].

Le premier essai de Georges Linze, Le prophète influencé, parait en 1928. En 1930, il adhère à la franc-maçonnerie[8] et, l'année suivante, avec Géo Norge, Pierre Bourgeois, Maurice Carême et Edmond Vandercammen, bientôt rejoints par Pierre-Louis Flouquet, il est au nombre des fondateurs du Journal des Poètes[9].

Pionnier des émissions parlées à la radio, il est l'un des premiers à écrire des pièces pour ce nouveau média[10]. S'intéressant également à l'architecture moderne, il collabore avec la revue moderniste L'Équerre et prend part à l'élaboration de l’Exposition internationale de l'Eau de 1939 à Liège, ainsi qu'à la décoration du Palais des Congrès de Liège. Entre 1940 à 1944, il s'engage dans la presse clandestine[11] et, bien que pacifiste, rejoint la résistance armée, ce qui lui vaut la Croix de guerre[12]. La Seconde Guerre mondiale entame la confiance dans le progrès qui caractérise jusqu'alors son travail. Après la guerre, sa production reste néanmoins abondante et il publie son dernier recueil, Poème pour comprendre arbres et machines, en 1984.

Georges Linze a en outre voyagé à travers l'Europe, l'Afrique et l'Asie en moto, véhicule dont il avait la passion[13]. Il décède à Liège en 1993, trois mois après sa compagne de longue date, Fernande Descamps, qu'il a épousée en 1927[13] et a partagé ses passions tout au long de leur vie commune[11]. Il a pour neveu l'écrivain Jacques-Gérard Linze qui, enfant, se rend fréquemment chez son oncle pour y découvrir les livres de la bibliothèque[14].

Œuvre[modifier | modifier le code]

Marquée par l'optimisme[13], l’œuvre de Georges Linze est abondante, composée de plus de vingt recueils de poèmes, d'une vingtaine d’essais, de plusieurs romans et de livres pour enfants. Également théoricien, il publie aussi plusieurs manifestes qui traduisent ses doutes et ses interrogations sur le sens du monde dans lequel il vit. Cherchant inlassablement la réconciliation entre l'art et la machine, proposant un lyrisme de la vie moderne, il est l'un des rares poètes à avoir célébré les progrès que la technique peut apporter dans la destinée de l'homme[15].

Bien qu'il soit inspiré par le futurisme italien et corresponde avec Filippo Tommaso Marinetti, les convictions de Linze s'accordent peu avec les principes du futurisme italien dans la mesure le liégeois est plutôt pacifiste que belliciste, qu'il ne rejette pas le passé ni ne célèbre outrancièrement l’innovation, pas plus qu'il ne s'attache à dynamiter le langage'"`UNIQ--nowiki-00000043-QINU`"'1'"`UNIQ--nowiki-00000044-QINU`"'.

Georges Linze, pour lequel — à l'instar d'Achille Chavée ou de Jean Cocteau — tout est poésie, la décrit ainsi : « Une étrange phosphorescence couvre les objets les plus humbles comme si la poésie n'était que ce que les choses ordinaires ont d’extraordinaire »[16]. Les titres de ses recueils de poésie évoquent largement de ses préoccupations d'écrivain : Poème du miracle d'exister (1951), Poème d'aujourd'hui ou des délices du changement (1967), Poème de la grande invention (1968), Poème de la paix incroyable (1974), Poème de la magie de mon siècle (1976)…

En 1995, Jacques Cels définit le poète liégeois comme un « pourfendeur de tout passéisme (...) [qui] invite à fabriquer une aptitude à voir combien le transitoire et l’obsolescence de toute chose sont peut-être signes de mort, mais toujours gros d’avenir, de potentialités » dont l'œuvre poétique « ne demande qu’une lecture capable de dépasser les mots pour parvenir à retrouver l’énergie qui les porte »[17].

En 2003, Jacques Izoard décrit Linze comme un « poète sans cesse éberlué, qui nous fait partager ses surprises. Poète constamment en dehors de la poésie toute faite, apprêtée, ciselée. Linze n'y réfléchit pas à deux fois et l'ensemble de ses recueils devient une psalmodie, mais renouvelée à l'infini, sans afféterie d'aucune sorte. (...) Georges Linze ne s'encombre pas du superflu, des événements minimes ; attitude mal comprise la plupart du temps. Sous-jacente, une volonté chez lui de se situer en dehors de toute contingence. »[18]

Distinctions[modifier | modifier le code]

