Léonie Vanhoutte

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Léonie Vanhoutte
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Léonie Vanhoutte en 1937
Nom de naissance Marie Léonie Vanhoutte
Alias
Charlotte Lameron
Naissance
Roubaix (France)
Décès (à 79 ans)
Boulogne-Billancourt (France)
Nationalité Française
Profession
Activité principale
Autres activités
Distinctions
Conjoint

Compléments

Personne liée: Louise de Bettignies

Léonie Vanhoutte, épouse Redier, également connue sous le pseudonyme de Charlotte Lameron, qu'elle avait adopté comme fausse identité pour ses activités secrètes, née sous le nom complet de Marie Léonie Vanhoutte le à Roubaix (Nord) et morte le à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), est une résistante et espionne française de la Première Guerre mondiale, infirmière-ambulancière de profession et d'abord engagée à ce titre au cours du conflit, qui travaillait à la frontière franco-belge au sein notamment du réseau Alice, dirigé par Alice Dubois alias Louise de Bettignies (-).

Biographie[modifier | modifier le code]

Origines et débuts[modifier | modifier le code]

Fille de Désiré Vanhoutte et de Léonie née Vanderstiegere[1], Marie Léonie Vanhoutte, dont le prénom usuel est le second[2] hérité de sa mère, est née en à Roubaix, dans le Nord de la France, dans la maison familiale de la rue de la Vigne[3],[1],[4],[5].

Au début de la Première Guerre mondiale, elle est infirmière stagiaire et ambulancière à la Croix-Rouge[4]. Cependant, lorsque cela implique de soigner des soldats non plus français et britanniques mais allemands, ce que sa hiérarchie lui demande de faire, elle refuse[5], change vite de poste et se rend alors dans les Flandres afin de devenir résistante et d'identifier les lieux de passage des réseaux de résistance dans le but que les Français et les Britanniques franchissent les lignes allemandes[2]. En , elle joue un rôle déterminant dans la mise en place d'ambulances, sous sa fausse identité alors mise au point de " Charlotte Lameron ". Les informations sur son rôle varient, certaines sources affirmant que " Charlotte " travaillait comme fromagère, d'autres la qualifiant d'infirmière de la Croix-Rouge.

Le réseau Alice et Alice Dubois alias Louise de Bettignies[5][modifier | modifier le code]

Elle est mise en contact peu après avec la grande résistante Louise de Bettignies (également connue sous une fausse identité comme " Alice Dubois ") , institutrice de profession de huit ans son aînée, et les deux jeunes femmes se rencontrent au château de Prouvost-Masurel, à Mouvaux, dans le département du Nord. Au printemps 1915, Léonie Vanhoutte commence à aider Louise de Bettignies dans le réseau Alice, également connu sous le nom de Cercle Alice, du prénom d'emprunt de celle qui devient son amie, et à étendre les lieux d'espionnage aux villes voisines de Cambrai, Valenciennes et, dans l'Aisne, Saint-Quentin. Ces réseaux correspondent à des zones géographiques, divisées en secteurs, pour identifier les passages de trains, les mouvements de troupes allemandes, l'emplacement des magasins de munitions et les informations concernant l'armement. Celles et ceux qui y participent rédigent des rapports, codent les messages et les transmettent notamment aux armées britanniques via la Belgique et les Pays-Bas. Vanhoutte, alors personnalité du monde militaire et du renseignement, n'était plus infirmière et ambulancière mais pouvait voyager librement grâce aux ambulances détournées de leur usage fondamental et envoyait les informations par courrier à chaque endroit[6].

Le 24 septembre 1915, Léonie est arrêtée et envoyée à la prison de Saint-Gilles à Bruxelles. Elle est condamnée à 15 ans de prison, torturée et malade du typhus. Les Allemands utilisent en outre des subterfuges pour la forcer à identifier Louise de Bettignies à partir de photographies, ce qui aboutit finalement à l'arrestation de sa compagne de lutte, qui meurt torturée le , à Cologne, Köln, en Allemagne. Dans les mois qui suivent ce décès, à la fin de la Première Guerre mondiale, Léonie, survivante, est libérée[7].

