Habib Zayat

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Habib Zayât
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L'Orientaliste Habib Zayât.
Naissance
Damas
Décès (à 79 ans)
Nice
Nationalité Drapeau de la France française
Profession
Activité principale
Orientaliste, Paléographe arabe, Ecrivain.
Conjoint
Louise Bourgeois
Famille
5 enfants
Auteur
Langue d’écriture Arabe, Français
Genres
Etude critique de manuscrits, monographies.

Habib Zayât est un écrivain, orientaliste, né le à Damas en Syrie - Il est décédé le à Nice en France.

Biographie[modifier | modifier le code]

Habib Zayât, fils d'Ilyas Zayât, est né à Damas le . Sa vie va se dérouler entre la capitale syrienne, où il passe sa jeunesse et commence une vie professionnelle au service de la Banque impériale ottomane avant de se rendre, en 1906, à Alexandrie pour des raisons professionnelles, puis à Avallon et Nice en France, où il s'installe à la suite de son union avec une Française.

M. Zayât est connu comme un pionnier incontesté et hautement estimé de l'histoire de l'Église grecque melkite. Ses ouvrages se retrouvent dans les grandes bibliothèques d'Europe. On lui connaît des correspondances avec les grands savants orientalistes de son époque, notamment Louis Massignon, Claude Cahen[1], Jean Sauvaget, Barbier de Meynard auquel il répond ici[2], à la suite d'une demande de ce dernier relative à deux manuscrits découverts par le savant damascène.

Habib Zayât consacre son temps libre à la recherche sur les manuscrits[3] alors qu'il est toujours employé de la Banque Impériale Ottomane. Dès le début de son activité scientifique, il attire l'attention des Orientalistes. Son premier écrit en langue arabe connu s'intitule littéralement La Femme [arabe] à l'époque de l'idolâtrie[4] qui se traduit également par la Femme [arabe] avant l'islamisme[5]; il s'agit d'une lettre d'une quarantaine de pages qui fut ni vendue, ni distribuée dans les bibliothèques[6]. Dans sa longue notice explicative parue en 1903, pour présenter le premier ouvrage proprement dit de Habib Zayât, qui le fera d'ailleurs connaître, sur le sujet des Bibliothèques de Damas et de ses environs, Damas, Saidnaya, Maaloula et Yabroud, Elias Raheb n'économise pas sa plume en faisant l'éloge de l'auteur : "On se sent donc porté à signaler spécialement toute tentative de progrès faite sur le terrain de la science. L'ouvrage que nous présentons aux lecteurs... en est un exemple. M. Habib Zayât, est certainement l'homme qui possède le mieux aujourd'hui l'histoire de sa nation. Son livre a contribué à exciter les intelligences, mais chose qui ne saurait étonner quiconque connaît la Syrie, les encouragements lui sont surtout venus des corps savants d'Europe"[7].

Habid Zayât, au début de sa trentaine en 1903, avait déjà passé une dizaine d'années à travailler dans la bibliothèque de la Daheryé qui, à l'époque des Califes Omeyyades, était la plus importante de Damas. La Daheryé s'élevait au-dessus de la tombe du sultan Daher Bibros, ensevelie là en 676 de l'hégire (1291 de J.C.), et de son fils Saïd. Pendant de longs siècles cette bibliothèque est restée fermée. Habib Zayât nous en donne une description, plus scientifique que celle du catalogue officiel[7]. Cette même année, on retrouve le jeune savant, membre de la Société asiatique[8].

Dans une nouvelle publication de 1935, La Croix dans l'Islam, l'orientaliste Zayât offre une étude très fouillée sur la situation de la Croix dans l'Islam, soit chez les chrétiens soumis aux princes musulmans soit au regard des musulmans eux-mêmes. Il s'agit d'une étude littéraire, rituelle et historique d'après les sources islamiques[9].

En 1936, il fonde une revue bisannuelle, Al-Khizanat al-Charquiyat dont le but était l'étude de la littérature et de l'histoire orientales. Cette revue était publiée à Harissa au Liban alors que le centre de rédaction se trouvait à Cimiez, un quartier de Nice en France. Habib Zayât y publiait des articles inédits retrouvés dans les bibliothèques dans lesquelles il avait travaillé, sur les questions orientales qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes[10].

L'année 1938 est celle où paraît dans la revue Al-Maschrek, un ouvrage de sa plume, tout à fait pionnier sur Les Couvents Chrétiens en terre d'Islam[11]. Dans ce travail, Habib Zayât est le premier à recourir aux sources islamiques, jusque-là ignorées, pour faire revivre les couvents chrétiens nombreux en terre d'Islam.

