Iopas

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Iopas est un barde à la cour de Didon[1]. Il apparaît à la fin du Ier Chant de l'Énéide de Virgile, où il chante un récit de création avec sa cithare, lors du banquet donné pour Énée et ses compagnons troyens[2]. Il est également l'élève d'Atlas[3].

Chant d'Iopas[modifier | modifier le code]

Le chant d'Iopas est présenté ainsi par Virgile, dans l’Énéide :

Texte latin
...cithara crinitus Iopas
personat aurata, docuit quem maximus Atlas.
hic canit errantem lunam solisque labores,
unde hominum genus et pecudes, unde imber et ignes,
Arcturum pluuiasque Hyadas geminosque Triones,
quid tantum Oceano properent se tingere soles
hiberni, uel quae tardis mora noctibus obstet

Traduction[4]
Un étudiant d'Atlas, le maestro,
fait vibrer l'air de sa harpe dorée. Car Iopas aux longs cheveux
chante la lune imprévisible, le soleil et ses travaux,
les origines tant humaines qu'animales, les causes du feu et de l'humidité,
les étoiles (la Petite et la Grande Ourse, les Hyades pluvieuses, et Arcturus aussi),
pourquoi lors de l'hiver le soleil se presse ainsi à s'engloutir dans l'Océan,
ce qui ralentit les nuits de l'hiver qui s'attardent, ce qui les bloque et les retarde.

Interprétation[modifier | modifier le code]

Énée à la cour de Didon.

De nombreuses interprétations ont été proposées pour le chant d'Iopas[5]. Celle d'Eve Adler, professeure au Middlebury College, porte sur la façon dont les Troyens au banquet attendent en applaudissant ce chant jusqu'à ce que les Carthaginois aient exprimé leur appréciation. Elle note que l'explication naturaliste du monde par Iopas (qui ne nécessite aucun dieu) surprend les Troyens ; Pour Eve Adler, Iopas est une sorte de figure de Lucrèce (dont Virgile rejette le message)[6]. L'universitaire Timothy Power, quant à lui, considère qu'Iopas évoque le roi Juba II de Numidie, un célèbre érudit du temps d'Auguste[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Segal, « The Song of Iopas in the Aeneid », Hermes, vol. 99, no 3,‎ , p. 336–349 (JSTOR 4475696)
  2. Carranza, « Philosophical Songs: The "Song of Iopas" in the "Aeneid" and the Francesca Episode in Inferno 5 », Dante Studies, with the Annual Report of the Dante Society, no 120,‎ , p. 35–51 (JSTOR 40166572)
  3. Virgile, 0070-0019 av. J.-C. et Impr. Floch), L'Énéide, A. Michel, impr. 2012 (ISBN 978-2-226-20910-8 et 2-226-20910-7, OCLC 826801976, lire en ligne)
  4. Traduction d'après la transposition en anglais de Frederick Ahl (en).
  5. Christine G. Perkell, Reading Vergil's Aeneid: An Interpretive Guide, U of Oklahoma P, , 29–59 p. (ISBN 9780806131399, lire en ligne), « Aeneid 1: An Epic Program »
  6. Eve Adler, Vergil's Empire: Political Thought in the Aeneid, Rowman & Littlefield, , 9–16 p. (ISBN 9780585455099, lire en ligne)
  7. Timothy Power: VERGIL’S CITHARODES: CRETHEUS AND IOPAS RECONSIDERED in Vergilius (1959-)Vol. 63 (2017), pp. 93-124. Published by The Vergilian Society