Hydrogène bleu

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L'« hydrogène bleu » est le dihydrogène produit par vaporeformage du méthane adjoint d'une capture du dioxyde de carbone produit lors de l'opération, dans le but d'en limiter les émissions de carbone. On le distingue de l'« hydrogène gris » produit par vaporeformage du méthane sans captation, de l'« hydrogène noir » produit à partir de source fossile ou d'électricité en émanant, de l'« hydrogène jaune » produit à partir d'énergie nucléaire et de l'« hydrogène vert » produit par électrolyse de l'eau avec de l'électricité d'origine renouvelable[1].

Contexte[modifier | modifier le code]

Certains industriels et décideurs mettent en avant la solution de l'« hydrogène bleu » pour produire de l'hydrogène en quantité sans émettre de CO2 et à des prix moins élevés que l'hydrogène vert[réf. nécessaire].

En 2022, seules deux installations fournissent de l’hydrogène « bleu », l’une en Alberta au Canada, opérée par Shell, l’autre au Texas (États-Unis), opérée par Air Products[2].

ExxonMobil présente le un projet de production d'hydrogène « bleu » de plusieurs milliards de dollars qui doit alimenter sa raffinerie de Baytown, près de Houston, au Texas, la deuxième plus grande raffinerie des États-Unis. Le projet, encore en phase d'étude, est confié au groupe français Technip Energies. La décision finale d'investissement est attendue en 2024 et la livraison en 2027 ou 2028. Ce serait le plus grand projet d'hydrogène bas carbone au monde : il consiste à capter 7 Mt par an de CO2 émis par le processus industriel de production d'hydrogène destiné notamment à désoufrer les hydrocarbures ; 98 % du carbone émis serait capté et stocké en sous-sol. Le projet bénéficiera du soutien de l'Inflation Reduction Act (IRA)[3].

Controverse[modifier | modifier le code]

Une étude parue dans Energy Science & Engineering a mesuré l’intérêt de cette technologie et conclu que « l’utilisation de l’hydrogène bleu semble difficile à justifier sur le plan climatique ». Tout d'abord parce que l’hypothèse du stockage indéfini du CO2 serait « optimiste et non prouvée ». D'autre part parce que l’extraction et le transport du gaz fossile conduit à des fuites de méthane, qui sont plus importantes dans le cas de l’utilisation d’un procédé de captage du carbone. Dans l'hypothèse la plus optimiste comptant 1,54 % de fuites de méthane, les émissions de l’hydrogène bleu ne seraient que de 18 à 25 % inférieures à celle de l’hydrogène gris. Enfin, l'étude ne prend pas en compte l'empreinte carbone des procédés de captage de carbone et de la création de nouvelles unités de production. L'étude conclut : « Au mieux, c’est une distraction qui pourrait retarder les actions nécessaires pour vraiment décarboner l’économie mondiale »[4],[5].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Hydrogène : vous le voulez vert, bleu, gris, jaune ou nature? », sur Révolution Énergétique, (consulté le ).
  2. Aline Nippert, « « L’hydrogène bleu ne peut en aucun cas être considéré comme une énergie verte », tranche Robert W. Howarth de l’université de Cornell (New York) », sur L'Usine nouvelle, (consulté le )
  3. ExxonMobil va développer le plus gros projet d'hydrogène bas carbone au monde, Les Échos, 2 février 2023.
  4. (en) Robert W. Howarth et Mark Z. Jacobson, « How green is blue hydrogen? », Energy Science & Engineering, vol. 9, no 10,‎ , p. 1676–1687 (ISSN 2050-0505, DOI 10.1002/ese3.956, lire en ligne, consulté le ).
  5. « Soi-disant écolo, l'hydrogène bleu émet en fait beaucoup de gaz à effet de serre », sur Numerama, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

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Articles connexes[modifier | modifier le code]