Isrun Engelhardt

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Isrun Engelhardt, née en 1941 et morte le à Icking[1], est une historienne et tibétologue de l'université de Bonn.

Biographie[modifier | modifier le code]

Isrun Engelhardt a soutenu sa thèse à l'université de Munich en 1974. Elle a ensuite réalisé un travail de recherche à l'Institut d'études sur l'Asie centrale de l'université de Bonn. Ses recherches ont porté sur les rencontres et les relations tibéto-européennes entre le XVIIe siècle et XXe siècle, principalement d'après des sources tibétaines[2].

Elle a notamment étudié l'expédition allemande au Tibet (1938-1939) de Ernst Schäfer, utilisant comme sources principales le volumineux journal de Schaefer, les enregistrements des interrogatoires de Schaefer, les fichiers de l'Ahnenerbe, ainsi que des documents tibétains, et les sources britanniques, principalement des rapports confidentiels et des lettres de représentants britanniques[3].

Elle réfute le mythe d’un lien entre le Tibet et le régime nazi[4]. Sa thèse principale est que l'expédition allemande au Tibet, bien qu'effectuée par des officiers SS et parrainée par Heinrich Himmler, a été « purement scientifique » et « politiquement inoffensive ». Pourtant, les objectifs de celle-ci ont été aussi bien politiques que militaires et idéologiques. Ils comprenaient la recherche de céréales résistant au froid et d'une race de chevaux robuste pour l'économie de guerre allemande, ainsi que la recherche de preuves à l'appui de l'hypothèse selon laquelle l'isolement de l'Himalaya avait préservé les restes de populations aryennes primitives. Bruno Beger du SS-Rasse- und Siedlungshauptamt était chargé spécialement des recherches sur les supposés éléments de la race aryenne parmi l'aristocratie tibétaine. De retour en Allemagne, Schäfer affirma que le gouvernement tibétain voulait « se libérer du joug anglais » et considérait « l’Allemagne résolument anticommuniste » comme un « allié potentiel. »[citation nécessaire][5].

Isrun Engelhardt a été interrogée en tant qu'experte de l'expédition allemande au Tibet dans le cadre d'une analyse de la statue L'Homme de fer soupçonnée d'être un faux[6],[7].

Accueil et critiques[modifier | modifier le code]

Les tibétologues Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille, Françoise Robin et Heather Stoddard indiquent qu’Isrun Engelhardt est « reconnue dans le milieu scientifique pour la qualité de ses travaux sur le Tibet et les nazis » [4].

Selon Alex McKay, Isrun Engelhardt apporta la première analyse mesurée de cette mission. Ses recherches, basées sur les archives allemandes, soulignent la nature scientifique de la mission et indiquent que l'intérêt des Nazis pour les images occultes qui ont fait la renommée du Tibet en Occident, fut largement exagéré[8].

Wolfgang Kaufmann lui reproche l'utilisation excessive des interrogatoires de Schäfer qui, par « nature, sont remplis d’allégations mensongères », puisque « l’ex favori de Himmler » y débite « un mensonge culotté après l’autre » dans le but de se disculper[5].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en-US) Françoise Robin, « In Memoriam: Dr Isrun Engelhardt (1941–2022) | IATS » (consulté le )
  2. Isrun Engelhardt
  3. (en) Isrun Engelhardt, The Ernst-Schaefer-Tibet-Expedition (1938-1939): new light on the political history of Tibet in the first half of the 20th century, in McKay Alex (ed.), Tibet and Her Neighbours : A History, Edition Hansjörg Mayer, London, 2003 (ISBN 3883757187), p. 188
  4. a et b Anne-Marie Blondeau, Katia Buffetrille, Françoise Robin et Heather Stoddard Réponse sur les liens entre le dalaï-lama et les nazis Libération, 6 mai 2008
  5. a et b (de) Wolfgang Kaufmann, Das Dritte Reich und Tibet: Die Heimat des „Östlichen Hakenkreuzes“ im Blickfeld der Nationalsozialisten, Ludwigsfelde, Ludwigsfelder Verlagshaus, 2014 (thèse de doctorat, université de hagen, 2008), 966 p. (ISBN 978-3-933022-58-5), Kaufmann, Das Dritte Reich und Tibet, op.cit., note de bas de page, p. 86 et p. 739.
  6. Stephanie Pappas, 'Space Buddha' Statue May Be a Fake, Live Science, 24 octobre 2012
  7. (en-US) Nina Weber, « Meteorite Nazi Buddha Exposed as Likely Fake », Spiegel Online, (consulté le )
  8. (en) Alex McKay Introduction, in : Tibet and Her Neighbours : A History, Edition Hansjörg Mayer, London, 2003 (ISBN 3883757187), p. 16 : « Balance analysis of this mission has been hitherto unknown, but in the article by Isrun Engelhardt, drawing on German archives, the scientific nature of the mission is emphasised, and her research indicates that Nazi interests in the occult images by which Tibet has gained renown in the West have been much exaggerated. »

Liens externes[modifier | modifier le code]