Vie privée, mort et funérailles[modifier | modifier le code]

Vanhoutte épouse[8] l'écrivain Antoine Redier le à Paris[9], en présence notamment du général Maxime Weygand, d'André Tardieu et du général Henri Gouraud[10]. Elle passe régulièrement des vacances dans la Manche, à Hauteville-sur-Mer, où elle est inhumée conformément à sa volonté dans le caveau de sa belle-famille[11],[12],[13] après sa mort en dans les Hauts-de-Seine.

Anecdote[modifier | modifier le code]

Selon l'historienne Isabelle Vahé, en travaillant à la loupe, les deux femmes sont capables d'inscrire jusqu'à 3000 mots sur un verre de lunetterie, les emblématiques lunettes que porte Léonie étant aussi un accessoire de résistance servant à inscrire des messages à l'encre sympathique[2].

On la connaît aussi sous les noms Marie-Léonie, Vanhoutte-Redier.

Hommages[modifier | modifier le code]

Décorations[14][modifier | modifier le code]

Odonymes[modifier | modifier le code]

Une rue porte son nom à Roubaix[15], ainsi que la place de l'église d'Hauteville-sur-Mer[12].

Dans la culture[modifier | modifier le code]

En , un film historique de Léon Poirier met en scène les personnages de Léonie et Louise[16], Sœurs d'Armes[17]. Il a également publié un livre de ce titre sur ce film, adapté de La Guerre des Femmes de Redier, couronné par l'Académie française.

Le roman de fiction historique The Alice Network, paru en 2017, en anglais, présente Marie Léonie Vanhoutte en tant que personnage secondaire[18].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b https://storage.canalblog.com/97/68/1046708/111823468.pdf
  2. a b et c « L'histoire du dimanche - Léonie Vanhoutte, d'infirmière à la Croix-Rouge à lieutenante du plus grand réseau d'espionnes de la Première Guerre mondiale », sur France 3 Hauts-de-France, (consulté le )
  3. Marjorie Duponchel, « Les résistants de la Grande Grande à Roubaix: Marie Léonie Vanhoutte, l’infirmière postière », sur La Voix du Nord, (consulté le )
  4. a et b Sandrine Gorez-Brienne et Corinne Vérizian-Lefeuvre, « Visions d’un Roubaix occupé : entre littérature et histoire », Nord', vol. 64, no 2,‎ , p. 109–127 (ISSN 0755-7884, DOI 10.3917/nord.064.0109, lire en ligne, consulté le )
  5. a b et c « Les femmes pendant la Grande Guerre (Actes du colloque du 18 octobre 2018) », sur Sénat, (consulté le )
  6. (en) « Resistance to the first German occupation- Remembrance Trails of the Great War in Northern France », sur www.remembrancetrails-northernfrance.com (consulté le )
  7. (en) Patricia Stoughton, « Louise de Bettignies: the pro-British ‘Joan of Arc’ | History Today », sur www.historytoday.com (consulté le )
  8. (en) « Jul 20, 1934, page 8 - The Ottawa Journal at Newspapers.com », sur Newspapers.com (consulté le )
  9. (en-US) « FRANCE: Smuggler's Marriage », Time,‎ (ISSN 0040-781X, lire en ligne, consulté le )
  10. « Figaro : journal non politique », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  11. Ouest-France, « Marie-Léonie Vanhoutte, résistante de guerre », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  12. a et b « Marie-Léonie Vanhoutte — Wikimanche », sur www.wikimanche.fr (consulté le )
  13. « Hauteville-sur-Mer. Marie-Léonie Vanhoutte, alias Charlotte, résistante », sur lamanchelibre.fr (consulté le )
  14. Agence Rol Agence photographique (commanditaire), « 27-2-27, Roubaix, M. Tardieu [ministre des travaux publics] et Mlle Léonie Vanhoutte [décorée de la Croix de chevalier de la Légion d'honneur] après la remise de décoration : [photographie de presse] / [Agence Rol] », sur Gallica, (consulté le )
  15. « Rue Léonie Vanhoutte, Roubaix (59512) - Base Adresse Nationale », sur adresse.data.gouv.fr (consulté le )
  16. « Soeurs d'armes de Léon Poirier (1937) - Unifrance », sur www.unifrance.org (consulté le )
  17. SensCritique, « Soeurs d'armes - Film (1937) », sur SensCritique (consulté le )
  18. « Le Réseau Alice : le plus grand réseau d'espionnes de la Grande Guerre », sur editions-hauteville.fr (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]