Jean Recher

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Jean Recher
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Jean Recher
Naissance
Fécamp (France)
Décès (à 80 ans)
Fécamp (France)
Nationalité Français
Profession
Capitaine de pêche

Jean Recher, né le à Fécamp (alors en Seine-Inférieure)[1] et mort le dans la même ville[1], est un capitaine de pêche français, auteur du livre Le Grand Métier[2], racontant le métier de la Grande pêche.

Biographie[modifier | modifier le code]

Jean Recher est issu d'une famille de neuf enfants, originaire du village d'Yport[1] à côté de Fécamp qui est alors « capitale française des Terre-Neuvas »[1]. Sa famille, pêcheurs depuis plusieurs générations, s'est établie à Fécamp dans les années 1910. Son père et ses frères pratiquaient le « Grand métier », nom donné à la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve (par opposition à la pêche au large, la pêche côtière ou la petite pêche.

Il perd son père à l'âge de cinq ans, emporté par une crise cardiaque. Il va à l'école primaire jusqu'à l'âge de 12 ans puis effectue deux années supplémentaires à l'école primaire supérieure (équivalent du collège aujourd'hui). Il embarque dès 14 ans, pour sa première campagne sur les bancs de Terre-Neuve[3], sous le commandement d'un de ses frères, à bord du chalutier Saint-Martin-Legasse. Il est alors simple mousse.

À l'été 1942, à 18 ans, il embarque à bord du Cap-Fagnet, un chalutier des pêcheries de Fécamp, pour aller pêcher dans les eaux mauritaniennes. Il y voit un moyen d'échapper à l'occupation allemande. Le capitaine de chalutier et son second sont ses frères. À 20 ans il devient lieutenant[1] puis en 1949, il obtient le brevet de capitaine de pêche[3]. La Compagnie générale de grande pêche (CGP) lui confie le commandement du Duguay-Trouin[1].

En 1952, alors que le poisson salé présente moins d'attrait pour les clients et que les autres nations se lancent dans le surfrais (limitant ainsi le nombre de prises rejetées à la mer, car presque tous les poissons sont congelables tandis que la morue seule, avec quelques autres espèces, peuvent être salées)[réf. nécessaire], Recher fait avec la CGP, des essais de surgélation à bord du Jacques-Cœur. C'est en France les prémices de ce qu'on appellera plus tard les navires-usines. Le Jacques-Cœur est équipé pour permettre le salage de la morue d'une part, le filetage et la congélation du poisson d'autre part.

Du 27 au se tient à Rouen le premier (et également dernier) Congrès international de l'industrie morutière de l'Atlantique Nord. Jean Recher y est un des rapporteurs. Il doit traiter des problèmes de la navigation dans les eaux nordiques, aussi bien d'un point de vue technique qu'humain. Recher y expose et détaille les opérations de chalutage en mer froide ainsi que la vie, le comportement des marins, leurs problèmes et leurs revendications.[réf. nécessaire]

En 1976, la grande pêche se meurt, la française en particulier. Les compagnies de pêche désarment et vendent leurs chalutiers. Recher alors capitaine du Viking voit sont navire vendu et l'emmène lui-même, avec une partie de son équipage, à son nouveau propriétaire norvégien. Il pointe alors au chômage. Il naviguera un peu plus tard au commerce, dans les eaux tropicales, entre les Antilles et l'Afrique équatoriale. De janvier à , il effectue sa dernière campagne de pêche sur le Shamrock III[4],[Note 1], chalutier qu'il avait plusieurs fois commandé.

Jean Recher écrit son livre Le Grand Métier lorsqu'il commande encore[5] et qu'il mettra 10 ans à écrire[6]. C'est Jean Malaurie, alors directeur de la collection Terre Humaine chez Plon[1], qu'il a rencontré au Congrès international de l'industrie morutière de l'Atlantique Nord[7],[Note 2], qui l'incite à prendre la plume pour raconter son expérience[1], la vie des marins pêcheurs et à travers eux la tradition française de la grande pêche. Le Grand Métier est publié en 1977 chez Plon et sera un des best-sellers de la collection Terre Humaine[7].

Alors en retraite, il devient en septembre 1980 patron du canot de sauvetage la SNSM à Fécamp et le restera jusqu'en 1998[6].

Il participe activement entre 1986 et 1988 à la création du Musée des Terre-Neuvas et de la pêche[6],[Note 3].

Résidant un temps à Froberville, non loin de Fécamp, il en est maire de 1983 à 1993[6].

Jean Recher décède à son domicile de Fécamp le , à l'âge de 80 ans[1]. Il est incinéré et ses cendres sont dispersées en mer au large de Fécamp[3],[Note 4]

Vie privée[modifier | modifier le code]

Il se marie en 1947 avec Jacqueline Leroy, fille de marin. Ils ont deux enfants, Hugues (né en 1960) et Jean (né en 1970)[6]. Son épouse meurt en 1997 et Jean Recher se remarie en 1999[6].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Hommage[modifier | modifier le code]

Deux voies publiques portent son nom :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le Shamrock III apparait dans le film Le Crabe-Tambour (1977) de Pierre Schoendoerffer
  2. Jean Malaurie avait brièvement rencontré Jean Recher en septembre 1948, dans le détroit de Davis, au sud de la mer de Baffin lorsque le chalutier fécampois Président Houduce où il avait embarqué comme géographe de l'expédition polaire française au Groenland, et le chalutier sur lequel Jean Recher servait comme lieutenant étaient restés brièvement bord à bord.
  3. Le musée des Terre-Neuvas et de la pêche a fermé en 2012 et ses collections sont désormais exposées au musée des Pêcheries ouvert en 2017.
  4. La plaque de son urne funéraire sera retrouvée à l'été 2020 sur une plage de Dieppe.
  5. Jean Recher est fait citoyen d'honneur de Saint-Pierre le 12 mars 1971 « en reconnaissance des éminents services qu’il a rendu à notre vieille Terre-Française de l’Amérique du Nord au cours de ses escales régulières à Saint-Pierre et Miquelon pendant plus de 30 ans. »
  6. Le nom Recher sur la plaque de rue à Saint-Pierre est erronément accentué en Récher. La rue se trouve dans le nouveau quartier construit à l'emplacement de l'ancien aéroport, entre le boulevard Port-en-Bessin et la route de Galantry.

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h et i « Jean Recher, capitaine de pêche », sur lemonde.fr, (consulté le )
  2. Recher, Jean, (1924-2005),, Le grand métier : journal d'un capitaine de pêche de Fécamp..., Paris, Pocket, impr. 2010, 630 p. (ISBN 978-2-266-20712-6, OCLC 758642434, lire en ligne)
  3. a b et c "La plaque funéraire d’un capitaine de pêche de Fécamp retrouvée quinze ans plus tard par une fillette", 19 août 2020, Paris Normandie
  4. "Shamrock" sur le site de l'association Fécamp Terre-Neuve
  5. Entretien avec Jean Recher, Jacques Chancel, Radioscopie du 16 septembre 1977, France Inter
  6. a b c d e f g h et i Florence Calame-Levert, Jean Recher, éditions des Falaises, coll. « Portrait » (ISBN 978-2-84811-032-5)
  7. a et b "Jean Recher, capitaine de pêche" par Marie Gaille-Nikodimov, revue L'Autre, 2000/2 (Volume 1), pages 311 à 319
  8. Liste sur le site de l'ordre du Mérite maritime
  9. Post facebook du musée de la Pêcherie
  10. Jean Recher sur le site leslibraires.fr

Liens externes[modifier | modifier le code]