Jean Deslauriers

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Jean Deslauriers
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Saint-JérômeVoir et modifier les données sur Wikidata
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Jean Deslauriers, né à Montréal le , dans la paroisse Saint-Enfant-Jésus et décédé à Saint-Jérôme[note 1], au Québec, le , est un chef d’orchestre, violoniste et compositeur qui a connu un long et prolifique partenariat de plus de 40 ans avec la Société Radio-Canada (SRC), dont il tire une grande notoriété auprès des Québécois. Durant ces quelque 40 années, il assume la direction d’orchestres dans le cadre de la production de longs-métrages, et d’émissions de télévision et de radio diffusés par la SRC. Au cours de cette période, il est régulièrement chef invité d’orchestres et de compagnies d’opéras partout au pays. Il est aussi membre de la direction d’orchestres de l’Opéra du Québec[4],[5].

« Jean a marqué une époque dans l’histoire musicale du Québec. Cette période qu’il couvre est très longue, et le terrain de son enseignement très vaste. À une époque d’évolution artistique encore difficile, il lui arrivait à faire accepter à un public très ignorant de la musique à « élite » avant tout à la radio, puis dès les débuts de la télévision. Jean a fait sortir la « grande » musique de son élite. »

— Fernand Quirion, directeur adjoint de la Télévision française de Radio-Canada[6],[7],[8].

« Chef à la technique sobre mais efficace, Jean Deslauriers était un musicien toujours soucieux de fidélité aux textes, aussi à l'aise au concert qu'à l'opéra de même que dans un répertoire plus léger » écrit Guy Gallo dans L'Encyclopédie canadienne. Parmi les compositions les plus connues de Jean Deslauriers, notons le « Prélude pour cordes » et la mélodie « La musique des yeux »[9].

Carrière[modifier | modifier le code]

L'animateur Marcel Henri discutant avec Jean Deslauriers dans un studio de la station CBC à Montréal.

Enfant prodige, Jean Deslauriers, entreprend une carrière de violoniste alors qu’il n’était qu’un jeune adolescent[9]. Ainsi, de 1918 à 1923, il étudie le violon avec Émile Taranto[10] et Camille Couture[11].

Chaque année, de 1924 à 1929, il effectue une tournée au Canada et aux États-Unis avec les chanteurs de grande notoriété Paul Dufault[12] et Joseph Saucier[4]. De 1918 à 1923, il étudie également l'orchestration avec Claude Champagne (compositeur), le contrepoint rigoureux et l’instrumentation avec Auguste Descarries, et l’harmonie et le solfège avec Romain-Octave Pelletier. Au début des années 1930, il est violoniste et chef d'un ensemble musical à bord de bateaux de croisières[9],[13].

Concerts et opéras à Radio-Canada[modifier | modifier le code]

De 1935 à 1945, il est membre de la Société des concerts symphoniques de Montréal[14], devenue l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) en 1953[15]. En 1936, à Montréal, il commence sa carrière de chef d’orchestre à la radio de Radio-Canada, notamment aux émissions « Radio-Concerts canadiens », « Théâtre lyrique Molson » et « Concerts d’opéras ». À la télévision, devenu un média bien installé, Jean Deslauriers est au pupitre de « L’Heure du concert »[16], « Sérénade » et « Concerts populaires ». De 1937 à 1957, il dirige l’orchestre de l’émission de radio « Sérénade pour cordes », lauréat du Trophée LaFlèche en 1945[17],[note 2].

Après la Seconde Guerre mondiale, Jean Deslauriers fait l’orchestration et la musique de plusieurs films produits par la Société Radio-Canada. En 1954, il dirige « Le Barbier de Séville » de Gioachino Rossini, un des premiers opéras diffusés à la télévision de la SRC. Il dirige par la suite beaucoup d’autres opéras diffusés par la SCR et plusieurs spectacles lyriques tels Monsieur Beaucaire (1954), Roméo et Juliette (1971), Madame Butterfly (1977), La Bohème, avec la Compagnie d’opéra canadienne (1972) et Faust avec l’Edmonton Opera Assn (1973)[9].

