Institution intercommunale des wateringues

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Institution intercommunale des wateringues
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Plan du réseau hydraulique des Moeres en 1756
Situation
Création 1977
Type établissement public territorial à caractère administratif
Institution intercommunale des wateringues 2 boulevard Pierre-Guillain Saint-Omer
Coordonnées 50° 45′ 09″ N, 2° 14′ 56″ E

Site web http://www.institution-wateringues.fr/
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Institution intercommunale des wateringues
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Institution intercommunale des wateringues

L’Institution intercommunale des wateringues ou IIW est un établissement public territorial de bassin à caractère administratif crée en 1977 regroupant l'arrondissement de Dunkerque dans le département du Nord et deux autres dans le département du Pas-de-Calais, l'arrondissement de Calais et l'arrondissement de Saint-Omer. Il a pour objet la gestion des ouvrages d'évacuations des eaux et la mise hors d'eau d'un territoire d'environ 1 000 km2[1].

L'institution assure la mission d'écrêter ; en fonction des marées; les crues d'hiver et de printemps par cinq portes d'écluses mais surtout la protection hydraulique par pompage du polder flamand français représentant 1 000 km2, polder qui épouse l'ancien delta de l'Aa. 450 000 habitants sont protégés par ce dispositif[2],[3].

Histoire[modifier | modifier le code]

Déjà en 1169 un édit de Philippe d’Alsace, comte de Flandre institue les « cercles d’eau » d'où Water rings[4],[5].

En 1619, les archiducs Albert et Isabelle chargent un ingénieur de renom, Wenceslas Cobergher qui réussit à transformer des marécages en pâturages, les moëres, situés à cheval sur la frontière franco-belge actuelle, entre Furnes et Bergues-Saint-Winoc. Le niveau général du marais, plus bas que celui de la mer, était la principale difficulté à laquelle ses prédécesseurs s’étaient heurtés. À l’aide de 32 kilomètres de digues entourées d’un anneau d’eau, le Ringslot, d’un réseau serré de canaux et de 23 moulins d’exhaure équipés de vis d’Archimède en chêne, l’eau des moëres était pompée et rejetée à la mer. Hors études et calculs, les travaux avaient pris six ans pour être menés à terme (1619-1625). En récompense, Wenceslas obtiendra la terre et la seigneurie de Saint-Antoine et Coberghe, au milieu des moëres de Flandre-Occidentale.

Le Dicage, les écluses et wateringues ont, depuis des siècles, généré beaucoup de textes pour leur gestion[6].

Le le conseil général du Pas-de-Calais par délibération crée l'institution conjointement avec celui du Nord par délibération du .

L'institution[modifier | modifier le code]

Périmètre institutionnel[modifier | modifier le code]

La cour des comptes lors de son audit 2009 relève un environnement complexe.

La gestion des Wateringues est influencée par les politiques d'autres structures d'État telles que l'agence de l'eau, la direction régionale de l'agriculture et de la forêt, les directions départementales de l'équipement, les ports autonomes, le service des voies navigables.

En plus des politiques communales s'ajoutent toutes les intercommunautés, les syndicats mixtes, les Scot, les deux départements et la région.

Instances de l’Institution[modifier | modifier le code]

Comité syndical[modifier | modifier le code]

L’Institution est administrée par un comité syndical constitué de 21 membres qui représentent les six intercommunalités adhérentes que sont la communauté urbaine de Dunkerque, la communauté d'agglomération Grand Calais Terres et Mers, la communauté d'agglomération du Pays de Saint-Omer, la communauté de communes des Hauts de Flandre, la communauté de communes de la Région d'Audruicq et la communauté de communes Pays d'Opale.

Ce comité syndical élit parmi ses membres un bureau composé d’un président et de six vice-présidents.

Par ailleurs, un conseil consultatif est institué auprès du comité syndical afin de travailler à ses côtés sur toutes les questions relevant des compétences de l’Institution intercommunale des wateringues[7].

