Groupe de chasse 3/6 Roussillon

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Le Groupe de chasse 3/6 Roussillon (initialement Groupe de chasse III/6) est une unité de combat de l’armée de l’air française, formée le , à Chartres (future base aérienne 122 Chartres-Champhol) dissoute après le . Elle a combattu dans la campagne 1939-1940, dans la campagne de Syrie (armée de l’air de l’État français), en Afrique du Nord (engagée dans le Coastal Command), dans la Campagne d’Italie, dans celle d’Allemagne et dans celle de Bordeaux.

Ses deux insignes, « tragedia e commedia[1] »), représentent l’un le masque féroce (adopté par la 5e Escadrille), l’autre le masque souriant (celui de la 6e).

Ses hommes ont inspiré à Marc Lissy le roman Chasseurs, mes frères.

Historique[modifier | modifier le code]

Avion de chasse en vol
Un MS.406 à Rennes, en 2007.

Le Groupe de chasse III/6 est créé à Chartres le (sur le terrain qui deviendra ultérieurement la base aérienne 122 Chartres-Champhol). Équipé de 26 Morane-Saulnier MS.406 neufs, il compte 21 pilotes. Le il rejoint Villacoublay, où il se trouve au moment de la déclaration de guerre, le .

Campagne 1939-1940[modifier | modifier le code]

Quittant Chartres le , le , basé à Bouillancy, le groupe, inclus dans le dispositif de D.A.T. (Défense aérienne du territoire) de Paris, a pour mission de protéger la capitale et la basse vallée de la Seine. Intégré au Groupement de chasse 24, il se déplace le à Wez-Thuisy[2], près de Reims. C’est là que trois pilotes polonais intègrent la 5e Escadrille. C’est là que le sergent-chef Le Gloan, en collaboration avec le lieutenant Martin, offre au groupe ses deux premières victoires. Le , le G.C. III/6 est déplacé au Groupement 23, à Chissey-sur-Loue[3], près d’Arbois.

Le , l’Allemagne attaque la France. Les 418 avions de chasse français s’opposent à 2 650 bombardiers allemands, escortés de 1 300 chasseurs. Le , le G.C. III/6 se déplace à Coulommiers. Du 10 au , il abat neuf avions ennemis. Mais, au terme de ces combats et d’un bombardement subi le , il n’a plus que quatre avions.

Avion de chasse
Un D.520 de la 5e Escadrille, au musée de l’Air et de l’Espace, Le Bourget. Il s'agit du n° 277 de Pierre Le Gloan, pilote de la Seconde Guerre mondiale ayant remporté le plus de victoires (14) sur ce type d'appareil.
Cockpit d’un avion de chasse
Le cockpit du D.520, au musée de l’Air et de l’Espace, Le Bourget.

Le G.C. III/6 est rattaché à l’armée des Alpes, pour parer la menace d’une attaque italienne. Le , il est basé au Luc. C’est là qu’il perçoit, le , ses quatre premiers Dewoitine D.520. Le , l’Italie déclare la guerre à la France. Le 13, les premiers Dewoitine sont opérationnels et l’adjudant Le Gloan abat deux bombardiers italiens BR.20. Le 15, il devient, sans avoir eu le temps de se munir de son parachute, le premier pilote de la Seconde Guerre mondiale à abattre cinq avions en une seule sortie.

Le , le groupe est enfin équipé de 27 Dewoitine, mais trop tard. C'est l'arrêt des combats pour les aviateurs français. Huit cents appareils vont être évacués vers l'Afrique du Nord. Le 17, le groupe reçoit l’ordre de se replier sur Perpignan-La Salanque.

Après deux jours à La Salanque, le groupe se pose le sur le terrain d’Alger-Maison Blanche, où il apprend la signature de l’armistice (). Au terme de cette campagne 1939-1940, le G.C. III/6 compte quatre pilotes tués au combat, deux en service aérien, trois blessés, deux faits prisonniers et 21 victoires officielles.

Campagne de Syrie-Liban (mai à juillet 1941)[modifier | modifier le code]

Le groupe rejoint Constantine le . Il est basé à Alger à compter du , à Casablanca à compter du et de nouveau à Alger à compter du .

Le , le groupe (26 Dewoitine et 6 avions de transport) fait route vers la Syrie, alors sous mandat français, et menacée d’invasion par les 34 400 combattants du général anglais Wilson (surtout des Australiens, appuyés de 5 000 Français libres). Les Britanniques lancent l’offensive le . Le G.C. III/6 opère d'abord à partir de Rayak (Liban) puis, du au , à partir d'Alep-Nerab (Syrie).