En 1940, que dit de lui, Monseigneur Joseph Nasrallah[12] ? : "Habib Zayât, nous promet d'ici quelque temps une savante monographie sur la localité de Kara et sur ces manuscrits, nous serions téméraires de vouloir traiter un sujet dans lequel il est passé maître incontesté. De même cet érudit historien a étudié dans son Histoire de Saïdnaya, les manuscrits de ce village et la célèbre bibliothèque de son couvent"[13].

La même année, Habib Zayât nous informe dans son ouvrage sur les bibliothèques de Damas[14], qu'il "a feuilleté tous les catalogues des bibliothèques orientales d'Europe, spécialement les catalogues des manuscrits syriaques de Londres et de Paris" et il ajoute qu'il n'a trouvé aucun manuscrit qui ait été écrit à Yabroud ou qui même ait appartenu à l'un de ses habitants...", et Mgr. Nasrallah d'ajouter : "Ce témoignage apporté par un homme qui depuis plus de quarante ans s'est spécialisé dans l'étude des manuscrits est d'un grand poids"[13].

En revanche, l'examen d'autres manuscrits enfouis dans les bibliothèques d'Europe a permis au savant orientaliste de retrouver le récit encore inédit du martyre de plusieurs melkites tels : Youhanna Al-Marzouzi, Antonios qui s'apparentait au Calife Haroun al-Rachid, Riskallah de Damas, le prêtre Ishak du village de Hanak, etc[15].

En 1949, il publie, toujours dans la revue Al-Maschrek un long article de près de 100 pages intitulé Signes distinctifs des chrétiens et des juifs en Islam : la croix, la ceinture, le turban et la rondelle. Dans la notice qu'il lui a consacrée, Monseigneur Néophytos Edelby, écrit : "Il n'en reste pas moins qu'on doit être reconnaissant à M. Zayât d'avoir préparé pour l'histoire des chrétiens en Islam un matériel aussi abondant et aussi difficilement accessible pour quiconque n'a pas son érudition et sa longue expérience"[16].

Un des meilleurs connaisseurs de l'Église grecque melkite de son temps, Habib Zayât l'était. Mgr. Lagier, Directeur Général de l'Œuvre d'Orient écrivait dans son ouvrage[17], devenu désormais un classique: "Pour trouver les traces de ces catholiques du début du deuxième millénaire, nous avons dû nous adresser à deux sources dont celle du savant orientaliste M. Habib Zayat. Ce qu'ont pu écrire les contemporains sur ces chrétientés perdues en terre d'Islam, M. Zayat le sait".

Même les autres Églises du Proche-Orient profiteront des travaux de M. Zayât, puisqu'au sujet des vicissitudes subies par les Églises de Mossoul, au VIIIe siècle, le père Maurice Fiey o.p. traitant de la question[18], affirme : "Ce sujet vaste et délicat, ne peut être passé sous silence par l'historien impartial. Il a été traité avec beaucoup d'objectivité par Habib Zayat dans son ouvrage arabe : Signes distinctifs des Chrétiens et des Juifs en Islam.

Habib Zayât, en véritable savant, savait partager sa passion en faisant part de copies de manuscrits qu'il possédait[19],[20], mais s'il est surtout connu pour ses découvertes de manuscrits et la publication de documents inédits, peu le connaissent à l'œuvre lorsqu'il porte à la connaissance du monde savant des pièces archéologiques notamment une sépulture, trouvée non loin de la ville de Damas et qui s'est avérée être celle du dernier évêque grec orthodoxe de Saidnaya[21]. M. Zayat retrouve également, à Bab-Charki le quartier chrétien de Damas, un tombeau qu'il attribue à Mgr. Euthymios Saïfi, archevêque grec melkite catholique de Tyr et fondateur du Couvent Saint-Sauveur qui se situe au-dessus de la ville de Saïda au Liban[22].

Tout au long de ses cinquante années de travail éprouvé par la rigueur intellectuelle et l'aridité des bibliothèques, Habib Zayât se verra honoré par les pères jésuites de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth qui lui ouvriront très tôt, entre 1903 et 1953, les pages de leurs périodiques (Al-Maschrek, Al-Bachir) et de leurs collections pour la publication de ses travaux et d'articles occasionnels. M. Zayat connaîtra ainsi une collaboration régulière avec les pères Louis Cheikho s.j., Henri Lammens s.j., Ferdinand Taoutel s.j., Antoine Salhani s.j., etc., mais aussi avec le R.P. Armalé, prêtre syrien catholique qui bénéficia, auprès des savants jésuites, du même accueil que M. Zayât[23].