Le , Jean Deslauriers participe à l'émission radiophonique Hello Toronto... ici Montréal de la station CBFT soulignant le nouveau réseau d'ondes reliant pour la première fois Montréal à Toronto[18].

Très actif durant les années 1960 et 70, Jean Deslauriers dirige les orchestres symphoniques de Montréal, Toronto, Ottawa, Winnipeg, Vancouver, Halifax et Québec. En 1966, il dirige entre autres l’Orchestre symphonique de Toronto pour la première mondiale de Three Episodes for Orchestra de Robert Turner[19], et en 1968 l’Orchestre symphonique de la CBC pour la première de Prismes-Anamorphoses de François Morel. De 1967 à 1970, il est directeur musical du Théâtre lyrique du Québec[4], alors qu’il dirige notamment Mignon et Les Pêcheurs de perles, puis chef d’orchestre adjoint à l’Opéra du Québec[4] de 1972 à 1975.

Durant les années 1970, il est directeur musical invité de la Canadian Opera Company et l’Edmonton Opera. Premiers chef d’orchestre de l’école, Jean Deslauriers enseigne aussi au Conservatoire de musique du Québec à Trois-Rivières[9].

Commission d’enquête sur l’enseignement des arts[modifier | modifier le code]

Jean Deslauriers a été membre de la Commission d’enquête sur l’enseignement des arts dans la province de Québec, présidé par le sociologue Marcel Rioux. Le rapport de la Commission a été soumis au lieutenant-gouverneur du Québec en par le président de la Commission. Le Rapport concerne tous les arts, mais confère à la musique une importance particulière du fait que « ... l'homme est né du son (le verbe) et son essence restera toujours sonore ». Les recommandations de la Commission ont mené notamment à la création d'écoles publiques à vocation musicale dans diverses régions du Québec[20]

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Jean Deslauriers n’a jamais pris sa retraite. Il meurt à Saint-Jérôme le à l’âge de 68 ans[21]. Ses documents personnels ont été déposés à Bibliothèque et Archives nationales du Québec, tandis que sa collection d'environ 400 partitions est conservée au Conservatoire de musique du Québec. En 1975, l’Auditorium Le Plateau est nommé Salle Jean-Deslauriers[9].

Aux funérailles de Jean Deslauriers, le vendredi à l’Église Notre-Dame-des-Neiges, à Montréal, Pierre Lambert, deuxième gendre de la famille, a rendu hommage au chef d’orchestre en ces termes :

« Avec la mort de Jean Deslauriers, nous avons perdu le meilleur chef d’orchestre québécois. Parce qu’il n’était pas un diplomate, parce qu’il a refusé de jouer le jeu social et politiques selon les règles étroites et malhonnêtes des coulisses de notre société, il a durement payé dans sa vie : c’est ainsi qu’il n’a pas toujours eu la reconnaissance officielle et les postes qu’il avait pourtant mérité. Pour lui, l’honnêteté personnelle était d’une importance capitale dans la vie ; et il ne l’a jamais compromise. Les sophistications superficielles ne l’intéressaient pas »

— Deslauriers 1983, p. 343

Vie privée[modifier | modifier le code]

Jean Deslauriers est le fils de Paul-Émile Deslauriers et Marie-Anne Quesnel, mariés le à Dorval. Il est le mari de Jeanne Gariépy et le couple a eu cinq enfants : Nicole, Gilles, Marie, Louise[22] et l'aînée, la soprano Yolande Deslauriers-Husaruk[23].

