Leila Badre
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ليلى بدر |
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Leila Badre (née en 1943) est une archéologue libanaise, directrice du Musée archéologique de l'Université américaine de Beyrouth (en)[1]. Elle a fait des découvertes importantes dans plusieurs sites du Levant : un temple à Tell Kazel (en) en Syrie et, au Liban, un glacis phénicien à Beyrouth ainsi que deux sanctuaires à Tyr, l'un phénicien, l'autre de l’époque hellénistique[2].
Elle a donné des conférences notamment au Musée du Louvre, à l'Institut du monde arabe[3] et a été professeure invitée à l'École normale supérieure de Paris.
Jeunesse et études[modifier | modifier le code]
Leila Badre, née à Beyrouth, fait ses études secondaires au lycée Notre-Dame de Nazareth. Elle est la nièce de l'archéologue Gabriel Saadé, spécialiste du royaume d'Ougarit[2].
Après un MA en Archéologie à l'Université américaine de Beyrouth, elle soutient à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne en 1976 une thèse de doctorat intitulée Les figurines anthrophomorphes à l'Âge du bronze en Syrie[4] publiée en 1980 et devenue un ouvrage de référence sur le sujet. Entre 1968 et 1975, elle est assistante de recherche au Musée archéologique de l'Université américaine de Beyrouth
Carrière[modifier | modifier le code]
Elle occupe plusieurs postes d'enseignement, à l'Université libanaise entre 1978 et 1988, comme maître de conférences à l’Institut français d’archéologie du Proche-Orient (IFAPO) et maître de conférences invitée à l'Université de Bourgogne en 1989, et comme professeure invitée à l'École normale supérieure de Paris en 1991. En 1992 elle devient consultante pour le département d'histoire et d'archéologie à l'Université de Balamand.
Elle est directrice dès 1980 du Musée archéologique de l'Université américaine de Beyrouth, où elle supervise en 2006 un projet important de rénovation[5]. Elle est également responsable de la création d'un musée dans la crypte du sous-sol de la cathédrale orthodoxe Saint-Georges dans le centre de Beyrouth.
Recherches[modifier | modifier le code]
Tell Kazel[modifier | modifier le code]
Certains des travaux les plus importants de L. Badre portent sur le site de Tell Kazel en Syrie, localisation probable de l'ancien Sumur , capitale du royaume d'Amurru[6] comme permettent de le supposer les grandes dimensions du site, la présence de fortifications conséquentes, et la période d'occupation continue — du Bronze Moyen à l’époque hellénistique[7]. Dans la deuxième moitié du IIe millénaire av. J.-C., Tell Kazel se situe « dans une région du Proche-Orient ancien à la frontière entre les sphères d’influence des empires égyptien et hittite, ainsi que sur un axe stratégique pour les communications entre la Méditerranée orientale et la Mésopotamie »[6].
Leila Badre met au jour à Tell Kazel, site daté, pour son occupation la plus ancienne, de 1 600 à 1 200 av. J.-C, « trois temples superposés, du matériel de culte, des produits de luxe en faïence polychromes», ainsi que des revêtements de mur et de sol en coquillages du Bronze récent[2]. Les trois constructions successives du temple datent pour les deux premières du Bronze récent et pour la troisième de l'Âge du fer[7]. Les aménagements de sols en coquillages étaient connus sur d'autres sites archéologiques, en revanche, il s'agit du premier exemple de parements de murs en coquillages[2].
Centre-ville de Beyrouth[modifier | modifier le code]
Les fouilles dans le centre-ville de Beyrouth dirigées par Leila Badre ont permis de découvrir en 1996 un glacis phénicien, fortification d'une longueur de 160 mètres de long et d'une hauteur de sept mètres[2] (début du Bronze moyen[8]). Ont été exhumées également des jarres funéraires, dont l'une contenait les restes d'une fillette de trois ans datés de 1700 av. J.-C.[9] ; des amphores à vin importées de Grèce, datées du VIIe siècle av. J.-C. ; des jarres à provisions fabriquées localement pour exporter de l'huile d'olive[2].