Les combats cessent le . Le G.C. III/6 gagne Athènes pour y renouveler le matériel. Le , la convention de Saint-Jean-d’Acre est signée. Le lendemain le groupe rejoint Alger. Il compte au terme de cette éprouvante campagne cinq pilotes tués, trois faits prisonniers, 23 victoires, dont 19 homologuées.

Coastal Command (août 1943 à août 1944)[modifier | modifier le code]

Dans la nuit du 7 au , c’est le débarquement allié à Casablanca, Oran et Alger. Dans le brouillard, aucun avion du G.C. III/6 ne peut décoller. À sept heures, sa base est occupée.

L’amiral Darlan, commandant en chef des armées, se trouve par hasard à Alger, ce jour-là. Il se rallie aux Américains.

Avion de chasse posé
Un P-39N Airacobra.

Le G.C. III/6 va être réorganisé, équipé de matériel américain, afin de reprendre la lutte contre l’Allemagne. Il s’installe à Oued-Smar (Algérie, ), puis à Ain Sefra (). Pour les pilotes et les mécaniciens, c’est une période de formation au nouveau matériel, dans les écoles américaines. Le , le groupe perçoit ses premiers P-39N Airacobra. Il est basé à Berkane (Maroc, ).

Le , il prend le nom de Groupe de chasse 3/6 Roussillon. Basé à Lapasset (actuelle Sidi Lakhdar)[4] (Algérie) le , il est engagé dans le Coastal Command d’Afrique du Nord, aviation côtière dont le rôle consiste en missions de reconnaissance, de liaison, de sauvetage, de protection de convois et d'attaque. C’est un travail ingrat, dangereux, épuisant et monotone, bien différent de celui de la chasse pure. Le groupe est à Djidjelli-Taher (Algérie, ), et enfin à Bône-Les Salines (Algérie, ) où il prépare son départ pour la métropole. Il est alors aux ordres du commandant Clausse. Au cours de la période Coastal Command, il a perdu trois pilotes en service aérien commandé, et abattu trois Dornier.

Campagne d’Italie[modifier | modifier le code]

Avion de chasse dans un musée
Un P-47 au musée de l’Air et de l’Espace, Le Bourget.

En France, le G.C. 3/6 est d’abord basé à Salon-de-Provence (). Le terrain étant impraticable, surtout l’hiver, il émigre vers Istres-Le Vallon (). Le Coastal n’est pas complètement abandonné, mais le Tactical Command va prendre désormais la plus grande part : missions sur l’Italie du nord-ouest, jusqu’au méridien de Turin, consistant à bombarder ponts ou casernements et à mitrailler des véhicules. Le , les Airacobra sont remplacés par des P-47 Thunderbolt[5].

Trois pilotes trouvent la mort, au cours de cette campagne d’Italie.

Campagne d’Allemagne et campagne de Bordeaux[modifier | modifier le code]

Le , le groupe rejoint la 3e Escadre à Luxeuil pour participer à la campagne d’Allemagne, sur le secteur de la 1re Armée française, entre Rhin et Suisse, méridien est du lac de Constance et parallèle de Karlsruhe. Ce sont des missions de bombardement et de mitraillage. Elles vont durer jusqu’à l’armistice, avec une interruption de huit jours...

Car, du 13 au , le G.C. 3/6 participe avec la 3e Escadre à la libération de l’embouchure de la Gironde. Basé à Mérignac, il opère dans le secteur de Royan et de la Pointe de Grave, et sur La Rochelle.

De retour à Luxeuil, il reprend les opérations de reconnaissance armée sur le sud-ouest de l'Allemagne, au profit de la 1re Armée française. Le , il est à Strasbourg-Entzheim où il se trouve le , jour de la capitulation de l’Allemagne. Il est dissous à Trèves. Il cesse officiellement d'exister le .

Il compte au total 16 tués, 4 disparus et 3 blessés. Il a effectué 5 011 sorties, représentant 10 491 heures de vol. Il a largué 610 tonnes de bombes. Il a remporté 49 victoires, dont 9 probables.

Commandement[modifier | modifier le code]

Commandants de groupe[modifier | modifier le code]

  • Commandant de Place,
  • Commandant Castanier,
  • Commandant Stehlin,
  • Commandant de Rivals-Mazères,
  • Commandant Geille,
  • Commandant de Rivals-Mazères,
  • Commandant Naudy,
  • Commandant Destaillac,
  • Commandant Viguier,
  • Commandant Labit,
  • Commandant Clausse, à

Chefs d’escadrille[modifier | modifier le code]

5e Escadrille[modifier | modifier le code]

  • Lieutenant Jacobi,
  • Capitaine Sautier,
  • Capitaine Martin,
  • Capitaine Rupied, à

6e Escadrille[modifier | modifier le code]