Postérité[modifier | modifier le code]

  • Le , la municipalité de Boucherville nomme la rue Jean Deslauriers en l'honneur du chef d'orchestre[24].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Plus précisément à l’Hôpital régional de Saint-Jérôme, maintenant regroupé sous le Centre intégré de santé et de services sociaux des Laurentides. Vers 19h 30 ce mardi 30 mai 1978, Jean Deslauriers et son épouse, reviennent de leur lieu de villégiature au Lac-de-l’Achigan, près de Saint-Hippolyte[1]. Ne se sentant pas très, il demande à son épouse de prendre le volant, qui soupçonne quelque chose de grave et file d’urgence à l’hôpital de Saint-Jérôme[2], pas très loin. Dans la biographie de son père, Nicole Deslauriers précise que celui-ci a subi non pas une crise cardiaque mais une « crise aiguë d’œdème aux poumons »[3].
  2. « Trophées Laflèche. Créés le lors du premier Dîner-Danse-Gala de la Radio, organisé par Radiomonde, les Trophées récompensent artisans, artistes ou émissions pour leur apport à la radio canadienne (française). Les Trophées Laflèche seront attribuées à partir de 1945. Le ministre fédéral des Services nationaux, responsable de la TSF, Léo Richer Laflèche avait spontanément créé ce prix lors du Gala. Radiomonde supervise le tout et choisit le jury. Pour qu’un prix soit attribué dans une catégorie, la personne doit obtenir un minimum de 25 % des votes du jury. Le Dîner-Danse-Gala de la Radio deviendra par la suite le Bal de la Radio… 1945 : Jacques Auger (artiste dramatique) Juliette Béliveau (comique) Alys Robi (chanteuse genre populaire) Pierrette Alarie (chanteuse classique) Félix Leclerc (scripteur) Jean Deslauriers (chef d’orchestre).»

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Ch. du Lac-de-l’Achigan » (consulté le )
  2. « Hôpital régional de Saint-Jérôme » (consulté le )
  3. Deslaurier 1983, p. 12
  4. a b c et d Gilles Potvin, « Opéra du Québec » (consulté le )
  5. a et b « Fonds Jean Deslauriers » (consulté le )
  6. Pionnier de la télévision canadienne, il a réalisé près de cinquante télé-théâtre entre 1952 et 1965. On lui doit également des séries dramatiques importantes telles « Les belles histoires des pays d'en haut » les soirées au « Théâtre Alcan » et le lancement en 1965 de la soirée des « Beaux Dimanches ». Premier président de l'Association des réalisateurs de télévision de Montréal. Il deviendra directeur-adjoint de la télévision française en 1980 et par la suite directeur de la production et du développement au réseau français de Radio-Canada jusqu'à sa retraite en 1985.
  7. « Quirion, Fernand » (consulté le )
  8. Deslauriers 1983, p. 345
  9. a b c d e et f Guy Gallo, « Jean Deslauriers », (consulté le )
  10. Charles Girard, « Taranto, Émile » (consulté le )
  11. Cécile Huot, « Couture, Camille » (consulté le )
  12. James B. McPherson, « Dufault, Paul » (consulté le )
  13. Yolande Husaruk, Jean Deslauriers, Le Bulletin, vol 1, no 4, 1978
  14. « L'Orchestre symphonique de Montréal », sur Archives de Radio-Canada, (consulté le )
  15. Jean C. Lallemand#Fondation de l'Orchestre symphonique de Montréal (OSM)
  16. « L’Heure du concert » (consulté le )
  17. Sylvain Bazinet, « Les Prix Radiomonde et les Trophées Laflèche » (consulté le )
  18. Jean-Paul Moreau, « Que reste-t-il… des archives de nos premières émissions? », Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, no 68,‎ , p. 20–25 (ISSN 0829-7983 et 1923-0923, lire en ligne, consulté le )
  19. Jens Hanson et Evan Ware, « Robert Turner » (consulté le )
  20. « Rapport de la Commission d'enquête sur l'enseignement des arts dans la province de Québec » (consulté le )
  21. « Décès de Jean Deslauriers », La Presse,‎ jeudi, 1 juin 1978, A 12 (lire en ligne)
  22. Deslauriers 1983, p. 18
  23. (en) « Yollande Deslauriers-Husaruk » (consulté le )
  24. « Fiche descriptive - Rue Jean-Deslauriers », sur www.toponymie.gouv.qc.ca (consulté le )
  25. « Si mon père m'était conté /Nicole Deslauriers » (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]