Jean Pierre Philippe Lampué

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pierre Lampué, né Jean Pierre Philippe Lampué à Montréjeau en Haute-Garonne le et mort à Paris le , est un photographe français, spécialiste de la photo d'architecture, et un homme politique, conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d'un menuisier et d'une tricoteuse, benjamin d'une famille de douze enfants, Pierre Lampué est destiné à une carrière religieuse et commence ses études au petit séminaire de Polignan ; il décide de se consacrer à une carrière artistique et suit les cours de l'École des beaux-arts de Toulouse[1],[2].

Il enseigne le dessin au séminaire de Polignan[2], puis s'installe à Paris ; en 1865, il ouvre un studio de photographie à Paris au no  237 de la rue Saint-Jacques puis au no  72 du boulevard de Port-Royal ; à partir de 1873, son établissement a comme enseigne "Photographie franco-espagnole"[3]. Spécialisé dans la photographie d’art et d’architecture, il devient photographe officiel de l'École des beaux-arts et reproduit en photographie les dessins des élèves aux concours d’architecture ; il publie en 1881 chez Derenne Programmes des concours d'architecture pour le grand prix de Rome, photographiés et publiés par Pierre Lampué. Il réalise en 1875 une série de vues de l'Opéra de Paris. Il publie vers 1875-1885 Études de façades : maisons, villas, hôtels les plus récemment construits à Paris et aux environs ... photographies par lampué et Cie, avec 40 photographies[4],[5].

Études de façades : maisons, villas, hôtels les plus récemment construits à Paris et aux environs.

Il est membre de la Société française de photographie de 1873 à 1885 (il participe aux expositions de la Société en 1876 et en 1882) ainsi que de de la Chambre syndicale de la photographie à partir de 1880[4].

Il cède son fonds à la fin des années 1880 à Édouard Pourchet et se consacre à la politique[4]. Il est élu conseiller municipal (radical-socialiste) du 5e arrondissement de Paris (quartier du Val-de-Grâce) en 1888 et fait partie de la commission de l'enseignement et des beaux-arts en 1890. Réélu en 1893[6] et en 1896, il est battu en 1900[3] ; il est réélu de 1904 à 1919 (groupe des radicaux-socialistes)[7]. Élu au Conseil général de la Seine de 1890 à 1900 et de 1904 à 1919, il en est le président en 1904-1905[7] et 1909-1910[8].

Il fait partie du comité d'honneur de la première Exposition internationale de la photographie et de l'industrie en tant que conseiller municipal de Paris en 1892.

Il est membre de la Commission du Vieux Paris en 1898 puis de 1904 à 1920[7], et président du conseil d’administration de l'École Estienne[9].

Pierre Lampué, doyen du conseil municipal de Paris et membre de la Commission des beaux-arts, est un conservateur en matière artistique. Le , il publie dans le Mercure de France une lettre ouverte adressée au sous-secrétaire d’État aux Beaux-Arts Léon Bérard ; il s'y inquiète de la présence d'artistes étrangers au Salon d'Automne et des troubles provoqués par les avant-gardes ; il exige qu’il soit mis fin aux « turpitudes » menées par des « apaches » (il désigne ainsi les artistes cubistes, « une bande de malfaiteurs qui se comportent dans le monde des arts comme les Apaches dans la vie quotidienne ») qui accumulent « les laideurs et les vulgarités les plus triviales qu’on puisse imaginer »), et que l’accès au Grand Palais où se tient le Salon d’Automne leur soit refusé[10]. L'affaire fait grand bruit dans la presse ; Pierre Reverdy, Guillaume Apollinaire, le député Marcel Sembat[N 1] lui répondent[9]. En avril 1914, il demande au conseil de Paris de ne pas souscrire à l'ouvrage Les Cathédrales de France d'Auguste Rodin dont il n'apprécie pas l'art[9].

