Langue scrotale

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langue scrotale
Description de l'image Langue scrotale moulage cire 1877.jpg.

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Spécialité Chirurgie maxillo-facialeVoir et modifier les données sur Wikidata
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Exemple de langue « scrotale » ou dite « plicaturée » présentant des crevasses de la langue très marquées, ici chez un jeune militaire (Eugène S 20 ans) qui souffrait aussi d'hypersalivation (1906).

La langue scrotale aussi dite langue plicaturée (ou lingua plicata) est une lésion de la muqueuse de la surface supérieure de la langue. Elle est habituellement bénigne mais peut parfois se compliquer en cas d'infection ou inflammation des fissurations[1]. Elle est caractérisée par un aspect évoquant la peau d'un scrotum recroquevillé.

Pour certains auteurs, il ne s'agit que d'une des formes de la langue fissurée ou « langue crevassée », assez souvent associée à la langue géographique (qui concerne 2 à 5 % de la population).

Elle est assez souvent associée à une glossite exfoliatrice marginée (= langue géographique ou glossite migratoire bénigne[2]), avec alors des zones dépapillées roses formant des taches pouvant migrer.

Cette affection est encore mal comprise et pourrait présenter des aspects auto-immun[3], et génétique,

Histoire[modifier | modifier le code]

C'est une maladie qui a notamment été étudiée par Louis Dubreuil-Chambardel (de Tours) au tout début du XXe siècle [4],[5]. Selon lui la langue scrotale était toujours anormalement grosse, avec des sillons latéraux symétriques par rapport au sillon médian de la langue, systématiquement associée à un maxillaire inférieur large, des glandes salivaires hypertrophiées (avec hypersalivation), et à de belles dents[5].

Classification et autres dénominations[modifier | modifier le code]

La langue scrotale n'est pas une stomatite, mais l'un des types de glossites (car touchant habituellement la partie supérieure de la langue et ses côtés[6]).

À la différence de la langue géographique[7], la lésion ne s'étend jamais à la face inférieure de la langue ni à d'autres muqueuses de la bouche.

Symptômes, diagnostic[modifier | modifier le code]

La surface de la langue prend un aspect « scrotal » avec apparition de fissures plus ou moins profondes et durables selon les cas[8].

Si des zones dépapillées roses et lisses apparaissent, souvent bien délimitées, parfois cernées de blanc, ils dénotent une langue géographique, changeant de forme, de taille et migrant (parfois en quelques heures[9]), avec des périodes de rémissions et rechutes, parfois associées à des dysesthésies oro-faciale et à des troubles psychiatriques[10].

Variantes[modifier | modifier le code]

Les sillons ou fissures sont plus ou moins profonds selon les cas (parfois douloureux et souvent asymptomatiques).

La langue scrotale peut être chronique ou passagère, et apparait parfois en série familiale[11].

Diagnostic différentiel[modifier | modifier le code]

Cette maladie ne doit pas être confondue avec :

Conséquences[modifier | modifier le code]

La lésion est bénigne, tant qu'elle ne se double pas d'une infection ou d'une forte inflammation.

Des douleurs peuvent être éprouvées au contact de la langue avec des épices ou condiments forts (poivre, piment, vinaigre, etc.) ou certains aliments chauds et/ou acides (ananas, orange, kiwi, etc.), ou tanniques (noix, etc.) ou de certains fromages (gruyère, etc.).

Une douleur permanente peut aussi faire évoquer une mycose (candidose buccale) chronique ou récidivante, qui implique alors un traitement antifongique.

Des débris alimentaires peuvent s'accumuler dans les fissures et être source d'irritation et de douleur. Le patient peut se brosser la langue pour éviter ou limiter ces problèmes[12].

Une hypersalivation associée a parfois été décrite (avec draps/oreiller mouillé au réveil).

Causes, origines[modifier | modifier le code]

Cette maladie est connue depuis longtemps, mais ses causes exactes (éventuellement multiples) ne sont pas encore identifiées :

  • au moins une partie des glossites a une origine génétique ou en partie génétique (prédisposition) et elles sont parfois une « manifestation buccale d'un psoriasis »[13],[14]. Cette affection semble au moins parfois corrélée à la glossite exfoliatrice (langue géographique) et pourrait alors avoir la même origine génotypique[15]. Cette affection est par exemple associée à la trisomie 21[16] ;
  • un stress environnemental est une cause possible pour la langue géographique, assez souvent associée aux cas de langue scrotale[17] ;
  • le diabète pourrait être parfois en cause ;
  • le psoriasis semble parfois en cause [18] et/ou avec d'autres manifestations buccales du psoriasis[19] ;
  • une association avec un syphilis secondaire ou tertiaire (voir illustrations) a été signalée au moins dès 1907[20].

Prévalence[modifier | modifier le code]

La prévalence de cette affection est encore mal connue, mais semble varier selon les régions du monde.

