Henri Karayan

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Henri Karayan
Henri Karayan en 2007
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Յարութիւն ՔարայեանVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Membre de
Conflit
Distinction

Henri Karayan (en arménien Յարութիւն Քարայեան), né le à Constantinople (Turquie) et mort le à Goussonville, est un résistant français d'origine arménienne, membre des FTP-MOI dirigé par Missak Manouchian.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance[modifier | modifier le code]

Henri Karayan est né en 1921 à Constantinople, d'une famille arménienne victime du génocide arménien[1]. Il arrive en France à l'âge d'un an et demi. Sa famille s'installe à Décines, près de Lyon[2]. Henri Karayan s'implique dans la vie culturelle et associative de la communauté arménienne lyonnaise[3]. Il raconte ainsi, dans un entretien donné au journal L'Humanité en 2000, avoir participé à la création d'une troupe théâtrale, d'une chorale, d'une équipe de football ou encore d'avoir organisé la projection du premier film arménien : Bebo[3].

Son père Guiragos est en 1921[2] secrétaire de la section de Décines de la Section française du Comité de secours pour l'Arménie (HOG)[4], une association qui a pour objectif de venir en aide à l'Arménie soviétique isolée alors par le blocus des armées alliées[2]. En 1937, le comité est dissous[3]. Missak Manouchian, militant communiste depuis 1934, met en place une nouvelle structure sous le nom d'Union populaire franco-arménienne et fait la tournée des communautés arméniennes en France[2]. Henri Karayan, âgé de 17 ans et alors malade et alité depuis des mois, le rencontre lorsqu'il rend visite à son père, au domicile familial de Décines[3]. Missak Manouchian passe l'après-midi à son chevet[3].

Dans la résistance[modifier | modifier le code]

L'Affiche rouge.

En , Henri Karayan est incarcéré à la prison Saint-Paul de Lyon comme « individu douteux » et de là envoyé au camp de Loriol (Drôme), puis à celui du Vernet (Ariège), avant d’être livré aux Allemands pour travailler dans la Ruhr[1], avec son père Guiragos et Diran Vosguiritchian[4]. Il y retrouve un communiste juif, Leo Kneler, ancien des Brigades internationales et dont il avait fait connaissance dans le camp de Vernet[1]. Ils parviennent ensemble à s'évader et, en , rejoignent Paris[1]. Henri Karayan reprend contact avec Missak Manouchian et lui présente son compagnon de route[1]. Ses premières actions de résistant sont des distributions clandestines de tracts ou de L'Humanité[2]. Parallèlement, il se fait embaucher à l’usine de Satory puis comme coiffeur à l’hôpital de la Pitié[1].

En (il explique dans une interview rejoindre le groupe de Missak Manouchian en [5]), il rejoint le groupe de jeunes FTP-MOI (Francs-tireurs et partisans – main d'œuvre immigrée) sous le commandement de Manouchian et participe à six opérations armées[4]. Selon Boris Holban, il participe à l’attaque d’un camion allemand à Vanves en [4]. Sous le pseudonyme de Louis, il reçoit le matricule 10308 et est rattaché au 1er détachement[4]. Responsable de la troisième équipe du groupe, il avait coutume de dire : « Moi, je ne tuais pas des civils, je ne tuais pas des Allemands, je tuais des nazis en uniforme »[6]. Il échappe de justesse (comme son camarade Arsène Tchakarian) à la traque de la BS2 qui mena au peloton d'exécution 23 membres du groupe le au Mont Valérien[2]. Il se cache pendant plusieurs mois au sein de familles arméniennes, avant de fuir dans le Loiret et de trouver refuge dans la petite communauté arménienne de Châlette-sur-Loing[4]. Il y rejoint la résistance du Loiret, puis devient officier interprète[7].

Après la guerre[modifier | modifier le code]

Après la guerre, Henri Karayan se marie et exerce le métier de journaliste, puis de commerçant[7].

Il devient l’un des animateurs de la Jeunesse arménienne de France (JAF), organisation pro-soviétique issue des rangs de la Résistance, officiellement fondée à Paris le [4]. Il s’installe à Issy-les-Moulineaux où il se lie d’amitié avec Guy Ducoloné, ancien résistant et déporté, militant responsable à l’UJRF et futur élu des Hauts-de-Seine, investi auprès de la communauté arménienne[4]. Joueur de football depuis son enfance à Décines, Henri Karayan anime également pendant un temps une union sportive arménienne à Issy-les-Moulineaux où il tient également un commerce[4].

Après avoir pris sa retraite, il se consacre à transmettre la mémoire des FTP-MOI et est régulièrement sollicité dans les collèges et lycées pour livrer son témoignage, à l’instar de son camarade Arsène Tchakarian[4].

Il aide Robert Guédiguian pour son film L'Armée du crime sorti en 2009[6],[8].

Il meurt à Paris le [2],[4]. Il est inhumé à Issy-les-Moulineaux où, selon ses volontés, André Santini, le député maire de la ville, prononce son éloge funèbre[4].

Décoration[modifier | modifier le code]

Filmographie[modifier | modifier le code]

  • Henri Karayan intervient dans le documentaire Faire quelque chose (2013) réalisé par Vincent Goubet[10] (documentaire disponible en DVD aux éditions Les Mutins de la Pangée[11]).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Jacqueline Sellem, « Henri Karayan, un engagement pour la liberté et l’universalisme », sur humanite.fr,
  2. a b c d e f et g Dominique Buffier, « Avec Henri Karayan, "l’Affiche rouge" a perdu son avant-dernier survivant », sur lemonde.fr, (consulté le )
  3. a b c d et e Jean Morawski, « Henri Karayan: Manouchian, un après-midi, un soir... », sur humanite.fr,
  4. a b c d e f g h i j k et l Astrig Atamian 2011.
  5. « Henry Karayan - Interview réalisée par Vincent Goubet pour son film « Faire quelque chose », sorti en 2013, édité en DVD », sur advr.fr
  6. a et b « Résistance : mort de l'un des deux derniers survivants du groupe Manouchian », sur lexpress.fr,
  7. a et b Patrice Corbin, « Henri Karayan nous a quittés », sur /l-afficherouge-manouchian.hautetfort.com,
  8. « Secrets de tournage du film L'Armée du crime », sur allocine.fr
  9. « Décret du 25 mars 2005 portant promotion et nomination - Anciens combattants (Au grade de chevalier) » [PDF], sur legifrance.gouv.fr,
  10. « Faire quelque chose, portraits », sur cooperativedhr.fr
  11. « Faire quelque chose », sur lesmutins.org,

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]