Jules Legoux

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Le baron Émile-Bernard-Jules Legoux, né à Saint-Amand-Montrond le et mort à Bar-sur-Seine le , est un magistrat, homme de lettres et homme politique français. Il fut l'un des chefs du parti bonapartiste dans les années 1890.

Biographie[modifier | modifier le code]

Famille[modifier | modifier le code]

Né à Saint-Amand, rue Lafayette[1], Jules Legoux est le petit-fils de Bernard Legoux (1763-1845), procureur général près les cours de Dijon, Gênes puis Paris, créé baron le . Ce titre de noblesse a été confirmé par lettres patentes de Louis XVIII du [2].

Jules est le fils de Julien-Camille Legoux (1802-1876), alors préfet de l'Aude, et de Laure-Julie-Alexandrine Monginet (v.1816-1888), issue de la famille champenoise des Monginet-Berthelin[3].

Le , Jules Legoux épouse Lucie-Caroline-Eugénie Chausson, fille d'Henri Chausson, négociant en vins de Champagne. Leur fille, Marguerite-Juliette-Marthe, née en 1865[4], épouse en 1888 Gabriel-Yves-Olivier-Jean-Marie, vicomte (puis comte) de La Poëze (1861-19..), maire de La Rabatelière[5].

Carrière et mandat[modifier | modifier le code]

Mairie-école des Chapelles-Bourbon.

Après avoir été élève au lycée Bonaparte, Jules Legoux obtient une licence de droit.

Avocat attaché au parquet du procureur général à Paris, il commence sa carrière dans la magistrature à l'âge de 25 ans, quand il est nommé substitut du procureur impérial à Sainte-Ménehould par un décret du [6]. Il exerce les mêmes fonctions à Épernay (décret du )[7], avant de devenir procureur impérial à Avallon (décret du )[8] puis à Corbeil (décret du )[9]. Les Allemands ayant envahi Corbeil pendant la Guerre franco-prussienne de 1870, Legoux refuse de remplir ses fonctions malgré des menaces d'emprisonnement, déclarant que « jamais [il] ne ferai[t] respecter la loi française sous la pression des baïonnettes prussiennes »[10]. Quelques années plus tard, il est nommé procureur de la République à Chartres (décret du )[11].

En , il devient le chef de cabinet de son ami François Lepelletier, nommé garde des sceaux dans l'éphémère gouvernement Gaétan de Rochebouët. Après la chute de ce dernier, Legoux se retire de la magistrature.

Le , il succède à Charles-François Pigeastre comme maire des Chapelles-Bourbon, village de Seine-et-Marne, où son beau-père a acquis le château et le domaine de Beaumarchais en 1870. C'est sous son mandat que l'actuelle mairie de la commune est élevée selon les plans de Jules Marmottin, architecte de Coulommiers. Legoux publie une monographie des Chapelles-Bourbon en 1886.

Activités politiques[modifier | modifier le code]

Militant bonapartiste, partisan du prince Victor, Jules Legoux se présente dans le quartier de la Porte-Dauphine à l'occasion des élections municipales de 1887. Devancé de plus de 300 voix au premier tour par le conseiller municipal sortant, le radical Ernest Deligny, le baron est battu au second tour.

Deux ans plus tard, à l'occasion des élections législatives de 1889, il se porte candidat dans la deuxième circonscription de Troyes avec l'investiture des boulangistes, faisant campagne aux côtés de Millevoye et Laisant[12]. Au premier tour, il arrive en troisième position, avec 2 544 suffrages, derrière le radical Arbouin, rédacteur en chef du Petit Troyen (3 353 voix), et loin derrière l'opportuniste Eugène Rambourgt (5 676). Arbouin se désiste mais il est remplacé par un autre radical, Jules Charonnat, député sortant battu au premier tour dans la circonscription de Nogent-sur-Seine[13]. Cette division des républicains ne profite cependant pas à Legoux, qui ne progresse pas au second tour, obtenant seulement 2 050 voix, derrière Charonnat (4 778 suffrages) et Rambourgt (élu avec 5 757 voix).

En 1890, le baron Legoux succède au général du Barail à la présidence des comités impérialistes (puis « plébiscitaires ») de la Seine, structure où il était le délégué du prince Victor depuis [14]. Le , il prend la direction d'un journal hebdomadaire, Le Plébiscite (auparavant Le Signal français, moniteur des comités impérialistes de France)[15].

Sociétaire de l'Association des journalistes parisiens dès 1888[16], il collabore également, sous ses initiales ou sous divers noms de plume, à La Patrie, au Courrier du Pas-de-Calais, à L'Ordre, au Peuple français (1879), au Moniteur de la Semaine, au Révisionniste, au Petit Caporal, à L'Aigle, à L'Appel au peuple, au Jockey et à L'Intermédiaire des chercheurs et curieux. Outre ces articles de presse, il est aussi l'auteur de plusieurs saynètes et études de mœurs. Il est membre de la Société des gens de lettres[16].

Régulièrement réélu dans ses fonctions militantes, il est cependant peu obéi par des bonapartistes peu unis et peu disciplinés[17]. Lors de l'affaire Dreyfus, il est inquiété lors de la répression gouvernementale du mouvement antidreyfusard, subissant une perquisition et un procès, puis il participe à une vaine tentative d'union des ligues nationalistes et monarchistes ()[18].

Le , le baron Legoux prend sa retraite et démissionne de ses fonctions. Il est remplacé par Léon Chandon[19] après le refus de Charles Faure-Biguet, ce dernier ne voulant pas gêner son père, le général Faure-Biguet, récemment nommé gouverneur militaire de Paris par Émile Loubet.