Moyens physiques de l'institution[modifier | modifier le code]

Wateringue[modifier | modifier le code]

Une wateringue, watringue ou un watergang est un fossé ou un ouvrage de drainage à vocation de dessèchement de bas-marais, de zones humides ou inondables situées en plaines maritimes sous le niveau des hautes mers (polders).

L'ampleur du réseau hydraulique représente, sur les 1 000 km2, 1 500 km de wateringues et de canaux, 100 stations de pompage intermédiaires et dix stations de pompage principale[3].

Stations de rejets à la mer[modifier | modifier le code]

Sept stations permettent le rejet à la mer des ruisseaux et rivières et surtout bloquent aussi les remontées d'eaux en marées hautes.

  • Écluse de la Batellerie à Calaism3/s
  • Station des pierrettes à Calaism3/s
  • station de Calais à Calais 8,1 m3/s
  • station de Marcq à Calais 3,3 m3/s
  • Station de la rivère Oye à Gravelines 5,1 m3/s
  • station de Mardyck à Grande-Synthe 25 m3/s
  • station de Tixier à Dunkerque 24 m3/s

Partiteur de Watten[modifier | modifier le code]

Le partiteur de Watten est un ouvrage de dérivation qui permet, en période de crues, de transférer l'excédent d'eaux vers l'Aa canalisé vers son débouché la station de Mardyck à Gravelines. Il a une capacité de 17 m3/s.

Historique des inondations des polders flamands français[modifier | modifier le code]

La seule ville des Moëres subit quatre inondation :

  • 1646 : pour défendre Dunkerque : il aura fallu attendre 100 ans pour que le comte d'Hérauville ne reprenne l'assèchement.
  • 1770 : rupture de la digue de protection, Henry Vandermey reprend le travail de l'assèchement[8]
  • 1793 : Henry Vandermey ayant échoué, les frères Herwyn reprennent en charge le dessèchement.
  • 1939/1945 : 2e guerre mondiale : l'inondation due aux faits de guerre a été provoquée par l'eau de mer. Sur la place du village, il y avait 2,80 m d'eau salée.

Grâce à des moyens plus évolués (stations de pompage électrique), l'administration a très vite remis les terres à tous et les cultures sont apparues dès 1947.

Mais plus récemment il faut relever :

  • Ainsi, le , une tempête balaie le Calaisis. Elle pousse la mer vers la côte. Une digue cède au lieu-dit Maison Blanche près de Oye-Plage, en noyant 23 hectares de terre. Une autre brèche (de 15 mètres de large) est signalée entre Blériot-Plage et Sangatte, noyant la route nationale et les champs sous 40 centimètres d'eau salée. Malgré les moyens lourds rapidement mis en œuvre, l'une des deux réparations cède à la marée suivante qui inonde cette fois 200 hectares près d'Oye-Plage. Dans le port de Calais, le quai d’Angoulême est sous l'eau, sans victimes humaines[9].
  • 1970 dans l'Audomarois.
  • 2023 dans l’Audomarois, crue de l’Aa.

Pour approfondir[modifier | modifier le code]

Vidéographie[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Antoine, A., & Mahieu, A. (1923). Les Wateringues françaises (Nord et Pas-de-Calais), par Alfred Antoine. Préface par M. Albert Mahieu,... impr. Joly-Thuilliez.
  • Barraqué, B. (2011). Des bisses aux wateringues..., De l’usage en commun des eaux en Europe. Les Bisses, écono.
  • Khaladi A (1992) Gestion automatique des transferts d'eau en réseaux hydrauliques mailles à surface libre(application au réseau des Wateringues) Thèse de Doctorat (notice INIST-CNRS).
  • Lepelletier, T., Lemoigne, E., Henique, J., Clerc, F., Parent, P., & Cusenier, P. (2014) Détermination de l'aléa risque inondation dans le secteur des Wateringues. La Houille blanche, (4), 20-25 (résumé).
  • Masson, F. X. (1979) Recherche sur les sols et leur cartographie dans la plaine maritime des Wateringues du Nord et du Pas-de-Calais (Doctoral dissertation).
  • Quarré-Reybourbon Louis-François (1892) Dessèchement des wateringues et des Moeres dans l'arrondissement de Dunkerque... travail communiqué au congrès national de géographie de Lille, le 2 août 1892 WESTHOEKPEDIA Reprints –