Selon les pays, 15 % à 50 % des cas de langue géographique présenteraient aussi une langue fissurée ou scrotale[21],[22]

Traitement[modifier | modifier le code]

Il n'existe que des traitements symptomatiques, qui visent à améliorer certains symptômes gênants (inflammation, infection fongique secondaire...).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. 5-Souvent dès l'enfance - Langue géographique et langue fissurée
  2. Abensour, M., & Grosshans, E. (1999). Langue géographique ou glossite migratoire bénigne. In Annales de dermatologie et de vénéréologie (Vol. 126, No. 11, pp. 849-852). Masson.
  3. Assimakopoulos, D., Patrikakos, G., Fotika, C., & Elisaf, M. (2002). Benign migratory glossitis or geographic tongue: an enigmatic oral lesion. The American journal of medicine, 113(9), 751-755.
  4. Dubreuil-Chambardel, Louis. (1906) ; Bull. de la société d'anthropologie de paris n°4  ; Id. Quelques considérations sur la langue scrotale in Archives générales de Médecine, Nov 1906 ; Gazette médicale du centre, 15 dec 1906, Province médicale, janv 1907
  5. a et b Dubreuil-Chambardel, Louis. (1906). Deuxième note sur la langue scrotale. Bulletins et Mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, 7(1), 486-490.
  6. Kerawala C, Newlands C (editors) (2010). Oral and maxillofacial surgery. Oxford: Oxford University Press. p. 427. (ISBN 9780199204830).
  7. Treister NS, Bruch JM (2010). Clinical oral medicine and pathology. New York: Humana Press. pp. 20, 21. (ISBN 978-1-60327-519-4).
  8. Tomb, R., Hajj, H., & Nehme, E. (2010). Manifestations buccales du psoriasis. In Annales de dermatologie et de vénéréologie (Nov 2010, Vol.137, N°11, pp. 695-702). Elsevier Masson.
  9. Scully, Crispian (2008). Oral and maxillofacial medicine : the basis of diagnosis and treatment (2nd ed.). Edinburgh: Churchill Livingstone. p. 205,206. (ISBN 9780443068188).
  10. Hampf, G., Vikkula, J., Ylipaavalniemi, P., & Aalberg, V. (1987). Psychiatric disorders in orofacial dysaesthesia. International journal of oral and maxillofacial surgery, 16(4), 402-407. (résumé)
  11. Payenneville, J. (1905). Langue scrotale en série familiale. Ann. Derm. Syph.(Paris), 141.
  12. (en) Eusterman VD. « History and physical examination, screening and diagnostic testing » Otolaryngol Clin North Am. 2011;44(1):1-29.
  13. Tomb, R., Hajj, H., & Nehme, E. (2010, November) « Manifestations buccales du psoriasis » In Annales de dermatologie et de vénéréologie (vol. 137, no 11, p. 695-702). Elsevier Masson.
  14. Cribier, B. (2012, April). Psoriasis: formes rares ou inhabituelles. In Annales de Dermatologie et de Vénéréologie (Vol. 139, pp. S39-S45). Elsevier Masson.
  15. Billet, J., Malard, O., Tessier, M. H., & de Montreuil, C. B. (2003). Pathologie de la muqueuse buccale. Encycl Méd Chir (Editions Scientifiques et Médicales Elsevier SAS, Paris, Oto-rhino-laryngologie, 20-624-A-10.
  16. El Mehdi, Khirane (2015). Évaluation de l'état parodontal chez les enfants atteints de trisomie 21 de l'association ANIT.
  17. Marks R & Simons M.J (1979). Geographic tongue—a manifestation of atopy. British Journal of Dermatology, 101(2), 159-162. (résumé)
  18. Guillot, B. & Guilhou, J. J. (2002) « Le psoriasis et son traitement » Revue du rhumatisme, 69(6), 615-623.
  19. Tomb, R., Hajj, H., & Nehme, E. (2010, November). « Manifestations buccales du psoriasis » In Annales de dermatologie et de vénéréologie (Vol. 137, No. 11, pp. 695-702). Elsevier Masson.
  20. Blanc, D. (1907). « Deux cas de syph. secondaire atteints de glossite exfoliatr. marginée avec langue scrotale » Bullet. Soc. franç. de dermatol. et syphilogr. Paris, 442.
  21. hulman JD, Carpenter WM. (2006) Prevalence and risk factors associated with geographic tongue among US adults. Oral Dis ; 12 (4) : 381-6.
  22. Assimakopoulos D, Patrikakos G, Fotika C. Benign migratory glossitis or geographic tongue: an enigmatic oral lesion. Am J Med 2002 ; 113 (9) : 751-5.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Vigarios, E., de Bataille, C., Boulanger, M., Fricain, J. C., & Sibaud, V. (2015, October). Variations physiologiques de la langue. In Annales de dermatologie et de vénéréologie (Vol. 142, pp. 583-592).