Temple phénicien de Tyr[modifier | modifier le code]
À Tyr dans le sud du Liban l'équipe dirigée par Leila Badre découvre en 2012 un temple phénicien de la fin de l’époque perse ; c'est un des plus anciens édifices religieux mis au jour dans cette ville, il est plus complet que celui d’Echmoun (auquel il manque les murs) ; il est plus grand que celui, contemporain, de Amrit en Syrie[10]. Le site avait été repéré en 1975 par Maurice Chéhab mais il était tombé dans l'oubli et n'avait fait l'objet d'aucune description[10].
Sanctuaire hellénistique de Tyr[modifier | modifier le code]
En 2017 une équipe dirigée par Leila Badre met au jour les fondations d’un sanctuaire hellénistique de 15 mètres de long et de 6 mètres de large, semblable par ses techniques de construction au sanctuaire phénicien de Sarepta (actuelle Sarafand dans le sud du Liban), mais deux fois plus grand[11]. Les fouilles ont permis également de déceler les vestiges d'une construction plus ancienne sous les fondations ainsi, selon Leila Badre, « la tradition de la préservation des lieux de culte sur plusieurs siècles se confirme »[12].
Campagnes de fouilles[modifier | modifier le code]
Au Liban :
- Tell El Ghassil (en) : 1968-1974
- Sarafand : 1969-1974
- Tell Arqa (au Liban Nord): 1978
- Centre-ville de Beyrouth : 1993-1999
- Beyrouth, cathédrale orthodoxe Saint-Georges : 1995-2000 ; les fouilles révèlent que six églises se sont succédé sur le même site
- Tyr : 2012
En Syrie :
- Ougarit : 1973
- Ras Ibn Hani : 1977-1979
- Tell Kazel (en) : 1985-2010
Au Yémen :
- Hadramaout : 1979-83 ; pendant la guerre du Liban, Leila Badre rejoint la Mission archéologique française de Shabwa
À Dubaï : 1969-1970.
Distinction[modifier | modifier le code]
Elle est commandeure de l'Ordre national du Cèdre en 2018[2].
Liste sélective de publications[modifier | modifier le code]
- Leila Badre, Emmanuelle Capet, Barbara Vitale, Tell Kazel au Bronze récent. Études céramiques. Bibliothèque archéologique et historique, 211. Beyrouth: Presses de l'Ifpo, 2018, (ISBN 9782351597408).
- Leila Badre, Tell Kazel, Syrie: fouilles du musée AUB, 1985-1987 : rapports préliminaires, Faculté des arts et des sciences, Université américaine de Beyrouth, 124 pages, 1990[13].
- Leila Badre, Jean-François Breton, Rémy Audouin, Wādī Ḥaḍramawt: prospections, Centre Culturel et de Recherches Archéologiques, 114 pages, 1980[14]
- Leila Badre, "Le périmètre archéologique de Tyr", Tyr et la formation des civilisations méditerranéennes, Paris 1992.
- Leila Badre, "Les peuples de la mer à Ibn Hani, problème de destruction et de ré-occupation", Atti del I Congresso Internazionale di Studi Fenici e Punici Vol. Moi, Roma 1983.
- Leila Badre, Les figurines anthropomorphes en terre cuite à l'Âge du Bronze en Syrie, BAH, LXXXV, Paris, P. Geuthner, 1980[15]
- Leila Badre, «Recently Discovered Bronze Age Temples : Middle Bronze Beirut and Late Bronze Tell Kazel» in Acts of the First, International Congress on the Archaeology of the Ancient Near East, Roma, 1998.
- Leila Badre, «Cultural Interconnections During the Late Bronze Age at Tell Kazel», in Bulletin of the American School of Oriental Research, (BASOR) n ° 343, Baltimore, 2007.