Georges Linze a été Vice‑Président de l'Association des écrivains belges de langue française, membre correspondant de l'Académie luxembourgeoise et membre titulaire de l'Académie internationale de Culture française. Entre autres prix, il reçoit le prix Marcel Loumaye (1929), le Prix du Reportage René Jauniaux (1945) pour le livre de guerre intitulé Les Ardennes Désolées[19], le prix des Amitiés françaises (1948) pour Le père et le fils ou les secrets[20], le prix Félix Denayer pour l'ensemble de son œuvre (1957)[11] ainsi qu'en 1972 le prix René Lyr pour Poème des bonheurs insolites[1].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Poésie[modifier | modifier le code]

  • Ici, Poèmes d'Ardennes, éd. Anthologie, 1920
  • L'âme double, éd. Anthologie, 1921
  • Les Forces comparées, éd. Anthologie, 1922
  • Dix-neuf cent trente, éd. Anthologie, 1926
  • Pont, éd. L’Écrou, 1929
  • Danger de mort, poèmes, éd. Anthologie, 1933
  • Poèmes de la fin des villes, éd. Sagesse, n.d.
  • Orage sur la France, poèmes, éd. Ca ira, 1936
  • Poèmes de la ville survolée par les rêves, éd. Anthologie, 1948
  • Poème du miracle d'exister, éd. Anthologie, 1951
  • Poème de la mémoire de l'avenir, éd. Anthologie, 1951
  • Poème de la patience de l'univers, éd. Anthologie, 1963
  • Poème d'aujourd'hui ou des délices du changement, éd. Anthologie, 1967
  • Poème de la grande invention, éd. Anthologie, 1968
  • Poème de l'étrange prison, éd. Anthologie, 1970
  • Poème des bonheurs insolites, éd. Anthologie, 1971
  • Poème du bon dialogue universel, éd. Anthologie, 1972
  • Pulsation, poèmes, éd. Irène Dossche, 1973
  • Poème de la paix incroyable, éd. Anthologie, 1974
  • Poème de la magie de mon siècle, éd. Anthologie, 1976
  • Poème d'une logique suprême, éd. Anthologie, 1979
  • Poème manifeste de la fraternité et du métal, éd. Anthologie, 1979
  • Poème énigme des objets et du temps, éd. Anthologie, 1980
  • Poème science du cœur et du monde, éd. Anthologie, 1981
  • Poème destin des cités et des rêves, éd. Anthologie, 1982
  • Poème amitié du mystère et des hommes, éd. Anthologie, 1983
  • Poème comprendre arbres et machines, éd. Anthologie, 1984

Romans[modifier | modifier le code]

  • Les enfants bombardés, éd. La Renaissance du Livre, 1936
  • Le fantôme de Paris ou l'homme malade, éd. La Renaissance du Livre, 1937
  • Sébastien ou le jeu magique, éd. La Renaissance du Livre, 1940
  • Marthe ou l'âge d'or, éd. L’Étoile, 1946
  • Le père et le fils ou les secrets, éd. La Renaissance du Livre, 1950
  • Les dimanches où le monde est jeune, éd. La Renaissance du Livre, 1954
  • Renée ou la mère héroïque, éd. La Renaissance du Livre, 1958

Essais[modifier | modifier le code]

  • Avis et force du temps, éd. L’Écrou, n.d.
  • Propos d'art contemporain, 1923
  • Le prophète influencé, éd. La Renaissance d'Occident, 1928
  • Méditation sur la machine, éd. L’Écrou, Liège, 1930

Littérature jeunesse[modifier | modifier le code]

Raymond Petit-Homme, 1936
  • Riquet en Ardennes, roman d’aventures, éd. Desoer, 1931
  • Les vainqueurs de l'océan, éd. Desoer, 1931
  • La peuplade inconnue : roman d'aventures, éd. Desoer, 1934
  • Raymond Petit-Homme, éd. Gordinne, 1936
  • Vers le nord mystérieux, éd. Desoer, 1937
  • Gilles Loiseau en Amérique, éd. Deoer, 1948

Bande dessinée[modifier | modifier le code]

  • Morzi l'inventeur ou La découverte de l'irinium, illustré par Étienne Le Rallic (1891-1968), éd. Gordinne, 1937

Théâtre[modifier | modifier le code]

Rééditions[modifier | modifier le code]

  • Les enfants bombardes, éd. Labor littérature, 2002
  • Poésies 1919-1940 (préfacé par Jacques Izoard), éd. Le Taillis-Pré, 2003
  • Poésies 1948-1984, éd. Le Taillis-Pré, 2006