Jules Legoux meurt le au no 160 de la Grande-Rue de Bar-sur-Seine[20].

Parmi ses distinctions, on peut relever celles d'officier d'Académie, de commandeur de l'ordre du Médjidié et de l'ordre d'Isabelle la Catholique, de grand officier du Nichan Iftikhar[16], ainsi que les rangs de chevalier des ordres de Saints-Maurice-et-Lazare, de Vasa et de Notre-Dame de Guadalupe[4].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Œuvres de Jules Legoux[modifier | modifier le code]

  • Du Droit de grâce en France comparé avec les législations étrangères, commenté par les lois, ordonnances, décrets, lettres patentes... depuis 1349 jusqu'en 1865, Paris, Cotillon, 1865.
  • Cinq Ans après, saynète en prose jouée par Mme Élise Damain, Paris, Ollendorff, 1883.
  • Lettre d'amour, saynète en prose jouée par Mme Jeanne Marni, Paris, Ollendorff.
  • Monsieur mon Parrain, saynète jouée par Mlle Durand, Paris, Ollendorff, 1883.
  • Le Prétexte, comédie en un acte en prose, créée au Vaudeville le 4 septembre 1883, Paris, Ollendorff, 1883.
  • Par Téléphone, saynète jouée par Mlle Thénard de la Comédie-Française, Paris, Ollendorff, 1883.
  • Autour d'un Chapeau, saynète jouée par Mlle Suzanne Reichenberg de la Comédie-Française, Paris, Ollendorff, 1884-1908.
  • Panoplie : le Drapeau, les deux Clairons, le Casque, l’Épée, illustrations par M. Gérald, Paris, Ollendorff, 1884.
  • Les Propos d'un bourgeois de Paris, avant-propos de Robert Mitchell, Paris, Ollendorff, 1885.
  • Les Reflets, Paris, Ollendorff.
  • Histoire de la commune des Chapelles-Bourbon (Seine-et-Marne), Paris, P. Dupont, 1886.
  • Au Feu ! Récit héroïque, Paris, Ollendorff, 1887.
  • Pro Patria, Paris, P. Dupont, 1887.
  • Hommes et femmes (Les Propos d'un bourgeois de Paris, 2e série), Paris, Ollendorff, 1888.
  • Où c'est tout bleu !, petit conte dit par Mlle Suzanne Reichenberg de la Comédie-Française, Paris, J. Strauss, 1890.
  • Toast du baron Jules Legoux au banquet du 15 août 1891, Paris, Warmont, [1891].
  • Une Patriote, simple récit, Paris, Ollendorff, 1892.
  • Banquet du 15 août 1892 : toast, Paris, P. Dupont, 1892.
  • Banquet plébiscitaire de Rouen (11 septembre 1892) : discours, Versailles, Cerf, [1892].
  • Les Comités plébiscitaires de la Seine : banquet du 15 août 1894 : discours, paris, Lefebvre, [1894].
  • Banquet du 15 août 1901 : discours, Montluçon, Herbin, [1901].
  • Grande réunion plébiscitaire de Marseille, le 13 janvier 1902 : discours, Montluçon, Herbin, [1902].
  • Grande réunion plébiscitaire à Bordeaux, le 9 mars 1902 : discours, Montluçon, Herbin, [1902].
  • À Paris et près Paris (1er mars-23 mars 1902) : deux discours, Montluçon, Herbin, [1902].
  • Grande réunion des comités plébiscitaires de la Seine en l'honneur du Baron Jules Legoux : discours, Montluçon, Herbin, 1903.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Archives départementales du Cher, 3E 3371, état civil de la commune de Saint-Amand-Montrond, acte de naissance no 224 du 17 novembre 1836.
  2. Magny, p. 117.
  3. Charles Poplimont, La France héraldique, t. V, Paris, 1874, p. 199.
  4. a et b Magny, p. 120.
  5. Généalogie de la famille de La Poëze, Paris, Desclée, De Brouwer et Cie, 1911, p. 64-66.
  6. Journal des débats, 25 août 1862, p. 2.
  7. Bulletin des tribunaux, 4 janvier 1864, p. 14.
  8. Journal des débats, 11 janvier 1869, p. 2.
  9. Le Temps, 5 juillet 1869, p. 3.
  10. Uzanne, p. 132.
  11. Journal officiel de la République française, 28 janvier 1876, p. 825.
  12. Le Gaulois, 22 juillet 1889, p. 2.
  13. Le XIXe siècle, 2 octobre 1889, p. 1.
  14. La Croix, 8 juin 1889, p. 3.
  15. L'Indépendant du Blanc, 8 décembre 1894, p. 3.
  16. a b et c Bulletin de l'Association des journalistes parisiens, 10 avril 1909, p. 29-30
  17. Joly, p. 244.
  18. Joly, p. 519.
  19. Joly, p. 583.
  20. Archives départementales de l'Aube, 4E034 48, état civil de la commune de Bar-sur-Seine, acte de décès no 21 du 21 avril 1908.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • C.-E. Curinier, Dictionnaire national des contemporains, t. I, Paris, Office général d'édition de librairie et d'imprimerie, 1899, p. 235-236.
  • Bertrand Joly, Histoire politique de l'affaire Dreyfus, Paris, Fayard, 2014, p. 244, 519 et 583.
  • Louis de Magny, Nobiliaire universel de France, vol. XV, Paris, Archives de la noblesse, 1880, p. 116-121.
  • Joseph Uzanne, Figures contemporaines tirées de l'album Mariani, vol. V, Paris, Henri Floury, 1900, p. 131-133 lire en ligne sur Gallica.

Liens externes[modifier | modifier le code]