Gyele (peuple)

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Gyele
Description de cette image, également commentée ci-après
Construction d'une habitation

Populations importantes par région
Population totale env. 4 000
Autres
Langues gyele
Ethnies liées Babinga

Les Gyele (ou Bagyeli) forment une population pygmée vivant principalement dans le sud-ouest du Cameroun[1], sur un territoire de forêt dense relativement étendu de 12 000 km2, mais concentrés dans le département de l'Océan (Région du Sud), dans les arrondissements de Kribi et Bipindi, également en Guinée équatoriale. Selon les sources, leur nombre est estimé entre 3 000 et 5 000 personnes.

Ethnonymie[modifier | modifier le code]

Selon les sources, on observe plusieurs variantes : Bajeli, Bako, Bakola, Bekoe, Bogyel, Bogyeli[2].

Langue[modifier | modifier le code]

Ils parlent le gyele, une langue bantoïde méridionale du groupe makaa-njem. Parlée par 4 279 personnes, dont 4 250 au Cameroun en 2012, c'est une langue en danger[3].

Situation[modifier | modifier le code]

Avant la colonisation, les Gyele répondaient à leurs besoins grâce en exploitant les ressources naturelles de la forêt pluvieuse.

Quand le Cameroun est devenu un protectorat allemand, les Gyele ont perdu (confiscations) une partie de leurs terres, converties en plantations de palmiers à huile, sans compensations. Quand après la première guerre mondiale la France a remplacé l'Allemagne, les palmeraies ont été reprises par des particuliers. Puis lors de l'indépendance (1960), le nouvel Etat camerounais a décidé, avec l'aide de bailleurs internationaux de créer une société publique (la Socapalm) pour développer les plantations de palmiers à huile et de huileries, tout en améliorant la qualité de vie des habitants et riverains des palmeraies. Les territoires Gyele étaient dans les zones de développement de palmeraies. Les Gyele ont été sédentarisés et privé d'une partie de leurs anciennes ressources en eau, en alimentation, en plante médicinales, menaçant leur souveraineté alimentaire[4].

Après la privatisation (en 2000) de la Socapalm, l'entreprise était tenue de restituer plus de 21 000 ha à leur propriétaire légitime, l'État camerounais. Depuis 2000, la Socapalm bénéficie aussi d'un bail emphytéotique de 60 ans attribué par l'État camerounais qui lui loue ses terres a un prix dérisoire, qualifié de "prix d'ami" (604 069  pour 78 529 ha par an, soit 7,69 €/ha, alors que les paysans cultivant autour des zones agro-industrielles louent ces terres 61 à 154 €/ha/an [5]. L'entreprise a rajeuni ses plantations et les a localement étendu, apparemment le plus souvent « sans associer les communautés riveraines ni même tenir compte de l'espace vital dont ces dernières ont besoin de sorte que bon nombre de villageois se trouvent privés de leurs moyens de subsistance traditionnels » ; L'article 6 h du contrat de bail de la Socapalm lui impose de ne pas planter ou replanter sur les parcelles d'une superficie totale de 250 hectares situées autour des communautés villageoises, sans qu'au préalable l'administration ait déclaré que ces terres ne font pas partie de l'espace vital dont ces communautés ont besoin. Les auteurs d'un rapport publié en 2010, réalisé après enquête sur place par plusieurs ONG concluent à ce propos : « Nous ignorons si des extensions ont effectivement eu lieu en violation de cette disposition mais de toute évidence, il est devenu impossible pour de nombreux villageois de planter un jardin de case à proximité de leur habitation »[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Thierry Terret, Appoline Abena, « Bapea, Yende et football chez les Pygmées Bagyeli du Sud-Cameroun. Pratiques sportives et activités physiques traditionnelles », Staps, 2/2005, no 68, p. 10, [lire en ligne].
  2. (en) « Bagyele (African people) », Bibliothèque du Congrès.
  3. Ethnologue [gyi].
  4. Ricq I.A (2009) Bolloré au Cameroun, un bilan en images. Le Monde Diplomatique, 16 juin 2009.
  5. Rosa Moussaoui, « Cameroun. Socapalm, des terres agricoles louées à prix d'ami », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  6. Centre pour le Développement et l'Environnement (CDE) et al. (2010). L'impact de la privatisation de la SOCAPALM sur les communautés et l'environnement au Cameroun. Exposé de la situation ; rapport réalisé par les ONG SHERPA, CED et FOCARFE de 2007 à 2010 avec l'appui de MISEREOR.| Décembre|consulté le=2021-11-06| URL=https://asso-sherpa.org/sherpa-content/docs/newsroom/Communiques_de_presse/Expose%20de%20situation%20-%20SOCAPALM.pdf. voir p 7

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Bernard Aristide Bitouga, Construction des infrastructures sociales pour les Bakola/Bagyelli et incidence sur la coexistence avec les Bantou : contribution à une ethno-anthropologie du conflit, Université de Yaoundé I, 2011 (master en anthropologie)
  • Edmond Dounias, Ethnoecologie & alimentation des Pygmées Bagyeli : Sud-Cameroun, Institut supérieur technique d'outre-mer, Le Havre, 1987, 82 p. (rapport de stage)
  • G. S. Fouda, Impact de la monétarisation des échanges sur le système productif des Pygmées Bagyéli de la région d'Akom II (Sud-Cameroun), Université de Yaoundé I, 1999, 90 p. (mémoire de maîtrise de sociologie)
  • P. F. Mimboh, « Les pygmées Bakola/Bagyéli du Sud-Ouest Cameroun et la déforestation », in L'avenir des peuples autochtones. Le sort des premières nations, Centre tricontinental, Louvain-la-Neuve (Belgique), L'Harmattan, 2000, p. 189-198 (ISBN 2-7384-9691-1)
  • Jean Nke Ndih, « La biodiversité et santé chez les Pygmées Bakola/Bagyéli (Sud-Ouest du Cameroun », sur sifee.org (consulté le ).
  • Thierry Terret, Appoline Abena, « Bapea, Yende et football chez les Pygmées Bagyeli du Sud-Cameroun. Pratiques sportives et activités physiques traditionnelles », Staps, 2/2005, no 68, p. 55-75, [lire en ligne].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]