Pierre Lampué décède à son domicile 72 boulevard de Port-Royal le [2] est est enterré au cimetière du Père-Lachaise[13].

Hommages[modifier | modifier le code]

Léon Deschamps, Pierre Lampué, médaille.

Une médaille à son effigie gravée par Léon Deschamps est frappée par la Monnaie de Paris en 1915[14]. En 1929, la place Pierre-Lampué dans le quartier du Val-de-Grâce à Paris prend son nom en hommage.

Collections[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le à l’Assemblée nationale, Sembat répond au député Jules-Louis Breton qui demande la fermeture de l'exposition : « Je n’entends pas le moins du monde présenter une défense en règle du mouvement cubiste ! [...] Ce que je défends, c’est le principe de la liberté des essais en art […] Mon cher ami, quand un tableau vous semble mauvais, vous avez un incontestable droit : c’est de ne pas le regarder, d’aller en voir d’autres ; mais on n’appelle pas les gendarmes ! »[11],[12]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Nobuhito Nagaï, Les conseillers municipaux de Paris sous la troisième république, 1871-1914, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire de la France aux XIXe et XXe siècles », (ISBN 2-85944-440-8, lire en ligne), p. 120-123.
  2. a b et c Jean-Jacques Miquel, « Jean-Pierre Lampué 1836-1924 », Vivre à Montréjeau, no 19,‎ (lire en ligne).
  3. a et b « Jean Pierre Philippe Lampué (1836-1924) », sur Bibliothèque nationale de France
  4. a b c et d « Pierre Lampué, un photographe en République (1) », sur bibliotheques-specialisees.paris.fr, .
  5. (en) « Façades de maisons, villas et hôtels à Paris », sur photocollection.alonsorobisco.es.
  6. Le Gaulois, 13 avril 1893, p. 3, et 24 avril 1893, p. 3.
  7. a b et c Ruth Fiori, « Lampué Jean Pierre Philippe », sur Comité des travaux historiques et scientifiques, .
  8. BMO, 17 juin 1909: Pierre Lampué (radical) est élu par 69 voix sur 95 votants.
  9. a b et c « Pierre Lampué, un photographe en République (2) », sur bibliotheques-specialisees.paris.fr, .
  10. Béatrice Joyeux-Prunel, « L’art de la mesure : Le Salon d’Automne (1903-1914), l’avant-garde, ses étrangers et la nation française », Histoire & mesure, vol. XXII, no 1,‎ , p. 145-182 (lire en ligne Accès libre).
  11. « 3 décembre 1912 : Marcel Sembat défend la liberté en art », sur maison-agutte-sembat.fr.
  12. Pascal Bajou, « Denis Lefebvre, "Marcel Sembat, Franc-maçonnerie, art et socialisme à la belle époque", Paris, Dervy, 2017 [compte-rendu] », Humanisme, no 317,‎ , p. 116-118
  13. « Lampué Pierre (1836-1924) », sur Cimetière du Père-Lachaise, .
  14. « Jean Pierre Philippe Lampué (1836-1924), photographe et politicien, conseiller municipal (1890-1915) », sur Paris Musées.
  15. « Pierre Lampue (1836 - 1924) », sur Musée d'Orsay.
  16. (en) « Jean Pierre Philippe Lampué », sur Getty Center.
  17. « Funérailles nationales de Victor Hugo. Translation du corps au Panthéon. 1er Juin 1885 », sur paris Musées.
  18. (en) Paul Martineau, Eugenia Parry et Weston J. Naef, The thrill of the chase : the Wagstaff collection of photographs at the J. Paul Getty Museum (catalogue d'exposition), Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, (ISBN 9781606064672), p. 102, planche 50.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • « Pierre Lampué. Un édile parisien sous la IIIe République », La Montagne Sainte-Geneviève et ses abords. Bulletin, no 304,‎ , p. 50-56.

Liens externes[modifier | modifier le code]