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Rapport d'observations définitives : Cour des comptes, Arras, Cours des comptes, , 23 p. (www.ccomptes.fr/content/download/32325/524000/.../NPR200924.pdf)
  2. Bruno Verheyde, « Les wateringues pompent pour éviter que le Flandre trinque », La Voix du Nord,‎ , p. 4 (lire en ligne)
  3. a et b Aïcha Noui (photogr. Marc Demeure), « Inondations : les questions qu’on se pose sur les wateringues, sous le feu des critiques », La Voix du Nord,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. (la) Miroeus, Mirœus Oper Diplom tom I cap 60 pag 186 rapporte un Diplôme de ce de l an 1169, Inter Watenes et Bourbourg palus quœdam limutn inaccessibilcm spntiosa latitudinc diffundebat et usibus sese denegabat humanit Hujus liniosœ paludis illuviem Jeci sumptibus propriis cum expensa mulli sudoris exhauriri et cjc ea statum commodioris naturœ quasi violenter ex torquais in terram frugiferam transformavi Mirœus à l endroit cité note 4 ajoute Palus Apud extre mos hominum Morinos ut olim temporibus Julii Cœsaris sic et hodie multœ surit paludes quas Flaudri sua lingua Moeren vocant unde et Morinontm riomen apud Romanos enatum Ex paludibus istis non paucas Principum nostrorum iiulustria exsic cavit quos inter Philippus Alsatius est numerandus et nqstro œuo lsubtlla Clara Eugeida quœ duas istimmodi paludes vulgo groote en cletne Moer nwicupatas in Flandria occidua anuo ac proxime sequentibus exhauriendas curavit
  5. Martin Jean De Bast, Premier [et second] supplément au Recueil d'antiquités romaines et gauloises, par M. J. De Bast,..., en réponse à l'ouvrage intitulé La topographie de l'ancienne ville de Gand, par Mr. Charles-Louis Diericx, Stéven, (lire en ligne), Ces marécages se formaient naturellement dans les débordemens de ce bras de mer causés non seulement par des inondations extraordinaires mais encore par le phénomène journalier du flux et du reflux Philippe d Alsace en 1169 les dessécha à ses frais et changea ces terres humides et bourbeuses en riantes campagnes et sur tout en beaux pâturages mais en même temps on établit des digues capables d arrêter le flux de la mer. j et toute cette importante entreprise a dû faire disparaître les traces les plus remarquables qui restaient encore du Port de St Omer
  6. Joseph Nicolas Guyot, Répertoire universel et raisonné de jurisprudence civile, criminelle, canonique et bénéficiale : ouvrage de plusieurs jurisconsultes,, Pankoucke, (lire en ligne)
  7. « Instances de l’Institution », sur Institution intercommunale des wateringues (consulté le ).
  8. Germain Antoine Guyot, Traité des droits, fonctions, franchises... annexés en France à chaque dignité, ouvrage de plusieurs jurisconsultes, publ. par m. Guyot (& Merlin), (lire en ligne), Différens événemens ayant empêché le comte d Hérouville de tirer de son entreprise quoique conduite à une fin heureuse tout le fruit qu il avoit sujet d en attendre le Roi accepta la rétrocession des Moëres & en fit une nouvelle concession au sieur Vandermey avocat à la Haye Voici ce que porte relativement à l objet qui nous occupe ici l article 21 des lettres patentes données à ce sujet le 19 décembre 1779 & enregistrées au parlement de Flandre
  9. Amis du Vieux Calais – Gilles Peltier