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Purnelle 2016.
  2. Constant de Horion, « Quelques souvenirs : La Fondation du Groupe Moderne d'Art de Liége », Tribune, Bruxelles, no 34,‎
  3. Interview de Georges Linze, coll. Voix de chez nous : Des Liégeois vous parlent, no  catalogue MPL 012, 1982, extrait en ligne
  4. pseudonyme de René Tilman
  5. a et b Nathalie Toussaint, « Modalités des échanges culturels entre les avant-gardes belges el roumaines. : Anthologie, De Driehoek, 7 Arts confrontés à Conti mporanul, Puncl el lntegral », Revue belge d'Archéologie et d'Histoire de l'Art, vol. LXVI,‎ , p. 159-161 (ISSN 0035-077X)
  6. Jacques Parisse, Actuel XX : la peinture à Liège au XXe siècle, éditions Mardaga, , 270 p. (ISBN 978-2-8021-0006-5, lire en ligne), p. 80
  7. Sébastien Charlier, « De la revue d’avant-garde à la reconnaissance publique : La collaboration entre architectes et plasticiens à Liège dans les années 1930 », In Situ. Revue des patrimoines, no 32,‎ (ISSN 1630-7305)
  8. Daphné de Marneffe (Thèse de doctorat), Entre modernisme et avant-garde : Le réseau des revues littéraires de l’immédiat après-guerre en Belgique (1919–1922), Université de Liège, Faculté de Philosophie et Lettres, , p. 169
  9. Ceux-ci seront rapidement rejoints par Céline Arnauld, Géo-Charles, Paul Dermée, Henry Fagne, Claire et Yvan Goll, André Salmon, Henri Vandeputte, René Verboom, Paul Werrie ; cf. Edmond Vandercammen, « L’aventure collective du Journal des poètes : Communication à la séance mensuelle du 13/03/1976 », Académie royale de Langue et de Littérature française, vol. LIV, no 1,‎ , p. 30-31
  10. Marc Quaghebeur et Alberte Spinette, Alphabet des lettres belges de langue française, Association pour la promotion des lettres belges de langue française, , p. 258
  11. a b et c La mort du poète Georges Linze, dépêche Belga in Le Soir, 30/01/1993, p.  9, article en ligne
  12. Jean Marie Bentein, George Linze : L'humain et la machine, PePo, , p. 28
  13. a b et c Franck Andriat, « Georges Linze, poète », Revue L, vol. 19, no 3,‎ (lire en ligne)
  14. Béatrice Libert et Jean Lacroix, « Jacques-Gérard Linze », sur www.arllfb.be (consulté le )
  15. Jacques Stiennon, «  Les Lettres latines et françaises », in Freddy Joris (dir.), Wallonie. Atouts et références d'une Région, éd. Gouvernement wallon, Namur, 1995, article en ligne
  16. Georges Linze, Poème de la ville survolée par les rêves, éd. Anthologie, 1948 ; cité par Robert Frickx et Raymond Trousson, Lettres françaises de Belgique : La poésie, De Boeck-Duculot, , p. 399-340
  17. Jacques Cels, « 1920-1945 : La confiance et le soupçon », dans Collectif, 1920-1995 : un espace-temps littéraire : 75 ans de littérature française en Belgique, Bruxelles, Académie royale de langue et de littérature françaises, (ISBN 978-2-8032-0017-7), p. 48
  18. Jacques Izoard, préface à Georges Linze : Poésies 1919-1940, éd. Le Taillis-Pré, 2003
  19. « Petite Gazette : Le Prix René Jauniaux », Le Soir,‎ , p. 1
  20. Edmond Vandercamme, « Rapport du Jury du Prix triennal du Roman (1949-1951) », Académie Royale de Langue et de Littérature Françaises, vol. XXXI, no 1,‎ , p. 28

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marcel Hennart, Georges Linze, Tournai, Unimuse, coll. « Le miroir des poètes »,
  • Exposition Georges Linze et son époque 1920-1940 : Anthologie, le groupe moderne d'art de Liège du 8 au , éd. Les amis de Georges Linze, 1974
  • Claudine Cassart et René Moirant (préf. Jacques-Gérard Linze), Georges Linze et son époque, Bruxelles, Malgrétout, , 129 p.
  • Claudine Cassart et René Moirant, Georges Linze de Xhovémont de Laiche : Citoyen du Monde Poétique, Bruxelles, Malgrétout, , 83 p.
  • À propos de Georges Linze, choix de textes par Tristan Sautier, L'arbre à paroles no 76, éd. Maison de la poésie d'Amay, 1993
  • Gérald Purnelle, « Georges Linze », dans Nouvelle Biographie Nationale, t. 13, Académie royale de Belgique, , p. 226-227

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Liens internes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]