- Leila Badre, "Beyrouth 003 Preliminary Report, Excavations of the American University of Beirut Museum 1993 - 1996", in Bulletin d'Archéologie et d'Architecture Libanaises, volume 2, 1997 p. 6-94, 2007.
- Leila Badre, «Les découvertes archéologiques du Centre Ville de Beyrouth» in Comptes Rendus de l'Académie des Inscriptions, et Belles Lettres. Paris, 1997, 2007.
- Leila Badre, "Sondage stratigraphique à Shabwa-Hadramout 1976-81", Syria, LXVIII, Paris 1991.
- Leila Badre, « Handmade Burnished Ware and Contemporary Imported Pottery from Tell Kazel » in the Proceedings of the International Symposium held at Rethymnon, Crete, 2002. Sea Routes…Interconnections in the Mediter. 16th-6th c. B.C., Athènes, 2003.
- Leila Badre "The Third Preliminary Report on the Archaeological Excavations of Tell Kazel 1993-1998", BERYTUS, vol. XLIV, Beyrouth, 1999-2000.
Bibliographie[modifier | modifier le code]
- « Femme de musée et femme de terrain, l’archéologue Leila Badre tire sa révérence », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- Françoise Briquel Chatonnet, Emmanuelle Capet, Éric Gubel et Carole Roche-Hawley (éd.), Nuit de pleine lune sur Amurru. Mélanges offerts à Leila Badre, Paris, Geuthner, 2019, 446 p., (ISBN 978-2-7053-4027-8).
- « Découverte d’un temple phénicien à Tyr », « Éditions De La Revue Phénicienne », sur revuephenicienne.com (consulté le ), février 2014
- « Leila Badre, de la simplicité à reconnaitre la grandeur d’âme – Al Doha » (consulté le )
Références[modifier | modifier le code]
- Nicola Schreiber, The Cypro-Phoenician pottery of the Iron Age, BRILL, , 204– (ISBN 978-90-04-12854-5, lire en ligne)
- « Femme de musée et femme de terrain, l’archéologue Leila Badre tire sa révérence », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- (en) SCIEM 2000, The Bronze Age in the Lebanon: studies on the archaeology and chronology of Lebanon, Syria, and Egypt, p. 10, Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften, (lire en ligne)
- « Leila Badre, de la simplicité à reconnaître la grandeur d’âme – Al Doha » (consulté le )
- (en) Zils, Museums of the world, K.G. Saur, (ISBN 978-3-598-20610-8, lire en ligne)
- (en-US) « Tell Kazel au Bronze récent. Études céramiques. Bibliothèque archéologique et historique, 211 – Bryn Mawr Classical Review » (consulté le )
- « Tell Kazel (Syrie) / Site officiel de l'UMR Orient & Méditerranée (Paris) », sur www.orient-mediterranee.com (consulté le )
- Leila Badre, « Les découvertes archéologiques du centre-ville de Beyrouth (information) », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, vol. 140, no 1, , p. 87–97 (DOI 10.3406/crai.1996.15564, lire en ligne, consulté le )
- « Le musée de l’AUB célèbre cinq décennies de fouilles », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- « Éditions De La Revue Phénicienne », sur revuephenicienne.com (consulté le )
- « Un sanctuaire hellénistique découvert à Tyr, une première », sur L'Orient-Le Jour, (consulté le )
- Souraya KANAAN ABIFARES, « Fouilles archéologiques … chantiers à suivre | Blog "Les Phéniciens" » (consulté le )
- Leila Badre, Tell Kazel, Syria: excavations of the AUB Museum, 1985-1987 : preliminary reports, Faculty of Arts and Science, American University of Beirut, (lire en ligne)
- Jean-François Breton, Leila Badre et Rémy Audouin, Wādī Ḥaḍramawt: prospections, Centre Culturel et de Recherches Archéologiques, (lire en ligne)
- Leila Badre, Les figurines anthropomorphes en terre cuite à l'âge du Bronze en Syrie, P. Geuthner, (lire en ligne)