Jeu (revue)

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JEU
Revue de théâtre

Pays Drapeau du Canada Canada
Zone de diffusion Québec
Langue Français
Périodicité Quadrimestrielle
Format 23 × 29 cm
Genre Revue critique des arts de la scène
Prix au numéro 18 CA$
Fondateur Michel Beaulieu, Gilbert David, Yolande Villemaire, Claude Des Landes, Lorraine Hébert
Date de fondation 1976
Éditeur Cahiers de théâtre Jeu inc.
Ville d’édition Montréal (Canada)

Directeur de publication Sylvie Gignac
Directeur de la rédaction Mario Cloutier
Comité éditorial Raymond Bertin, Anne-Marie Cousineau, Élise Fiola, Enzo Giacomazzi, Marie Labrecque, Philippe Mangerel, Mariam Tounkara, Michel Vaïs
ISSN 0382-0335
ISSN (version électronique) 1923-2578
OCLC 1222688456
Site web revuejeu.org

Jeu, sous-titré revue de théâtre et typographié JEU, est une revue québécoise publiée quatre fois par an. Fondée en 1976 par Michel Beaulieu, Gilbert David, Yolande Villemaire, Claude Des Landes et Lorraine Hébert, elle est une revue financée par les grands organismes subventionnaires du Québec et du Canada. Dédiée initialement à la création théâtrale, elle s'attache à toutes les formes d'arts de la scène (théâtre, danse, littérature et cirque) tout en engageant une analyse critique de leurs enjeux esthétiques, culturels et politiques au Canada et en Amérique du Nord. Elle est membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois.

Historique[modifier | modifier le code]

Contribuant à la nouvelle spécialisation disciplinaire des revues culturelles au Québec[1], la revue est créée en 1976 sous le nom de Cahiers de théâtre – Jeu par Michel Beaulieu, Gilbert David, Claude Des Landes, Lorraine Hébert, Yolande Villemaire, auxquels s'ajoute Michel Vaïs en 1978.

Jusqu'aux années 1960, les institutions culturelles au Québec sont l'apanage de la Société royale du Canada, de l’Académie canadienne-française et des départements de littérature dans les universités. Les années 1970 voient l’apparition de plusieurs revues consacrées à l’actualité et à la critique littéraire en dehors de ces institutions universitaires[2]. Ces nouvelles revues sont plutôt dirigées par les acteurs du milieu (écrivains, dramaturges, metteurs en scène, etc.). Les Cahiers de théâtre – Jeu naissent alors de cette frustration face à la manière dont on rend compte du théâtre au Québec à l'époque et du désir d'émanciper le discours critique sur les arts de la scène du milieu universitaire[3].

Durant les premières années, la revue est publiée à un rythme de trois numéros par an par les Éditions Quinze, une maison d’édition qui a existé moins de deux ans, fondée par des écrivains dissidents des Éditions du Jour lors du départ de Jacques Hébert. En 1979, la revue s'autonomise de son éditeur, se renomme « JEU – revue de théâtre » et devient trimestrielle[4],[5]. Elle s'attache dès lors pleinement à la promotion et à la critique des arts de la scène au Québec et au Canada francophone.

Dans les années 1970, le théâtre québécois est essentiellement engagé politiquement; il est le reflet d’une société traversée par de nombreuses luttes idéologiques et nationalistes. Chaque troupe et chaque théâtre a ses revendications et publie un manifeste dont plusieurs d’entre eux sont publiés dans le numéro 7 de la revue Jeu à l'hiver 1978 intitulé « Manifestes et textes théoriques [6]». Grâce à ses artisans et ses collaborateurs issus de la pratique théâtrale et d’une nouvelle génération de critiques, Jeu reflète la pluralité du théâtre québécois en émergence[5]. Elle ne s’intéresse pas seulement au théâtre engagé ou social, mais aussi au théâtre expérimental[2]. Selon le texte anonyme intitulé « Mise en place », qui paraît au début du premier numéro, la revue nouvellement fondée vise à rendre compte de tout ce qui se fait en théâtre au Québec, soulignant un désir de diversité et d’ouverture sur la société et le monde[7].

Jeu devient alors, dès ses débuts, l'une des plateformes majeures pour repenser et critiquer les différentes approches du théâtre. La revue « s'emploie à revaloriser et à repenser la pratique de la critique tout en servant de véhicule aux idées qui agitent le milieu. Celles entourant les usages et les vertus du théâtre populaire y seront notamment discutées sur une base régulière avec, en arrière-plan, l'ambition affirmée par la rédaction de mettre à l'épreuve l'idéologie dominante[8]. » En outre, elle ajoute à son mandat le désir de « favoriser l'émergence d'une critique plus substantielle du théâtre, affranchie de l'influence de l'analyse livresque[3] ».

