Kannel

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Kannel
Image illustrative de l’article Kannel
Kannel traditionnel à 6 cordes.

Classification Instrument à cordes pincées

Le kannel (prononcé [ˈkɑnːel] en estonien) est un instrument à cordes pincées traditionnel d'Estonie.

Joueur de kannel à Järvepää (Setomaa), vers 1912.

Étymologie[modifier | modifier le code]

Le nom de l'instrument, selon le linguiste finlandais Eino Nieminen, à l'instar de celui de la plupart des instruments voisins (kantele finlandais, kanklės lituanien, kokle (en) letton, entre autres), serait issu de la forme proto-balte *kantlīs/*kantlēs qui signifie à l'origine « l'arbre chantant »[1], dérivant finalement de la racine proto-européenne *qan- – « chanter, son »[2]. Une autre origine évoquée, soutenue notamment par l'ethnologue lituanien Romualdas Apanavičius, considère que l'étymologie possible de la forme originale hypothétique pourrait être liée à la racine proto-européenne *gan(dh)- qui signifie « un navire ; le manche (d'une épée) », la reliant également au nom russe gusli[3],[2].

Histoire[modifier | modifier le code]

Le kannel est apparenté à la cithare, au psaltérion. Des instruments proches existent dans plusieurs régions voisines, à l'image du kantele finlandais, du kanklės lituanien, du kokle (en) letton, du kusle (en) maris, ou du gousli russe.

Les premiers instruments, à cinq, six ou sept cordes, avaient un corps trapézoïdal fait d'un rondin évidé recouvert d'une table d'harmonie. Ce type de kannel pouvait être joué en pinçant les cordes pour la mélodie ou en grattant des accords (pratique spécifique à la région des Setos). Dans ce dernier cas, toutes les cordes inutiles étaient étouffées avec les doigts[4].

Au XIXe siècle apparaît un nouveau type de kannel (parfois appelé « simmel »), à 15 cordes mélodiques ou plus avec ajout de trois cordes basses, puis, au XXe siècle, avec des cordes d'accompagnement spéciales, accordées en accord. L'instrument peut être joué de deux manières, avec une main grattant les accords tandis que l'autre étouffe les cordes non jouées, ou en jouant la mélodie avec une main et l'accompagnement avec l'autre, à la façon d'une harpe[4].

Au XXe siècle, à compter d'un concours de lutherie organisé en 1945 en Estonie remporté par Väino Maala, se développe également un kannel de concert chromatique comprenant une cinquantaine de cordes et une étendue couvrant environ quatre octaves. L'instrument possède une note pour chaque corde (d'autres variétés ayant un système mécanique diatonique similaire à celui de la harpe pour changer la hauteur des notes)[5].

Depuis 2002, le kannel chromatique estonien est enseigné à l’Académie estonienne de musique et de théâtre[5].

Répertoire et interprètes[modifier | modifier le code]

Outre son emploi en musique traditionnelle estonienne, le kannel intéresse aujourd'hui des compositeurs de musique contemporaine, comme la compositrice Helena Tulve.

Parmi les interprètes notables de l'instrument, figurent Kristi Mühling (en), Mari Kalkun (en) ou Anna-Liisa Eller.

Discographie[modifier | modifier le code]

  • Strings Attached : the Voice of Kannel, Anna-Liisa Eller (kannel), Harmonia Mundi HMN 916110, 2021[6].

Références[modifier | modifier le code]

  1. Insight Guides : Baltic States, APA Publications (HK) Ltd, , 430 p. (ISBN 978-962-421-182-5, lire en ligne), « The Singing Tree », p. 85
  2. a et b « Ancient Lithuanian Kanklės. Kanklės of the Baltic Sea nations », sur kankles.mch.mii.lt
  3. Romualdas Apanavičius. Ancient Lithuanian Kanklės, Institute of Ethnomusic, Vilnius, Lithuania
  4. a et b (en) Ingrid Rüütel, « Kannel », sur Grove Music Online,
  5. a et b Anna-Liisa Eller, livret du CD Strings Attached : the voice of kannel, p. 3.
  6. (en) Michael Beek, « Strings Attached – The Voice of the Kannel », sur Classical Music,

Annexes[modifier | modifier le code]

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