Habib Zayât s'éteint en 1954. Il est inhumé à Avallon en France, dans le caveau de sa belle-famille.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (ar + fr) Les sièges épiscopaux du Patriarcat Melkite d'Antioche en 1658, Édition de Habib Zayât et Commentaires de Mgr. Neophyte Edelby, Proche-Orient Chrétien, Tome III, Fasc. IV, Septembre-Decembre 1953, Pages 340-350.
  • (ar) Les Grecs melkites en Islam, Harissa, Imprimerie Saint Paul 1953, 87pp..
  • (fr + ar) Vie du Patriarche melkite d'Antioche Christophore (†967) par le protospathaire Ibrahîm b. Yuhanna, Document inédit du Xe siècle, Proche-Orient Chrétien, II, 1952.
  • (ar) Signes distinctifs des chrétiens et des juifs en Islam, La Croix, La Ceinture, le Turban et la Rondelle, Revue Al-Maschreq, Avril-, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1950, 95 pp.
  • (ar) Répertoire des noms de vaisseaux et embarcations en Islam, Revue Al-Maschreq, Juillet-, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1950, p. 322 à 365.
  • (ar) La Beauté du type damasquin, Revue Al-Maschreq, Juillet-, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1950, p. 609 à 620.
  • (ar) Les Couvents de Damas et de ses environs en Islam, Revue Al-Maschreq, Juillet-, Janvier, Mars, Juillet-, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1950, p. 327 à 463.
  • (ar) La Librairie et les libraires en Islam, Revue Al-Maschreq, Juillet-, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1947, 46 pp.
  • (ar) Al-Khizānāt aš-Šarquiya, Notices et Extraits d'ouvrages arabes pour l'étude de l'histoire la littérature et la civilisation Orientales à l'époque des Abbassides, Tome I à IV, Revue Al-Maschreq, 1947-1948, Beyrouth Imprimerie catholique, 1946.
  • (ar) Les Couvents Chrétiens en terre d'Islam, Aldayarate alnassiriyya fi alislam, Revue Al-Maschreq, Beyrouth, Imprimerie Catholique, 1938. In-8° de 140 pp..
  • (ar) La Croix dans l'Islam, in Documents inédits pour servir à l'histoire du patriarcat melkite d'Antioche, Harissa, Imprimerie Saint Paul, 1935, 100 pp. (ar) & 12 pp. en (fr), 1935.
  • (ar) Histoire de Saidnaya, in Documents inédits pour servir à P Histoire du Patriarcat melkite d'Antioche, Harissa, III, Imprimerie Saint Paul, 1932.
  • (ar) Documents inédits pour servir à l'histoire du patriarcat melkite d'Antioche : Histoire de Saïdanaya, Imprimerie Saint-Paul, Harissa, 1932.
  • (ar) ad-Durr al-Muntakhab, Revue Al-Maschreq, Beyrouth, Imprimerie catholique, p. 504-509. Cet article traite de l'attribution du dernier état de la compilation au diacre Paul, fils du Patriarche Makarios.
  • (ar) Dûr al-Bițțîkh bi-Baghdâd wa Dimashq (La halle aux pastèques à Baghdâd et Damas), Revue Al-Maschreq, t. XXVII, Beyrouth, Imprimerie catholique, 1929, p. 761 et sv.
  • (ar) Les Bibliothèques à Damas et dans ses environs, en quatre parties : Damas, Saïdanaya, Maaloula et Yabroud, Imprimerie Al-Maaref, le Caire, 1903.
  • (ar) La Femme au temps de la Jâhilîya (Idolâtrie), Habib Effendi Zayât, Imprimerie Al-Maaref, Rue Faggalah, Le Caire, 40pp.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Voici comment Claude Cahen termine, en 1938, sa notice sur les nouveaux titres de M. Zayât, Al-Khizānat aš-Šarkiya et Al-Diyārāt Al-Nașrāniya fi'l-Islām, p. 309 à 311 : "L'un des grands services que l'auteur peut rendre et a souvent rendus est en effet de mettre l'érudition, et parfois la méthode, des Occidentaux à la disposition des Syriens, qui ne vivant pas comme lui en Europe, n'ont pas autant de facilité pour y accéder et les connaître. Ayant jadis eu le plaisir et l'honneur d'être en relations personnelles avec H. Zayât, et connaissant toute sa valeur, nous espérons qu'il voudra bien prendre ces regrets pour l'inverse d'une critique".
