Harold K. Levering

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Harold K. Levering
Fonction
Membre de l'Assemblée de l'État de Californie
Biographie
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Snydersville, Pennsylvania (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Harold Keizer Levering (20 décembre 1894 - 15 septembre 1967) est un homme politique américain et membre républicain de l'Assemblée de l'État de Californie, représentant le district 60 de 1949 à 1963. Il est chef de la majorité de l'assemblée en 1953[1]. Il donne son nom à la loi californienne de 1950 dite Levering Act, imposant la signature d'un serment de fidélité à l'ensemble des fonctionnaires californiens, dont le professorat universitaire.

L'affaire du Levering Act[modifier | modifier le code]

Le serment de loyauté[modifier | modifier le code]

Le nom de Harold Keizer Levering reste indissociable du Levering Act, loi californienne controversée de 1950 et contraignant les fonctionnaires de l'État à signer un serment de loyauté (loyalty oath)[2]. Mis en place sous une forme anticipée par Robert Gordon Sproul, président du système de l'université de Californie, le Levering Act déclenche le renvoi de 31 éminents professeurs, tels Ernst Kantorowic et Ludwig Edelstein, et enflamme la polémique dans les universités californiennes[3],[2]

Refus et renvois des universitaires[modifier | modifier le code]

En réponse à la législation, la déclaration de la Fédération des enseignants de l’État de Californie en 1950[a][2] :

« Le serment Levering est en contradiction avec la Constitution des États Unis d'Amérique car il impose aux fonctionnaires un test politique pour l'emploi, les prive de l'égalité de protection devant la loi comme le garantit le XIVe amendement et les expose, par son ambiguïté, à l'auto-incrimination et au parjure. »

Le tumulte se répand dans les milieux universitaires du reste du pays : une lettre publique[b] depuis l'Institute for Advanced Study à Princeton, dans le New Jersey, soit la côte Est des États-Unis, intervient en faveur de la liberté académique dans l'affaire qui ébranle la Californie[4]. Parmi les signataires, on lit les noms de Robert Oppenheimer, Harold Cherniss, Albert Einstein, Erwin Panofsky... La lettre est distribuée et publiée à l'Université de Californie à Berkeley[5].

Décisions des Cours suprêmes[modifier | modifier le code]

En octobre 1952, le serment de loyauté de Berkeley est déclaré inconstitutionnel par la Cour suprême de Californie. L'université reçoit l'ordre de réintégrer, l'ensemble des professeurs congédiés[6]. Dans l'affaire Tolman contre Underhill, la Cour suprême de Californie réintègre les professeurs d'université licenciés par l'université avant l'adoption de la loi pour avoir refusé de signer le serment exigé par les recteurs de l'université[5]. Le tribunal estime que les recteurs ont outrepassé leur autorité en imposant le serment comme condition d'emploi. Les dix-huit enseignants dont le licenciement est remis en cause doivent toutefois prêter le serment requis par le Levering Act pour être réintégrés[7]. L'affaire est portée par Stanley Weigel, un républicain, plus tard membre du comité national de l'ACLU et nommé (en 1962) par Kennedy à la magistrature fédérale[8].

En 1953, la Cour suprême des États-Unis refuse d'entendre l'appel de l'un des enseignants licenciés, le professeur Leonard T. Pockman du San Francisco State College. L'ordonnance rendue par le tribunal indique que l'affaire ne concerne aucune question fédérale substantielle[9].

En 1967, la Cour suprême de Californie juge, par 6 voix contre 1, que le Levering Act est inconstitutionnel[10],[11]. Les poursuites intentées par des particuliers durent des années. Albert E. Monroe obtient la récupération de certains avantages perdus lors de son licenciement (en 1950) en 1972[12]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. NdT. "The Levering Oath is in contradiction to the Federal Constitution since it imposes on public workers a political test for employment, deprives them of equal protection under the law as guaranteed in the 14th Amendment, and exposes them through its ambiguity to self-incrimination and perjury."--Fédération des enseignants de l’État de Californie
  2. NdT. "« Sachant que les recteurs ont licencié des membres de votre faculté contrairement à la recommandation de votre comité sur les privilèges et la titularisation, et que cette action viole la politique de titularisation et le principe d'autodétermination et de responsabilité de la faculté reconnu jusqu'ici par l'Université de Californie, nous vous écrivons à l’unanimité pour vous encourager à vous unir pour défendre vos politiques et principes traditionnels contre l’empiétement. »."

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Join California - Harold K. Kevering », joincalifornia.com
  2. a b et c (en) « 1950s: The Teachers Union that Came in From the Cold War » [archive du ], California Federation of Teachers (consulté le )
  3. (en) Greenberg, Robert, « The Loyalty Oath at the University of California: A Report on Events, 1949-1958 », Free Speech Movement Archive (consulté le )
  4. (en)'A Message of Support,' Princeton Alumni Weekly, October 6, 1950, p. 7-8. Online, GoogleBooks.com
  5. a et b (en) Nancy K. Innis, « Lessons from the controversy over the loyalty oath at the University of California », Minerva, vol. 30, no 3,‎ , p. 337–365 (DOI 10.1007/bf01097643, S2CID 144433911)
  6. (en)John David Jackson, 'Panofsky agonistes: The 1950 loyalty oath at Berkeley,' Physics Today, Janvier 2009. PDF disponible depuis le site de l'auteur.
  7. « Calif. Courts Junk Teacher Loyalty Oath », Harvard Crimson,‎ (lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Wolfgang Saxon, « Judge Stanley Weigel, 93, Dies; Acted to Improve Prisons », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) « Loyalty Ruling Barred », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Transciprion de l'affaire Vogel contre Comté de Los Angeles, 68 Cal. 2d 18 (1967) », (consulté le )
  11. (en) « California Loyalty Oath Ruled Unconstitutional », New York Times,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « Professor Ordered Rehired in 1950 Loyalty Oath Case », New York Times,‎ (lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]