  • Lieutenant Guerrier,
  • Capitaine Richard,
  • Lieutenant Thierry,
  • Lieutenant Boillot,
  • Capitaine Demoulin,
  • Capitaine Gatard, à

3e Escadrille[modifier | modifier le code]

Lieutenant Le Gloan, à

Célébrités[modifier | modifier le code]

  • Capitaine André Chainat, commandant en second. As de la Première Guerre mondiale, 16 victoires, dont 11 homologuées.
  • Capitaine Jean Assolant, 5e Escadrille. Pilote de l’Oiseau Canari lors de la première traversée française de l’Atlantique Nord, le .
  • Lieutenant Pierre Le Gloan, 5e Escadrille, 21 victoires, dont 18 homologuées : 14 sur Dewoitine D.520, 5 en une sortie.
  • Adjudant Gabriel Mertzisen, 5e Escadrille. Rejoint le l'escadron Normandie-Niemen. 9 victoires, dont 8 homologuées : 4 au GC 3/6, 4 au Normandie-Niemen.
  • Lieutenant Charles Goujon, 5e Escadrille, 5 victoires. Pilote d’essai, mort en s’éjectant du Trident le .

Citations[modifier | modifier le code]

Deux citations à l'ordre de l'Armée aérienne, comportant l'attribution de la Croix de Guerre avec deux palmes, pour l'ensemble de ses campagnes 1939-1945.

Traditions[modifier | modifier le code]

Masque de tragédie[modifier | modifier le code]

L’insigne « Tragedia » a été successivement porté par :

  • la 5e escadrille du G.C. III/6, du au Modèle:1 date- ;
  • la 5e escadrille du G.C. 3/6 Roussillon, du  Modèle:1 date- au  Modèle:1 date- ;
  • la 1re escadrille du G.C. 3/6 Roussillon, du  Modèle:1 date- au   ;
  • la 5e escadrille du G.M. III/6 Roussillon, du au  ;
  • la 1re escadrille du G.M. III/6 Roussillon, du au   ;
  • la 1re escadrille de l'E.C. 1/11 Roussillon, du   au  ;
  • la 3e escadrille de l'E.C. 3/11 Corse, du   au .

Masque de comédie[modifier | modifier le code]

L’insigne « Commedia » a été successivement porté par :

  • la 6e escadrille du G.C. III/6, du au   ;
  • la 6e escadrille du G.C. 3/6 Roussillon, du au   ;
  • la 2e escadrille du G.C. 3/6 Roussillon, du  au  ;
  • la 6e escadrille du G.M. III/6 Roussillon, du au  ;
  • la 2e escadrille du G.M. III/6 Roussillon, du au  ;
  • la 2e escadrille de l'E.C. 1/11 Roussillon, du   au  ;
  • la 3e escadrille de l'E.C. 2/11 Vosges, du   au .

Sources[modifier | modifier le code]

  • Groupe de chasse 3/6 Roussillon, plaquette-souvenir éditée lors de la dissolution du groupe.
  • Aéro-Journal, n° 26, 27, 28, août à .

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Marc Lissy, qui fut lieutenant au G.C. 3/6, a évoqué les figures du groupe dans le roman Chasseurs, mes frères[6]. Le colonel Bourdila a tenté de retrouver les modèles sous les personnages du roman[7] : le patron serait le capitaine Clausse, Pipo le lieutenant Dhellemmes, Mérovée le lieutenant de Pinsun, Bretaud le lieutenant Charles Goujon, Pierrot le lieutenant Le Gloan, Jules le lieutenant Gatard, etc.
  • Henri Azeau, La Guerre franco-italienne, Presses de la Cité, 1967.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Le capitaine de Place tient à ce que le choix des insignes soit fait par les pilotes eux-mêmes, et non imposé par la hiérarchie. Ce choix s’effectue à Wez-Thuisy, le 15 février 1940. « Tragedia e commedia, tutta la caccia », dit alors le capitaine de Place (« Tragédie et comédie, toute la chasse ».
  2. Anciens aérodromes, « Wez Thuisy, Ferme des marquises (département de la Marne) », étude de Bernard Margaine. [1]
  3. Terrain de 75 hectares, à 200 mètres de la Loue. Il longeait la route entre Chissey et Arc-et-Sanans. Il faisait 1 000 mètres de côté. [2]
  4. À 40 kilomètres de Mostaganem, sur la route de Ténès.
  5. « GC III/6 », sur www.cieldegloire.com.
  6. Marc Lissy, Chasseurs mes frères, Nouvelle Librairie de France, 1981 (réédition).
  7. New's, bulletin de l’association des personnels de la « 5 », n° 46, p. 10-12, colonel Bourdila, « Chasseurs, mes frères, table de correspondance » [3]