  2. Lettre de M. Habib Zayât à M. Barbier de Meynard, Journal Asiatique, Mars-Avril 1904.
  3. Claude Cahen nous dit dans sa notice sur la Khizānat aš-Šarkiya et Al-Diyārāt Al-Nașrāniya fi'l-Islām : "L'auteur connaît de nombreux ouvrages manuscrits dont certains n'ont guère été utilisés avant lui, et c'est dans les emprunts qu'il y a fait que réside l'un des intérêts principaux de son travail" Page 309 du compte-rendu du Journal Asiatique de 1938.
  4. La Jâhilîya est, pour l'islam, la période pré-islamique que les musulmans qualifient de période de l'idolâtrie ou de l'ignorance.
  5. Il fait cadeau d'un exemplaire de cet écrit au cours du mois d'octobre 1899 à l'Académie des Inscriptions et Belles lettres. Cf. Le compte-rendu de l'Académie sur la séance du 10 novembre 1899.
  6. La Femme au temps de l'Idolâtrie, Habib Effendi Zayât, Imprimerie Al-Maaref, Rue Faggalah, Le Caire, 40pp.
  7. a et b Echos d'Orient : Revue bimestrielle De Théologie, de Droit Canonique et de Liturgie, d'archéologie, d'Histoire et de Géographie Orientales, 1903, Page 498.
  8. Il est cité parmi les membres souscripteurs dans le numéro du Journal Asiatique de juillet-août 1903, page 35.
  9. Notice sur la publication La Croix dans l'Islam, par le Rev. Père Venance Grumel, Echos d'Orient, : Revue bimestrielle De Théologie, de Droit Canonique et de Liturgie, d'archéologie, d'Histoire et de Géographie Orientales, 1936, Vol. 35, Fasc.184, Pages 498-499.
  10. Dominique Avon, Les Frères Précheurs en Orient, les dominicains du Caire, années 1910-années 1960
  11. Notice sur Les Couvents Chrétiens en Terre d'Islam par Jean Gouillard - Echos d'Orient, 1940, Vol. 39, pages 231-232
  12. Ancien Exarque de l'Église Saint-Julien-le-Pauvre à Paris
  13. a et b Manuscrits Melkites de Yabroud dans la Qalamoun, Joseph Nasrallah, Orientalia Christiana Periodica, Vol. VI, no 1-2, Rome, 1940, page 85.
  14. Les Bibliothèques à Damas et dans ses environs, en quatre parties : Damas, Saïdnaya, Maaloula et Yabroud, Imprimerie Al-Maaref, le Caire, 1903, p. 178-179.
  15. Antioche entre Rome, Byzance et la Mecque, Joseph N. Hajjar, Éditions Al-Mourad, Vol. I, 1998. Page 131.
  16. Proche-Orient chrétien. Tome II, Fascule II, Avril-Juin 1952, Pages 192-193.
  17. L'Orient Chrétien de Photius à l'Empire Latin de Constantinople, Tome II,C. Lagier, Bureau de l'Œuvre d'Orient, Paris, 1950, Pages 69-70.
  18. Mossoul Chrétienne, Essai sur l'Histoire, l'Archéologie et l'État actuel des Monuments Chrétiens de la ville de Mossoul, J.M. Fiey o.p., Coll. Recherches, Vol.XII, Imprimerie Catholique, Beyrouth, 1959, Page 23.
  19. Echos d'Orient : Revue bimestrielle De Théologie, de Droit Canonique et de Liturgie, d'archéologie, d'Histoire et de Géographie Orientales, 1903, Vol. VI, Page 241 & 446, point 2.
  20. Echos d'Orient : Revue bimestrielle De Théologie, de Droit Canonique et de Liturgie, d'archéologie, d'Histoire et de Géographie Orientales, 1903, Vol. VI, Page 299, voir la note
  21. Les Evêques de Saidnaya, Haissa Boustany, Echos d'Orient, 1904, Vol. 7, Fasc. 47, Page 215.
  22. Echos d'Orient :Revue bimestrielle De Théologie, de Droit Canonique et de Liturgie, d'archéologie, d'Histoire et de Géographie Orientales, 1903, Page 206.
  23. 75 ans de travaux littéraires et scientifiques - Bibliographie de l'Université Saint-Joseph de Beyrouth par les Bibliothécaires de la Bibliothèque Orientale, 1951, Pages 18 et 36.