Gouvernement Pierre Tirard (1)

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Le premier gouvernement Pierre Tirard est le gouvernement de la Troisième République en France du au .

Pierre Tirard, ami personnel de Sadi Carnot, compose un gouvernement à majorité opportuniste. Le cabinet a la particularité d'avoir parmi ses membres trois futurs Présidents de la République, Armand Fallières, Émile Loubet et Félix Faure.

Contexte[modifier | modifier le code]

Après le scandale des décorations, le Président de la République, Jules Grévy est poussé à la démission le , de même que le gouvernement Rouvier par la Chambre puis officiellement le .

Le nouveau Président de la République Sadi Carnot propose d'abord le gouvernement aux radicaux, qui demandent des garanties excessives. Il appelle alors une première fois Armand Fallières pour former un gouvernement, sans succès. Les radicaux et les opportunistes, s'ils souhaitent former un gouvernement de concentration, n'ont aucun programme commun.

Le , Sadi Carnot appelle René Goblet à former le nouveau gouvernement, mais ce dernier échoue. Il refuse par la même occasion la demande de Georges Boulanger de revenir au gouvernement. Le , Carnot désigne à nouveau Armand Fallières à constituer le nouveau gouvernement, mais échoue également. Le , Sadi Carnot nomme Pierre Tirard à la présidence du Conseil des ministres[1]. Il s'agit d'un de ses amis, détesté par les gambettistes mais n'ayant pas une forte personnalité selon ses collègues. De plus, il s'agit d'un sénateur à vie. Ce nouveau gouvernement n'a pas l'appui du groupe de l'|Extrême gauche et que d'une minorité de la Gauche radicale. La nomination du ministre de la Marine et des Colonies François de Mahy choque les radicaux, car celui-ci est partisan de l'annexion de Madagascar. Le ministre de la Guerre François Logerot est désigné par le général Joseph Brugère car sûr, non-politique et qu'il n'est pas spécialement proche de Georges Boulanger. Le 15 décembre, le discours d'inverstiture est assez faible, se concentrant sur un catalogue de mesures économiques. Les radicaux décident de ne pas renverser le ministère immédiatement mais le gouvernement ne reçoit aucun vote de confiance[2].

Composition[modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Président du Conseil des ministres Pierre Tirard Union des gauches
(Union républiciane)

Nomination du [3][modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre des Finances Pierre Tirard Union des gauches
(Union républiciane)
  Ministre de la Justice Armand Fallières[4] Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre des Affaires étrangères Émile Flourens[5] Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de la Guerre François Logerot Républicains
  Ministre de l’Intérieur Ferdinand Sarrien Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de la Marine et des Colonies François de Mahy Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre de l'Instruction publique, des Beaux-Arts et des Cultes Léopold Faye Union des gauches
(Union démocratique)
  Ministre des Travaux publics Émile Loubet Gauche républicaine
  Ministre du Commerce et de l'Industrie Lucien Dautresme[5] Union des gauches
(Républicains progressistes)
  Ministre de l'Agriculture Jules Viette Gauche radicale

Remaniement du [modifier | modifier le code]

Fonction Image Nom Parti politique
  Ministre de la Marine et des Colonies Jules François Émile Krantz SE
  Sous-secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies Félix Faure Union des gauches
(Union républiciane)

Remaniement du [modifier | modifier le code]

Félix Faure après un vote rejeté par exactement la moitié des voix (256) à la Chambre d'un crédit de 20 millions qui représentait la subvention annuelle servie par la métropole au Tonkin, il démissionne.

Fonction Image Nom Parti politique
  Sous-secrétaire d'État à la Marine et aux Colonies (spécialement pour les colonies) Amédée de La Porte Gauche radicale

Bilan[modifier | modifier le code]

Le gouvernement est d'abord considéré comme d'une transition vers un gouvernement plus stable et fort. Charles Floquet est très rapidement remarqué pour ses discours ministeriels et dès le 16 janvier, le gouvernement est mis en difficulté par Gustave de Lamarzelle puis par Pierre Waldeck-Rousseau. C'est uniquement grâce à l'action de René Goblet que le gouvernement obtient un vote de confiance. Le 13 février, Félix Faure démissionne après l'échec de l'obtention de crédit pour le Tonkin. Le 23 février, un vote de confiance est voté avec uniquement 248 voix pour et 220 contre, sauvé par l'abstention de 41 monarchistes. Une nouvelle fois, le 28 février, le gouvernement frôle la chute face à l'élection du ministre Flourens qui est vue comme une candidature officielle[6].

La principale initiative du ministère qui dure trois mois est la mise à la retraite du général Boulanger, ce qui a pour effet de le rendre éligible à la chambre.

Fin du gouvernement et passation des pouvoirs[modifier | modifier le code]

Le , Pierre Tirard, mis en minorité sur un projet de révision constitutionnelle, présente la démission du Gouvernement au président de la République, Sadi Carnot.

Le , Sadi Carnot nomme Charles Floquet à la présidence du Conseil des ministres.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  2. Origine populisme, p. 251-252.
  3. « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
  4. Membre du précédent gouvernement ayant changé de poste
  5. a et b Membre du gouvernement précédent ayant conservé son poste
  6. Origine populisme, p. 252-254.
  • Bertrand Joly, Aux origines du populisme : histoire du boulangisme, Paris, CNRS Éditions, (ISBN 978-2-271-13972-6).