À ses débuts, la revue Jeu s’adresse autant au grand public qu’au milieu intellectuel[2]. Selon Gilbert David, qui a été son rédacteur en chef jusqu’en 1983, la critique théâtrale « dite spécialisée », qu’il oppose ainsi à la critique pratiquée dans les journaux quotidiens, apparaît justement avec les Cahiers de théâtre — Jeu en 1976[9]. Pour lui, la mission de la revue visait à s’éloigner de la logique marchande de production-consommation du théâtre qu’encourageait jusque-là les médias généralistes et les institutions théâtrales subventionnées[10].

La revue est également à l'origine de la création de l'Association québécoise des critiques de théâtre (AQCT) dans les années 1980[4].

En 1989, à l'occasion de la parution du numéro 50 intitulé « Le théâtre dans la cité », la revue change de format et les directeurs du numéro, Pierre Lavoie et Diane Pavlovic, réajustent son mandat éditorial afin de mieux refléter l'état du théâtre. Ainsi, les scènes ont délaissées la parole engagée et les revendications nationalistes au profit d'un théâtre déconstruit qui interroge ses propres modes d'expressions; la revue doit par conséquent se transformer elle aussi[3]. C'est pourquoi les analyses privilégient la réflexion sur le théâtre sous toutes ses composantes : la mise en scène, la dramaturgie, le jeu, l'actualité, les genres et les sous-genres tout en préservant l'impératif initial d'éviter de « faire état du théâtre qui se publie[3] ».

En 2001, à l'occasion de ses vingt-cinq ans, la revue fait paraitre dans un numéro spécial « L'arbre du théâtre québécois » dans lequel elle retrace la généalogie de la dramaturgie au Québec[11]. En 2008, les Cahiers de théâtre — Jeu et quelques chercheurs dirigé par Michel Vaïs, font paraitre un ouvrage de référence intitulé le Dictionnaire des artistes du théâtre québécois aux éditions Québec Amérique. «Vaïs explique que l'idée de l'ouvrage était de consigner le parcours de 450 artistes qui ont le plus marqué le théâtre québécois des origines à nos jours[12]. » L'équipe en charge du Dictionnaire a pris comme point de départ l'Arbre du théâtre québécois paru sept ans plus tôt pour amorcer ses recherches.

En 2014, à l'occasion de la publication du 150e numéro de la revue, son format change pour s'adapter aux nouvelles exigences de publication sur internet. Selon Christian St-Pierre, son rédacteur en chef à l'époque, cette refonte sert à agrandir le public cible en rapetissant la longueur des articles publiés dans l'édition papier et en ajoutant des images. Depuis, les critiques et les comptes rendus de spectacle sont publiés exclusivement dans l'édition web de la revue afin de court-circuiter les délais de publication en format papier et les rendre disponibles instantanément[13]. Ainsi, le magazine Jeu se concentre sur la publication de réflexions et d'analyses qui s'orientent en fonction de dossiers thématiques[13].

La revue est membre de la Société de développement des périodiques culturels québécois (SODEP)[14] depuis 1978.

Ligne éditoriale[modifier | modifier le code]

Jeu est la seule revue francophone en Amérique du Nord à se consacrer exclusivement au théâtre et aux arts du spectacle vivant[15].

Elle présente différentes rubriques qui mettent en valeur l'actualité culturelle. Elle présente des entrevues au sujet de créations à venir, des critiques et analyses de spectacles, les nouvelles du milieu, etc.[15].

La revue offre, dans chaque numéro, un dossier thématique qui propose d'approfondir une thématique ou un enjeu actuel. Divers spécialistes des arts vivants comme des chercheurs, des artistes ou des journalistes, sont invités à publier afin d'offrir une multitude de point de vue[15].

Outre la version papier, une version web est également disponible depuis 2014[15].

Financement[modifier | modifier le code]

Jeu est largement subventionnée par les grands organismes subventionnaires canadiens[4],[16].

Comité de rédaction et contributeurs[modifier | modifier le code]

Comité de rédaction[modifier | modifier le code]

Comité de rédaction actuel (2023)[modifier | modifier le code]

  • Direction générale : Sylvie Gignac[4]
  • Rédacteur en chef : Mario Cloutier


Contributeurs et contributrices[modifier | modifier le code]

Voici une liste non exhaustive des contributeurs et contributrices :

Prix et honneurs[modifier | modifier le code]

Prix[modifier | modifier le code]

  • 1984 : Prix Gabrielle-Roy pour la jeune critique[17].
  • 1990 : Prix Jean-Béraud, remis à Michel Vaïs pour « Le Bourgeois gentilhomme », JEU n° 54[18].
  • 1991 : Prix Jean-Béraud, remis à Louise Vigeant pour « Bernard-Marie Koltès : les contours infranchissables de la solitude », JEU n° 57[18].
  • 1993 : Prix Jean-Béraud, remis à Michel Vaïs pour « Deux visions des Bonnes : à Montréal et à Moscou », JEU n° 65[18].
  • 1993 : Prix d’excellence pour la tenue artistique (SODEP)[19].
  • 2013 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Prix du journalisme culturel – portrait ou entrevue », remis à Michelle Chanonat pour « Patrice Chéreau, le désir chevillé au corps », JEU n° 142[19].
  • 2014 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Prix du journalisme culturel – dossier ou reportage », remis aux collaborateurs du dossier « Hors de Montréal, point de salut? » dirigé par Raymond Bertin, JEU n° 148[19].
  • 2015 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Prix de conception graphique – Page couverture », remis à Christian Saint-Pierre (rédacteur en chef), Julie Artacho (photographe) et Sylvie Daigle (graphiste), JEU n° 151[19].
  • 2016 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Hommage », remis à Michel Vaïs pour son travail exceptionnel au sein de la revue[19].
  • 2021 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Recension critique », remis à Anne-Marie Cousineau pour « Conjurer l’impuissance », JEU n° 176[20].
  • 2023 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Portrait », remis à Marjolaine Mckenzie pour « Natasha Kanapé Fontaine et les rituels de la parole », JEU n° 182[21].
  • 2023 : Prix d’excellence de la SODEP, catégorie « Article de vulgarisation », remis à Mariam Tounkara pour « Artiste et neuroatypique : le clou du spectacle », JEU n° 184[21].

Décorations[modifier | modifier le code]

  • 2017 : Médaille d’or aux Prix du magazine canadien dans la catégorie «Meilleur article court» à Françoise Major pour «Santa Martha Acatitla: le théâtre de la réconciliation», Jeu no 160[22].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Lucie Robert, « Théâtre et édition au XXe siècle », Théâtres québécois et canadiens-français : trajectoires et territoires, sous la direction de Hélène Beauchamp et Gilbert David, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2003, (ISBN 2-7605-1231-2, 978-2-7605-1231-3 et 978-1-4356-9011-0), (OCLC 236376818), p. 96
  2. a b et c Andrée Fortin, Passage de la modernité : les intellectuels québécois et leurs revues, 1778-2004, , 460 p. (ISBN 2-7637-8241-8 et 978-2-7637-8241-6, OCLC 1006924084, lire en ligne), p. 213
  3. a b c et d Sylvie Bérard, « 100 bons coups de théâtre : les 25 ans de la revue Jeu », Lettres Québécoises,‎ , p. 21-22 (lire en ligne Accès libre)
  4. a b c et d « À propos », JEU, consulté le 13 avril 2022.
  5. a et b Gilbert David, « Un nouveau territoire théâtral 1965-1980 », Le théâtre au Québec 1825-1980, sous la direction de Renée Legris, Jean-Marc Larrue, André-G. Bourassa et Gilbert David, Montréal, VLB éditeur, 1988, (ISBN 2-89005-331-8 et 978-2-89005-331-1), p. 162-163.
  6. « Manifestes et textes théoriques. Numéro 7, hiver 1978 – Jeu », sur Érudit (consulté le )
  7. « Mise en place », Jeu : revue de théâtre, no 1,‎ , p. 3–4 (ISSN 0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
  8. Yves Jubinville, « Du théâtre populaire au Québec ou la généalogie d'un mythe moderne (1968-1999) », L'annuaire théâtral,‎ , p. 113-128 (lire en ligne)
  9. Gilbert David, « Une institution théâtrale à géométrie variable », Le théâtre québécois 1975-1995, sous la direction de Dominique Lafon, Coll. « Archives des lettres canadiennes », Montréal, Fides, 2001, (ISBN 2-7621-2225-2 et 978-2-7621-2225-1), p. 35
  10. Gilbert David, « Enjeu », Jeu : revue de théâtre, no 1,‎ , p. 5–6 (ISSN 0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
  11. Michel Vaïs et Philip Wickham, « L’arbre du théâtre québécois », Jeu : revue de théâtre, no 100,‎ , p. 120–121 (ISSN 0382-0335 et 1923-2578, lire en ligne, consulté le )
  12. Louise H. Forsyth, « V AÏS , Michel (dir.), Dictionnaire des artistes du théâtre québécois , Montréal, Québec Amérique, 2008, 422 p. », L'annuaire théâtral,‎ , p. 198-201 (lire en ligne)
  13. a et b « Nouveau format pour la revue Jeu, qui lance son 150e numéro », sur La Presse, (consulté le )
  14. « Numéro 183 - Automne 2022 », sur Sodep (consulté le )
  15. a b c et d « Jeu », sur Érudit (consulté le )
  16. « La revue JEU à la recherche d'un autochtone pour une résidence de rédaction », ICI Radio-Canada, 5 mai 2021.
  17. « Lauréat.e.s du Prix Gabrielle-Roy | L'Association des littératures canadienne et québécoise » (consulté le )
  18. a b et c « Études, bourses, jurys, prix | Biographie de Michel Vaïs », sur michel-vais.hubside.fr (consulté le )
  19. a b c d et e SODEP, « Prix d’excellence de la SODEP » Accès libre, sur Sodep.qc.ca (consulté le )
  20. « Les lauréat.e.s et finalistes des Prix d'excellence de la SODEP 2021 », sur Sodep (consulté le )
  21. a et b « Prix d’excellence de la SODEP », sur SODEP (consulté le )
  22. « Lauréats des 40es Prix du magazine canadien », sur Prix du magazine canadien, (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]